Jeudi 28 mars 2024

Politique

Putsch manqué : le film des événements

Iwacu retrace les grands moments de cette tentative de coup d’Etat
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Mercredi le13, quinzième jour des manifestations. A la surprise générale, pour la première fois, des manifestantes arrivent à la place de l’Indépendance, en plein centre de la ville. Vers 13h30, un putsch est annoncé.

Les manifestants de Musaga avec les boucliers spoliés aux policiers ©Iwacu
Les manifestants de Musaga avec les boucliers spoliés aux policiers ©Iwacu

6h30. Le président Pierre Nkurunziza s’était envolé très tôt le matin pour Dar-es-Salaam afin de participer au sommet des Chefs d’Etat de la Communauté Est Africaine consacré à la situation politico-sécuritaire du Burundi.

Les manifestations ont débuté dans les communes de Bwiza, Jabe et Nyakabiga

7 h à 10 h. Dans les trois quartiers, des barricades faites de grosses pierres, de planches et de branchages sont érigées. Une épaisse fumée noire de pneus brûlés s’élève, des sifflets assourdissants réveillent les manifestants dans ces quartiers. Tous les axes menant vers ces derniers quartiers sont bloqués.

A Bwiza, l’axe principal pavé menant vers Jabe est barricadé. Des manifestants se sont levés de bonne heure prêts à rééditer la journée de ce lundi où ils ont parcouru toutes les rues et ruelles de ce quartier scandant des slogans contre le troisième mandat du président Nkurunziza.

A Jabe, l’avenue principale vers l’Eglise Vivante est barricadée, les manifestants y ont installé un container, des branchages et des pierres. Une forte présence de militaires s’observe tout au long des avenues. Des groupes de manifestants sont massés à chaque barricade. Des femmes et des jeunes se disent prêtes à manifester.

Idem à Nyakabiga où des barricades bloquent la plupart des rues. Malgré une forte présence militaire, les manifestants sont déterminés à poursuivre leur mouvement. Objectif : arriver au centre-ville. Les militaires demandent à ces manifestants de dégager ces rues barricadées. Ces derniers ne semblent pas vouloir s’exécuter et exhortent ces militaires à empêcher les policiers postés à l’extérieur du quartier d’entrer.

De 10 h à 13 h. Musaga, des manifs plus que musclées

Vers 9h30 sur la RN 7. Des dizaines de policiers font face à des milliers de manifestants. Des militaires s’interposent, mais finissent par s’éclipser car la police est sur le point de lancer des gaz lacrymogènes. Les jeunes, munis de pierres, veulent à tout prix arriver en ville. Près du camp Muha, un militaire murmure à son ami : « Aujourd’hui les FNL sont venus en grand nombre pour appuyer et ça va chauffer ! »

Le combat commence. Des policiers lancent des gaz lacrymogènes. Toutefois, le vent ne leur facilite pas la tâche. Il souffle vers l’est emportant une partie des gaz. Aux pierres des manifestants venant de tous les sens vers la police, le camion anti-émeute réplique par des jets d’eau. Parfois, certains policiers tirent à balles réelles, ce qui leur est d’ailleurs reproché par leurs collègues militaires. Pendant plus d’une heure et demie, des jets de pierres font fuir et le camion et les policiers. Certains policiers sont blessés. Un policier est victime d’une bombe artisanale. « On nous lance des grenades. Journalistes, vous êtes témoins », supplie un policier. Difficile de les évacuer car le chemin vers la ville est bloqué par d’autres manifestants non loin du pont Muha. Les policiers finissent par s’enfuir et se replier vers le camp Muha.

A partir de 10 heures, des manifestants venus de Nyakabiga, Jabe, ensemble avec ceux de Bwiza, envahissent l’avenue de l’Université et pénètrent même dans la commune Rohero. Les policiers vident les lieux laissent le champ libre aux manifestants.

10h30. Affrontements entre les jeunes et les policiers sur l’avenue de l’Université

Les jeunes manifestants venus de Bwiza s’affrontent avec les policiers. D’un côté, ce sont les gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles, de l’autre, des jets de pierre. Ces jeunes manifestants avaient l’objectif d’aller au centre-ville en passant devant de l’Eglise Saint-Michel. Ils étaient déjà au niveau du siège du Journal Ndongozi quand la police a stoppé leur avancée.

Elle les a dispersés à coup de gaz lacrymogènes et de tirs à balles réelles. Ces policiers ont poursuivi ces jeunes jusque dans les enceintes de la Paroisse Saint-Michel et de l’Ecole Indépendante. Dans leur fuite, quelques jeunes manifestants se sont engouffrés dans des maisons se trouvant sur leur passage.

Au même moment, le mouvement « des femmes » bat son plein. « Elles seraient arrivées au centre ville », racontent des SMS excités. L’écho de leurs exploits arrivent à Musaga.

Vers 10h30, les manifestants de Musaga veulent gagner le centre-ville. Au niveau du mess des officiers, sur la route Musaga, les manifestants arrivent munis de boucliers pris aux policiers de Musaga.
Les manifestants veulent prêter main forte aux femmes qui s’étaient montrées coriaces face aux jets d’eau et gaz lacrymogènes de la police. Les manifestants sont interceptés par la police, dispersés à coups de feu et de gaz lacrymogènes. Mais rien ne semble arrêter la détermination des manifestants décidés à gagner le centre-ville.
Ils vont se scinder en deux groupes : l’un se confronte aux policiers, l’autre gagne le centre-ville en empruntant un sentier, au niveau de la station-service, passant près du Sénat. Ils finiront par rebrousser chemin pour revenir accompagnés de militaires, deux heures après.

10h45. Deux événements majeurs se produisent

L’ancien sénateur Richard Nimbesha arrêté

Au même moment, au niveau de l’Odéon Palace, l’ancien sénateur Richard Nimbesha, parmi les premiers à dénoncer la candidature du président Nkurunziza pour un troisième mandat, est arrêté. C’est le commandant de la Police spéciale de roulage qui a procédé à son arrestation en le brutalisant avant de l’embarquer à bord de son pick-up.

Les manifestantes en face de la place de l’indépendance sous les jets d’eau de la police ©Iwacu
Les manifestantes en face de la place de l’indépendance sous les jets d’eau de la police ©Iwacu

Manifestation des femmes en plein centre-ville

Pendant ce temps, nombre de femmes marchent vers le centre-ville en provenance du Boulevard de l’Uprona où elles se sont rencontrées près du cyber café Aroma. Elles veulent manifester contre la candidature du président Nkurunziza pour un troisième mandat.

Quelques minutes après, elles reçoivent un renfort de plusieurs hommes et se dirigent vers la Place de l’Indépendance où elles commencent à scander des slogans invitant le président Nkurunziza à renoncer à son troisième mandat.

Mais elles ont vite été dispersées par la police. Elle a eu recours au camion anti-émeute muni d’un canon à eau. Elles ont tenu bon et résisté. Les policières étaient très actives pour mater cette manifestation. Ce sont elles qui lançaient les gaz lacrymogènes.

11h. Buyenzi se lève

Un groupe de jeunes manifestants, en commune Buyenzi, a été dispersé par la police au niveau da la 5ème avenue. Pour les mater, les policiers ont tantôt tiré des gaz lacrymogènes, tantôt à balles réelles. Ces manifestants se sont vite éparpillés. Certains ont réussi à entrer à Bwiza, d’autres à Jabe. Ils sont parvenus à ériger des barricades à l’endroit communément appelé « permanence. »

13h, la prise de la « bastille »

Après l’annonce du coup d’Etat, la population envahit les rues ©Iwacu
Après l’annonce du coup d’Etat, la population envahit les rues ©Iwacu

13 h Une foule de manifestants envahit la route de Musaga. « on dirait la prise de la Bastille », jure un historien sur place. Qui dira, pour donner le moral aux manifestants, qu’ils veulent reprendre la place de l’Indépendance.
Des manifestants montent sur un véhicule blindé qui se dirige vers le camp Muha. Ils chantent « Ingabo/Le corps de défense ». Avant d’aller à l’entrée du camp Muha huer les policiers qui s’y sont repliés. Ils foncent vers la ville. Arrivés à un poste de police situé près du Mess des sous-officiers, ils défoncent les portes, brûlent tout ce qu’ils y trouvent, dont des habits, des matelas, des dossiers etc. Toutefois, ils remettent aux militaires un fusil Ak47.

