Vendredi 29 mars 2024

Économie

Victoire à la Pyrrhus des transporteurs des matériaux de construction par camions bennes

Plus de 1,4 milliard de Fbu de manque à gagner après 14 jours d’arrêt de travail. Plus qu’ils ne devraient payer pour pouvoir travailler sur tous les sites autour de la capitale. Mais tout est bien qui finit bien.

Christian Mugisha au parking du Cotebu ©Iwacu
Christian Mugisha au parking du Cotebu ©Iwacu

Mardi 14 janvier. Entre la Gare du Nord et le site Karama (8km sur la RN1), pas de ballet habituel de camions bennes transportant les matériaux de construction. 13h30, sur ce site, au bord de la route, des extracteurs jouent aux cartes, les pelles bien posées à coté d’eux. Six d’entre eux sont perchés dans le branchage d’un manguier. « Les temps sont durs. Les chauffeurs sont en grève. C’est le farniente ici. Nos familles vont crever de faim car chaque jour, nous gagnions bon an mal an quatre mille Fbu en chargeant les camions», témoigne un ex-combattant extracteur de carrières.

Dans des mots durs à peine voilés, le président de la nouvelle coopérative Dutere Imbere, Jean Joseph Itonde, jette le tort sur les chauffeurs grévistes. Pour lui, les propriétaires et les chauffeurs de camions bennes engrangent assez d’argent pour que la hausse du tarif d’exploitation imposé par le ministère de l’Energie et des Mines n’entraîne pas un manque à gagner considérable sur leurs recettes.

Une mauvaise application de la loi, 400 millions récupérés

Rencontré au parking de camions bennes, tout près du nouveau marché central du Cotebu, Christian Mugisha, président de l’association des propriétaires, des chauffeurs de bennes et des fournisseurs de matériaux de construction, explique : « S’il est vrai que nous avons subi un manque à gagner considérable pendant les 14 jours d’arrêt de travail, il est aussi évident que nous avons pu empêcher que l’Etat nous prenne plus de 400 millions Fbu. » Il insiste sur le fait que les transporteurs ne sont pas spécialement remontés contre les frais de réhabilitation de l’environnement qui passent de 150 à 500 mille Fbu, mais qu’il sont choqués par la majoration des frais de transport qui passent de 15 à 50 mille pour chaque catégorie de matériaux transportés.

«Le site de Karama offre quatre type de matériaux. Le chauffeur doit donc payer 200 mille. Et il est obligé de se plier à cet exercice sur tous les innombrables sites du pays », illustre-t-il. Il estime que pour pouvoir engager un camion benne ne fût-ce que sur six sites autour de la capitale, le transporteur paierait plus d’un million de nos francs, contrairement au 15 mille Fbu exigés depuis 2005 jusque fin 2013. « Imaginez-vous l’argent qu’il dépenserait pour avoir une autorisation de transport des matériaux extraits dans toutes les rivières du pays ! », s’indigne-t-il.

Un happy end sur fond d’insatisfaction quant à la question écologique

Christian Mugisha est satisfait de l’issue des négociations de l’après-midi de ce mardi entre les transporteurs et les responsables du ministère de l’Energie et des Mines : « Nous avons conclu que désormais nous payerons 50 mille franc par an pour un permis donnant accès à tous les sites du pays. C’est-à-dire que nous payerons au total 550 mille par camion et par an. » Mais il signale que l’Etat a des comptes à rendre aux transporteurs au sujet de la gestion de l’argent qu’ils payent. « Au départ, le ministère de l’Environnement nous disait que l’argent servirait à la réhabilitation des sites désaffectés par leur remblayage et la plantation des arbres. Jusqu’à présent, aucune activité à signaler », se lamente-t-il. Il poursuit : « Nous regrettons que certains parmi nous veuillent politiser nos revendications, mais dans le domaine du transport comme dans d’autres secteurs, c’est légitime que les gestionnaires des finances rendent compte aux contribuables ».

Quelques chiffres …

2000 personnes regroupées dans l’association des propriétaires et chauffeurs de bennes. 400 camions bennes dans la capitale. 2000 extracteurs (des démobilisés pour la plupart) employés par la coopérative Dutere Intabwe de Karama qui, à son tour, rassemble 9 associations. Minimum de 100 mille Fbu de versement quotidien d’un camion benne. Une moyenne de 4 et 15mille Fbu, recette journalière d’un extracteur et de chaque membre de la coopérative. 250 mille : recette journalière perçue par la commune Isale sur les camions bennes. 100 mille Fbu : amende infligée à chaque membre de l’association des transporteurs qui s’est désolidarisé du mouvement de grève. 340 Fr : majoration que devrait appliquer les transporteurs sur le prix de chaque cargaison d’un camion benne. Au moins neuf types de matériaux de construction : le sable, le sable de Mpanda, le gravier de rivières, le gravier concassé, le moellon de carrière, le moellon de rivières, la latérite, la terre rouge, les briques cuites, etc.

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1 réaction
  1. Iteka

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