Mardi 16 avril 2024

Opinions

Un pas significatif et encourageant au Burkina Faso

arton61667L’insurrection populaire de la semaine dernière au Burkina Faso qui a débouché sur l’exil précipité du président en exercice Blaise Compaoré est un évènement majeur dans l’histoire des institutions politiques du pays. Aujourd’hui, le pays connaît une ère nouvelle et se prépare à construire un véritable état de droit malgré les écueils et les embûches qui parsèment le parcours.
La crise burkinabée ressemble à l’épilogue d’un drame théâtral dans lequel au dernier acte les principaux acteurs jouent à la fin leur dernière scène :

Blaise Compaoré

Comme tous ses prédécesseurs dictateurs – Idi Amin en Ouganda, Menghistu Hailé Mariam en Ethiopie, Juvénal Habyarimana au Rwanda, Mobutu Sese Seko en RDC ex Zaïre, Pierre Buyoya depuis juillet 1996 chez nous… – Blaise Compaoré a été frappé de myopie politique à un point tel qu’il n’était pas capable de lire les signes du temps et comprendre que son heure avait sonnée, que le peuple ne pouvait plus supporter davantage son mode de gouvernement injuste et cruel.

Le chef de l’état est une institution que le peuple respecte et protège tant que la personne qui incarne l’instance respecte le pacte signé avec celui-ci c’est-à-dire aussi longtemps qu’il respecte et fait respecter la constitution du pays.

L’opposition

L’opposition burkinabée est une des plus responsables d’Afrique. Elle a combattu le pouvoir en place dans la légalité et la non-violence. Elle s’était même armée de patience, donnant le bénéfice du doute au chef de l’état en se disant qu’il acceptera enfin un des principes sacro-saints de la démocratie : l’alternance.
C’est en désespoir de cause qu’elle a rejoint l’insurrection populaire car elle venait de constater la mauvaise foi du prince, son culte du mensonge, son refus de tout compromis, son obsession à maintenir un monologue en présence des autres… Compaoré parti, l’oppostion veut que le dialogue s’installe et que le respect de la constitution prévale à tout prix.

La Rue et la société civile

A bout de patience, elles ont fait preuve de courage et de détermination au point qu’elles sont parvenues à rallier toutes les couches de la société à leurs revendications. Elles voulaient le départ du dictateur Blaise Compaoré sans condition et maintenant elles exigent le choix des leaders civils consensuels qui puissent faire respecter les lois de la république et organiser des élections justes et démocratiques demain. Elles sont prêtes au sacrifice suprême car elles se savent héritières de l’idéal de leur héros national Thomas Sankara.

L’armée

Divisée et désorganisée, elle est néanmoins parvenue jusqu’ici à éviter l’usage d’une force excessive qui aurait entraîné le pays dans le chaos. Des hérauts tels le général Honoré Traoré et le Lt. Col. Isaac Zida en émergent et proclament, le cœur sur la main, vouloir respecter la « vox populi ».

L’Union Africaine et la CEDEAO

Une fois n’est pas coutume, les organisations africaines ont réagi prestement et courageusement : aucun régime militaire ne sera toléré, il faut rendre le pouvoir aux civils sans conditions et préparer une transition vers un régime démocratique.
La crise du Burkina Faso montre à suffisance que les peuples d’Afrique noire ne veulent plus d’ « Hommes forts », mais d’institutions solides pouvant protéger les libertés et contribuer au développement dans une société équitable. Un pas significatif et encourageant.

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. Ndikumana Roger

    Burkina Faso hier,…Burkina Faso aujourd’hui,…et peut être Burkina Faso demain!
    NI KUKI UMENGO N’AGAKOKEZO?
    Mu Burundi nta yandi makuru ahari mwotubwira?
    Murakoze murakarama.

  2. Tuvugukuri

    Faudra faire un clin d’oeil a tn ami de lutte un certain Pierre Nkurunziza qui recemnt a recu un prix avec Compaore.
    Quant a Buyoya je croit au tmps de 1996 il a mieux fait de revenir puisque Ntiba et son gouvernmnt que tu faisait parti @Ngendahayo mwari mwananiwe et il vous a remis votre pouvoir en 2003!