Un auto blindée, deux pick-up militaires escortent les manifestants qui crient à qui mieux-mieux «victoire». Ils arrivent au niveau de la Cathédrale Regina Mundi au moment où est diffusé sur la radio Isanganiro un message du général major Godefroid Niyombare annonçant un putsch. Certains manifestants chantent, d’autres pleurent de joie.
Mais soudain, toujours au niveau de la cathédrale Régina Mundi, les chansons de joie laissent la place aux coups de cannons. Des policiers tirent dans la foule à bout portant. Les militaires répliquent. Des policiers qui sont au service national des renseignements près de là entrent dans la danse et tirent sur la foule. Certains se couchent, d’autres cherchent où s’abriter en rampant. C’est le sauve qui peut!

Scènes de liesse en ville

Des jeunes posant sur l’auto blindée ©Iwacu
Des jeunes posant sur l’auto blindée ©Iwacu

« Yoooo ! Niyombare vient de renverser Nkurunziza !», me dit un manifestant à côté d’un auto-blindé qui est en tête d’une file de 12 véhicules. Des milliers de personnes, jeunes et adultes, convergent vers la ville en chantant. Avec des branches en main, certains torses nus, ils chantent la victoire.

Partout où l’on passe, ce sont des cris de joie. Aucun policier n’est sur le passage. Un jeune qui vend de l’eau froide dans des sachets en donne gracieusement en dansant : « Je suis sûr que j’aurai un capital car les choses viennent de changer. » Un autre homme vide une partie de sa boutique en distribuant du jus, de l’eau minérale, des biscuits… en dansant. La foule devient de plus en plus nombreuse Au rond-point devant la compagnie Leo, des milliers de personnes viennent de tous les coins en dansant. Les deux blindés avec des militaires et des policiers à bord des pick-up accompagnent la foule au commissariat municipale communément appelé BSR. Aucun prisonnier n’est resté. «C’est la première fois que nous sommes allées dans la rue à Buyenzi et ça prend fin. Buyenzi Oye ! Niyombare Oye ! », se félicite une manifestante.

Arrivé à la RPA, difficile de se frayer un passage. Ca danse, ça chante. Vers 15h30, tout le monde chante Burundi bwacu (hymne nationale). Certaines femmes pleurent de joie.

En ville, la population court dans tous les sens en criant de joie. A la place de l’Indépendance, les gens chantent l’hymne nationale en criant : « Victoire ». Il est 16 h 9 min, la population continue d’envahir le centre-ville.

Kamenge en deuil

A Kamenge, la population semble en deuil. Dans ce quartier d’habitude animé, rien ne bouge. Peu de circulation ni de la population, ni des bus avec leur concert assourdissant de klaxons. Même les taxis-vélos et les taxi-motos obligés de slalomer entre les véhicules n’osent pas trop s’aventurer dans la rue.

Des gens discutent dans de petits groupes de trois ou cinq. D’autres gardent leurs téléphones portables collés sur l’oreille, pour écouter les infos. Apparemment, ils ne comprennent pas ce qui se passe. « Je vais leur demander comment ils accueillent l’annonce du ’’général’’ », murmure un collègue. « Il ne faut pas, c’est risqué », rétorque un autre reporter.

A Kinama, c’est une autre ambiance : une foule surexcitée a envahi les rues. Rameaux et feuilles vertes dans la main, ils chantent et dansent. Les slogans scandés attirent notre attention : « Vive Rwasa. Rwasa, président !» Curieux. «Fait-il partie des putschistes », demande un collègue à un des manifestants. « Non, mais c’est bien lui que nous voulons comme président.»

De la cendre de pneus pour poudre de beauté…

A Cibitoke et Mutakura, on fête déjà. Des manifestants jubilent. Les cabarets sont ouverts et la bière coule à flots. Dans les rues, c’est un autre climat : les manifestants sont méconnaissables. De la cendre sur les visages et les habits. Mais d’où vient-elle et qu’est-ce que cela traduit ? «La cendre vient des pneus brûlés lors des manifs contre le troisième mandat de Nkurunziza. Comme c’est fini, nous devons célébrer la victoire en nous maquillant.»
«Vous aussi, nous devons vous maquiller», lancent les manifestants en chœur. « Bien sûr que oui !», nous rétorquons mais à contrecœur. On nous maquille littéralement les visages et même les habits avec cette suie noire . Le chauffeur se prête à ce ’’bizutage’’.

Le boulevard du peuple Murundi est archi-comble. Les quartiers du centre de la capitale s’y sont donné rendez-vous : Jabe, Bwiza, Buyenzi, Nyakabiga.

La Place de l’Indépendance devient pour un temps la Place Tahrir. Incroyable, mais vrai : des manifestants posent sur les blindés militaires, les doigts en V, un tour du rond-point sur ces blindés ! Mais vers 17h 30, une rumeur annonce un retour éventuel du chef de l’Etat à l’aéroport. Certains manifestants zélés décident de descendre vers cet endroit stratégique «pour empêcher l’avion d’atterrir». Les moins téméraires rentrent. A 18h30, la ville et déserte. Dans l’attente du lendemain…

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« Pas de fermeture de l’aéroport de Bujumbura »

Aéroport Internatonal de Bujumbura ©Iwacu
Aéroport Internatonal de Bujumbura ©Iwacu

Le Général-Major Godefroid Niyombare a annoncé la fermeture de l’aéroport international de Bujumbura, dans l’après-midi du 13 mai, via la Radio Publique Africaine (Rpa), qui venait d’ouvrir après un mois de fermeture.
Il faut rappeler que le président Nkurunziza se trouvait sur le sol tanzanien pour le Sommet des chefs d’Etats de la Communauté est-africaine (CEA) consacré à la crise burundaise. Le Général-Major Godefroid Niyombare va, par après, appeler les gens à se rendre à l’aéroport dans le but d’empêcher le retour du président Nkurunziza, qui, selon lui, était déjà déposé. « Nous avons alors décidé d’aller occuper cet aéroport, mais les militaires qui étaient là nous ont déclaré qu’il est fermé et nous ont recommandé de rebrousser chemin », témoigne un jeune homme, précisant qu’une partie de la foule s’y est rendue à pied, l’autre à bord de camions Fuso. C’était autour de 17 h, précise un autre jeune homme, qui croyait à un coup d’Etat déjà consommé.

Une simple tentative

Du côté de l’Autorité de l’aviation civile, on ne parle pas de fermeture de l’aéroport international de Bujumbura. « Les putschistes n’ont jamais contrôlé l’aéroport. Seulement une simple tentative », réagit Emmanuel Habimana, directeur général de l’Autorité de l’aviation civile, évoquant seulement une vingtaine de militaires avec trois officiers qui s’y sont rendus. « A la tête, il y avait un colonel qui a tenté de donner l’ordre au personnel de fermer l’aéroport, sans succès. » M.Habimana indique qu’après le refus, ce dernier, aidé par quelques militaires, a bloqué les pistes avec des machines. Par après, poursuit-il, le commandant de la brigade de la défense aérienne et celui du Campu Gakumbu sont arrivés là. « Ils ont demandé à un militaire sur place le nom de celui qui a donné l’ordre de fermer l’aéroport. Et ce dernier n’a pas pu répondre.» Le directeur général de l’Autorité de l’aviation civile raconte que les putschistes se sont alors retirés un à un et se sont volatilisés dans la nature. Emmanuel Habimana affirme qu’un avion a décollé de cet aéroport, vendredi, à destination de la Somalie, et le lendemain, un autre appareil des Nations Unies a pris son envol.
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Médias privés victimes d’une folie destructrice

Quelques heures après l’annonce du coup d’Etat manqué, cinq radios et deux chaînes de télévision, toutes privées, ont été incendiées, détruites et pillées. Retour sur la « guerre contre les médias privés ».

Les 13 et 14 mai 2015. Ces deux journées resteront inoubliables dans l’histoire de la presse burundaise.
13h30. A l’annonce du coup d’Etat et même dans les heures qui ont suivi, toutes les radios émettaient comme d’habitude, sauf la RPA qui avait été contrainte de fermer ses portes, trois semaines auparavant.

