Vendredi 29 mars 2024

Politique

Un couvre-feu qui ne dit pas son nom

31/10/2017 8

Les habitants de la zone Gatumba dénoncent des mesures de sécurité freinant leurs activités génératrices de revenus. L’administration parle de mesures prises dans la concertation.

Chef-lieu de la zone Gatumba où il s’observe moins de circulation sur le principal axe routier le soir.

« Je travaille à perte depuis septembre. Ma clientèle a presque disparu à cause de l’interdiction de circuler au-delà de 21h », martèle un propriétaire de bistrot au quartier Mushasha. Avant cette mesure, explique ce père de 5 enfants, il vendait plus de 10 caisses de primus le soir. Mais actuellement, il ne parvient même pas à en écouler deux. « La plupart de mes clients sont des fonctionnaires et arrivent au bar vers 19h. Mais depuis cette mesure, ils consomment moins et rentrent tôt afin d’éviter des problèmes. »

Zone Gatumba de la commune Mutimbuzi. Boutiques et autres commerces sont ouverts en cette matinée du mois d’octobre. Taxi-vélos et taxi-motards font la navette, déposant des passagers à la frontière avec la RDC, à quelques deux kilomètres de là.

Toutefois, à la tombée de la nuit, la situation change. Il s’observe moins de circulation et de passants sur le principal axe routier. Interdiction aux taxi- vélos et taxi-motards de circuler au-delà de 18h. Lieux de culte, bistrots, salle de projection de films doivent fermer à partir de 19h. La mesure est en vigueur, depuis septembre 2017. Tout a commencé avec les attaques d’un groupe de bandits sur des positions militaires qui avaient fait deux victimes, d’après le colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de l’Armée.

Le règne des comités mixtes de sécurité

Depuis, la sécurité a été renforcée et est assurée par des militaires et policiers en collaboration avec des membres des comités mixtes de sécurité. Ces jeunes, dont la plupart sont des démobilisés, règnent en maîtres aux heures du soir, accuse une vendeuse de tomates. « Il y a une semaine, ils ont battu un certain Claude, policier à Kirundo, qui séjournait chez lui parce qu’il se trouvait tout simplement dehors vers 22h. » Personne n’a levé le petit doigt, malgré la présence des policiers.

Pire, accusent les habitants, ces jeunes se cachent derrière les arbres ou bien dans l’ombre et s’attaquent aux passants en leur soutirant de l’argent, s’ils ne sont pas à l’intérieur de leurs maisons à 21h. « C’est à se demander si Gatumba n’est pas sous un couvre-feu qui ne dit pas son nom, alors que le ministre de la Sécurité a déclaré dernièrement que la paix règne sur tout le territoire national. »

Bien plus, ces habitants dénoncent une taxe de sécurité que ces jeunes leur exigent de payer : « Chaque ménage verse entre 500 et 2000 Fbu. On nous explique que cet argent aide les comités mixtes de sécurité pour leurs fonctionnements quotidiens. »

Des mesures prises dans la concertation

Hussein Ntahetwa, chef de zone, reconnaît la perception de cette taxe, mais parle de 300 Fbu par ménage : « Cette somme n’est pas énorme et elle est utilisée pour l’achat des cartes de recharge de téléphones pour ces jeunes qui passent la nuit dehors en train d’assurer notre sécurité. » Et d’expliquer que ces mesures ont été prises en concertation avec la population.

Concernant le harcèlement et la brutalité de ces jeunes, le chef de zone parle de propos mensongers véhiculés par ceux qui veulent salir l’administration de Gatumba. Interrogé sur le fait que sa zone est sous couvre-feu, Hussein Ntahetwa réfute, mais explique qu’il s’agit tout simplement de mesures préventives.

Toutefois, lors d’une réunion de sécurité, lundi 16 octobre, Nadine Gacuti, gouverneur de Bujumbura, a assuré que la sécurité règne dans les neuf communes que compte la province Bujumbura, la zone Gatumba y compris.

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Ndimwo

    @ Gacece et Miburo
    M. Gacece, dites-nous si vous payez des cartes d’appel de la police au Canada ou quelque part en Europe! Le gouvernement qui perçoit des taxes & impôts alloue des budgets pour la sécurité des citoyens à travers les ministères concernés. Or, ce qui se passe à Gatumba, c’est du vol éhonté. Que des citoyens soient vigilants, c’est tel que tel mais que des « taxes » soient perçues ou que des jeunes, soient-ils du parti au pouvoir, c’est un couteau à double tranchant qui risque de mal se terminer. En passant M. Gacece et Miburo, je vous rappelle qu’il y a des valeurs universelles qu’on ne peut fouler au pied juste parce qu’on n’est pas en occident.

  2. Barasukana Gacece Jackson

    Komere amashi Miburo ari i Buraya. Nigihahe. Ariko rero iyo europe ayihoza, yarahatswe kuvuga ukuri. Nivyo yuko pouvoir igeze muyabira yikanga abansi hose kandi umwanya wose. Le pire est a venir kuko mu minsi bazoryana bo nyene, bikikekane hanyumama ibara ribarwane. Ababari inyuma batazi ibiri mugifuri indani ya systeme, bazoyanyaga batazi niyo baja.

  3. Jesus

    Bien sur que la securite regne…Tant que vous etes terres.

    • Miburo

      Qui est contre ces mesures sécuritaires? En plus c’est tout près de la frontière…
      Ici en europe il y a des endroits où il est interdit de s’asseoir, de circuler avec certains objets à portée de main comme les grosses tourne-vis, les couteaux, de grosses sommes d’argent, des rassemblements où l’ordre public risque de se dégrader…sur le cas burundais, tout le monde sait qu’il y a une guerre froide car il y a des lanceurs de grenades, des antidémocrates, des anarchistes, des terroristes, des bandits aussi…

      • Dj

        Igihugu ni nyabagendwa, Uniteds og ni wose. Ivyo navyo uvuze muri Europe, wompa akarorero kaho hantu ?. Ico nzi nuko bihanwa igihe ugendanye ivyuma:)

      • Mafero

        @Miburo: Vous n’avez pas besoin de vanter aux gens que vous êtes en Europe!

        • Gacece

          @Mafero
          Vous n’avez pas le droit de l’accuser de se vanter! Il dénonce ce qui est perçu comme « de travers » à un endroit, mais qu’on essaie de faire accepter à un autre endroit!… Et puis, être en Europe n’est pas si rare que vous voulez le prétendre!

      • Casimir

        @ Miburo
        …et vous trouvez ça normal que des jeunes civils puissent maltraiter des gens dont le seul crime est de se retrouver dehors après 21H….ça existe sûrement aussi dans votre république de banane en Europe!!!!

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Quelle place pour l’opposition ?

… En juin 2008, un groupe de députés « frondeurs » du CNDD-FDD, avaient été tout simplement exclus du Parlement. Je disais que c’était « un dangereux précédent ».  16 ans plus tard, en 2024, est-ce que le traitement des opposants politiques a changé (…)

Online Users

Total 2 498 users online