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Politique

Elections 2020 : Pour l’opposition, la fin des illusions

11/11/2019 Commentaires fermés sur Elections 2020 : Pour l’opposition, la fin des illusions
Elections 2020 : Pour l’opposition, la fin des illusions
Térence Manirambona : «Cette situation n'augure rien de bon quant à la transparence ni la crédibilité des élections.»

Les partis de l’opposition tirent à boulets rouges sur la Commission électorale nationale indépendante (CENI). D’après eux, cette commission a privilégié le parti Cndd-Fdd lors de la composition de ses démembrements. La CENI oppose un travail bien fait.

Selon Térence Manirambona, porte-parole du Congrès national pour la liberté (CNL), le parti a eu 17 places sur 153, soit une représentation nationale de 11% dans les Commissions électorales provinciales indépendantes (CEPI). Il est en plus représenté à 10% soit 65 sur 595 au niveau des commissions électorales communales indépendantes (CECI).

Ce responsable politique fait également savoir que leurs représentants dans ces démembrements subissent tout le temps des pressions. «Le parti a adressé une correspondance à la CENI pour lui signifier toutes les manœuvres faites par le parti au pouvoir et ses alliés pour destituer ou porter des fausses accusations aux candidats présentés par le CNL.

Malheureusement, la CENI n’a pas réagi», indique Térence Manirambona.
Selon lui, la CENI a préféré procéder aux remplacements ou aux permutations des candidats lui présentés sans consultations. «Là aussi, pour tous les recours déposés par les représentants communaux et provinciaux à la CENI, aucune réaction ou suite favorable n’a été donnée».

Pour Térence Manirambona, tout cela n’augure rien de bon quant à la transparence ni à la crédibilité des élections «au moment où le parti au pouvoir et ses alliés se taillent la part du lion dans ces organes servant d’arbitres des élections».

La fin des illusions?

Quant au parti CNDD, il s’indigne de « la mise à l’écart» de cette formation dans la composition des CEPI et CECI. «Notre parti n’a obtenu aucun siège dans les CEPI. Nous avions envoyé une correspondance à la CENI mais nous n’avons reçu aucune réponse. Ce scénario s’est renouvelé lors de la sélection des commissaires des CECI», déplore Jean-Claude Irakoze, secrétaire exécutif du parti. «Et pourtant, la CENI nous a longtemps rassurés qu’aucun parti politique ne manquera de représentants dans ces structures».

Dans le parti Sahwanya-Frodebu, c’est la même indignation. Le parti a eu 7 représentants au niveau des CECI dans les provinces de Kirundo, Muramvya, Rumonge, Makamba, Karusi, Bururi, Cankuzo ainsi qu’une représentante dans la CEPI Muramvya. «Les CEPI et les CECI, qui sont Cndd-Fdd à plus de 80%, ne peuvent pas rassurer le Frodebu qui y est absent», lance Léonce Ngendakumana, vice-président du parti.

D’après lui, la fraude électorale a commencé par la mise en place du cadre légal des élections de manière unilatérale et exclusive. «Ensuite par la mise en place de la CENI et ses démembrements dans la plus grande discrétion».

L’expérience des élections en Afrique montre que les CENI sont au service des partis au pouvoir et travaillent dans le sens de favoriser leurs victoires, poursuit-il, le Burundi ne fait pas exception. «Vu les antécédents des élections au Burundi et un certain nombre de menaces qui planent lourdement sur les élections de 2020, il est inimaginable de parler des élections apaisées, libres, transparentes et démocratiques dans cette période.»

Le vice-président du Frodebu exhorte tous les Burundais qui aspirent au changement de comprendre que nous sommes vers la fin des illusions. A ses yeux, ils doivent mettre tous leurs efforts ensemble. «Même s’ils ne forment pas de coalition, pour organiser et encadrer le peuple burundais en vue d’instaurer un Etat de droit, un Etat démocratique».

«On reste convaincu du bon déroulement des élections»

De son côté, le parti Frodebu Nyakuri est partagé. Avec 14 membres dans les différents démembrements, dont 2 dans les CEPI et 12 dans les CECI, le président de ce parti est loin d’être pessimiste. Quoique l’on n’ait pas de représentativité à la hauteur de ce qu’on voulait, assure Kefa Nibizi, le Frodebu Nyakuri reste convaincu d’un bon déroulement des élections.

Un des arguments qui fonde son optimisme : « Au bout des investigations conduites à travers tout le pays, nous avons constaté que ces démembrements sont composés d’hommes et femmes reconnus par la société comme intègres.»

De quoi susciter la confiance de cette formation politique, tient-il à insister. «Le Frodebu Nyakuri garde espoir en la CENI et ses démembrements au vu de ses membres. Ils pourront conduire à bon port le processus électoral dans la transparence totale».

Mais tout de même, un hic. D’après M. Nibizi, au niveau des politiques, les CEPI et les CECI sont dominés par les partis représentés dans le gouvernement. Il cite le Cndd-Fdd, l’Uprona et le CNL. Ces derniers ont des membres à travers toutes les provinces au niveau des CEPI et dans presque toutes les communes au niveau des CECI.

«Nous n’avons pas beaucoup apprécié la sous-représentativité des partis qui ne sont pas dans le gouvernement par rapport à ceux-là», déplore-t-il, soulignant qu’en ce qui est de la préparation des élections, les partis devraient avoir un regard égal.

Dans tous les cas, à ses yeux, la place accordée aux représentants des organisations apolitiques, à savoir la société civile et des confessions religieuses, tranquillise. Choisis, avance-t-il, dans l’espoir qu’ils seront encore plus neutres politiquement lors des élections. «Ils occupent entre 60 et 70% dans les démembrements de la CENI».

La porte-parole du parti Cndd-Fdd a soutenu ne pas pouvoir s’exprimer sur la composition des CEPI et CECI avant des consultations des organes compétents. Nancy Ninette Mutoni confie qu’elle pourrait réagir au sortir d’un conclave de ce parti prévu ce lundi 11 novembre.

«Le travail a été bien fait»

Pierre Claver Kazihise : «Le travail a été bien fait.»

«Il n’y a pas de lacunes proprement dites. Certaines organisations auraient aimé avoir plus de personnes qui entrent dans les commissions.

Malheureusement, le nombre de places est limité», répond Pierre Claver Kazihise, président de la CENI. Il estime que la CENI a fait son travail correctement. Pour lui, ces partis politiques qui se plaignent doivent comprendre qu’il n’y a pas assez de place au sein des CEPI et CECI pour tous leurs militants à la recherche d’emploi.

Dans la foulée, il invite les formations politiques d’opposition à s’impliquer dans les activités de la CENI. «Nous voulons travailler en toute transparence avec eux pour mettre fin à la méfiance».

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