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Politique

Vers plus d’efficacité dans l’administration communale ?

03/04/2018 2
Vers plus d’efficacité dans l’administration communale ?
Térence Ntahiraja : « Le législateur a le souci de stabiliser le fonctionnement des communes. »

Contrairement à la Constitution de 2005, le projet de Constitution prévoit, en son article 271, que la commune sera administrée par l’administrateur sous la supervision du conseil communal. Certains administrateurs parlent d’avancée significative.

«Il y aura une valeur ajoutée dans la redynamisation de l’administration et le fonctionnement des communes », affirme François Kazoviyo, administrateur de la commune Bubanza, province Bubanza.

François Kazoviyo : «Difficile de savoir qui est redevable, qui ne l’est pas. »

Il constate des contraintes et des blocages avec la législation en vigueur. En effet, explique-t-il, la Constitution en vigueur, en son article 264, stipule que «La commune est administrée par le conseil communal et l’administrateur communal ».Un administrateur et un conseil communal de 15 personnes à la tête de la commune. Pour lui, il est difficile de savoir qui est redevable, qui ne l’est pas.

En pratique, fait-il remarquer, la responsabilité est portée par le seul administrateur.

Même constat du côté de Frédéric Congera, administrateur de la commune Mpanda. «Nous éprouvions des problèmes de faire exécuter certains projets.» Un projet proposé se heurte à des intérêts diversifiés des conseillers communaux. Chacun tire la couverture vers soi. Et cela entrave l’exécution des projets.

Stabiliser l’administration communale

« Le législateur a le souci de stabiliser le fonctionnement des communes », indique Térence Ntahiraja, porte-parole du ministère de l’Intérieur. Avec la Constitution actuelle, l’administrateur subit des crocs-en-jambe de la part du conseil communal.

« L’expérience du passé nous a montré que plusieurs administrateurs ont été limogés, certains pour incompétence, d’autres sans raison valable. Ceci a déstabilisé le fonctionnement des communes, et partant leur développement ».

M. Ntahiraja précise, en outre, que le conseil communal va seulement contrôler l’action de l’administrateur. «C’est dans le but de redynamiser, décentraliser et autonomiser les communes que le législateur a opéré ce changement ».

Interrogé si la nouvelle législation ne serait pas une porte ouverte à la malversation, M. Ntahiraja tranquillise. Le législateur a mis des balises. Le conseil communal garde la latitude de démettre l’administrateur.

Et d’évoquer l’article 273, §3 : «…le conseil communal peut le démettre de ses fonctions pour une raison valable, telle que corruption, incompétence, faute grave ou détournement de fonds. »

Il propose que l’administrateur soit élu. « De cette sorte, il bénéficiera de la confiance de la population. Son pouvoir sera renforcé.» Proposition qui s’inscrit dans la logique de l’article 273, §3 qui dispose : «L’Assemblée nationale et le Sénat pourront, après évaluation, légiférer pour que l’administrateur soit élu au suffrage universel direct».

Simon Bizimungu, membre du conseil communal de Mabayi, reste sceptique quant à la stabilisation de l’administration communale. Pour ce député d’Amizero y’Abarundi, accorder trop de pouvoirs aux administrateurs est porteur de danger. «C’est une porte ouverte à la dérive autoritaire ».

Renforcer la capacité institutionnelle

Faustin Ndikumana, président de Parcem soutient que l’administrateur soit doté de véritable pouvoir. Il fait savoir que son organisation a fait un plaidoyer dans ce sens. Mais, regrette-t-il, les nominations ne tiennent pas compte de la capacité institutionnelle et intellectuelle des administrateurs. Il déplore qu’il n’y ait pas de préoccupation de la part du gouvernement. Or, souligne-t-il, la commune doit être un véritable pôle de développement. «Il n’y aura pas de développement sans que les dirigeants au niveau local soient dotés d’outils de travail adéquats ».

Imaginez, explique-t-il, un administrateur qui prend un taxi moto ou un vélo pour se déplacer. « C’est aberrant ».

Par ailleurs, insiste-t-il, l’administrateur doit être entouré par une équipe de conseillers capables de formuler des plans de développement vendables.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Jereve

    La plupart de nos communes et provinces n’ont pas de site web pour se faire connaître, vanter leurs atouts et vendre leurs produits. J’ai du mal à comprendre comment certaines petites entreprises (journal Iwacu, par exemple) arrivent à se doter d’un outil internet alors que des grandes communes et provinces (Bujumbura rural, par exemple) en sont dépourvues. S’il faut penser aux restructurations, il faut y aller de pair avec la modernisation des outils à disposition de ces entités administratives.

  2. Kimeneke

    Ok
    Il faudrait peut-être donner le pouvoir totalitaire au imbonerakure pour que le burundi devient la Coré du Nord 2

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Risque de dérive autoritaire

La commune doit être un véritable pôle de développement. Une entité administrative autonome et décentralisée. Certes, l’administrateur communal doit avoir des pouvoirs réels. Mais concentrer les pouvoirs en une seule personne, n’est pas payant en démocratie. Si le conseil communal est réduit au simple rôle de supervision, il y a risque de dérive autoritaire de la part de l’administrateur. Celui-ci risque de prendre la commune comme son patrimoine, et partant verser dans les détournements. Par ailleurs, la commune doit être aussi un pôle de démocratie. Un conseil communal reflétant la diversité politique pour plus de débat. La démocratisation de cette entité administrative doit figurer à l’agenda de tout conseil communal. Celui-ci est appelé à jouer pleinement son rôle de contrôler de l’action de l’administrateur. Il doit lui proposer des orientations permettant un développement harmonieux. Pour y arriver, l’administrateur doit être entouré par une équipe de conseillers capables de lui proposer des projets vendables. De son côté, l’administrateur doit faire sien le cahier de charges et être redevable devant le conseil communal et la population.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Jereve

    La plupart de nos communes et provinces n’ont pas de site web pour se faire connaître, vanter leurs atouts et vendre leurs produits. J’ai du mal à comprendre comment certaines petites entreprises (journal Iwacu, par exemple) arrivent à se doter d’un outil internet alors que des grandes communes et provinces (Bujumbura rural, par exemple) en sont dépourvues. S’il faut penser aux restructurations, il faut y aller de pair avec la modernisation des outils à disposition de ces entités administratives.

  2. Kimeneke

    Ok
    Il faudrait peut-être donner le pouvoir totalitaire au imbonerakure pour que le burundi devient la Coré du Nord 2

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