Aux alentours de 17 h, témoigne Elysée Niyubahwe, journaliste à la radiotélévision Rema, quatre hommes en tenue militaire arrivent au siège de ce média à bord d’un blindé. Selon M. Niyubahwe, à la tête de ce groupe de mutins, un certain Kiroho, un général de l’armée issu des rangs du mouvement rebelle Cndd-Fdd.

M. Niyubahwe raconte que le personnel présent est brutalisé : « Ils nous ont demandé de fermer la radio et la télévision, nous nous sommes exécutés. » En outre, ils sont sommés de montrer où est Willy Nyamitwe, le personnel répond que ce dernier n’est pas là. Signalons que ce dernier avait démenti la tentative de prise du pouvoir sur les ondes de Rema Fm.

Le personnel est traumatisé. Elysée Niyubahwe se souvient que le chef charroi a demandé aux mutins un traitement humain et la sécurité du personnel : « Ils nous ont intimé l’ordre de nous coucher par terre. »

C’est quand le blindé a commencé à tirer, signale-t-il, que la garde militaire de la radiotélévision Rema a constaté que la situation était dangereuse. « Elle a demandé au moins la protection du personnel à défaut d’assurer celle du matériel et des locaux. »

Les mutins permettent aux journalistes, techniciens, chauffeurs, etc. de sortir, mais en laissant leurs téléphones portables. Ils vident les lieux à bord de deux véhicules.

Selon d’autres sources à Kajaga, mutins devant, manifestants derrière, ils s’accaparent des locaux de Rema, pillent et détruisent tout sur leur passage.

Vers 17h15, les mutins décident d’incendier deux véhicules, le groupe électrogène, etc. La cabine technique, les studios radio et d’enregistrement, déclare Elysée Niyubahwe, ont été également endommagés.

La RPA : aussitôt ouverte aussitôt incendiée

RPASelon une source digne de foi, à l’annonce du putsch, une foule de manifestants, comme s’ils s’étaient fixé rendez-vous, s’est retrouvée au siège de la RPA pour demander qu’elle rouvre. Certains manifestants, poursuit notre source, prennent l’initiative d’aller chercher chez eux des journalistes pour commencer à travailler.

Au départ, souligne-t-elle, les responsables de la radio sont réticents parce qu’ils ne savent pas qui a ordonné la réouverture. De plus, ils craignent pour la sécurité des journalistes et du matériel. Pourtant, Godefroid Niyombare et Cyrille Ndayirukiye rassurent qu’ils maîtrisent la situation.

14h25, la RPA commence à diffuser la joie des manifestants, fait passer de temps en temps le discours du général Niyombare, le son sur l’incendie de Rema Fm, la réaction de l’UBJ, etc.

Ses responsables estiment, cependant, que la radio n’est pas sécurisée. Entre 20h30 et 21 h, les putschistes déploient six militaires pour assurer la garde de la RPA.

Vers 1h du matin de jeudi 14 mai, un journaliste clôture les émissions et fixe à ses auditeurs le prochain rendez-vous dans quelques heures.

D’après le voisinage de la RPA, c’est vers 4h30 que des hommes armés en tenue militaire et policière attaquent le siège de la Radio Publique Africaine. « Ils ont contraint le gardien d’une station situé tout proche de la RPA de donner quelques litres d’essence pour incendier le bâtiment. »

Selon toujours le voisinage, une roquette aurait été également lancée et deux militaires ont été blessés. Les quatre autres sont obligés de se rendre laissant la garde de la RPA dans les mains des militaires et policiers loyalistes.

Gilbert Niyonkuru, chef des programmes à la RPA, aurait contacté Pontien Gaciyubwenge, alors ministre de la Défense nationale, pour intervenir, mais il était trop tard.

La radiotélévision Renaissance attaquée à la grenade

De l’avis d’Innocent Muhozi, directeur de la radiotélévision Renaissance, il était aux environs de 4 h quand une dizaine de policiers sont partis attaquer son médium. Il explique qu’il y a eu échange de tirs entre la garde militaire de la radiotélévision Renaissance et ces policiers pendant une trentaine de minutes.

M. Muhozi ne doute pas que c’est ce groupe de policiers qui est parti incendier les radios RPA, Bonesha Fm et Isanganiro.

Bonesha qualifie ses attaquants de « sauvages »

C’est du moins l’avis de Léon Masengo, rédacteur en chef de la radio Bonesha Fm.
Il est 4h du matin également quand la première tentative d’incendier Bonesha échoue. M. Masengo raconte qu’une centaine de policiers et militaires ont tenté de brûler la radio à l’aide d’un bidon d’essence. Toutefois, explique-t-il, l’emplacement de Bonesha, située au 3ème étage d’un bâtiment qui compte plusieurs bureaux n’a pas arrangé les pyromanes : « Ils craignaient que l’incendie ne cause beaucoup de dégâts aux alentours. »

Vers 10h, Léon Masengo et ses collègues sont envahis par un groupe de militaires, au moins une centaine. « Ils demandent la permission de fouiller la radio pour voir si elle ne cache pas des putschistes. » Ne trouvant pas de putschistes dans les locaux de Bonesha, les militaires s’en vont laissant la place à une autre centaine de policiers.
Le rédacteur en chef leur demande à son tour de présenter un mandat de fouille-perquisition, en vain. Le personnel de Bonesha est alors brutalisé et sommé de sortir. « Nous avons eu affaire à des sauvages », déplore Léon Masengo.
Ce groupe de policiers tire en visant le matériel, se rappelle-t-il, des grenades sont lancées et la radio est pillée et saccagée. M. Masengo fait savoir que la radio va bientôt porter plainte contre le gouvernement burundais.

Isanganiro, la dernière à fermer

Mercredi 13 mai en début de soirée. Les responsables d’Isanganiro pressentent que la sécurité d’Isanganiro, comme celle des autres médias est menacée. Ils demandent alors une garde militaire. Vers 20h, huit militaires sont envoyés. Mais le lendemain, vers 9h, ils quittent les lieux sur ordre de l’état major général de l’armée laissant la radio sans défense. La sécurité des journalistes et de la station venait d’être mise en danger.

Le groupe qui a sommé Bonesha de fermer apparaît dans les bâtiments d’Isanganiro. Ils défoncent les portes, tirent sur les ordinateurs et dévastent des studios. A 10h20, la radio ferme.
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Jeudi le 14 mai. Confusion totale

La RTNB attaquée mais bien défendue

Au lendemain du putsch, la RTNB a émis normalement. 12 h30, le journaliste Albin Ndayahundwa est à l’heure pour l’édition de la mi-journée. Une édition très attendue forcément car la radio nationale ce jeudi est la seule à émettre. A la Une, le discours du président en kirundi. Le son n’est pas extraordinaire, on comprend bien qu’il a été enregistré au téléphone. Mais le message à la Nation est bien diffusée. Sauf que vers 12 h40, le journal est toujours en cours, la RTNB est attaquée. Un journaliste qui était à l’intérieur confirme : « L’attaque était sérieuse, armes lourde, même des bruits de canon, nous étions dans les corridors, certains dans les studios, on ne savait pas ce qui allait se passer ». En fait, les putschistes viennent de lancer un assaut contre la maison. Ils attaquent depuis les hauteurs de la banque BGF et du parquet, du côté du Musée Vivant, et derrière la radio. Le journal en français de 13 heures n’aura pas lieu. A un moment, la radio a cessé d’émettre. Certains on pensé que la RTNB était tombée dans les mains de ceux qui ont fait le coup d’Etat. Mais non. Notre source nous dit que « les militaires loyalistes qui gardaient la radio ont dit à un technicien de couper la radio ». Au milieu de l’après-midi, la radio nationale reprendra ses émissions et le DG ai, Jérôme Nzokirantevye dira minimisera l’attaque en parlant d’un petit groupe de putschistes qui avait tenté d’attaquer la RTNB mais repoussé par les forces loyalistes. D’après un collègue journaliste qui a vécu les événements de l’intérieur, la maison était solidement défendue par des éléments de la Brigade pour la Sécurité des Institutions.

