Vendredi 29 mars 2024

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Un mardi noir pour la FDN

29/03/2016 16

Le 22 mars 2016, une journée à marquer d’une pierre noire dans les annales de la Force de défense nationale. Deux officiers sont assassinés. Le premier, à la mi-journée, à l’état-major général de l’armée, le deuxième, à la tombée de la nuit, devant le snackbar Hibiscus, sur l’avenue de Grèce.

Le lieutenant-colonel Darius Ikurakure
Le lieutenant-colonel Darius Ikurakure

C’est vers 12h30 que la nouvelle tombe comme un couperet : le Lt-Col Darius Ikurakure, comandant du bataillon génie civile de combat au camp Muzinda, chargé depuis quelques mois des opérations dans les quartiers nord de la capitale, comme Mutakura, Cibitoke et Ngagara, est assassiné dans les locaux de l’état-major général de la FDN.

Des coups de feu entendus à l’intérieur de l’état-major général créent une panique générale au sein du ministère de la Santé, situé juste à côté. Il y a également un remue-ménage à la Clinique Prince Louis Rwagasore et au CNTS (Centre national de transfusion sanguine).

Des témoins affirment avoir vu un homme en uniforme militaire escalader le mur de l’Etat-major général. Il tient une Motorola dans une main et un pistolet dans l’autre et se dirige en trottinant vers la Clinique Prince Louis Rwagasore puis vers le CNTS en criant que ’’tout va bien’’ pour se frayer un passage.

«L’incident s’est produit quand le personnel śuvrant à l’administration centrale de l’Etat-Major général et du ministère de la Défense nationale partait pour la pause de midi », précise un communiqué signé par le Général major Prime Niyongabo, le chef d’état-major général. Il sera lu 6h après l’incident.

Après ce forfait, poursuit ce communiqué, « le criminel a pu s’échapper en utilisant les couverts des environs et a disparu par les bâtiments de la Clinique Prince Louis Rwagasore et l’élément de la FDN qui a poursuivi le criminel a pu récupérer l’arme qu’il a utilisée. »

Des témoins au CNTS affirment avoir vu un militaire en fuite tenant une arme et un Motorola : «Il appelait sans cesse sur sa radio en disant qu’il a terminé sa mission et qu’il est arrivé à l’endroit indiqué. Et c’est à ce moment qu’une voiture est venue le récupérer.»

Un quart d’heure après, des militaires à bord d’un pick-up arriveront sur les lieux. Plusieurs employés du CNTS leur indiquent qu’un militaire a emprunté la ruelle séparant leurs bureaux et la Clinique. Ces témoins précisent que l’homme en uniforme s’est par après engouffré dans un véhicule qui démarrera en trombe pour disparaître aussitôt.

Après le départ de ces militaires, des agents du SNR (Service national des renseignements) débarquent suivis par un autre pick-up avec à bord des policiers lourdement armés de la brigade spéciale anti-émeute. Ces derniers intiment l’ordre à tous les employés du CNTS et des autres bureaux d’à côté de sortir et de dire ce qu’ils ont vu. Ils ont peur, certains d’entre eux commencent à trembler, d’autres marmonnent des prières, sortent leurs chapelets et les égrènent.

La tension monte quand ces policiers décident de monter dans les étages pour faire sortir quelques employés que s’étaient enfermés dans leurs bureaux. Ils seront un peu brutalisés : une ou deux gifles et quelques bousculades.Le calme revenu, ces employés indiquent que l’homme recherché s’est déjà volatilisé.

L’heure des condamnations

Dans son communiqué, l’Etat-major général de la FDN condamne ’’avec la dernière énergie ce genre d’acte ignoble. Il recommande à tous les militaires de ’’rester sereins, calmes et unis pour résister à toute forme de manipulation visant à détruire ce corps’’.Il promet des ’’investigations pour bien identifier le bourreau’’. Selon des sources militaires, ’’il y a eu quelques arrestations’’.

Un autre officier abattu

A la tombée de la nuit, une demi-heure après la lecture de ce communiqué, c’est encore une fois la stupeur : le Major Didier Muhimpundu, Directeur adjoint du Service Santé à l’Etat-Major général de la FDN, est assassiné en face du snack-bar Hibiscus sur l’avenue de Grèce par des inconnus. Il n’y aura pas d’autres précisions.

Forum des lecteurs d'Iwacu

16 réactions
  1. GAHOMA

    Les burundais de sont pas seulement murs comme veut le faire entendre une certaine opinion, ils sont cuits!!

  2. Murundi

    Should we really care much about who did what. Remember that Darius ‘ horrendous acts have left many parents in grief and pain forever. Whoever killed him felt shame of those acts. He is lucky to escape justice, while we parents who lost our beloved ones, will not know the hell he imposed them before they took their last breath. Maybe God has willed it so to relieve les quartiers du Nord. It would be too sad if Didier were a victim of a criminal. Undoubtedly, God’s justice will be served for both.

  3. Bwarikindi Pierre

    Saka uvuze ukuri , si on veut connaitre les auteurs de ces deux crimes c’est facile, mais ils ne veulent pas , car ils savent deja. Baraca tegura ninde yabishikanye bazoza kutubwira ko ari bo bishe abo ba officiers.
    Qui vivra verra

  4. NDABIRABE

    « Des témoins au CNTS affirment avoir vu un militaire en fuite tenant une arme et un Motorola : «Il appelait sans cesse sur sa radio en disant qu’il a terminé sa mission et qu’il est arrivé à l’endroit indiqué. Et c’est à ce moment qu’une voiture est venue le récupérer »
    Avec cette phrase vous venez de désigner le commanditaire de l’assassinat parce que les radios motorola sont sur un réseau et des fréquences donnés par l’EMG. L’assassinat du super criminel Darius a été organisé par ceux l’ont appelé à l’EMG. L’armée dit avoir récupérer l’arme du crime alors qu’au CNTS on affirme qu’il avait l’arme et le motorola. Le tueur est peut être un « Muja » et non un « Sindumuja ».

