Mardi 19 mars 2024

Politique

« Personne n’est intimidé ou arrêté à cause de son appartenance politique.»

20/03/2018 1
« Personne n’est intimidé ou arrêté à cause de son appartenance politique.»
Venant Manirambona

Intimidation et arrestation des opposants, future capitale politique du Burundi, accueil de la CECAFA de moins de 17 ans, etc. Entretien avec Venant Manirambona, gouverneur de la province Gitega.

La ville de Gitega a été déclarée future capitale politique du pays. Où en êtes-vous avec les préparatifs ?

Presque tout le nécessaire est là. Nous sommes en train de multiplier des bureaux, des salles de réunion, des hôtels, etc. Nous travaillons également sur le changement de l’image de la ville de Gitega en privilégiant des maisons en étages.

C’était d’ailleurs injuste. Rappelez-vous qu’à l’époque coloniale, la capitale était à Gitega. Elle a été transférée à Bujumbura pour faciliter le pillage de nos richesses par les colonisateurs, la ville étant située près de l’Aéroport et du Lac Tanganyika.

Quid du projet de construction du palais des congrès à Nyabututsi?

Nous attendons que les travaux commencent. Ce n’est pas notre rôle, c’est le travail du Parlement.

C’est lui qui maîtrise l’état d’avancement de ce projet. Mais, nous espérons que le programme n’a pas changé. Nous les entendons souvent dire que c’est une des priorités.

Néanmoins, les occupants du site disent qu’ils ne sont pas bien informés sur la procédure d’indemnisation ?

Plusieurs réunions ont été tenues à leur intention. Mis à part ceux qui voudraient prêter une oreille attentive aux détracteurs du projet, il n’y a pas de lamentation. La population l’a bien accueilli. Ils ont seulement demandé qu’on ne les expulse pas sans indemnités. Et cette question est dans les mains des institutions du pays. Nous les rassurons que personne ne sera expulsé sans indemnisation.

En avril, Gitega va accueillir la CECAFA de moins de 17 ans. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Nous avons bien accueilli cette décision, ce genre de compétition n’étant pas habituel en province. Il y a aussi un intérêt économique. Les joueurs et les spectateurs vont occuper des hôtels, et consommer local. C’est aussi une occasion pour les visiteurs étrangers de découvrir Gitega, de se rendre compte qu’il y a la paix, le développement, etc.

Et les préparatifs ?

Ils vont bon train. La construction des vestiaires, des sanitaires… est à une étape satisfaisante. Nous pensons que les travaux se termineront dans une semaine. Tous les préalables requis sont en cours de finalisation. Nous remercions beaucoup tous les contributeurs.

Pour y arriver, certains travaux ont été suspendus. Ainsi, après la compétition, ils seront relancés pour achever la réhabilitation effective du stade dont le coût est estimé à 1.5 milliards de Fbu.
Le coût des travaux réalisés avoisine 500 millions de Fbu, hormis le don en matériel du président de la République, les travaux communautaires, etc.

Certaines personnes estiment que vous avez privilégié la réhabilitation du stade au détriment de l’Hôpital régional de Gitega qui se meurt.

(Rires). Il est impossible de faire tous les travaux en même temps. Peut-être que ceux qui formulent ces critiques se demandent comment nous avons pu le faire alors qu’ils en avaient été incapables pendant plusieurs années.

Je ne pense pas qu’il y en ait qui ne sont pas soignés ou hospitalisés parce que l’hôpital n’est pas encore réhabilité. Son moment viendra et tout se déroulera comme prévu. Au lieu de spéculer, qu’ils se joignent plutôt à nous pour déterminer les priorités et contribuer à leur exécution.

On s’approche du référendum constitutionnel. Quel est le climat politique à Gitega ?

Il n’est pas tendu. Nous remercions la population pour leur inscription massive. Mais l’enrôlement ne suffit pas. Il faut bien conserver les récépissés pour avoir la carte d’électeur. Nous les appelons également au respect de la loi.

Actuellement, c’est l’étape d’explication du projet de révision constitutionnelle par les administratifs. Il n’est pas encore temps de faire la propagande du ‘’oui’’ ou ‘’non’’.

L’opposition dénonce pourtant des intimidations, des arrestations de ses membres. Les Imbonerakure sont épinglés. Qu’en dites-vous ?

Ces gens ne veulent pas évoluer. Ils ont accusé les Imbonerakure d’avoir reçu des armes, mais c’étaient des mensonges. Donc si quelqu’un a une idée préconçue, difficile de lui faire changer d’avis. Certains meurent avec de telles idées.

A Gitega, il n’y a pas des Imbonerakure qui intimident les gens. Je n’ai jamais reçu de plaintes de ce genre. Que le fautif soit dans le parti au pouvoir ou pas, la sanction est individuelle.

Personne n’est arrêté, malmené et intimidé à cause de son appartenance politique et ethnique.
Pourquoi alors de telles accusations?

Il y en a qui se cachent derrière les partis politiques pour justifier leurs fautes. Si on attrape un bandit, un criminel, … il ne peut pas avancer qu’il est de la coalition Amizero y’Abarundi ou autre.

Cela arrive souvent.

Je me rappelle quatre bandits arrêtés avec quatre fusils qui ont dit être du FNL. Je ne sais pas si les leaders de ce parti peuvent le confirmer. Si c’est réellement des militants, ils perdent la qualité de membre. Car, un parti politique n’enseigne pas de voler et de tuer les gens. Bref, c’est juste une façon de se dédouaner.

Gitega est une des provinces comptant plusieurs sites de déplacés. Quid de leur cohabitation avec ceux qui sont restés sur les collines ?

Il y en a qui sont déjà rentrés sur leurs collines d’origine. Les déplacés vont sur les collines pour cultiver, ils y rencontrent ceux qui sont restés là. La cohabitation est pacifique.

Nous aimerions, cependant, qu’on ne parle plus de sites de déplacés. Il faut évoluer vers des villages de paix. Ainsi, on évitera qu’un tel endroit, telle colline soit mono-ethnique. Il est temps de ne plus considérer les ethnies.

Par ailleurs, la CVR permet à tout Burundais d’exprimer son passé douloureux en vue d’une réconciliation nationale.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Merci Monsieur le Gouverneur de cette information qui rassure vraiment. Meme les vendeurs de mensonges finiront par se plier devant les Burundais patriotes qui ont compris les differents complots prepares par les colonisateurs et executes par des Burundais avides du pouvoir, on citerait 1965, 1972, 1988, 1993 et 2015.

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