Mardi 19 mars 2024

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Opinion│Abus sexuels dans l’Eglise catholique, ce n’est pas qu’une histoire de Blancs !

18/03/2019 Commentaires fermés sur Opinion│Abus sexuels dans l’Eglise catholique, ce n’est pas qu’une histoire de Blancs !
Opinion│Abus sexuels dans l’Eglise catholique, ce n’est pas  qu’une histoire de Blancs !
Ouverture du sommet le 21 février 2019

Par Chris Harahagazwe*

Chris Harahagazwe

J’ai suivi de bout en bout le sommet du Vatican sur les abus sexuels contre des enfants et des femmes vulnérables. Comme les lecteurs se souviendront, j’avais adressé le 16 septembre 2018 dans Iwacu, une lettre ouverte au président de la Conférence des évêques du Burundi, Mgr Joachim Ntahondereye, l’alertant sur le fait que les crimes et atrocités commis en Afrique et au Burundi sont différents de ceux du monde occidental. Alors que l’occident est affligé par la pédophilie, l’Afrique et le Burundi sont accablés par l’abandon des enfants et mamans ainsi que la destruction des vies de sœurs utilisées et jetées comme du kleenex avec leurs bébés. J’anticipais aussi la dissimulation traditionnelle des prélats africains. Je ne croyais pas si bien dire, les évêques africains sont arrivés à Rome prétendant que cette crise est une histoire de blancs. Ces choses-là n’existent pas en Afrique. Patatras ! Le second témoignage dès l’ouverture, en présence du pape courbé comme en prière, est d’une jeune femme africaine :
« Depuis l’âge de 15 ans, j’entretenais des relations sexuelles avec un prêtre. Cela a duré treize ans. J’ai été enceinte trois fois, il m’a fait avorter trois fois. Tout simplement parce qu’il ne voulait pas de préservatif ni de méthode contraceptive. (…) J’avais peur de lui. A chaque fois que je refusais d’avoir des relations avec lui, il me frappait. Comme j’étais totalement dépendante de lui financièrement, je subissais toutes ses humiliations. »

Une semaine plus tard, le documentaire Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église, diffusé sur la chaîne Arte le mardi 5 mars laissa les téléspectateurs et tous les médias sans voix. Le film montre les témoignages de sœurs violées, prostituées et avortées. Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen en France en a perdu la parole : « Je n’imaginais pas à quel point il existe de la putréfaction au sein de notre Eglise catholique ». La présidente de la Conférence des religieux et des religieuses de France (Corref), Véronique Margron, dira hors d’elle : « Nous sommes face à des faits tellement sordides, contraires à l’humanité avant même d’être contraires à l’Évangile, qu’il faut un sursaut de conscience ! Il faut une armée de laïcs, de familles, de frères, de sœurs, de responsables d’Église, pour partir en guerre contre ce fléau ».

Les sœurs africaines se donnent aux prêtres

Je suis étonné que le monde s’étonne. La sœur médecin Maura O’Donohue avait documenté dans un rapport exhaustif les crimes et atrocités commis en Afrique et au Burundi dans les années 1990. Elle y révélait même la prostitution des sœurs africaines pendant leurs études au Vatican. Démunies, sans ressources, les sœurs africaines se donnent aux prêtres et évêques nantis pour pouvoir survivre comme l’a répété le documentaire d’Arte. Le film révèle l’horreur des avortements comme mode de contraception. Une sœur témoigne que dans sa communauté africaine d’une cinquantaine de religieuses, 32 nonnes s’étaient fait avorter des œuvres sacerdotales. Une mère supérieure livrait de jeunes sœurs aux prêtres et évêques contre rémunération financière et matérielle. Un prélat congolais se servait en chair fraîche dans le couvent diocésain. Lorsque les jeunes sœurs se sont plaintes auprès de leur supérieure, celle-ci les tança au motif que l’évêque leur avait donné une maison et que si elles refusent elles devront quitter la congrégation. Sr. Dr. Maura O’Donohue rapportait la même chose il y a 20 ans. A titre d’illustration, une mère supérieure s’était plainte auprès de son évêque que 20 sœurs de sa congrégation étaient tombées enceintes du fait de prêtres. Ce fut la mère supérieure qui fut punie pour dénonciation de l’Eglise. Le même rapport cite d’autres atrocités qui révulsent la conscience humaine. Ainsi, un prêtre rend enceinte une sœur et la fait avorter. La sœur meurt durant l’opération et c’est le prêtre qui célébra la messe des funérailles. Sans aucun scrupule moral. Une jeune musulmane se convertit au christianisme et demande d’entrer dans les ordres. Pour cela il faut une lettre de recommandation du Curé. Le Curé la viole et la jeune fille se retrouva enceinte une fois au noviciat. Elle ne pouvait plus retourner dans sa famille musulmane, elle aurait été tuée. Elle erra dans la brousse mais finit à informer l’évêque. L’évêque condamna le violeur à deux semaines de retraite. La vie de la pauvre sera à jamais détruite dans l’indifférence de l’Eglise.