  5. RUGAMBA RUTAGANZWA

    La mort de ce Monsieur ne me laisse pas vraiment inconsolable!!!!!. Je l’ai toujours dit: la violence appelle la violence. Tout ceci est à mettre sous la responsabilité du père biologique (qui se reconnaitra) de la situation dans laquelle notre pays est plongé depuis avril 2015.
    Concernant Kagamé et Sinduhije, à ce que je sache, ce ne sont pas eux qui ont conseillé à Mr NKURUNZIZA de briguer un 3è mandat de tous les dangers, ce ne sont pas eux qui sont venus tirer sur des manifestants non armés au vu et au su de tout le monde (on a toujours les images ainsi que les vidéos choquantes de ces forfaits), ce ne sont pas ces personnalités qui sont venues assassiner massivement des innocents et creuser des charniers pour y entreposer leurs corps le 11 et 12 décembre 2015.
    La seule façon de se sortir de cet enfer ce n’est pas de lancer des insultes et des menaces a longeur de journée et au monde entier en commençant par les voisins mais c’est d’être pragmatiques, réalistes, lucides et débuter sans tarder les négociations avec ses ennemis car on ne négocie pas avec ses amis internes comme le veut le pouvoir du CNDD-FDD.
    Je vous le dis en vérité, si on ne dialogue pas le pire est malheureusement devant nous et tout le monde est concerné, y compris ceux qui se croient les plus protégés. A bon entendeur, salut…!

    • Mariya Budangwa

      @ Rugamba Rutaganzwa

      Bien dit la violence appelle la violence depuis l’indépendance c’est la violence, maintenant tous le monde doit subir les conséquences de l’impunité.

  6. roza kamikazi

    Ariko na sinduhije be na kagame barababaje mbe yemwe ko muzokwama mubabona mubanke ntaco muzobagira, mubanke ntaco muzobagira muvyumve neza gose.

    • Signorina

      Hewe wiyise roza kamikazi uti: Ariko na sinduhije be na kagame ngo ntaco muzobagira , hewe urakubura urabe ivyawe kuko ari sinduhije canke kagame bariko bagwanira za interets personnels zabo, hanyuma peuple niyo iriko irishura wewe rero uriko urabavugira sinzi yuko banakuzi noguhanura gutasubira guta akanwa kawe uvugira izo nkozi zikibi zibiri.
      Ivyabo ntavyo uzi bashobora kuzohura nimpanuka imbere nta wukora ikibi ngo bimuhe amahirwe kera aravyishura canke
      abiwe bakavyishura.

    • Mami Jojo

      Rosa urihenze cane. Sinduhije na Kagame ntituzokwama tubabona kuko umunsi wabo uzoshika basezere isi. Ahubwo nibaronka uwubapfubana iteka bazoba bahiriwe. Nayo wewe ba urasabiriza muri Canada ukwiragiza ikinyoma. Ariko wame wibuka ko ikinyoma kimara umwaka ariko kitamara umunsi. GUSHIKA TWESE MUTUMAZE!

    • Mariya Budangwa

      @ Roza Kamikazi

      Ariko nkaho uvuz’iki, ngo Sinduhije na Kagame barabanka ntaco bazobagira? Mbega abandi bo ntimubanka erega nico cish’igihugu cacu tuzokwama twitana ba mwana kugeza ryari? Raba nyabun’ivyaha vyawe n’uwundi arabe ivyiwe twese twihane nico kizodukiza kigakiza n’uburundi.

  7. Muhima Mweru

    Pour les plus expérimentés dans l’organisation de l’armée, la mort du Lt-Col Darius Ikurakure est l’oeuvre de ses chefs et pas d’un ennemi venu de l’extérieur de l’Etat major, car très difficile à justifier comment l’Etat Major d’une armée nationale n’est pas sécurisé, jusqu’à ce que un ennemi s’infiltre à l’intérieur et parvienne à assassiner un Officier Supérieur et échapper ? Autre chose, cet Officier qui avait une garde prétorique, comment n’avait il pas même un seul pour le protéger? Il y a un secret autour de cet assassinat mais tôt ou tard on saura ce qui c’est réellement passé, car  » Un secret est bien caché que s’il a un seul gardien » chose impossible dans ce cas là.

  8. Sinduhije en collaboration avec Kagame pense qu’il peut diviser l’armee pour exporter le genocide au Burundi. Il n’a rien compris. Les Burundais sont actuellement murs et connaissent deja toutes les strategies de ces extremistes.

    • Salvator

      @ HIMA Jeremy

      Pauvre Jeremy and compagnie qui voient l’ombre de Kagame partout (y compris dans les enceintes de l’Etat Major de l’Armée!

    • John

      @pauvre Hima: si Kagame est dans l’etat major de l’armee burundaise et qu’il peut y faire assassiner un officier superieur, considerez que la « liberation » du Burundi est imminente.

    • Ntazizana

      Tu es plus extremiste qu’eux. Continue dans cette voie, tu récolteras….

  9. Saka Pundu

    D’après ce que j’ai pu lire par ailleurs, les 2 victimes ont répondu à des appels téléphonique.
    L’un pour se rendre à l’EM, sans sa garde et donc sans crainte, et l’autre pour sortir sans appréhension également du bar où il se désaltérait.

    Il serait donc très facile de connaître les numéros qui ont ont appelé et comme tous les numéros du Burundi ne sont plus anonymes….

    Pour autant que  »l’on  »veuille vraiment retrouver les auteurs de ces assassinats.

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