Mardi 19 mars 2024

Editorial

Pour un processus crédible

16/02/2018 17

Le processus du référendum constitutionnel et des élections générales de 2020 est en marche. Déjà, l’enregistrement des électeurs prend officiellement fin ce 17 février.

Au niveau de la Commission électorale nationale indépendante(Ceni), c’est la satisfaction.  » A la date du 12 février 2018, la CENI dit compter 2 505 829 inscrits, soit 56% de la population électrice attendue (4 552 679 personnes) », a annoncé Pierre Claver Ndayicariye, au cours d’une réunion d’évaluation à mi-parcours de cette opération d’enrôlement. Bien entendu, comme président de la commission, il est dans son droit de s’enthousiasmer.

Cependant, il ne suffit pas d’être grisé par les chiffres seulement. L’opposition dénonce les menaces, intimidations et harcèlements sur terrain.

Dans une enquête menée par Iwacu au Nord du pays, des gens sont arrêtés, emprisonnés dans des cachots, accusés de battre campagne pour le « non » au prochain référendum. A Ntega, des cas de disparitions sont même signalés. La situation semble gagner du terrain. A Ngozi, Nyamurenza, un professeur et quatre élèves ont été arrêtés depuis quelques jours. Le cas de Gashoho, Muyinga, fait froid dans le dos: Un administratif appelle la population à voter oui et à « ligoter ceux qui s’opposeront à l’amendement de la Constitution. »

Dans certains endroits, certains acteurs zélés ont barricadé des routes pour que toute personne qui passe montre un récépissé attestant de son inscription sur le registre électoral. Dans certaines écoles, les élèves sont sommés d’aller se faire enrôler.

Par ailleurs, l’opposition dénonce un « deux poids-deux mesures « , estimant que les ministres et responsables du parti au pouvoir sont en train de battre campagne pour le oui. Elle met aussi en doute les chiffres produits par la Commission électorale en matière d’enrôlement des électeurs. En cause : un accroissement jugé anormal du nombre d’électeurs. Le Cnared dénonce une campagne d’enrôlement de force et appelle la population au boycott. La tension est réelle.

En principe, un processus électoral doit être conduit de manière démocratique. Il doit être mené dans la dignité, en respectant la volonté de chacun. Apparemment, c’est mal parti.
La Ceni doit (re)prendre les choses en main. Comme arbitre, elle est dans l’obligation de rappeler les gens à l’ordre, sans parti pris, au respect des règles du jeu. La crédibilité de tout le processus est à ce prix. L’avenir du Burundi est entre ses mains.

Forum des lecteurs d'Iwacu

17 réactions
  1. zubeti

    Gacece, tanga 4 millions de fbu pour la reparation du pont reliant Kinanira et Kamesa. Akarimi ukabangiiiire.

  2. Jean Habonimana

    Je constate que le president de la Conference des eveques catholiques, Mgr Joachim Ntahondereye, eveque de Muyinga a porte le « disque raye » en Belgique ou il a rencontre les autorites religieuses et politiques du pays. « Jusqu’ici, a-t-il indique en substance, la population a resiste aux sollicitations haineuses du regime, mais jusqu’a quand va-t-elle resiste compte tenu des blessures historiques encore douloureuses? ». Et il sait de quoi il parle lui qui a souffert de l’ethnisme et vecu longtemps en exil. L’Eglise burundaise pourra-t-elle oser denoncer le hold-up constitutionnel comme elle a denonce le 3eme mandat celeste? Non! car elle serait decimee a commencer par les eveques et le clerge de la mauvaise ethnie. Oui, si elle accepte de subir le martyr comme l’Eglise catholique congolaise qui sous la houlette de l’extraordinaire primat congolais, S.E Laurent Monsengo Pasigna, s’est engagee a payer du sang des innocents, la lutte contre l’oppression de Kabila. Pour revenir au « disque raye », j’ai deja dit ici qu’il n’est raye que pour les bourreaux jamais pour les victimes. Face au triomphe total du regime responsable de crimes contre l’humanite, il ne nous reste que la parole et la priere pour honorer jusqu’a la fin de nos jours la memoire d’une jeunesse qui ne demandait qu’a vivre sa vie et qui fut massacree, torturee, mutilee, castree, violee, embastillee et exilee.

    • Gacece

      @Jean Habonimana
      Sauriez-vous par hasard qu’un évêque catholique reste un humain? Et que par conséquent il reste infaillible?

      Avant les élections ils disaient tous que le pays allait sombrer!

      « Parfois, la réponse de Dieu, c’est NON! » Et je ne suis même pas un de ses porte-paroles.

      • Gacece

        ^*correction : « il est faillible ».

  3. roger crettol

    Crédibilité ?

    Mais où peut-on bien la trouver, quand le Président lui-mème a proclamé en décembre, en lançant le processus de référendum, qu’il serait inacceptable de faire campagne pour le NON ???

    Les intentions du gouvernement sont on ne peut plus claires, et en droite ligne de cette prise de pouvoir qui n’a jamais dit son nom, en avril/mai 2015.

    Qui peut prendre au sérieux les résultats d’un référendum tenu dans ces conditions ? Qui donc, à part les membres de la paroisse du CNDD-FDD ?

