Vendredi 29 mars 2024

Société

« Au Burundi, il est difficile de se passer du français »

15/03/2023 6
« Au Burundi, il est difficile de se passer du français »

Du 13 au 21 mars, le Bureau national de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) organise la Semaine Internationale de la Francophonie, édition 2023. Et ce, en collaboration avec l’ambassade de France au Burundi et le gouvernement. Rencontre avec Professeur Fulgence Nahayo, responsable de ce bureau.

Quelles sont les activités prévues pour cette semaine ?

Nous avons prévu beaucoup d’activités en faveur des jeunes. Par exemple, les concours sur la langue française. Récemment, nous avons organisé un concours des dictionnaires francophones, et maintenant nous allons faire un autre concours sur la semaine internationale de la francophonie et d’autres activités sont en train d’être organisées.

Lesquelles ?

Comme Ma thèse en 180 secondes, ça sera aussi en français, le concours Mon idée, Mon entreprise, sera aussi en français. Il est question de primer le meilleur étudiant entrepreneur. D’autres activités comme les formations que nous faisons en faveur des jeunes ou les lauréats, tout se fait en français. Ce qui veut dire que le français est déjà intégré au plus haut degré.

Cette semaine intervient au moment où certains déplorent la baisse du niveau du français au Burundi. Est-ce votre constat ?

C’est difficile de dire cela. Il faut peut-être une étude pour savoir si le français a trop chuté ou s’il a régressé et jusqu’à quel niveau. Sinon, le Burundi est un pays francophone qui se situe aussi dans la Communauté de l’Afrique de l’Est où on parle beaucoup l’anglais.

Mais, le français est aussi intégré dans les langues officielles de travail que ça soit ici au Burundi et au sein de cette communauté. Au Burundi, je pense qu’il est difficile de se passer du français.

Concrètement, quelle est votre position ?

Nous tous, nous avons été formés en français depuis l’école primaire jusqu’à aujourd’hui. Le Burundi a placé la francophonie dans ses priorités.

Ce qui veut dire que le français est pris en compte au plus haut degré. S’il advient peut-être qu’il y a eu une petite diminution de l’influence du français, je pense que le Burundi est prêt pour se rattraper. Car, nous sommes là pour promouvoir la langue française mais aussi les actions et les priorités de la francophonie.

Selon des analystes, cette baisse du niveau du français est liée au fait que les enfants sont obligés d’apprendre plusieurs langues à la fois. Du coup, ils ne parviennent pas à maîtriser aucune de ces langues ?

Je pense que c’est vraiment trop dire parce qu’ils réussissent. C’est vrai qu’ils ont un programme surchargé mais souvenez-vous aussi que leurs cerveaux sont vierges. Donc, il faut les aider à développer leurs cerveaux, leurs esprits. Ce qui est réel est que l’homme est capable d’apprendre jusqu’à sa mort.

Oui, le programme est ambitieux mais il a des raisons d’être. Le Burundi a privilégié cette réforme parce que l’ancien programme n’a pas pu toucher toutes les dimensions que ça soit au niveau de la réinsertion professionnelle et aussi au niveau de l’intégration dans la Communauté de l’Afrique de l’Est.

Je dirais que ces apprenants maîtrisent les langues mais à des niveaux variés. Mais, le français est la première langue maîtrisée au Burundi. Elle est peut-être suivie par l’anglais et le swahili.

Le français est une des langues officielles de la Communauté de l’Afrique de l’Est. Mais, on constate que dans les sommets, les réunions régionales, c’est l’anglais qui est très utilisé. Pourquoi ?

C’est peut-être que depuis quelques temps, la Communauté était dirigée par des anglophones. C’est à partir de cette année que le Burundi est à la tête et je pense que ça va nous aider pour la promotion de la langue française, de la francophonie dans cette communauté.

Je pense que l’AUF ne va pas rester en arrière par rapport à ça. C’est peut-être maintenant notre atout pour y arriver. Depuis que la Communauté existe, elle n’avait pas encore été managée par le Burundi, un pays francophone.
Propos recueillis par Rénovat Ndabashinze

AUF

Forum des lecteurs d'Iwacu

6 réactions
  1. Didicov

    J appris le français depuis ma Petite enfance. Né au Bdi, je trouve que le français constitue un handicap pour le développement. Les Burundais doivent comprendre que seul le Kirundi et l’anglais compte. Le français est actuellement une langue minoritaire qui nnous limite dans la capacité de nouer les relation avec les autres nations. la France doit cesser de tromper les Africains. Avec le français, on ne vas nul part

  2. Jamahaar

    C’est vraiment ridicule et anachronique d’entendre un intellectuel burundais/africain promouvoir la langue francaise et ses avantages.Il est vrai que de tout temps, on a toujours dit et repete aux Africains en general et aux burundais en particulier que le seul salut etait d’apprendre et maitriser l’usage de la langue francais si tu veux reussir dans la vie, passer des examens et trouver du travail.Xoixante ans viennent de s’ecouler apres l’accession a l’independance du pays.Au lieu de promouvoir l’apprentissage,l’enseignement et l’usage du Kirundi et du Shwahili, voila nos dirigeants et intellectuels s’addonner a la promotion et aux louanges d’une langue etrangere qui a ete imposee par la force des armes et de la coercion psychologique.In fine, qui gagne dans cette entreprise?L’industrie du livre, les maisons d’editions et la diplomatie de l’Hexagone qui maintient son influence sur les anciennes colonies africaines jusque dans les instances internationales au moment des votes de resolutions. Il est grand temps de decoloniser la mentalite apres la reconquete du drapeau.

  3. Jereve

    La question n’est pas de se passer du français ou pas, la question est de savoir que cette langue est en concurrence avec d’autres comme le kiswahili et l’anglais. Cette concurrence va être plus rude car d’autres langues telles le mandarin, le russe, l’allemand… vont bientôt entrer dans la compétition (si elles ne le sont pas déjà). Organiser une semaine de la Francophonie, c’est bien, mais il faut penser en termes de capter en permanence l’attention des jeunes en leur proposant gracieusement du matériel de lecture, en leur donnant par exemple accès aux livres électroniques et documents audio et vidéo en français. Cela ne devrait pas être compliqué vu que beaucoup de gens ont des smartphones et des ordinateurs sur lesquels ils peuvent télécharger du contenu.

  4. Kanda

    La régression du niveau du français est manifeste. Mais, que voulez-vous qu’il dise? Il sait et doit défendre son poste et la langue française dans cette position lui sert de gagne-pain.

  5. NDAYISENGA Xavier

    C’est Fulgence NAHAYO au lieu de NIYONGABO

  6. Zogo E S

    Pourquoi vouloir se passer du français ? Le vouloir est une erreur strategique des militants. Dans les anciennes colonies francaises, surtout celles de l Afrique occidentale, outre le francais on ne pourra plus communiquer.
    En Afrique orientale, aumoins le swahili couvre presque toute la sous region. Là on pourrait à la longue le préférer au francais dans les administrations….
    Nous allons bel et bien utiliser le francais comme langue de travail, MAIS nous débarrasser des bases militaires francaises, nous allons bel et bien etudier le francais, mais préférer nos produits aux produits francais, nous allons bel et bien célébrer la francophonie, mais nouer des relations étroites en tous domaines avec la Chines, la Russie… Nous allons bel et bien garder de bonnes relations diplomatiques avec la France si elle le veut, mais nous débarrasser du franc cfa et des entreprises qui nous pillent telle Bolloré et consorts .
    On prend de ce que la France nous propose, seulement ce qui nous avantage, le reste non!

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