Vendredi 29 mars 2024

Politique

Polémique autour de la nationalité unique

13/02/2018 15

Le projet de Constitution contient des dispositions instituant la nationalité unique aux candidats aspirant aux plus hautes fonctions de l’Etat. L’opposition les qualifie de discriminatoire.

Thérence Ntahiraja : «Le législateur a voulu renforcer l’esprit patriotique. »

Article 98, alinéa 2 : « Tout candidat aux fonctions de président de la République doit jouir uniquement de la nationalité burundaise d’origine». La même disposition est reprise pour les postes de Premier ministre, de président de l’Assemblée nationale et du Sénat.

Thérence Ntahiraja, porte-parole du ministère de l’Intérieur, indique que cette disposition vient à point nommé. Cette disposition renforce une volonté politico-juridique de remettre à l’honneur le principe de la souveraineté nationale. « Le législateur a voulu renforcer l’esprit patriotique. »

Les postes de président de la République, de l’Assemblée nationale, du Sénat et de Premier ministre sont juteux, insiste M. Ntahiraja, il faut à tout prix les protéger. «Le législateur burundais a voulu protéger le pays contre toute velléité étrangère qui aspirerait à la magistrature suprême ».

Il est inconcevable que le président de la République, garant de la souveraineté nationale, renchérit-il, soit en même temps citoyen burundais et citoyen d’une autre nation souveraine. Et de conclure qu’il serait très difficile de savoir les intérêts que celui qui a la double nationalité serait en train de servir. « Il peut être corrompu et trahir les intérêts d’une nation. »

Interrogé sur le cas du vice-président de la République, le porte-parole du ministère de l’Intérieur fait savoir qu’il est indirectement concerné. Il précise qu’il sera choisi parmi les élus du peuple. Or, explique-t-il, l’article 170 du projet de Constitution est clair. «Le candidat aux élections législatives doit être de nationalité et d’origine burundaises, être âgé de vingt-cinq ans au moins, jouir de tous ses droits civils et politique ».


>>Réactions

«Il y a une contradiction »

«Protéger le pays pour qu’il ne soit pas gouverné par les étrangers est une bonne chose », estime Pierre Célestin Ndikumana, président du groupe parlementaire d’Amizero y’Abarundi. Mais il déplore que cette disposition taillée sur mesure vise à exclure certains citoyens burundais. Et de faire remarquer que cette dernière viole la loi : «Elle est en contradiction avec la loi qui reconnaît à tout Burundais la double nationalité ». Tout Burundais doit jouir de ses droits civils et politiques. Il interpelle le législateur burundais à harmoniser ladite disposition avec d’autres lois.

« Renforcer l’amour patriotique »

Abel Gashatsi, président de l’Uprona, fait savoir que le législateur a voulu renforcer l’amour patriotique. Dans le passé, explique-t-il, plus exactement en 2015, certaines personnalités ont fait prévaloir leur double nationalité. «Elles ont fui leurs responsabilités au lieu de s’atteler à la résolution de la crise. »
Pour le président de l’Uprona, il faut protéger la nationalité et la souveraineté burundaises. Seulement, recommande M.Gashatsi, le législateur est appelé à réviser les lois qui sont en contradiction avec la loi fondamentale sur le registre de la nationalité.

« Protéger les institutions »

«C’est pour éviter que de telles personnalités puissent servir deux nations », indique Kefa Nibizi, président du Frodebu Nyakuri. Ces personnalités doivent mettre en avant uniquement les intérêts du pays. Selon M. Nibizi, le législateur a l’intention de protéger les institutions de l’Etat.

Le président du Frodebu Nyakuri trouve que la disposition n’est pas discriminatoire. Elle concerne peu de citoyens. Et d’ajouter aussitôt: « Celui qui aspire à ces hautes fonctions pourra renoncer à sa seconde nationalité. »

« Des dispositions discriminatoires »

« Nous ne le dirons jamais assez. Le projet de Constitution contient plusieurs dispositions discriminatoires », s’indigne Phénias Nigaba, porte-parole du Frodebu. Le législateur veut exclure une catégorie de citoyens burundais.

Pour cet ancien député du parti de Ndadaye, le législateur viole les instruments juridiques internationaux et nationaux qui reconnaissent la double nationalité à tout citoyen. M. Nigaba rappelle que beaucoup de Burundais ont fui le pays, suite aux crises cycliques qui ont endeuillé le Burundi. «Ils ont eu d’autres nationalités dans les pays d’asile». Cependant, poursuit-il, ils restent Burundais à part entière. «Vouloir les exclure de ces hautes fonctions, ne fait que créer des frustrations ». Et de prodiguer des conseils : «Il faut plutôt une ouverture à ces Burundais. Ils ont des expertises qui pourront servir au développement du pays »

Forum des lecteurs d'Iwacu

15 réactions
  1. Gacece

    @Gacece @SENYAMWIZA Jean-Claude @Kabingo dora

    On va jouer à un petit jeu qui s’appelle « Devinez le vrai! »! Vous êtes prêtes?

    Lui et mois avons un seul lien de parenté : « Aucun! »

    Devinez le vrai!

  2. Gacece

    Arrêtez de voir un problème dans tout et dans n’importe quoi! Chaque pays peut légiférer comme il le veut! Aux États-Unis, on ne peut pas devenir président si on n’est pas né sur le sol étatsunien!

    Ce genre de discussion, on le rencontre ailleurs :

    http://ici.radio-canada.ca/amp/332728/dion-citoyennete-francaise

  3. Jereve

    J’ajoute que notre pays s’est progressivement enfoncé dans la précarité sous des présidents « jouissant de nationalité burundaise d’origine ». Cela montre que cette qualité ne donne pas plus de mérite par rapport à celui qui a deux ou trois nationalités. Il faut plutôt favoriser ce dernier et surtout la femme, qu’elle soit de nationalité unique burundaise ou pas. Il faut tenter d’autres expériences, si non nous resterons dans notre trou à misère.

