Samedi 20 avril 2024

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«Alors, abatigisi, vous avez eu l’info?»

JOUR 28

18/11/2019 Commentaires fermés sur Jour 28 : «Alors, abatigisi, vous avez eu l’info?»
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Ce lundi 18novembre, Agnès, Terence, Egide, Christine et Adolphe ont comparu devant les magistrats de la cour d’appel de Ntahangwa siégeant en chambre de du conseil à la prison centrale de Bubanza. Cette dernière rendra sa décision dans 48heures comme le prévoit la loi.

12h15. Il aura fallu deux heures après notre arrivée à Bubanza. Deux heures d’attente devant le parquet et le Tribunal de Grande Instance de Bubanza. Nos collègues sont finalement interrogés à huis clos en chambre de conseil à la prison centrale de Bubanza.

A l’arrivée à l’établissement pénitentiaire, nous sommes accompagnés par les avocats venus assister nos quatre collègues et leur chauffeur. Quel privilège de les étreindre avant leur audition en chambre du conseil! Tout le monde est ému. Nos amis essaient de rester sereins en dépit de l’inquiétude, nettement perceptible chez Terence, le journaliste-photographe.

13h20. Fin de l’interrogatoire. Nous rejoignons le petit cercle formé par nos amis et leurs avocats devant la petite salle où vient de se tenir l’audition. Nous apprenons que la chambre du conseil rend sa décision dans 48heures, c’est à dire mercredi 20novembre comme la loi le prévoit. Une occasion pour Christine de nous démontrer qu’elle est loin d’avoir perdu son humour taquin même après 28jours derrière les barreaux: «Alors, abatigisi (ceux et celles qui bouillonnent d’activité), vous avez eu l’info?», ce qui a suscité des éclats de rire. Des souvenirs d’ambiance joyeuse à Iwacu remontent à la surface. Les larmes manquent de s’écouler chez certains parmi nous. Mais face à nos amis qui gardent le sourire tant bien que mal, «qui tiennent le coup», dira Agnès, nous comprenons que nous devons tenir bon.

Le mardi 22 octobre, vers midi, une équipe du journal Iwacu dépêchée pour couvrir des affrontements dans la région de Bubanza est arrêtée. Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Térence Mpozenzi, Egide Harerimana et leur chauffeur Adolphe Masabarakiza voient leur matériel et leurs téléphones portables saisis. Ils passeront une première nuit au cachot, jusqu'au samedi 26 octobre. Jusqu'alors, aucune charge n'était retenue contre eux. Mais le couperet est tombé : "complicité d'atteinte à la sécurité de l'Etat". Depuis l'arrestation de notre équipe, plusieurs organisations internationales ont réclamé leur libération. Ces quatre journalistes et leur chauffeur n'ont rien fait de plus que remplir leur mission d'informer. Des lecteurs et amis d'Iwacu ont lancé une pétition, réclamant également leur libération. Suite à une décision de la Cour d'appel de Bubanza, notre chauffeur Adolphe a retrouvé sa liberté. Ces événements nous rappellent une autre période sombre d'Iwacu, celle de la disparition de Jean Bigirimana, dont vous pouvez suivre ici le déroulement du dossier, qui a, lui aussi, profondément affecté notre rédaction.