Jeudi 25 avril 2024

Société

Sécurité alimentaire – Mugamba : des jardins potagers pour vaincre la malnutrition

12/03/2023 Commentaires fermés sur Sécurité alimentaire – Mugamba : des jardins potagers pour vaincre la malnutrition
Sécurité alimentaire – Mugamba : des jardins potagers pour vaincre la malnutrition
Un jardin potager constitué de choux et d’autres légumes

En plus de sa mission de prodiguer des soins de santé, la clinique Ubuntu Village of Life, a intégré un volet en rapport avec la sécurité alimentaire. Ainsi, grâce l’introduction des jardins potagers, les populations de cette commune de la province Bururi et ses environs, ont vu la malnutrition, surtout chez les enfants de moins de 5 ans, considérablement diminué.

Difficile de penser que derrière les paysages verdoyants de la commune Mugamba, puissent y avoir des familles dont les enfants souffrent de la malnutrition. Tellement luxuriants sa verdure et les champs de thé et de pomme de terre gambadant à perte de vue le long de la RN7… Toutes les conditions semblent réunies pour que sa population mange équilibré et à satiété.

Pourtant, dans le silence le plus absolu, des familles souffrent de la malnutrition. Ce, bien sûr à des degrés différents. Mais, le fait est que même dites des intellectuels peuvent en porter les séquelles vivaces. Un non-dit qui des fois, tue à petit feu. « Certes, tous les ménages ne sont pas touchés de la même façon. Mais, le constat est-il environ que suite à la pauvreté monétaire qui frappe la plupart des familles de Mugamba et ses environs, plus de 50 % des ménages dont les enfants 5 ans souffrent de la malnutrition », glisse une femme travaillant comme agent communautaire.
Ainsi, dans l’ignorance totale, sans prérequis préalable sur la façon dont être un repas équilibré. Parce que leurs familles sont nombreuses et qu’elles ne peuvent pas manger à satiété, cet agent confie que des mères regardent leurs enfants perdre du poids, leurs cheveux tomber un à un sans pour autant en déceler la cause. Et lorsque survient une querelle liée aux conflits fonciers, bienvenue les histoires de sorcellerie. Un tas de problèmes que la Clinique Ubuntu Village of Life a essayé de venir à bout.

Depuis sa création en 2019, cette clinique qui se trouve dans cette commune, dont la vocation consiste à prodiguer des soins de santé à la population, a aussi fait de la lutte contre la malnutrition son cheval de bataille. « Le but c’est de mettre tout le monde devant un fait accompli. Faire comprendre à tous ces mères et pères de familles qu’ils peuvent manger sainement et équilibré sans dépenser beaucoup d’argent et cultiver des étendues de hectares, juste en cultivant les fruits, les légumes plantés à l’intérieur des enclos familiaux », indique Dr Albert Karakura, directeur de la clinique.
Toutefois, reconnaît Dr Karakura, une bataille qui passe par plusieurs fronts. Outre la conscientisation sur la nécessité, le bienfondé d’adopter les jardins potagers, il déplore la réticence d’une partie de la population. « Le problème, c’est que personne n’ose dire que son enfant souffre de la malnutrition. Chaque fois, il faut que les mamans travaillant comme des agents communautaires fassent le 1er pas pour les convaincre de faire de venir consulter. Une méthodologie qui fait perdre du temps mais qui commence à produire ses effets. »

Depuis peu, cet agent communautaire soutient que les langues commencent à se délier. « Les habitants commencent à prendre conscience, à briser le silence à oser demander conseil. Parce qu’ils ont vu que même mangeant à satiété, l’on peut souffrir de la malnutrition. »

Aux environs d’une dizaine au début 2020, actuellement, le centre de prise en charge nutritionnel prend en charge plus d’une centaine d’enfants souffrant de malnutrition, et plus d’une cinquantaine de mères sont pris en charge mensuellement.  Entre enseignements et conseils sur le bienfondé des jardins potagers, les bonnes pratiques alimentaires et agricoles, la clinique leur octroie des compléments alimentaires.

