Vendredi 19 avril 2024

Économie

Marché de Gitega : « Ils ne savent plus où donner de la tête »

Marché de Gitega : « Ils ne savent plus où donner de la tête »
Certaines des échoppes fermées probablement par manque de locataires ou vendeurs.

Les commerçants qui ont vu leurs échoppes démolies parce que construites illégalement au bord des axes principaux, cherchent désespérément où mettre leurs marchandises. Ils espéraient aller se réfugier au marché central mais les propriétaires des stands les louent à des prix exorbitants.

Sur papier, tous les stands et échoppes sont tous occupés et exploités par leurs propriétaires. Mais une petite enquête suffit pour découvrir que les soi-disant propriétaires ne sont ni des commerçants ni des négociants.

Ce sont des dignitaires, autorités et autres fonctionnaires qui n’ont rien à voir avec le commerce qui fait vivre des milliers de personnes dans la ville de Gitega.

Pour louer une échoppe de 3 mètres carrés, il faut débourser une fortune chaque mois. Certains commerçants interrogés parlent de vol du bien public. « Les commerçants sont desservis au profit des dignitaires et nombreux sont ceux qui ont plus de deux places dans ce marché et les exploitent comme leurs domaines privés ».

Pour louer, confie Jean-Marie, un commerçant depuis dix ans au marché central de Gitega, les prix des stands varient de 50 mille à 100 mille BIF. « Toutes les places situées sur les transversales ou les dorsales coûtent cher et ce n’est pas n’importe qui qui peut y travailler », déplore-t-il.

D’après lui, il faut avoir des connaissances pour avoir une place. Il indique que tout le monde sait qu’il y a des magouilles. « Nous avons essayé de dénoncer ces pratiques mais personne n’a voulu nous écouter ».

Quand quelqu’un veut se lancer dans le commerce et cherche un stand, raconte Ildephonse, vendeur dans ce marché de Gitega, il faut un commissionnaire pour établir le contact avec le propriétaire du stand. « Il faut sengager à payer les taxes en utilisant son nom, respecter les clauses du contrat et l’affaire est conclue et quand quelqu’un veut acheter un stand, il faut pouvoir garantir l’anonymat et c’est plus ou moins 10 millions de francs burundais à débourser ».

Un autre commerçant révèle qu’il n’y a même pas de document officiel. Il affirme avoir payé une somme de 15 millions pour avoir son stand. Il reconnaît n’avoir pas changé le nom du premier propriétaire.

« Personne nest venue jusquici se plaindre ! »

A part les anciens commerçants habitués à ces manoeuvres, les nouveaux venus sont sur les nerfs. D’après ces derniers, il est inconcevable qu’un groupe de gens gère le marché comme leur bien personnel. « Il est difficile de comprendre comment quelqu’un dispose de 5 stands dans un seul marché parce qu’il est député ou je ne sais quoi. Cest du vol organisé. Il faut que les choses changent».

Selon ces commerçants, il faut que le marché revienne à ceux qui exercent ce métier. Ils en appellent à un recensement général des commerçants oeuvrant dans ce lieu. « Il faut connaître les vrais détenteurs des stands. Il y en a qui ne paient ni taxe ni impôt ».

Contactées, les autorités du marché central de Gitega n’ont pas voulu confirmer ou infirmer les propos de ces commerçants. D’après ces autorités, comme personne n’est jamais venu se plaindre, il sera difficile de trouver une solution.

« Je ne peux pas répondre à ce genre de questions, notre travail consiste à vérifier que les taxes sont collectées convenablement. Si nous constatons que l’ordre et la propreté sont respectés et que personne ne se plaint, nous nous disons que tout va bien », a déclaré le commissaire principal du marché.

Forum des lecteurs d'Iwacu

6 réactions
  1. Jambo

    Lorsque ces prétendus élites de la diaspora viennent faire des shows avec les autorités de Leta « Nkozi ».
    De grâce dites aux gens qui ne gouvernent que peu des gens viendront investir avec une telle mauvaise gouvernance.
    Des compagnies qui extraient des mines. Peut être.

  2. Jambo

    Les gens savaient bien qu’ils n’ont nulle part où se plaindre.
    Ils savent qu’il y a des intouchables muri Leta « Mvyeyi ».
    Ntawishuye ko les autorités ne sont pas tenues à déclarer leurs biens avant de prendre des hautes fonctions?
    None mwagira biva hehe?
    Ce n’est pas pour rien que le Burundi est le pays le plus corrompu au monde.
    Amen😭

  3. Rukara

    “Personne n’est venue jusqu’ici se plaindre”
    Qui va se plaindre contre peut être celui la meme qui trempe dans ces pratiques par des voies détournées? Systeme judiciaire corrompu et soumis a l’exécutif dans la plus part des cas, système mafieux institutionnalisé. Ca sera difficile de remettre le pays sur les rails tant le gouvernement ne reconnaît pas ces fléaux.
    En disant a qui veut l’entendre que tout est parfait au Burundi le gouvernement se prive de l’opportunité de les résoudre.
    Ayez le courage et prenait le taureau par les cornes, ca sera Messieurs ce qui restera de vos accomplissements.

  4. Benit

    Merci a Iwacu pour nous reveler les nons dits sur la situation de notre pays et surtout celle du bas peuple, je pense que les autorites devaient plutot commencer a punir ses genres des dignitaires magouilleurs , qui touchent le salaire de l’etat et apres ils passent outres pour s’assoir sur le dos de la population, voila ou leta Mvyeyi leta Nkozi devait commencer , nous voulons des actes pas des slogants.

  5. Ngomirakiza

    « Personne n’est venue jusqu’ici se plaindre ! » Evidemment !!! Si les gens savent que c’est peine perdue !!! Et ces autorités du marché font comme elles ne savaient pas !!!

  6. Mugisha

    Rien ne va mais tout va bien.
    Le jour où les électeurs commenceront à penser à eux enfin, à interroger les programmes conçus pour l’ amélioration de leur vie, les élections seront un bon exercice pour certains candidats.

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