Le Burundi, un pays très catholique. Le 15 août de chaque année, des dizaines de milliers de pèlerins convergent vers le site de Mugera

Comme l’a montré le documentaire d’Arte et le rapport de Sr. Dr. Maura O’Donohue, nous sommes dans une situation de perversion morale sans pareil. Un clerc peut détruire des vies de femmes et d’enfants et continuer à célébrer l’eucharistie et donner les sacrements. Des prêtres peuvent condamner l’avortement avec violence dans leurs prêches et y recourir cependant pour soi. Ils peuvent abandonner leurs enfants dans la misère sans aucune once de responsabilité morale.

C’est le pape lui-même qui a révélé dans l’avion de retour des journées mondiales de la jeunesse au Panama fin janvier 2019 que des prêtres et des évêques abusaient des sœurs et réduisaient certaines en esclaves sexuels. Un évêque indien est en prison pour viol de sœurs pendant des années. Un évêque sud-américain a fait trois enfants à trois jeunes filles pauvres venues lui demander de l’aide. Un prêtre kenyan a tenté de tuer l’adolescente qui portait son enfant dans les entrailles pour faire disparaître la preuve. La fille et l’enfant ont survécu. Un prêtre camerounais a arraché ses trois enfants à leur maman et les a confiés à son frère pour cacher la double vie. Les enfants n’auront jamais l’affection de leur mère chez l’oncle. Cette absence de toute hauteur morale laisse pantois. Un homme d’Eglise peut commettre des crimes et atrocités contre des enfants, des sœurs et jeunes femmes vulnérables sans aucun scrupule moral. En Australie, un prêtre a violé deux filles élèves, l’aînée et la cadette d’une même famille. L’une s’est suicidée, l’autre s’est jetée contre une voiture mais a survécu et est désormais dans un état végétatif. Un prêtre américain a tellement abîmé un enfant que le servant de messe n’a pas pu être réparé et est mort. Un autre clerc américain droguait les enfants avant de les violer. Des crimes sacerdotaux qui dépassent l’entendement et illustrent la déperdition diabolique de l’Eglise.

Une vocation qu’ils savent impossible

Dans cet état de putréfaction comme le décrit Mgr Lebrun cité plus haut, qu’est-ce qui peut sauver notre Eglise catholique ? Peut-elle encore être sauvée ? Le pape propose une voie christique : l’humiliation, l’expiation et la réparation. Qui réparera l’injustice faite aux enfants et mamans burundais et africains abandonnés, aux filles avortées, aux sœurs abusées, réduites en esclaves sexuels ou prostituées ? Comment peut-on amener nos clercs à vivre dans la vérité et non l’hypocrisie et la dissimulation ? Une vie de mensonge et d’hypocrisie est intenable et malsaine d’où les crimes et atrocités qui affligent l’Eglise du Christ. « La vérité vous rendra libres » proclame l’Evangile. Le paradoxe est de voir des hommes embrasser une vocation qu’ils savent impossible à vivre puisqu’aucun homme ne peut vivre sans l’affection d’une femme ou de deux ou trois ? D’après le télévangéliste américain, Pat Robinson, la sexualité d’un homme est incontrôlable, irrésistible, insatiable et animale. C’est la nature mâle créée par Dieu pour une raison qui est la sienne. Et l’Eglise catholique n’y peut rien. C’est comme ça. On ne peut pas mettre en doute les voies de Dieu qui sont impénétrables et mystérieuses. Aucune mortification, aucune ascèse, aucune sanctification ne changera rien à la nature humaine. Seuls les anges y arriveraient car les anges n’ont pas de sexe.