Le remède « jardins potagers »

Jardin ou une partie de jardin où se pratique la culture vivrière de plantes destinées à la consommation familiale, soit principalement des légumes, des fruits non cultivables en verger et des plantes aromatiques. Le jardin potager, en plus de ses fonctions utilitaire et ornementale, peut avoir une vocation éducative, constituer une activité de loisir et contribuer au maintien de la biodiversité animale et végétale. « Comme la plupart des habitants des localités sont tellement attachés à leurs terres, le fait que les jardins potagers n’exigent pas beaucoup de surface, a concouru pour que la plupart adhèrent facilement. Idem pour la fumure et le temps qu’ils y consacrent », laisse entendre M. Karakura, qui ajoute : « L’idée derrière, c’est que chaque foyer en possède. Une bataille en passe d’être gagnée. Car, la plupart qui viennent suivre les enseignements en ont adopté. » La nouvelle tendance, selon lui, c’est que même les ménages dits aisés, commencent à prendre conscience de leur dans l’alimentation.

Eric Bimenyimana , agronome, salue l’initiative de la Clinique Ubuntu Village of Life qui a pris les devants pour sensibiliser sur l’importance de développer les jardins potagers. « Une source incommensurable de compléments alimentaires qui permet en plus d’équilibrer l’alimentation de prévenir la malnutrition ».

Cerise sur le gâteau, observe M. Bimenyimana, avec le climat de la région de Mugamba se prêtant aussi bien à la culture des fruits, à l’instar des avocats, des prunes du Japon, et de tous les légumes, ne doute pas que lesdits jardins potagers ne tarderont pas à produire l’effet escompté. « Le plus important, c’est de faire le suivi, de continuer l’encadrement de la population. Et les résultats viendront d’eux-mêmes, surtout que tout laisse à croire que la population commence à s’en approprier ».

Dans cette quête, le directeur de Kararakura explique que leur équipe en charge du volet nutritionnel incite la population qui en a déjà adopté de planter des champs de démonstrations le long des routes, près des classes, etc. « L’idée c’est d’attirer l’attention à tout passant de telle façon qu’il puisse être interpellé. Delà, ainsi être amené à le cultiver chez lui, s’il ne l’a pas encore fait »

A en croire les témoignages, à l’allure dont les habitants de Mugamba et ses environs sont en train d’adopter les jardins potagers, M. Karakura espère que d’ici la fin de l’année la malnutrition ne sera plus un problème dans la commune Mugamba.

La population exulte

La cour intérieure de la clinique Ubuntu Village of Life où sont dispensés les cours sur l’importance des jardins potagers dans la lutte contre la malnutrition

Très satisfaite Jeanne, bientôt 40 ans, mère de 3 ans, ne tarit pas d’éloges l’initiative de la Clinique Ubuntu Village of Life d’inclure le volet de la sécurité alimentaire. Avec l’avènement du programme, dorénavant, elle explique qu’il est inconcevable que ses enfants mangent des haricots sans légumes. « Si ce ne sont les amarantes dans les haricots, ce sont des choux dans les pommes de terre. » Une habitude, au fil du temps qui s’est ancrée dans la psychologie de ses enfants. « Ils ont pris goût, de façon qu’ils ne tolèrent plus un plat sans légumes ». Avec deux jardins potagers dans l’enclos familial, elle fait savoir que l’avantage, elle ne peut jamais être à court de production. « Toutes les deux semaines, je récolte. Et au besoin, je peux vendre au marché pour m’acheter un peu de viande, du sel et de l’huile »

Une satisfaction partagée par Bernadette. Habitant la province Mwaro, la grand-mère n’a pas assez de mots de mots pour remercier la clinique, à travers cette approche de développer les jardins potagers. « N’eût été ses enseignements qui aurait su que les choux peuvent être bien consommés avec des pommes de terre ? Plus, qui aurait que l’on peut cultiver derrière l’enclos sur une si petite surface pour obtenir autant de prunes du Japon ou d’amarantes ? Une révolution alimentaire, tout simplement !» jubile-t-elle. Ancrée dans les vieilles habitudes qu’importe peu la qualité, seule la quantité compte, elle a vu ses petits-enfants tombés malades. « Un à un, ils devenaient fébriles. Tout le temps, ils ne cessaient de tomber malades. Il en a fallu que je les amène à l’hôpital pour que le médecin diagnostique un début de malnutrition. Il en a fallu que je me rende à Mugamba rendre visite à une parenté pour cerner la Un réalité ». Une visite, selon elle, qui lui a permis d’ouvrir les yeux. Comme elle avait dû vendre son bétail suite à la mesure du ministère de l’Elevage interdisant à la population de paître sur les collines, elle explique que les légumes et fruits de son jardin potager apportent des nutriments alimentaires tant utiles pour le développement de ses petits-enfants.

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