    • Jean-Marie Ngendahayo

      Cher Tuvugukuri,
      Pour ce qui est de Buyoya, je reste persuadé qu’il a contribué au pourissement de la situation qui prévalait sous la présidence du président Ntibantunganya. Revenu par un putsch, il a fallu toute la force morale et politique de Nelson Mandela pour obtenir son depart négocier. Je pense que Buyoya n’a pas su lire les signes du temps sinon il aurait compris que son retour ne pouvait qu’engendrer une rébellion populaire que le pays n’avait jamais vécu de toute son histoire… C’est en ce sens que la ressemblance à Blaise Compaoré est frappante.

      Fraternellement

      • Theus Nahaga

        @Ngendahayo
        Non Mr. Ngendahayo, dans cette affaire vous êtes juge et partie, vous étiez ministre de Ntibantunganya.
        Autre chose Buyoya a eu le mérite d’aller à Arusha où Ntibantunganya (et vous avec lui) n’osait aller. Or Arusha était nécessaire pour que nos rancoeurs viennent sur la table. D’autre part, je me permets de formuler un doute quant à la sagesse de Mandela s’agissant du Burundi. Venir brandissant l’appartheid devant les crises burundaises était plus que inopérant. Mandela avait certes un prestige international évident. On avait décidé que cet homme était la sagesse et la sainteté le vieux nègre qui meurt et qui serait une bibliothèque qui prendrait feu. Tout cela est peut-être vrai au regard de son pays l’Afrique du Sud. Mais pour le Burundi sa sagesse avait des limites et des lacunes plus que grotesques.
        Arusha était une nécéssité pour le Burundi, Arusha était le possible Burundais. On peut reprocher à Buyoya beaucoup de choses, mais son retour en 1996 était indispensable pour mener les Burundais à Arusha où un miroir allait leur être tendu pour qu’ils puissent y regarder leur laideur.

        • Jean-Marie Ngendahayo

          Cher Theus Nahaga,
          Il est frappant de constater comment les Burundais reconnaissent les qualités de certaines personnes tant qu’elles ne s’impliquent pas dans les questions nationales. Avant hier, il s’agissait du président Julius K. Nyerere que tous reconnaissaient pour être un champion de la lute contre l’apartheid en ayant animé et galvanisé les pays de la ligne de front pendant des décennies souvent au detriment du développement de son propre pays la République Unie de Tanzanie. Mais dès qu’il a été désigné médiateur pour le dossier burundais et qu’il a émis quelques idées, tout de suite il est dévenu un vieillard sénile juste bon pour l’asile. Hier avec Nelson R. Mandela ce fut le même refrain. Adulé sans reserve pour sa longue lutte contre l’apartheid, dès qu’il a succédé à Nyerere il est devenu brutal et myope face aux réalités complexes du Burundi qui n’ont rien à voir avec sa propre experience sud-africaine.
          Je ne « gifle » pas, comme vous dites Buyoya, je dis ce que j’ai vu comme acteur dans la crise. Je reste convaincu qu’il y a beacoup de ressemblances avec le cas burkinabé. Voyez, aujourd’hui l’armée accepte d’y accompagner le processus démocratique avec le Lt Col Zida comme chef de l’Exécutif. A peu de choses près, mutatis mutandi, nous avions suggéré à Buyoya de rester à la tête du pays en 1993 en se mettant au-dessus des partis et ainsi en permettant aux partis politiques de lutter pour la primature et la préponderance au parlement. C’est son refus obstiné et miyope, réédité en 1996 en revenant par la force qu’il a plongé le pays dans le chaos. Nous en payons toujours le prix.
          Enfin, c’est la première fois que j’entends dire que le président Ntibantunganya a refusé de participer aux négociations d’Arusha…

          Fraternellement

      • Tuvugukuri

        @Ngendahayo
        Je ne vois aucune ressemblance entre les deux Presidents puisque Buyoya toute les fois qu’il a ete au pouvoir,il a volontairement quitte ce qui est l’inverse a l’autre.Faut pas profiter de l’occasion pour le gifle,Que vs eyez un dent contre lui je le comprend mai les faits sont la.
        Et pour ce qui est de Mandela @Theus Nahaga l’ a bien dit le Vieux sage n’avait rien pige de ce qui se passer chez nous voulant compare les choses comme ds son pays en parlan d’Apartheid ce qui etai Archifaux.