J’ai demandé à un prêtre ami comment un clerc qui a des femmes et des enfants peut accepter la charge épiscopale alors qu’il se sait incapable d’être chaste et de résister aux charmes d’une belle femme. Il n’a pas pu me répondre mais l’explication est uniquement l’appât du pouvoir et des honneurs. Le cardinal McCarrick ancien prélat de Washington D.C. vient, chose sans précédent dans l’histoire, d’être réduit à l’état laïc. Tout le monde savait qu’il abusait des séminaristes mais il a gravi tous les échelons jusqu’au sommet malgré l’imploration de l’archevêque de New York à Jean-Paul II lui demandant de ne pas le nommer car l’opprobre jaillirait sur toute l’Eglise. Le même appât du pouvoir opère au Burundi. Pourquoi un pasteur connu pour réduction des sœurs en esclaves sexuels a-t-il accepté la charge épiscopale alors qu’il savait pertinemment qu’il ne pouvait pas contrôler sa libido comme tout jeune homme ? La seule explication dans ce cas comme dans l’autre est l’appât du pouvoir et des honneurs. Les pasteurs avides du pouvoir et des honneurs n’ont pas l’humilité de se dire indignes de la mission de successeurs des apôtres et optent pour une double vie de clandestinité et de dissimulation.

Le Christ n’a jamais exigé cette discipline contre nature

Lorsque des hommes d’Eglise me sont tombés dessus par des attaques ad hominem pour avoir jeté de la lumière sur les bas-fonds de notre Eglise, je me suis sincèrement demandé si cette vie de mensonge et d’hypocrisie ne relève pas de la psychiatrie. Les psychanalystes devraient nous dire quel mérite il y a à condamner des hommes à vivre dans la misère et frustration sexuelles. Le Christ n’a jamais au grand jamais exigé cette discipline contre nature qui a détruit toute crédibilité en son Eglise. Le Christ aimait les femmes et appréciait leur compagnie : Marthe et sa sœur Marie de Béthanie, Marie-Madeleine, la mère des fils de Zébédée, etc. C’est lui qui a libéré les femmes de la terrible injustice des lapidations. « Qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. » C’est le Christ qui les a sauvées du divorce arbitraire. Contrairement à Saint Paul qui était misogyne : les femmes ne doivent pas parler en public (comme au Burundi) ; elles doivent se couvrir la tête comme les musulmanes, etc. Sans parler du révoltant « Femmes soyez soumise à vos maris ».

Le seul salut pour notre Eglise catholique ce sont les femmes. Les interventions les plus remarquables au sommet du Vatican sont venues des femmes. La sœur nigériane Veronica Openibo jeta le pavé dans la mare en dénonçant le fait qu’il n’y avait que 10 femmes au sommet pour 199 vieux hommes. Elle parla sans langue de bois, condamna la médiocrité, le silence et la solidarité négative des hommes qui ont conduit à cette décomposition de l’Eglise catholique. Elle commença à décrire comment elle a pleuré tout son soûl après avoir visionné le film Spotlight sur les enfants américains violés sans que personne dans l’Eglise catholique ne leur vienne en aide. Sr. Openibo proposa avec un aplomb extraordinaire devant un parterre de vieux mâles imbus de leur autorité que les évêques devraient être nommés après consultation d’un panel de laïques et de religieux.

La plus percutante fut une journaliste correspondante d’une télévision mexicaine au Vatican depuis 45 ans, Valentina Alazraki. Elle a connu et couvert tous les papes depuis Paul VI. Quel culot ! Elle n’a pas mis de gants : « L’Eglise c’est une comme une mère. Chez une mère aucun enfant n’est supérieur. Vous n’êtes pas supérieurs ni sacrés. Tout baptisé est investi du sacerdoce universel ». Même le pape n’est pas supérieur, osa-t-elle affirmer en se tournant vers le pape assis à sa droite. On n’aurait entendu une mouche voler dans cette assemblée d’excellences en calotte pourpre cardinalice ou violette épiscopale.