Des blessés attaqués à l’hôpital

Des traces de balles sur les murs, les vitres cassées de l’hôpital Bumerec ©Iwacu
Des traces de balles sur les murs, les vitres cassées de l’hôpital Bumerec ©Iwacu

Ce jeudi 13 mai, a été marqué par un événement grave. L’attaque d’un hôpital par des hommes armés.
Des traces de balles sur les vitres, les murs, des traînées de sang dans les couloirs, des douilles, des lits brisés dans les urgences, des portes défoncées… voilà le spectacle qu’offre l’hôpital Bumerec, ce jeudi.

Des malades hospitalisés étaient entrain d’être transférés ailleurs. Et sur le portail, on pouvait lire un communiqué annonçant que cet hôpital est fermé. Un des cadres de l’hôpital Bumerec raconte : « Dans l’après-midi, alors qu’on entendait des tirs au centre-ville, nous avons reçu trois militaires, dont deux blessés.» Un des deux a succombé suite à ses blessures. A peine quelques minutes après, poursuit-il, au moment où on administrait les premiers soins, plusieurs hommes en tenue militaire et policière ont fait irruption dans les enceintes de l’hôpital.
Les militaires, qui étaient avec les blessés ont tiré. Les autres ont répliqué en tirant dans tous les sens. Les échanges de tirs ont duré plus de trois heures : « Pris de panique, traumatisés, nous sommes partis nous cacher au 2ème niveau », affirme-t-il, indiquant que les envahisseurs sont parvenus à entrer à l’intérieur autour de 19 h 30, alors que l’attaque a eu lieue vers 16h 30.

Ils ont pris en otage tous ceux qui étaient à l’intérieur. La même source se souvient que presque tous les patients hospitalisés ont été mis dehors et intimés de se coucher par terre. Par après, raconte la même source, ils sont partis avec les blessés et même le cadavre du militaire mort, suite à ses blessures.
Les pertes sont énormes. Ce cadre de l’hôpital Bumerec signale estime que les dégâts matériels équivalent à plus de cinq millions Fbu. La salle des urgences a été saccagée, des vitres cassées, etc. « Les machines de la radiologie et de l’endoscopie ont été mises hors usage. » Et d’insister sur la difficulté d’estimer leurs coûts. Et l’hôpital, poursuit-il, s’est vu condamné à fermer provisoirement.

Le CNOMB condamne

« Le Conseil national de l’ordre des Médecins du Burundi (CNOMB) condamne, avec la plus grande énergie, l’incursion d’hommes en uniforme et armés dans l’hôpital Bumerec et les actes ignobles commis au sein de cet hôpital », lit-on dans un communiqué de presse sorti ce 18 mai, et signé par Dr Gordien Ngendakuriyo, président du CNOMB.

Il recommande aux corps de défense et de sécurité ou toute autre personne en arme de respecter les structures de soins, et surtout de ne pas en faire un champ de bataille. Il rappelle le respect de la personne humaine, en particulier les blessés et les patients admis dans les structures de soins et le personnel soignant. Au gouvernement, le CNOMB demande de mener des enquêtes approfondies afin d’identifier les auteurs de cette attaque et de les punir conformément à la loi. Le Conseil national de l’ordre des Médecins souhaite que le gouvernement réhabilite cette structure de soins et veille à ce que de tels gestes ne se reproduisent plus.
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Guerre des déclarations

Alors les radios privées locales avaient cessé d’émettre, on a assisté à de nombreuses déclarations qui ont permis suivre un peu l’évolution de la situation.

Mercredi 13h43, le général Godefroid Niyombare « Je viens de déposer Nkurunziza »

NiyombareL’annonce est faite à la radio RPA. Le Général ordonne la fermeture de l’aéroport et des frontières, alors que le retour de Pierre Nkurunziza est annoncé. Il lance un appel à tout citoyen et aux forces de l’ordre de sécuriser l’aéroport.

La présidence du Burundi réagit immédiatement et publie un communiqué sur son site : « C’est avec regret que nous avons appris qu’un groupe de militaires s’est mutiné, ce matin, et a fait une déclaration fantaisiste de coup d’Etat. La présidence de la République annonce à l’opinion tant nationale qu’internationale que cette tentative de coup d’Etat a été déjouée et que ces gens, qui ont lu ce communiqué de coup d’Etat via des radios locales privées, sont recherchés par les forces de défense et de sécurité afin qu’ils soient traduits devant la justice »
Alors que le président de la République du Burundi se trouve en Tanzanie pour un sommet des chefs d’Etat de la Communauté est- africaine, ses pairs, présents au sommet sur la crise burundaise, « condamnent le coup d’Etat ».

Willy Nyamitwe, « le président va s’adresser à la Nation »

Nyamitwe (3)Le conseiller principal à la présidence chargé de la communication, de l’information et des relations avec les médias, déclare à la BBC que Pierre Nkurunziza va s’adresser à la nation après son retour de Tanzanie.
Josh Earnest, porte-parole du président Barack Obama, « appelle toutes les parties à déposer les armes, à mettre fin à la violence et à faire preuve de retenue.» Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, « appelle au calme et à la retenue. »

Une deuxième sortie médiatique du général major Niyombare : « Nous sommes avec beaucoup d’officiers avec qui nous avons combattu durant les années de guerre civile. Tous comprennent et soutiennent la nécessité de ce mouvement. »
Ce que réfute Prime Niyongabo, chef d’état-major de l’armée, à la radiotélévision nationale : «Le coup d’Etat a été déjoué. La situation est maîtrisée. Tous les points stratégiques sont sous le contrôle des forces loyalistes.» Il appelle les mutins à se rendre immédiatement.

Prime Niyongabo réaffirme à la radio nationale que la tentative de coup d’Etat a été déjouée. Les militaires loyalistes contrôlent toujours la présidence de la République et le palais présidentiel.

Le porte-parole des putschistes, Zénon Ndabaneze, balaie d’un revers de main cette déclaration en assurant que son camp contrôlait pratiquement toute la ville.

Alexandre Niyungeko, président de l’UBJ, à la radio RPA, condamne la tentative de putsch et l’incendie de la radio Rema FM.

Jeudi, le putsch a fait pschitt.
Jérôme Nzokirantevye, « la situation est sous contrôle »

NzokirantevyeLe directeur général de la RTNB a été un fervent loyaliste tout au long de la crise. Tout en reconnaissant que sa maison a été attaquée par les militaires putschistes, il a multiplié les apparitions pour clamer leur échec .« Nous appelons la population à ne pas paniquer, car nos auditeurs de l’intérieur commençaient à se dire que le putsch était consommé. Ce n’est pas vrai. La situation est maîtrisée.» disait-il, sur tous les tons dans toutes les langues.
Washington, via le porte-parole du département d’Etat, Jeffrey Rathke, reconnaît Pierre Nkurunziza comme « seul président légitime de la République du Burundi. »

Emmanuel Habonimana, directeur général de l’autorité de l’aviation civile, affirme que « l’aéroport n’a jamais été dans les mains des putschistes et n’a jamais été fermé. »

Le général Cyrille Ndayirukiye déclare à la RFI qu’ « ils se sont heurtés à une trop grande détermination militaire pour soutenir le système au pouvoir.»

Le porte-parole du général Godefroid Niyombare admet que les putschistes ne peuvent pas tout contrôler et lance un appel confraternel aux soutiens de Nkurunziza pour qu’ils se rallient à leur cause. Cependant, il reconnaît que le pouvoir reste dans les mains de ceux qui sont reconnus par la Constitution et les Accords d’ Arusha.
Sur les ondes de la RFI, Zénon Ndabaneze reconnaît la défaite du putsch : « Nous avons décidé de nous rendre et de déposer les armes. »

Vendredi

Sur Twitter et de nombreux médias étrangers, Willy Nyamitwe tranquillise les putschistes : « Les mutins arrêtés n’ont rien à craindre pour leur sécurité, mais ils devront répondre de leur comportement d’un autre temps. Le droit sera dit. »

Vital Nshimirimana, délégué général du Forsc : « Par principe, la société civile est contre les coups d’Etat, mais nous notons que les Burundais ont accueilli avec liesse la tentative de coup d’Etat. Cela montre que le peuple burundais a aujourd’hui besoin de changement.» Pacifique Nininahazwe, président du Focode, renchérit : « Nous sommes toujours guidés par le principe qu’en démocratie, les coups d’Etat ne sont pas les bienvenus.» Ils appellent de nouveau la population à descendre dans la rue pour contester « le troisième mandat de Pierre Nkurunziza ».

