Dimanche 07 décembre 2025

Société

Enfreindre l’hygiène publique sera désormais sanctionné

Enfreindre l’hygiène publique sera désormais sanctionné
Gabriel Rufyiri : « Il faut construire des latrines publiques suffisantes »

Dans le souci de préserver la salubrité publique, le ministère en charge de la santé publique, celui ayant les finances dans ses attributions ainsi que le ministère chargé de la sécurité publique ont signé une ordonnance conjointe le 9 octobre 2025. Elle porte fixation des amendes infligées aux contrevenants. Cependant, la société civile relève encore des défis à cette mesure même si elle est nécessaire.

Selon l’article 2 de l’ordonnance, toute personne surprise en train d’uriner ou de déféquer en dehors des installations prévues à cet effet, de jeter des papiers, des emballages en plastique ou d’autres déchets, ou encore de cracher dans les lieux publics et les transports en commun, s’expose à une amende de 5 000 francs burundais. La même sanction s’applique à ceux qui laissent s’écouler des eaux usées ou de cuisine dans les caniveaux et lieux publics.

L’article 3 avertit quiconque enfuit les excréments, jette les cadavres d’animaux ou les déchets de toute nature dans les caniveaux ou dans une propriété privée encore moins sur les rives des cours et dans les étangs. Ils seront chargés d’une amende de 50 000 francs burundais.
D’après l’article 4, les exploitants de lieux recevant du public tels que les débits de boissons, les restaurants, les boîtes de nuit, les centres de culte, les marchés ou les formations sanitaires doivent disposer de lieux d’aisance décents, sous peine d’une amende de 100 000 francs burundais.

L’article 5 stipule que tout détenteur ou occupant d’une propriété foncière donnant sur la voie publique est tenu d’assurer la propreté et l’entretien des abords immédiats. Le non-respect de cette obligation entraîne une amende de 50 000 francs en milieu urbain et de 2 000 francs en milieu rural.

Par ailleurs, l’article 6 impose aux établissements industriels, artisanaux ou commerciaux de maintenir leurs locaux et leurs alentours en bon état de salubrité. Il est strictement interdit d’y déverser des déchets ou eaux usées directement dans la nature, notamment dans les rivières, les lacs, les mares ou les étangs. Les contrevenants s’exposent à une amende de 500 000 francs burundais.

Enfin, l’article 7 sanctionne toute personne fumant dans les espaces publics ou exposant autrui à la fumée du tabac d’une amende de 100 000 francs burundais.

Cette ordonnance ministérielle porte aussi modification à celle du 5 août 2025 qui portait également sur la fixation des amendes à l’endroit de ceux qui auraient enfreint les mesures d’hygiène publique.

Des préalables

Néanmoins, Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de la lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome) trouve que cette mesure nécessite des préalables. « Cette ordonnance ministérielle conjointe est nécessaire vu la situation actuelle de l’hygiène publique dans notre pays. Cependant, elle risque de se heurter à quelques problèmes majeurs ».

Selon lui, ces derniers doivent être résolus en premier. Il évoque notamment l’insuffisance des latrines publiques. Il incite le gouvernement à en construire plusieurs. Comme cela, les gens n’auront point d’excuses de se soulager dans l’espace public. « Il faut encourager toutes les communes à aménager ces endroits à mettre à la disposition du public. En outre, si le gouvernement veut que cette mesure soit efficace, il faut une sensibilisation d’envergure auprès des citoyens ».

Pour M. Rufyiri, les citoyens doivent être sensibilisés à propos de cette nouvelle réglementation car, nul n’est censé ignorer la loi. Ils doivent comprendre et prendre conscience de la situation. Il en est de même pour les gens qui fument en public. Il propose un espace pour eux et un message qui les dissuade de le faire avec des personnes aux alentours. Les sanctions qui vont s’ensuivre méritent aussi d’être vulgarisées. « La loi est d’abord là pour prévenir avant de punir ».

Ce n’est pas suffisant

« Sortir une ordonnance portant sur amendes pour les contrevenants à la réglementation relative à l’hygiène et à la salubrité publique est une chose utile vu l’état des lieux actuellement », soulève Faustin Ndikumana, président de Parcem. Il signale déjà des conséquences notamment la recrudescence des maladies des mains sales ainsi que le réchauffement climatique.

Faustin Ndikumana : « Le ministère en charge de l’environnement devrait aussi prendre part dans ces décisions »

Cependant, lui aussi croit que ces amendes ne suffiront pas. Il faut une campagne de sensibilisation sur cette réglementation. Il encourage également la construction des latrines publiques dans tous les coins. « Il faudrait l’implication des associations, de la société civile et des organisations à base communautaire, les églises, pour appuyer dans cette sensibilisation. Sans oublier de lutter contre la corruption dans l’administration car, nous avons vu de telles mesures prises, mais sans effets suite à une administration corrompue ».

M Ndikumana indique qu’il faut aussi éviter les abus dans l’application de ces mesures. Il constate aussi que le ministère en charge de l’environnement a été étouffé. « Le fait d’avoir combiné le ministère de l’Environnement et de l’Agriculture contraint le secteur environnemental. Maintenant, il n’est plus mis en priorité comme il l’était auparavant ».

Selon lui, Les ministères ayant l’agriculture et l’environnement doit prendre parti dans cette mesure car, les conséquences néfastes touchent aussi l’environnement.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Bujakuru

    Enfin une bonne nouvelle!Il faut punir sévèrement tous les contrevenants.Nous ne voulons pas continuer à vivre dans une poubelle comme ville.Tugire isuku niho n’amagara aguma ari meza.Isuku iwacu no hanze y’amazu yacu!

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