La brillante journaliste leur rappela que les médias jouent leur rôle de chien de garde et que les prélats ont intérêt à ne rien cacher. Elle leur donna l’exemple de son compatriote le père Martial Maciel considéré comme le diable incarné. Puissant fondateur de la grande congrégation des Légionnaires du Christ au Mexique, l’homme avait une vie triple. Il violait les séminaristes et avaient deux femmes : une en Amérique et une autre en Europe. Avec quatre enfants sur les deux continents qu’ils abusaient. Et pourtant on lui aurait donné la communion sans confession. Ses dénonciateurs ont été persécutés el leurs vies détruites. Comme pour le rapport accablant sur l’Afrique des années 1990, le pape Jean-Paul II ne fit rien et laissa le père Martial Maciel poursuivre ses œuvres diaboliques. Il faudra attendre l’arrivée de Benoît XVI pour arrêter cette imposture satanique.

Encore une fois je crois que le salut ne peut venir que des femmes. Comme au début du temps du Christ. Ce sont les seules qui sont restées auprès du Christ jusqu’au bout alors que les hommes toujours lâches avaient fui. Ce sont elles qui ont proclamé la résurrection, fondement même du christianisme. Hélas, les hommes les marginalisèrent et les écartèrent de la direction de l’Eglise. Saint Paul les abaissera affirmant que : « L’homme est fait pour la gloire de Dieu et la femme pour la gloire de l’homme » avant d’asseoir l’oppression des femmes : « Femmes soyez soumises à vos maris » comme si l’homme et la femme n’étaient pas égaux en devoir et en droit. Je n’ai jamais entendu ce verset sans que j’aie envie de sortir de l’Eglise, révolté. Seules les femmes peuvent tirer l’Eglise catholique du trou dans laquelle elle est plongée.

La femme est l’avenir de l’Eglise catholique

Comme le pape qui en a appelé au peuple de Dieu puisqu’il ne peut plus compter sur le clergé, à l’instar de ces évêques chiliens qui lui ont menti alors que le souverain pontife croyait qu’un évêque ne peut pas mentir, nous devons nous en remettre aux femmes pour sauver l’Eglise. Particulièrement en Afrique où elles constituent la grande majorité des pratiquants. Elles sont d’ores et déjà la pierre angulaire de toute la vie nationale. 90% de l’économie (production agricole et commercialisation des produits), 100% des soins de famille et 110% des soins de santé. Par ailleurs, elles vouent une affection sans pareil à la Sainte Vierge qui était une pauvre femme, opprimée et victime d’une atroce injustice comme les mères burundaises qui voient depuis 60 ans leurs enfants arrêtés, torturés, mutilés et mis à mort comme le Christ son fils.

C’est le poète Aragon qui disait que « la femme est l’avenir de l’homme ». Je pense sincèrement que la femme est l’avenir de l’Eglise catholique. Sans l’élévation de la femme à la direction de l’Eglise catholique, celle-ci ne pourra pas être sauvée. Un diplomatique canadien retraité que j’ai dernièrement rencontré dans un hôtel à Kampala me disait que l’Eglise catholique va crouler sous les procès en masse qui vont la submerger. Pour lui, l’Eglise va être ruinée financièrement et moralement. Déjà, le N°3 du Vatican, le cardinal Pell vient d’être condamné en Australie à six ans de prison pour un crime contre des enfants impossible à imaginer. Le pape qui prône l’humiliation et l’expiation est servi. Nous sommes devant un cas d’œuvres du diable comme le mexicain Martial Maciel. Si le cardinal Pell a réellement commis sur des enfants les abominations pour lesquelles, il vient d’être condamné, les autorités civiles devraient interdire l’institution ecclésiale. Le primat des Gaules, le cardinal Barbarin quant à lui a écopé d’une peine pour non-dénonciation d’un prêtre violeur d’enfants. L’humiliation, l’expiation que conseillait le pape se mettent en route. Il reste la réparation et c’est là que le diplomate canadien prévoit la ruine financière totale de l’Eglise catholique.