Discours à la Nation

Le président de la République s’adresse, pour la première fois depuis son retour au pays, à la nation via la radiotélévision nationale dans la soirée : « A l’occasion de ce jour mémorable, nous voulons remercier du fond du cœur les corps de défenses et de sécurité pour l’efficacité et la rapidité dont ils ont fait preuve pour stopper le projet macabre de détruire les institutions démocratiquement élues.»

Il annonce également aux Burundais et à la communauté internationale que toutes les frontières du pays sont ouvertes et sont sous bonne garde et que la vie est redevenue normale. Il exige également « un arrêt immédiat des manifestations».
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La reddition

Vendredi 15 mai, trois leaders de ce mouvement avec une quinzaine d’hommes sont arrêtés dans le quartier Kibenga-Lac. Un reporter d’Iwacu a vécu la scène.

Les putschistes arrêtés
Les putschistes arrêtés

Il est 5 heures et demie quand une rafale d’une mitrailleuse déchire le silence matinal de ce quartier plutôt calme. Ces coups de feu sont vite suivis de tirs au pistolet semi-automatique.
Tout le monde conclut qu’il y a échange, une sorte de riposte. Mais la puissance de feu est disproportionnée. L’association avec la chasse aux putschistes annoncée depuis la veille est vite faite. Elle se précisera peu de temps après.

Personne n’ose mettre son nez dehors tant qu’il n’est pas possible de déterminer d’où proviennent ces tirs nourris. Même la prière matinale des musulmans relayée par les hauts parleurs est momentanément perturbée. Il y a quelques hésitations dans la voix modulée de l’Imam, il est obligé de baisser le ton.

C’est vers 6 heures que quelques habitants parmi les plus téméraires ouvrent leurs portails à moitié pour voir ce qui se passe. Un coup d’œil à droite, un autre à gauche. La voie semble libre. Quelques uns parmi ces curieux, tête baissée, presque rentrée dans les épaules se rassemblent. Ils se mettent à couvert dans un coin de rue pour s’enquérir de la situation : «C’est la traque aux putschistes, ils sont retranchés dans une maison, pas loin d’ici. Il paraît qu’ils voulaient s’enfouir par le lac », me révèle un policier du quartier en civil.

La capitulation

J’apprends quelques minutes après que la fusillade se passe non loin de la permanence du Cndd-Fdd de ce quartier et que trois généraux putschistes avec leurs gardes, une quinzaine d’hommes, sont retranchés dans une maison. J’apprends également qu’une centaine de militaires et de policiers lourdement armés ceinturent les lieux.
L’instinct de journaliste et l’adrénaline aidant, je me dis qu’il faut s’approcher des lieux. Un carnet, un stylo, mon smart phone pour les photos et mon badge et je fonce prudemment. Quand j’arrive à une cinquantaine de mètres de la maison ciblée, je trouve que le ministre de la Sécurité publique et d’autres hauts gradés de son ministère sont sur les lieux. Des journalistes de la BBC et une équipe de la RTNB sont là, ils s’empressent de prendre des images, je me fonds dans la foule.

Un cercle de policiers et de militaires armés jusqu’aux dents, mains sur les hanches contemplant fièrement la prise, se forme autour du groupe de putschistes arrêtés. Ils sont assis à même le sol, bien menottés.

Parmi ces hommes, trois grands responsables du putsch avorté : Il y a les Commissaires de police Zénon Ndabaneze et Herménégilde Nimenya, il est à peine 7 heures mais il porte déjà ses lunettes de soleil. Mais tous les yeux se braquent sur le numéro deux de ce putsch manqué, le Général-major Cyrille Ndayirukiye, ancien ministre de la Défense sous Buyoya. Il est en T-shirt blanc avec une grosse tache au niveau de la poitrine, le regard perdu. «Niwe nyene ! C’est lui ! Le coup d’Etat est fini», se chuchotent le peu de curieux venus voir de leurs propres yeux ces putschistes.

«Çà se termine comme l’autre coup d’Etat manqué du 18 avril 2001 contre le président Buyoya par le Lieutenant Pasteur Gaston Ntakarutimana. C’est cet ancien ministre de la défense qui ira annoncer sur Bonesha FM l’échec de ce coup de force. La RTNB était aux mains des apprentis putschistes», rappelle un militaire à la retraite habitant Kibenga.

Le ministre de la Sécurité publique Gabriel Nizigama annonce que ces putschistes n’ont pas opposé une grande résistance et qu’ils ont préféré se rendre. Après cette interview, ces putschistes arrêtés sont emmenés dans un camion militaire. J’apprends que le Général-major Cyrille Ndayirukiye avait sur lui une affaire de 36.000 dollars. Il souffle d’ailleurs quelques mots à un haut gradé de la police juste avant l’embarquement.

Plusieurs habitants de Kibenga-Lac se positionneront de part et d’autre de la route principale en terre battue, une sorte de haie d’honneur, pour voir passer ce camion. Cette population sera même appelée pour dégager cette route, quelques barricades étaient encore érigées. Plusieurs policiers lourdement armés patrouilleront le long du lac pendant toute la matinée.

JUSTICE/ « Un procès sans irrégularités majeures »

Après arrestation, le général-major Cyrille Ndayirukiye est embarqué dans un camion de police
Après arrestation, le général-major Cyrille Ndayirukiye est embarqué dans un camion de police

Quid du dossier judiciaire? Le parquet général de la République a entendu, depuis samedi 16 mai, les militaires et policiers putschistes. La défense ne soulève pas des irrégularités criantes.

« Nous déplorons le fait qu’après instruction ce samedi, les inculpés ont été reconduits dans les enceintes du service national de renseignement. Ils n’ont été écroué que mardi le 19 mai ». C’est la majeure remarque de Me Zénon Nzeyimana, avocat du commissaire de police (général) Zénon Ndabaneze et de son agent de transmission (AT) Joseph Nzeyimana.

Me Nzeyimana relève que son client a été torturé. Une nuance cependant : « la torture a été faite spécialement pendant leur arrestation ». La torture a été aussi évoquée par Me Anatole Miburo qui défend Cyrille Ndayirukiye, ancien ministre de la défense sous le président Buyoya. Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Aprodh, déplore aussi les actes de torture pratiqués sur presque tous les hommes en uniformes arrêtés.

Mais, Me Zénon Nzeyimana se félicite que le ministère public se soit finalement rendu à l’évidence que la procédure en cas d’infraction flagrante ne peut être applicable pour les militaires et policiers putschistes. « Les détenus sont nombreux et n’ont pas été arrêtés sur le champ. Et puis, il y a d’autres militaires et policiers qui sont cités », explique cet avocat.

Les détenus sont écroués pour « attentat à l’autorité de l’Etat ». Ils encourent trente ans de prison (art.586 du Code pénal). Le dossier porte le numéro RMPG697 /M.A (sigle de Manirakiza Adolphe, le substitut du procureur général de la République, président de la commission d’enquête sur les manifestations)

Signalons que les généraux bénéficient du privilège de juridiction qui les rend justiciable au premier degré devant la chambre judiciaire de la Cour suprême. Dans quinze jours au plus, ils seront présentés devant les juges de la Cour suprême en chambre de conseil pour la confirmation ou l’infirmation de leur détention. En cas d’appel, le cas sera porté devant la chambre d’appel de cette plus haute juridiction du pays.

