Dimanche 07 décembre 2025

Société

Les nuits dans la ville de Bujumbura : une pollution sonore

Les nuits dans la ville de Bujumbura : une pollution sonore
Le resto-bar Nazareth, un des bars jugé bruyants

Dans plusieurs localités, pendant la nuit, de la musique se fait entendre. Des bars organisent des karaokés qui attirent les clients et forcent un peu sur la sonorisation qui se transforme en pollution sonore. Aucune quiétude pour se reposer après une longue journée de dur labeur. Les habitants appellent les autorités à agir.

Dans les quartiers du nord de la ville de Bujumbura, toutes les nuits ne sont pas calmes. Les habitants de la zone Cibitoke avouent ne pas comprendre ceux qui vivent par exemple près du bar Guerra Plazza dans le quartier Kavumu ou du resto-bar Nazareth situés à la 14e avenue du quartier Mirango. « Tard dans la nuit, quand je me réveille pour le petit besoin, j’entends de loin de la musique et, franchement, ceux qui vivent près de ces bars sont soit leurs propres clients nocturnes soit des durs d’oreille », raconte un habitant du nord de la ville.

La nuit, le mouvement des voitures est interminable devant l’entrée du bar Guerra. Il se trouve entre les 4ᵉ et 5ᵉ avenues dans le quartier Kavumu de la zone Kamenge. « L’avenue elle-même est une impasse. On ne saurait dire si elle est de la 4ᵉ ou de la 5ᵉ avenues », oriente un habitant.

Devant l’entrée du bar, la route devient minuscule à cause des mouvements de circulation. Les clients et les voitures se bousculent. Ceux qui y assurent la sécurité ont du travail. Certains agents de sécurité gardent les voitures des clients, d’autres sont devant l’entrée et surveillent les clients malintentionnés.

« Il n’y a pas de répit le week-end, à savoir vendredi soir, samedi et dimanche ainsi que lundi, dit Lundi spécial. La musique semble envahir tous ses environs. Le matin, je me réveille avec une impression d’avoir passé la nuit dans un moulin », raconte le prénommé Patrick.
La musique tape très fort. Pour s’y rendre, on n’a pas besoin de demander le chemin. On écoute seulement d’où provient la musique. Les habitants des alentours ne peuvent rien faire. Certains disent qu’ils en ont déjà l’habitude. « Ce sont des bars qui font vibrer Kamenge et nous avons l’habitude de ces musiques », dit un habitant.

Les autres habitants font savoir qu’ils ne peuvent rien faire pour stopper ce vacarme nocturne. « Avant, c’était une petite cacophonie de musique qui se faisait entendre un peu partout, mais d’une manière douce. Cela ne dérangeait personne. Mais, aujourd’hui, c’est trop fort », raconte un autre.

Pour ces habitants, l’administration ne peut rien faire. Et pour cause, « les propriétaires de ces bars sont des hommes influents. Tu ne peux pas sortir du bureau du chef de colline ou de zone et de dire au gérant qu’il doit baisser le volume de la musique en provenance de son bar. »

La zone Rubirizi n’est pas épargnée

Frustrations et questionnements. Telle est la situation vécue par les habitants de la zone Rubirizi, commune Ntahangwa, province de Bujumbura. Le bar USA sis sur la route Bujumbura- Bubanza, non loin de l’endroit appelé Kwa Ntumangende, côté Tenga ou des bureaux de la Coopec Rubirizi, perturbe leur sommeil. « C’est vraiment frustrant et révoltant d’entendre, tard dans la nuit de la musique avec un volume maximum. Nos enfants se réveillent très fatigués parce qu’ils ne parviennent plus à dormir », confie I.K, un habitant de Rubirizi, non loin de la succursale catholique. Il se demande comment les administratifs à la base et la police peuvent tolérer un tel tapage nocturne.

De son côté, un autre habitant de la localité se souvient que le gouvernement avait fixé une amende pour le tapage nocturne. « Si ma mémoire est bonne, on avait indiqué que ce genre de bars qui produisent de la musique, les boîtes de nuit, etc. doivent être insonorisés. Mais voilà, ça se passe comme si de rien n’était. » Pour lui, c’est le résultat de la corruption. « Nos enfants en souffrent énormément et ça a un impact sur leurs réussites scolaires. »

Il déplore d’ailleurs que cela se passe non loin des infrastructures sanitaires. « Imaginez un patient hospitalisé au centre de santé de Rubirizi ou dans d’autres infrastructures sanitaires des environs. Est-ce que cela ne perturbe pas leur sommeil ? C’est vraiment injuste. Les autorités devraient se réveiller et arrêter cela ».

Il demande au gouverneur de Bujumbura ou au ministre de l’Intérieur de prendre des mesures idoines.

« Aucune plainte ne nous parvient. »

Alexis Havyarimana estime qu’il n’a reçu aucune plainte par rapport aux tapages nocturnes

Alexis Havyarimana, administrateur de la commune Ntahangwa affirme qu’il n’est au courant de rien par rapport à ces tapages. Il fait savoir que depuis sa prise de fonction, les seules plaintes concernaient les petites églises et que la remarque à ces dernières a été suivie à la lettre.
Concernant les bars qui sont pointés du doigt, aucune plainte ne lui est jamais parvenue. « Mon numéro de téléphone a été rendu public par le président de la République et je suis joignable. Tout le monde a le droit de m’appeler et de me dire ce qui ne va pas », fait-il savoir.

Il souligne que les chefs de quartier et de zone de la commune Ntahangwa n’ont jamais dénoncé ce comportement qui perturbe la quiétude des citoyens. « Les chefs des différentes zones me donnent des rapports de manière régulière mais, aucun rapport ne fait mention de tapage nocturne. »

Il assure, néanmoins, qu’il va faire une descente pour voir ce qu’il en est au juste et arrêter ce genre de comportement. « Il peut arriver que certains bars exagèrent, mais je conseille à la population de me le signaler si les administratifs à la base ne font rien. » et d’ajouter qu’il « est mieux aussi de m’aviser avant de recourir aux médias si le chef de quartier ou le chef de zone ne réagissent pas. »

Quid de la loi ?

Le code pénal, dans son article 519, stipule que, est puni d’une servitude pénale d’un mois maximum et d’une amende de dix mille à cinquante mille francs burundais ou d’une de ces peines seulement, celui qui s’est rendu coupable de bruits et de tapages nocturnes de nature à troubler la tranquillité des habitants.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Manisha

    « La nuit, le mouvement des voitures est interminable devant l’entrée du bar Guerra »
    Plus de problème de carburant alors ?

  2. Mugisha

    « Alexis Havyarimana, administrateur de la commune Ntahangwa affirme qu’il n’est au courant de rien par rapport à ces tapages. »
    Il habite loin de ses administrés donc…Et personne se plaindre ? A qui appartient ces lieux ?

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