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Ruyigi : libération provisoire controversée de 12 personnes accusées de meurtres

09/08/2013 1

Le président du Tribunal de Grande Instance (TGI) a libéré, ce vendredi 2 août 2013, douze présumés coupables d’avoir tué deux personnes. Les familles des victimes et les organisations des droits de l’Homme crient au scandale. Ils ne comprennent pas comment on peut libérer des personnes accusées de crimes aussi graves.

Une civière traditionnelle, Inderuzo, à l'origine de ces meurtres ©Iwacu
Une civière traditionnelle, Inderuzo, à l’origine de ces meurtres ©Iwacu

C’est la consternation totale au sein des familles des victimes et des organisations des droits de l’Homme après la libération provisoire accordée à 12 personnes accusées de meurtres de deux personnes sur la colline Nyarurambi, zone Muriza, commune Butaganzwa en province Ruyigi. Elles étaient poursuivies pour avoir assassiné une femme âgée du nom de Cécilie Ntibanyiha et un certain Cubwa, soupçonnés de sorcellerie.

Les familles des victimes n’en croient pas leurs oreilles. Ils s’interrogent sur cette libération vu que les faits se sont déroulés devant un millier de personnes et cela à 10 heures du matin. Ils craignent alors pour leur sécurité. Les organisations des droits de l’Homme indiquent que c’est un scandale judiciaire. Pour eux, c’est inadmissible de relâcher des gens accusés de ce genre de crime. Et d’ajouter que ces derniers pourraient s’enfuir en Tanzanie pour fuir la justice. Pour certains observateurs, cette libération pourrait intensifier les cas de justice populaire car la chasse aux sorciers est une pratique courante dans la commune Butaganzwa.

Cette décision qui fait polémique a été prise par Thomas Ntimpirangeza, président de la TGI Ruyigi. D’après des informations recueillies à ce Tribunal, la Chambre de conseil avait confirmé la détention préventive de ces 12 personnes en date du 24 juillet 2013. Thomas Ntimpirangeza n’a pas voulu s’exprimer sur cette question. Le gouverneur de la province Ruyigi, Cyriaque Nshimirimana, indique qu’il n’était pas au courant de cette libération. Il a promis de s’exprimer après avoir discuté avec le président de la TGI Ruyigi.

A l’origine de ces meurtres, une affaire de sorcellerie

C’était le 11 mai 2013 sur la colline Nyarurambi à 10 heures. Des habitants de cette localité se rendent chez Cécilie Ntibanyiha pour récupérer une civière traditionnelle («Inderuzo») qu’on utilise pour transporter les malades. Mais ils trouvent qu’une des perches est cassée. Dans les croyances locales, ce bâton est utilisé aussi dans la sorcellerie. Sur ce, les habitants de Nyarurambi en déduisent que cette femme sexagénaire est une sorcière car 9 enfants venaient de mourir dans une semaine. Cécilie Ntibanyiha se défend en disant que ce bâton a été cassé par Cubwa. Elle est alors hissée sur un vélo, car elle a du mal à marcher. Cubwa et deux autres femmes âgées sont aussi capturés.

Ntibanyiha et Cubwa sont ligotés puis on commence à les battre avec des gourdins et des machettes. Encore vivants, ils sont jetés dans la rivière Nyakijanda. Les deux femmes auraient subi le même sort n’eût été l’intervention des militaires. Dans la foulée, 12 personnes sont alors appréhendées. Le parquet de Ruyigi fait des enquêtes et constitue un dossier qu’il transmet au TGI Ruyigi sous le numéro RMP 12115/ND.D. Jusqu’à leur libération provisoire, ces présumés meurtriers étaient incarcérés dans la prison de Ruyigi.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Butoyi

    « Cette décision qui fait polémique a été prise par Thomas Ntimpirangeza, président de la TGI Ruyigi. D’après des informations recueillies à ce Tribunal, la Chambre de conseil avait confirmé la détention préventive de ces 12 personnes en date du 24 juillet 2013. Thomas Ntimpirangeza n’a pas voulu s’exprimer sur cette question. Le gouverneur de la province Ruyigi, Cyriaque Nshimirimana, indique qu’il n’était pas au courant de cette libération. Il a promis de s’exprimer après avoir discuté avec le président de la TGI Ruyigi. »
    Et vous voulez l’indépendance de la justice !!! Le gouverneur n’a rien avoir là-dedans. C’est le ministre de la justice qui doit s’expliquer sur indication de ses services.

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