    Le Burundi doit peut-être de la reconnaissance à ces combattants qui ont voulu une société plus juste. Mais ces mêmes combattants se sont montrés incapables et indignes de poursuivre cette mission – établir une société plus juste – dans le cadre civil du jeu politique fixé par les accords d’Arusha. La liberté de réunion et de parole a tojours été menacée sinon bafouée, et ce, pour autant que je me sois intéressé au Burundi, dès 2006.

    Alors, pour la crédibilité, demander à Zazie …

    • Gacece

      @roger crettol
      Si vous n’êtes pas Burundais comme vous le dites (ce dont je doute toujours), qu’est-ce qu’on a à faire que vous croyiez à la crédibilité de ce référendum?

      Si la majorité des Burundais y croient, nous n’attendons rien d’autre de vous!… ni de Zazie d’ailleurs!

      • roger crettol

        @ Gacece

        Doutez, doutez, mon bon Monsieur, il en restera toujours quelque chose.
        [ cf. l’original de Voltaire :
        http://www.m-apal.com/General/fichiers/mapalUGTM/declaration_UGTM_Sante.htm ]

        Qu’est-ce que le reporter sportif en a à fiche – hors de ses sympathies personnelles , que ce soit l’une ou l’autre équipe qui remporte la victoire ? Cela ne l’empêche pas de se prononcer sur la qualité du jeu, l’inventivité ou l’agressivité des jouers évoluant sur le terrain.

        • roger crettol

          Réflexion faite, vos doutes m’honorent et me parent d’une quasi-citoyenneté d’honneur. Merci, sincèrement.

          Le point principal, qui motivait mon commentaire, est que
          [ le Président lui-mème a proclamé en décembre, en lançant le processus de référendum, qu’il serait inacceptable de faire campagne pour le NON ].

          Les journalistes ont-il menti, affabulé, ou sont-ce là – dans l’esprit, tout au moins – les propos du Président ?

          • Gacece

            @roger crettol
            Peu importe ce que le président a dit, cela n’empêchera pas à ceux qui sont décidé de faire campagne pour le « non » de le faire. La CENI, elle, a précisé, peut-être en complément, que c’est seulement pendant la campagne officielle qu’il faudra… « faire campagne », pour le oui ou pour le non!

            Là où on ne se rejoint pas, c’est sur le mont « inacceptable ». « Inconcevable » est différent d’« inacceptable ».

          • Gacece

            @roger crettol
            Et… Bienvenue chez vous, cher Burundais!

  4. Jereve

    Au lieu de se plaindre des menaces, intimidations et harcèlements par la machine administrative gouvernementale, l’opposition ferait mieux de documenter le tout par écrit et déposer une plainte à la Cour Constitutionnelle ou en justice. Quand on pense au coup du 3ème mandat, il ne faut pas se faire des illusions sur la décision de cette cour. Mais l’important est que cela soit versé dans les archives de l’histoire pour servir de leçon aux générations futures.

  5. Jean Habonimana

    La communaute internationale, l’EAC et l’UA ne se rendent pas compte de la gravite de la situation burundaise. Le triomphe pour 40 ans d’un regime responsable de crimes contre l’humanite et fonde sur le meurtre, le mensonge et le cleptocratie est une calamite pour le Burundi d’abord mais aussi pour toute la sous-region . La reactivation du virus du genocide comme le prouve notre alliance avec les Interahamwe va detruire tous les Grands Lacs. La decomposition economique, sociale et sanitaire affectera toute la region. C’est un constat amer mais personne ne voit ce qui peut etre fait face a l’indifference du monde comme au Rwanda en 1994 et au soutien de la Chine et de la Russie, deux puissances mondiales qui n’ont aucune notion des droits de la personne et de la sacralite de la vie humaine.

    • Gacece

      @Jean Habonimana
      Comme vous aimez si bien le dire, « ce disque-la est rayé! »… Et ça fait mal aux oreilles! Mais, je ne me fais pas d’illusions! Ce n’est pas demain la veille du jour où vous aurez arrêté de jouer votre disque en boucles… infinies!

      Qui sait? Il se pourrait même que vous ayez un mâlin plaisir à nous torturer. Je vous prie de nous abreuver en quantités saoulantes de ces exquises et envoûtantes mélodies dont vous êtes le seul à plusieurs qui nous en faites incessamment et sans relâche en quantités gigantissimes!

      OU…

      Vous pourriez tout simplement nous partager, oh plus grand sage parmi les plus grands sages, les solutions parfaitement magiques ou imparfaitement non magiques… à tous ces problèmes du passés « potentiellement » renouvelables, que vous décrivez avec une si arrogante éloquence!

      On prend quoi?

      • Kabingo dora

        @Gacece
        Prenez votre arrogance et bouffez là pauvre misanthrope

        • Gacece

          @Kabingo dora
          Haha! Merci! Faites la même chose!

        • Gacece

          @kabingo dora
          Et en passant, je vous aime bien, même si nous ne partageons pas « parfois » les mêmes convictions.
          Un humain qui est fier de l’être humain!

  6. Mahamba

    Léandre,c’est trop demander à la CENI.Plus c’est bidon,plus c’est du Ndayicariye.point à la ligne.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Online Users

Total 2 164 users online