Selon Me Salvator Kiyuku, bâtonnier de l’Ordre des avocats près la cour d’appel de Bujumbura, tous les détenus ont pu jouir de l’assistance des avocats pro bono fournis par le barreau en collaboration avec l’ONG Avocat sans frontière.
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Un coup d’Etat contre le viol de la Constitution et de l’Accord d’Arusha

Général Godefroid Niyombare : « Nous condamnons le cynisme et le sadisme qui ont caractérisé l’attitude de Nkurunziza a l’égard du peuple burundais en souffrance. »
Général Godefroid Niyombare : « Nous condamnons le cynisme et le sadisme qui ont caractérisé l’attitude de Nkurunziza a l’égard du peuple burundais en souffrance. »

Sur Isanganiro, le général major Niyombare a prononcé un discours au nom du « Comité pour le Rétablissement de la Concorde nationale », annonçant le coup d’Etat contre Nkurunziza . Selon ce communiqué, « ce comité a pris ses responsabilités face aux violations flagrantes de la Constitution et de l’Accord d’Arusha par Nkurunziza pour se maintenir au pouvoir par un 3ème mandat illégal, malgré les conseils et les mises en garde de la communauté nationale et internationale. » Ce communiqué a indiqué que la manœuvre s’est opérée au mépris des Burundais, qui lui avaient refusé la révision de la Constitution, et de la communauté internationale. Le putschiste a également condamné « le cynisme et le sadisme qui ont caractérisé l’attitude de Pierre Nkurunziza a l’égard du peuple burundais en souffrance. » Il a fustigé « l’intrusion des forces négatives et des groupes armées à la solde du pouvoir Nkurunziza, qui se sont déjà montrées actives dans les violations en cours ».

Le régime est accusé d’actes de vandalisme des ressources nationales au sommet de l’Etat, des crimes de sang innommables et des violations massives des droits humains, ainsi qu’une paupérisation vertigineuse de la population.

Collaboration ou réflexe journalistique ?

Willy NyamitweAprès les attaques contre les radios Bonesha, Isanganiro, RPA et la radiotélévision Renaissance, d’aucuns s’interrogent sur leur rôle dans la tentative de coup d’Etat. Iwacu a interrogé quelques responsables des médias pour savoir comment le discours du général Godefroid Niyombare est tombé dans leurs rédactions.

Les pouvoirs publics à travers Willy Nyamitwe, conseiller principal à la présidence de la République, chargé de l’Information, de la Communication et des Relations avec les médias, accusent : « Certains médias ont collaboré avec les putschistes. » En effet, selon lui, ils ont donné l’antenne aux gens qui sont guidés par le renversement des institutions démocratiquement élues : « Ce comportement des médias qui se réclament professionnels et respectueux du code d’éthique et de déontologie est inconcevable et inacceptable. »

Plus grave, d’après Willy Nyamitwe, c’est l’accompagnement en boucle du discours des mutins avec de la musique provocatrice. Par ailleurs, il constate qu’aucun média n’a signifié à l’autorité habilitée qu’il a été pris en otage pour diffuser ce message.

« On nous a appelé pour nous donner une information ! »

Vers 10h, un coup de fil du 11ème bataillon para appelle la rédaction de la radio Isanganiro. « Nous aimerions que vous veniez, nous avons des informations à vous donner », se rappelle M. Mitabaro, le rédacteur en chef : « Mais je ne savais pas encore de quoi il s’agissait. » Il s’y rend aussitôt. A l’entrée, un militaire l’attend et l’escorte vers une salle où se trouvent beaucoup d’officiers supérieurs. Dans le camp, la vie semble suivre son cours normalement. Plusieurs militaires gardent la salle où des conciliabules se tiennent entre officiers. Sur place, il trouve des collègues de la radio Bonesha et de la télévision Renaissance. Il leur est alors annoncé qu’il y a eu un coup d’Etat, avant que le général major Godefroid Niyombare lise le communiqué y relatif. Il est alors demandé aux journalistes de diffuser ce communiqué. « Même si, journalistiquement parlant, c’était une grande information, j’ai été réticent. J’ai alors dit, en insistant, que le balancer peut créer des problèmes à la radio », continue Mitabaro. 13h30min, Isanganiro balance le communiqué.

« Nous avons exercé notre métier de journalistes »

Innocent Muhozi
Innocent Muhozi

Selon Innocent Muhozi, directeur de la radiotélévision Renaissance, il est 11heures quand le général Godefroid Niyombare l’appelle pour prendre les images et le son. M. Muhozi indique que le général Niyombare était à ce moment au camp Bataillon Para. Pour lui, n’importe quel journaliste professionnel aurait agi de la même manière. « Nous avons exercé notre métier en donnant la parole à qui voulait la prendre. »

Léon Masengo, rédacteur en chef de la Radio Bonesha Fm, précise, quant à lui, que ce sont les putschistes qui ont amené le son à partir du Bataillon Para. Il estime que parler avec les putschistes n’est pas une faute professionnelle.

Quant à la RPA, des sources dignes de foi font savoir que l’ordre de sa réouverture est venu des généraux Niyombare et Ndayirukiye, commanditaires du putsch. Dans un premier temps, c’est le général Ndayirukiye qui se rend le premier au siège de cette radio. Selon nos sources, le son que la RPA a diffusé est venu de la radio Bonesha FM.
Vers 16 h 30min, le général Niyombare viendra lui-même pour annoncer la fermeture des frontières. la pression des putschistes et des manifestants était trop forte pour refuser d’ouvrir la station : « Certains journalistes ont été retrouvés chez eux et conduits au siège de la RPA. »
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Questions sans réponses

Après le putsch avorté, d’aucuns se posent des questions jusqu’ici sans réponses claires des officiels. Iwacu a tenté d’y répondre. Autant que faire se peut.

Pierre Nkurunziza a-t-il participé au sommet des Chefs d’Etat de la Communauté est-africaine ?

Des informations concordantes, recueillies auprès des Burundais qui avaient participé au sommet des chefs d’Etat de l’EAC, précisent que Pierre Nkurunziza n’a pas mis les pieds dans la salle qui abritait ce sommet.
Interrogé, Gervais Abayeho, son porte-parole, se réserve de tout commentaire : « Je ne peux pas m’exprimer sur un évènement qui s’est passé il y a plus d’une semaine. »

Peut-on faire un coup d’Etat sans contrôle des lieux stratégiques ?

D’après un haut gradé de l’armée, il y a des points stratégiques qui doivent être maîtrisés par les putschistes, notamment la radiotélévision nationale et l’aéroport
D’après un haut gradé de l’armée, il y a des points stratégiques qui doivent être maîtrisés par les putschistes, notamment la radiotélévision nationale et l’aéroport

« Je ne croirai en ce coup d’Etat que si la radio nationale tombe dans les mains des putschistes », pouvait-on entendre mercredi dernier dès l’annonce du coup d’Etat par le général major Godefroid Niyombare. Malgré la liesse dans plusieurs coins de la capitale, certains restaient sceptiques. « Tant que la présidence et la radio nationale ne tombent pas, on ne peut pas parler d’un coup d’Etat », m’a indiqué un ancien militaire. « N’oublies pas la BRB (la banque centrale) », a ajouté un autre. Pour eux, c’est une première qu’un communiqué annonçant un coup d’Etat soit lu dans des médias privés et non à la radio nationale.

D’après les spécialistes, un coup d’État est un renversement du pouvoir par une personne investie d’une autorité, de façon illégale et souvent brutale. On le distingue d’une révolution en ce que celle-ci est populaire. Le putsch est un coup d’État réalisé par la force des armes.

Un coup d’Etat est la prise du pouvoir dans un Etat par une minorité qui, grâce à des moyens non constitutionnels, s’impose par la surprise et la force. Les auteurs d’un coup d’État s’appuient en général sur tout ou partie de l’armée et bénéficient du soutien d’au moins une partie de la classe politique et de la société civile.

Un pays à tradition de coups d’Etat

Le Burundi a connu plusieurs coups d’Etat. Le premier est fait en 1966 par le lieutenant général Michel Micombero, qui renverse le dernier roi du Burundi, Ntare V. Il instaure la République du Burundi en lieu et place du royaume, il devient ainsi le premier président de ce pays. En 1976, un autre coup d’Etat porte à la tête du Burundi le colonel Jean-Baptiste Bagaza. Il chasse Michel Micombero qui part en exil. Alors qu’il est en visite au Canada, en 1987, Jean Baptiste Bagaza se voit, à son tour, évincé par le major Pierre Buyoya par un autre coup d’Etat, le troisième que connaît le Burundi.