  4. Jereve

    Est-ce que les problèmes du Burundi ont été ou sont causés par les binationaux? Non et non : c’est un faux débat introduit dans le texte fondamental. Un hors-sujet qui cache mal la volonté de tailler ce texte à la mesure de certains.

    • Rurihose

      J’ai écrit la même chose que je rêve, mais j’ai été censuré????Pourtant je rêvais???

  5. SEMIGABO

    @Therance NTAHIRAJA: Le Legisalteur a voulu renforcer l’esprit patriotique

    Non, non..le legislateur a surout voulu vérouiller l’espace politique pour que ceux qui ont peur de la concurrence puissent rester seuls en place. Ce n’est pas une avancée mais un recul de plusieurs années, je pense. Combien de bi-nationaux ont-ils apporté de l’air frais à la reconstruction de notre pays surtout après les Accords d’Arusha que le aprti au pouvoior est entrain de piétiner allègrement? En réalité des miliers de personnes. Mais tout cela n’intéresse pas ceux qui gouvernent maitenant par manipulation des insitutions nationales car ils sont une peur bleue de la matiere grise. Qui s’assemblent se ressemblent.

  6. Rurihose

    Quelques questions:
    1) Ntahiraja est il un super ministre?
    Nous le voyons à toutes les sauces
    2) Le Burundi est le pays le plus corrompu au monde. Vyagizwe n’abafise double nationalité?ko muvuze ngo c est pour la promotion du patriotisme???Oh my God.
    Notre raisonnement est tombé bas.
    A ce que je sache, seul un certain ancien DG des routes est notoiremement corrompu.
    3) Tout cela c est du vent. Il y a juste quelqu’un qui veut être président à vie.
    4) Intéressant de voir Gashatsi répéter textuellement ivyo Ntahiraja yavuze. As usual????
    Ps. Savez vous ce que Jerry Rawlings a fait pour le Ghana?

  7. KABADUGARITSE

    Où allons-nous et que sera le Burundi du futur au moment où la mondialisation risque d’instituer une nationalité unique pour l’humanité entière!

  8. Ayahu Jean Pierre

    Polémiques, émotions, précipitations, confusions….telles sont, à mon avis, ce qui caractérise le débat actuel autour de l’amendement de la constitution.
    L’on raconte tout et n’importe quoi autour de ce projet; un projet qui n’avait pas lieu d’être dans le contexte actuel caractérisé par des faits, gestes et actes de nature à ne pas pas garantir la sérénité minimale pour penser à amender un texte aussi fondamental dans la vie d’une nation. Sur le fond, il y a nécessité d’amender certaines dispositions de la constitution. Sur la forme, il fallait attendre. Visiblement, les hommes et femmes au pouvoir cherche à en découdre avec l’opposition et ceux qui la soutiennent! Ce n’est pas bon et politiquement, c’est à double tranchant: on s’affirme certes, mais l’on ne garanti pas la continuité dans les faits et gestes stabilisateurs d’une république car si demain il y a changement, il y aura forcément une remise en question des décisions précédemment prises autour de ce texte..
    S’agissant de la réelle motivation à exclure une certaine catégorie de citoyens détenteurs de plusieurs nationalités, d’autres nations y recourent mais à quelques exceptions près. Aux USA par exemple, il ne suffit pas d’être de nationalité américaine mais faut-il aussi être né aux USA pour prétendre être président de ce pays. On est pas loin de ce que la constitution burundaise veut inscrire. En revanche et sans connaître ce qui a motivé le législateur américain, on peut aisément dire que le législateur burundais n’est pas loin d’être guidé par les émotions même s’il y a du fond dans ce qui est proposé. En effet, c’est parce que quelques frondeurs du parti au pouvoir se sont avéré être bi-nationaux que le législateurs a voulu frapper fort. Effectivement l’on a vu le soutien qu’ils ont bénéficié de la part de leur deuxième patrie mais est-ce suffisant pour trancher pour amender la constitution en ce sens? Il y a eu un peu de l’émotion

    • Yohane Mutama

      Bravo Ayuhu Jean Pierre. Ugiye wavuga ukuri J ai l habitude de lire les commentaires des uns et des autres mais votre commentaire d aujourd hui merite une mention speciale.

  9. Gacece

    Les Burundais de double nationalité ne doivent pas s’inquiéter outre mesure car cette constitution discriminatoire ne va pas tenir !

    • SENYAMWIZA Jean Claude

      @GACECE,
      Non, je ne vous reconnais plus si vous êtes le même Gacece avec qui j’échange souvent. Si oui, vous êtes sûrement entrain de revenir à la rasion et félicitatios pour cela car de toutes les façons où sont passés maintenant les Nyamitwe et consorts? Retenez cet adage français qui dit ceci: « Etre favori d’un prince c’est comme faire du rodéo: on a beau se montrer adroit (je dirai zélé) , un jour ou l’autre on est jeté ».

      • Znk

        SENYAMWIZA,
        Et si cela prouvait justement que Gacece a une certaine objectivité qui peut nous faire souvent défaut?

      • John

        @ Senyamwiza, je parie que sieur Gacece est un..,, »binational !! » Il n’oiblie pas la defense de ses interets quand il y a mise en cause. Voila lexplication. Eureka!!!!!!

    • kabingo dora

      @gacece
      S’agit il vraiment de Gacece ou d’un usurpateur ? Eh bien je n’en reviens pas

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