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Semaine du cinéma allemand à l’IFB : un orchestre philharmonique à Kinshasa

09/10/2011 Commentaires fermés sur Semaine du cinéma allemand à l’IFB : un orchestre philharmonique à Kinshasa

A l’affiche « Kinshasa Symphonie » de Martin Baer et Claus Wischmann. Un documentaire sur le seul Orchestre symphonique de l’Afrique Subsaharienne avec en filigrane la misère et la vie d’un peuple qui cherche à s’en sortir à travers la musique, à travers Beethoven et Mozart. C’était ce mardi 4 octobre à 19h.

Ce qui frappe au premier abord, c’est Kinshasa. La ville, sa misère, ses infrastructures délabrés laissent un sentiment de pitié, de désolation et d’interrogation. Comment font ces gens pour vivre dans des conditions pareilles ? La réponse vient peu à peu tout le long du film : la musique.
La musique qui ne constitue pas qu’un divertissement pour eux mais plutôt une mission salvatrice face à une réalité trop concrète à leur goût. L’orchestre Kimbaguiste a trouvé son salut à travers les notes des partitions qu’ils jouent matin et soir.

On est rapidement subjugué par la ténacité dont font preuve les artistes. Pendant plus d’une heure et demie, on est là, à partager leur vie, leur quotidien, leurs peines et leurs joies. Autodidacte par nature, devant composer avec une langue qui n’est pas la leur (L’allemand), créant leur propre instrument de musique à défaut de pouvoir en acheter (Violon, contrebasse…) Kinshasa symphonie surprend par l’ingéniosité dont font preuve ces disciples de Mozart. Qu’il y ait du courant ou non, les palliatifs ne sont jamais bien loin. Comme par exemple comment créer la note « Ré » si vous n’avez pas l’instrument adéquat ? Facile vous répondront les Kinois « Il suffit de prendre la jante d’une voiture. « On a réalisé que le son qui en sort quand en frappe dedans ressemble à s’y méprendre à ladite note. »

Le film a été suivi d’un débat animé par le co-réalisateur du film Martin Baer et le preneur de son Pascal Capitolin. Débat intéressant où le projet, la démarche artistique fut revisité avec de nombreuses questions à savoir pourquoi avoir tenu à filmer les coins les plus moches de « Kin » (Kinshasa) ou encore pourquoi le choix de la langue, l’allemand. A ce propos, Baer a raconté une anecdote : lorsque certains membres de l’orchestre Kimbaguiste furent invités en Allemagne pour une rencontre avec l’orchestre symphonique berlinois, il leur fut posé la question de savoir pourquoi ils avaient choisi Beethoven et pas un autre. Leur réponse fut aussi limpide que simple : « Beethoven ne vous appartient pas, il est universel. » Que pouvez-vous rajouter à cela ? demande conquis Baer…
Le débat s’est terminé par un cocktail sur l’échiquier gracieusement offert par l’ambassade d’Allemagne où justement le directeur du centre culturel français Jean-Michel Feffer en a profité pour présenter le nouvel ambassadeur d’Allemagne, Bruno Brommer.

L’Orchestre Symphonique Kimbaguiste a été créé dans les années 90 par une poignée de musiciens amateurs. Il est désormais constitué de plus de 200 musiciens. Pour information, il s’agit du seul orchestre symphonique existant au Congo et dans toute l’Afrique subsaharienne. Le véritable fondateur de ce groupe, qui en est aussi le chef de l’orchestre, est le petit-fils d’un ancien martyr qui a affronté les colons belges de l’époque. C’est d’ailleurs lui qui avait imaginé la création d’un tel orchestre.

Kinshasa Symphony a été présenté dans de nombreux festivals, non seulement en Afrique comme en témoigne le Fespaco au Burkina Faso, mais aussi dans le monde entier. Projeté à Berlin, au German films, au FID de Marseille, ou encore aux 27èmes Vus d’Afrique à Montréal, il a raflé au passage le prix du Meilleur Documentaire de l’édition 2010 au VIFF de Vancouver et au New-York Music film Festival.

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