Après l’adoption d’une nouvelle Constitution instaurant le multipartisme (1992), il favorise la tenue d’élections démocratiques, remportées en juin 1993 par Melchior Ndadaye, un hutu. Trois mois après, en octobre de la même année, un coup d’Etat renverse le premier président démocratiquement élu, qui est assassiné; Il s’en suivra une décennie d’une guerre civile sanglante; Entretemps,  en juillet 1996, Pierre Buyoya s’empare à nouveau du pouvoir, en déposant Sylvestre Ntibantunganya. Il suspend la Constitution, et dirige le pays jusqu’en 2003.

Les stratèges militaires évoquent quelques caractéristiques et étapes d’un coup d’Etat : le secret de la préparation, la conquête ou la neutralisation des organes centraux de l’Etat et des moyens de communication, l’arrestation des gouvernants, et enfin la légitimation du coup d’Etat par l’approbation d’une nouvelle Constitution via un plébiscite ou des élections.

Selon toujours les connaisseurs, une des conditions de réussite d’un coup d’Etat est qu’il corresponde aux souhaits de la majorité de l’opinion publique ou qu’il soit compatible avec le contexte international.

Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’adhésion massive des militaires ?

Selon un haut gradé de l’armée, le chef d’état-major est la pièce maîtresse de ce corps. En effet, c’est lui qui donne des ordres aux commandants régions et de brigades. Or, poursuit-il, il se peut que l’actuel ne l’ait pas fait pour qu’ils organisent leurs éléments. D’après la source, il y a des points stratégiques qui doivent être maîtrisés par les putschistes. Notamment la radiotélévision nationale, l’aéroport. Pour le cas présent, ces points étaient toujours dans les mains des forces loyalistes. « Raison pour laquelle, pour certains éléments, le putsch était prématuré. »

Pourquoi les policiers se sont-ils retirés du centre-ville ?

L’uniforme bleu disparaît aussitôt que des cris de joie, des klaxons de voiture se font entendre. La foule venue des quatre coins de la capitale est excitée. La police indique que le retrait de ses troupes est une tactique compte tenu de la situation. « C’est la seule chose à faire lorsque la police fait face aux mutins usant de l’artillerie lourde. Nous ne sommes pas entraînés pour ce genre de combat avec un armement pareil », explique Pierre Nkurikiye, porte-parole adjoint de la police nationale du Burundi. Et d’ajouter que ce sont les militaires loyalistes qui ont pris le contrôle et qu’ils sont retournés vaquer à leurs activités quotidiennes. « C’est ce que nous continuons à faire jusqu’à maintenant tout en jouant le 2ème rôle derrière l’armée, surtout dans les autres communes de la Capitale. »

Qui ont attaqué les médias ?

Alors qu’Innocent Muhozi, président de l’Observatoire de la Presse au Burundi, accuse mordicus certains éléments de la police d’avoir mis à sac des radios privées, Willy Nyamitwe, conseiller principal à la Présidence de la République chargé de l’Information, de la Communication et des Relations avec les médias, pointe du doigt les putschistes : « Ils les ont brûlés avant de prendre fuite. »

Quand et comment le président de la République est-il rentré ?

Selon toujours M. Nyamitwe, le président Nkurunziza est rentré comme prévu : le lendemain du sommet. Toutefois, il se réserve d’indiquer par quelle voie il est arrivé.

Pourquoi le limogeage du général Pontien Gaciyubwenge après l’échec du coup d’Etat ?

Une opinion a fait croire que le lieutenant-général Gaciyubwenge a été limogé parce que les putschistes l’ont dénoncé dans les préparatifs du coup d’Etat. Pour Willy Nyamitwe, il n’était plus efficace. « C’est pour cette simple et unique raison que le numéro un burundais l’a remplacé. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

19 réactions
  1. Anonymous

    C’ est tres triste de voir comment tout le monde s’ est fait embobiner avec cette histoire de Coup d’ Etat. En deux mots  » INSIDE JOB ».

  2. Ntahitangiye

    Emwe nitwanjanjwe tuzohahonera twese! Tumeze nk’intama. Ivyo tugwanira mu Burundi sivyo bagwanira mu makungu ku vyerekeye Uburundi. Vyisomere : http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150506/1015970925.html .

  3. Inyankamugayo

    « l’intrusion des forces négatives et des groupes armées à la solde du pouvoir Nkurunziza, qui se sont déjà montrées actives dans les violations en cours ».

    Si cela se prouve négatif, le Rwanda devrait chercher les putschistes pour leur demander pourquoi ils veulent semer la haine entre le Rwanda et le Burundi pour leur propres intérêts égoïstes.

    On n’a pas jusqu’aujourd’hui vu ces Interahamwes et FDLR et Imbonerakure dans ces actes ignobles que les insurgés causent dans certains quartiers de Bujubmura.

    Imana irababona basha.

  4. Jamahaar

    Pierre Nkurunziza a eu de la chance d’avoir survecu a la tentative de coup d’Etat du 13/05/2015 qu’une certaine opinion d’ailleurs lui spoconne d’en etre l’instigateur pour se debarasser ses ennemis politiques et militaires(les ex-FAB Tutsi) et surtout detruire les radios privees qui relayaient les revandications des manifestants contre le 3eme mandat a Bujumbura et a l’interieur du pays.L’improvisasation et le manque de soutiens aux mutins ont permis aux forces restees loyalistes de maintenir le regime actuel au pouvoir, mais il s’agit bel et bien d’une victoire en demi-teinte et les griefs egrenes par les apprentis putschistes contre le gouvernement du President Pierre Nkurunziza restent entiers:violation de la Constitution de la Republique du Burundi et les Accords de paix inter-burundais d’Arusha (2000), le detournement des derniers publiques, la pauperisation generalisee de la population reduite en mendients, etc…Tous ces griefs sont les memes que ceux que les manifestants dans les rues de Bujumbura et a travers le pays ne cessent de repeater a haute voix.Contrairement aux militaires mutins, ils restent tres nombreux dans les rues et sur les collines pour dire a qui voudrait les entendre que Pierre Nkurunziza doit renoncer a son 3eme mandat de tous les malheurs parce qu’ils veulent un changement pour que leurs conditions de vie s’ameliorent:education, soins de santé adequate, emploi, securite, arret du raquettage et du harassement de la police d’Etat et de la milice du parti CNDD-FDD qui ont erige la brutalite, la violence et la violation des droits de l’homme en mode operatoire sans etre inquietees des sanctions prevues par le Code Penal Burundais durant les 10 annees de regne du quarto Nkurunziza, Nshimirimana, Bunyonini et Ndakugarika.Le President est certes de retour dans son palais presidential et il a repris la campagne electorale avec plus de confiance,d’arrogance, mepris, cynisme et de populisme, mais la sagesse recomanderait a moins de triomphalisme, mais plutot a plus de prudence et de magnanimite parce qu’il est assis sur un siege ejecable et une bombe a retardement prete a exploser sous ses pieds.

  5. bizowabizo bizos

    SVP, mugende musubiremwo kwumviriza ivyo ayo ma radio yari amaze imisi avuga canke musome ibimenyeshamakuru bimwe bimwe, usubiye inyuma ukumviriza ibitutsi vyari bisigaye bivugirwa kuri ayoma radio,kari agasema!!!!vyaragaragara ko ivya coup d’Etat bari babizi kandi amakuru adusumira muri gouvernement bari bateguye hariho abamenyeshamakuru bari k’urutonde rw’abari kuronka ibiti bikomakomeye, aha rero ni ukumenya iyo umuntu agiye muntambara, yemera conséquences zose zishobora gushika.
    Uravye akanyamuneza abantu bamwe bamwe bari bafise, uravye akagagazo ayo ma radio yari asigaye afise, n’umwana akiri kw’ibere urwo rubanza rwuko ayo ma radio yarimwo muri coup d’Etat yoruca.
    Turindire amatohoza azokwerekana vyinshi!!!

  6. Jambo

    En faisant un recul,un autre fait important mais oublié bien avant le « putsch manqué » qui mérite analyse: les étudiants universitaires ont été chassés manu militari des campus pour des raisons sécuritaires par le gouvernement . Aussi longtemps que la sécurité et l’apaisement des esprits ne seront pas rétablis sur l’ensemble du territoire,il est difficile de croire que les étudiants réintégreront facilement les auditoires et les résidences universitaires sans parler des élections qui semblent difficiles voire impossibles dans l’état actuel des choses !