  3. Terimbere

    Blaise était un Putschiste, un criminel, au pouvoir depuis 27 ans, sans aucune légitimité!
    Les élections au Bourkina, étaient pour les élections démocratiques, ce que la musique militaire est pour la musique !!
    Blaise n’a que de regrets!
    Blaise a voulu ridiculiser le Président Obama en affirmant, que l’Afrique a besoin de grands hommes pour construire ses institutions!
    Blaise a ignoré la lettre peu diplomatique, de Hollande l’invitant à prendre un poste international!
    Peter a été élu par le peuple et jouit de toute sa légitimité et de son immense popularité paysanne, et cela depuis bientôt 10 ans! Et contrairement à Blaise qui était un autocrate achevé, Peter lui est reproché de passivité et de laisser le pouvoir dans les mains d’un club Akazu !
    Et Peter joue le bon élève! Quand Obama a dit à Peter: REKURA IYO NTAMA ! Hakurikiye iki ?!!!??
    Quant à l’armée, elle a refusé d’intervenir, donc refusé d’obéir au Président, donc c’est que l’armée ne le reconnaissait plus alors qu’il était censé être le commandant suprême!
    Alors pourquoi ne pas le dire à haute voix : C’est l’armée qui a renversé Blaise et c’est la France qui a intervenu, toute fois en s’assurant de sa chute, pour aussi sauver sa vie sinon il allait être arrêté et Dieu seul sait ce qui allait lui arriver et sa famille!
    En tout cas, Blaise ne mâche pas les mots : il dit être victime d’un coup de l’armée et de l’opposition et cite des noms!
    Celui qui connait ce que c’est l’armée et la police burundaises, te dira combien elles diffèrent de celles de Faso!
    Tout d’abord certains des unités de la police ne prendront pas une minute de réflexion avant de tirer à balles réelles et il est tout simplement impossible de trouver un consensus au sein des FND en vue d’un quelconque changement !!
    Notre problème à nous est la mauvaise gouvernance avant tout et un changement à la tête ne signifie pas nécessairement la fin de nos ennuis!
    En rapport avec l’union africaine, elle est aujourd’hui une ligue des droits des Présidents Africains dont la grande majorité sont des dictateurs!
    Ce qui rend le plus mal, c’est que ces Présidents qui sont démocratiquement élus, une fois entrés en fonction, ne tardent pas à manifester l’intention de joindre le club des dictateurs!

    J-MN, Tu en profites pour gifler injustement Buyoya, qui a trop peu de commun avec ces autres noms cités, mais malheureusement, la myopie dont tu fais allusion risque de t’atteindre avant lui!
    Buyoya a volontairement quitté deux fois le pouvoir et aucune véritable pression!

    • gisenyi alfred

      Eka buyoya yarabasubije igihugu nuko catunaniye gutwara ubu sahutu sabatutsi twese inzara izura inzara.Ageneraux kugira bahore ubukene bubishe bo umugambwe uca ubaha amahera ,Nayo kwubaka ama etage barabaha kuko umushahara 500.000 FrS ntaco wobamarira bategerzwa gupanga inzu ,regidezo ni ration ,Heineken bitaraza. None tudahendeshwa amahera kandi ntiboronka ayadukwira ubwo tuzosubira kubikwegera ngo dushize imbere ubwoko.Ariko nti twikwegere Rwasa kuko wewe ntahinduka muratora abandi amacakubiri yamoko ntaramuvamwo ntaho twoba tuvuye.

      • ndabirorere

        Oya Rwasa mubisanzwe si amacakubiri ya moko amuranga ahubwo ni umubeshi, umunyagitugu (dictateur) kuko mu mugambwe wa FNL yiyitirira niwe wenyene afata ingingo ata kuja inama n’ingingo ninaco catumye agandagura abarwanyi n’abanywanyi benshi bagerageza kugira ico bavuze kugira umugambwe utere uja imbere. Rero uwutashoboye gutwara umugambwe mukuja inama n’ingingo ntiyohava abishobora atwara igihugu, nta Burundi bwacu akwiye gutwara.

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