Vendredi 19 avril 2024

Archives

Sommés par le parquet de Ruyigi de régler « à l’amiable, le différend avec leurs tortionnaires »

16/07/2013 1

Ligotés, battus, emprisonnés, relâchés il y a deux mois, trois hommes de la colline Ndago, commune Nyabitsinda en province Ruyigi, ne savent plus à qui s’adresser. Le parquet de Ruyigi vient de les renvoyer à leur colline pour trouver une solution à l’amiable avec « leurs tortionnaires ».

Ferdinand Mununi et Pascal Nibigira demandent que la justice soit rendue ©Iwacu

«Se plaindre aujourd’hui à la justice, ça ne sert à rien.» C’est la réaction désabusée de trois citoyens de la colline Ndago, commune Nyabitsinda en province Ruyigi. Ferdinand Mununi, Pascal Nibigira et Joël Nsengiyumva courent derrière la police et le parquet de Ruyigi depuis deux mois pour demander justice. En vain. Sévèrement battus le 3 mai dernier par un certain Félix Ntahizaniye accompagné de trois autres personnes, ces hommes ne possèdent plus tous leurs réflexes d’antan. « J’ai tout le temps des démangeaisons au niveau des bras », indique Ferdinand, tandis que Pascal avoue ne plus pouvoir cultiver plus de deux heures d’affilée.

Mais le parquet de Ruyigi ne le voit pas de cette façon. Ce lundi 15 juillet 2013, le magistrat en charge du dossier les a renvoyés à leur colline d’origine pour « régler cette question à l’amiable ou de s’adresser à un officier de la police judiciaire (0PJ). » Au commissariat de Ruyigi, on indique qu’ils ne peuvent pas s’occuper de ce dossier car « il est déjà au parquet. » Un jeu de passe-passe qui exaspère les victimes.

A l’origine, des soupçons de vol d’une plaque solaire

Le 3 juillet 2013, les trois hommes sont attrapés par Félix Ntahizaniye, un commerçant de Nyabitsinda, accompagné par quatre autres hommes. Ils sont soupçonnés d’avoir volé une plaque solaire. Sans aucune autre forme de procès, ils sont ligotés, des bras et des jambes. Puis suspendus sur des arbres, avant d’être sévèrement tabassés : « J’ai même reçu un coup de marteau sur la tête », souligne Ferdinand Mununi. Mal en point, ils sont conduits dans les cachots de la commune Nyabitsinda et passent une semaine sans recevoir de soins. Reconnus innocents par après, ils sont relâchés par l’OPJ de Nyabitsinda.

Signalons que Félix Ntahizaniye a été entendu et arrêté par le parquet de Ruyigi en date du 27 juin 2013. Les victimes ne comprennent pas comment il a été relâché après seulement une nuit en prison. Dans un document signé par Félix Ntahizaniye le 17 juin 2013, ce dernier reconnaît avoir battu les trois hommes et promet de payer une somme de 150.000Fbu pour les frais de soins de santé qu’ils ont dépensés.
Mais ils n’ont jamais vu la couleur de cet argent.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. JP

    C’est honteux, quelle justice? Depuis quand une affaire criminelle pareille est reglee a l’amiable? Felix a accepte de commettre le crime. Il a reconnu d’avoir ligote, suspendu et faire battre 3 hommes pour vol, et il s’est retrouve libre apres une seule nuit! S’il a accepte de payer, c’est aussi la signature qu’il a agi en dehors de toute legalite. Oui, c’est vrai au Burundi, la justice est comme la viande, elle appartient au plus riches! Ce Felix est protege a cause de son argent. Abo bantu baracari bato, muze muhengere dd yavuye ku butegetsi, mwitware, leta izobatunganiriza, naho Felix azoba atakiriho, intahe izovuga babahe indishi.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Déceptions

Par Léandre Sikuyavuga Menaces, calculs ou pur suivisme ? L’Assemblée nationale vient d’adopter presque à l’unanimité le projet du Code électoral. Seuls deux députés ont émis leurs objections. Ce Code qui va régir les prochaines élections avait pourtant suscité moult réactions (…)

Online Users

Total 2 001 users online