    • Kamariza

      ni bareke kugenda babe bararya imyotsi yamapine bazogaruke amahaha yaboze. arya mahera bariko baraca bazoyivurizako muri CPRC

      • Jambo

        @Kamariza

        Akari mu muntu ni wo muntu. Ivyiyumviro vyawe bisa n’imyotsi n’ingwara nkuko uvyivugira kandi biboneka ko ari vyo wifuza.Garura akenge rero kuko abo banyeshule sibo bari mu myiyerekano,hanyuma ntukifurize abandi ico nawe udashaka ko bakwifuriza.
        Hari icemezo ufise ko bariko barya amahera?Tanga ivyemezo abarundi bazoca urubanza.Turarindiriye.

  7. Ntahitangiye

    Vous dites « Selon toujours les connaisseurs, une des conditions de réussite d’un coup d’Etat est qu’il corresponde aux souhaits de la majorité de l’opinion publique ou qu’il soit compatible avec le contexte international ». Les coups d’états au Burundi étaient seulement compatibles avec le contexte international et ne correspondaient pas aux souhaits de la majorité de l’opinion publique: conséquences des centaines de milliers de morts et retour à la case départ( Accords d’Arusha). A mon avis les conséquences auraient été incalculables si ce dernier coup ‘état avait réussi. J’ose croire que les forces de sécurité ont fait une analyse des conséquences de ce coup d’état avant de réagir. La communauté internationale devait se rendre compte que la compatibilité avec le contexte international ne suffit pas comme condition pour la réussite durable d’un coup d’état. C’est tout simplement le blocage du développement du pays concerné.
    Même au Burkina Faso où le journal « le pays » se vante en critiquant les autorités du Burundi. Thomas Sankara qu’on exhume maintenant, était populaire et le coup d’état était compatible avec le contexte international et conséquence retour à la case départ après 27 ans.

  8. BUSORONGO

    pourquoi cet amalgames des deux dates a savoir le 13 et le 14 mai 2015. vous les melangez de facon qu’on s y perd. Ces putchistes sont comptables des evenements de ces deux jours. Ils savaient bien a quoi s’attendre en cas d’echec et voila ils ont prefere la terre brulee. Qui a l’interet a ce que l’imeuble abritant Bonesha soit epargne? Celui la peut fournir les raisons de ces incendies et denoncer les commenditaires.

  9. Vuga_ukuri

    …..Après l’adoption d’une nouvelle Constitution instaurant le multipartisme (1992), il favorise la tenue d’élections démocratiques. Pourtant, en juillet 1996, Pierre Buyoya s’empare à nouveau du pouvoir, en déposant Sylvestre Ntibantunganya. Il suspend la Constitution, et dirige le pays jusqu’en 2003…..

    Pourquoi tu ne parles pas du coût d’état de 1993 qui a emporté un président démocratiquement élu? Pourtant, les putschistes ont bel et bien parlé et apparu à la RTNB. Il ne faut jamais fausser l’histoire car pas mal de gens twariho, entendu et vu ce qui s’est passé à l’époque.

    • Lead

      L’autre question-clé, la plus pertinente en effet, est de savoir si Niyombare est reellement vivant. Sa reapparution publique (via les medias etrangers) aura un impact enorme sur le plan politico-securitaire.

    • MINANI

      Par la manière dont ces journalistes ont écrit ce reportage, on sent clairement qu’ils étaient pour le succès du putsch. Désolé pour vous mes amis. Prenez encore votre mal en patience car vous n’êtes pas les seuls!!!! Attendez peut être que la prochaine fois sera la bonne. Sauf que des solutions comme celles-là n’arrangent toujours pas les choses. Buyoya, en déposant Ntiba en 1997, pensait ramener la paix si vite. L’histoire montre que la guerre s’est plutôt aggravée.
      Surtout qu’il se dit que le Général là n’était qu’une marionnette. Les vrais putschistes étaient dans l’ombre. Et croyez moi, ils ne sont pas plus démocrates que celui qui venait d’être renversé. On a encore du temps devant nous pour avoir des vrais patriotes et démocrates pour nous sauver. En tout cas, il n’en est rien même de ceux-là qui sont entrain de mettre le pays à sac pour le NICKEL de MUSONGATI et l’OR DE RUKURAMAGAMBO.
      Qui voit loin doit savoir que les manifestations ne visent en rien la démocratie ou les droits de l’homme; mais plutôt chasser les bandits de la République et s’accaparer à leur tour les minéraux déjà cités. Le 3 è mandat n’est qu’un alibi.
      Croyez-moi, l’argent qui est payé pour préparer la nourriture aux manifestants, le per diem que ceux-ci perçoivent, n’a rien d’être une aide de bons Samaritains…. C’est bel et bien l’AVANCE sur le Nickel de Musongati, les dupés étant assurés de chasser les magnats et mettre la main sur le butin.
      Bientôt les manifestations vont se transformer en une guerre ouverte avec une rébellion déclarée. Reste à savoir s’il y aura des candidats pour le maquis car c’est pas évident!!!!!!!!!!Courage tout de même!!!!

      • joannes

        Qui vivra verra. de Toutes façon c’est pas aujourd’hui que le Nikel et l’Or viennent d’être découverts au Burundi. Nous connaissons tous la situation dans laquelle une mauvaise gouvernance a plongé le citoyen burundais. En plus remplacer le mal par le mal ne résoudrait rien. Réveillez-vous et exigez que les choses changes mais sans verser le sang. le problème est tous les chemins en face ne mènent que là bas. Seigneur Jésus n’abandonne pas les siens!

      • Abi

        Ce sera quand meme interessant d’avoir une rebellion dirigee par les « defenseurs des droits de l’homme ». Le Burundi ne manque pas d’innovations quand il s’agit de lutter pour le pouvoir…

        • MINANI

          Sauf qu’ils auraient du mal à justifier leurs actions car société civile et lutte armée sont contradictoires!!

      • mutima

        Selon vos reportages vous avez bien cite des personnes et leurs implications dans la crise actuelle au Burundi mais vous ne nous avez pas dit ou en est les putschistes.Ceux arretes sont bel et bien des pions qui, en conivence avec les echapes sont teleguides faisant croire a la population butundaise et l’opinoin internationale qu’ils sont de beaux patriotes mais en vain.Tout le monde connait tres bien des regimes sanguinaires qui mentent a la population de paradis mais le cannibalisme cache dans leur couer est d’enduire toute une nation dans l’engoufre.
        Si ces putsches sont contre ce mandant pourpoui n’est s’organiser aux elections et ramporter la victoire au pluralisme.Que la population butundaise et la communaute internationale sache bel est bien que ceux qui soutiennent ce sanglantes manifestations sont des putschistes comme les autres parcequ’ils sont fier du sang des enfants du Burundi qui se verse au profit des interets des teleguideurs.

        • Baba

          @mutima
          « Si ces putsches sont contre ce mandant pourqoui n’est s’organiser aux elections et ramporter la victoire au pluralisme. »
          Je ne suis pas friand des putchs, mais les élections pluralistes supposent un minimum de respect des règles du jeu! Si ce n’est pas le cas, pas de compétition loyale! Si un juge d’une cour doit fuir son pays parce qu’il a exprimé un vote qui ne fait pas plaisir à quelques uns lors d’une délibération, le minimum est de se poser des questions!

          • Nzobambona

            Inda ndende ihumira inrya! aussi longtemps ko abategetsi bacu muri africa bagendand umunoho w0 kuzuza imifuko no kuduza amagorofa, ntaho tuzigera tubona agahengwe, uru kubutegetsi arahemuka, abitwa ba les opposants baba batunereje ngo nihagira agatirimuka bavuze amaruru: vaho nanje ndabe ko noronka irariro gutyo, gutyo. Tuzobona ryari abigura Uburundi, abakunda Uburundi ngo bugire isuku, ngo basabe amasuka (tracteur) barime, inzara ishire, amavurio, amabarabara meza, bazi kugura imiduga myiza bakanka gukora ihanda zicamwo. Nakamaramaza. Umunoho, umunoho gusa, gusa

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