Les enfants et mamans africains abandonnés vont eux aussi exiger compensation. Les sœurs utilisées et jetées avec bébés dans la misère demanderont réparation. Une étudiante congolaise née d’un viol d’une sœur a d’ores et déjà intenté un procès. Dans mes moments perdus, je me demande souvent quelle compensation viendrait réparer la misère de cette adolescente qui a grandi dans un orphelinat mal famé car sa mère élève, démunie et orpheline, a été traumatisée par la naissance et l’a rejetée. Le géniteur quant à lui n’a cure de la destruction de deux vies innocentes et poursuit sa belle carrière ecclésiale donnant les saints sacrements et pardonnant avec fierté les péchés du monde.

Les deux filles abandonnées par le premier curé noir de ma paroisse, sans éducation ni famille, peuvent-elles être indemnisées pour leur misérable vie? Le père biologique, jeune clerc charismatique et si populaire sera privé de ministère du fait de sa prédation notoire et mourra jeune dans l’amertume infini d’avoir embrassé le sacerdoce pour lequel il n’était pas manifestement pas fait. Ironie du sort et hypocrisie suprême, son patron qui l’a puni vivait exactement la même chose et avait femmes et enfants tout en étant incapable de résister au charme d’une belle créature. Quelle réparation auront les enfants abandonnés d’un grand prêtre, héros de la jeunesse catholique burundaise, alors qu’ils luttent en justice pour avoir droit à la propriété du clan paternel. Quelles indemnisations auront les familles des filles mortes en cours d’avortement ?

Une paysanne blanche aux pieds nus fruit d’un missionnaire

Qui pourra compenser les nonnes séduites par les prédateurs, engrossées et chassées sans aucune compassion, aucun secours de la part d’une institution qui prétend prêcher l’Evangile de la miséricorde. Les sœurs victimes innocentes du pouvoir des mâles se retrouvent rapidement réduites à la misère et clochardisées. Qui pourra jamais compenser cette paysanne blanche aux pieds nus de chez moi, abandonnée par son missionnaire de père qui l’avait engendrée sur la femme du cuisinier paroissial ? La liste des crimes et atrocités de l’Eglise d’Afrique et du Burundi est sans limite. Une boîte de pandore a été ouverte me disait le Canadien rencontré à Kampala et plus rien ne pourra arrêter la machine infernale. Pour le diplomate, les crimes contre des enfants sont des crimes internationaux qui seront immanquablement poursuivis avec en prime la ruine financière de l’Eglise catholique.

Evêques catholiques du Burundi

J’écris pour aider le pape

« Je suis catholique et je mourrai catholique » professait Johnny Halliday. Quant à moi, je suis catholique et mourrai reconnaissant pour les bienfaits gratuits que toute ma famille et moi-même devons à l’Eglise catholique qui nous a donné une éducation d’élite et la survie physique. C’est pour cela que les crimes et atrocités commis par les clercs au Burundi, en Afrique et dans le monde me révoltent plus que tout. J’écris pour aider le pape qui en a appelé au peuple de Dieu car il ne peut plus compter sur le clergé. Par ailleurs, il y a une forte demande au pays. Chaque fois que j’ai écrit sur la crise catholique, mes articles ont fait le tour du Burundi. Et des prêtres m’ont demandé de continuer à écrire car ils ne supportent pas comme moi cette vie entière de mensonges et d’hypocrisie. La vie de mensonges et d’hypocrisie n’est plus tenable. Elle est même antinomique avec l’évangile de vérité. La vérité vous rendra libres avait sommé le pape Benoît XVI à l’Eglise en Irlande qui vivait dans la dissimulation au point qu’un prêtre a violé 100 enfants car il était transféré d’une paroisse à l’autre.

A la suite de ma lettre ouverte, des amis et éminents intellectuels m’ont informé qu’un ancien missionnaire au Burundi, aujourd’hui défroqué, le père Jacques Claessens, avait publié un livre-biographie (Chemins de transhumance, 2008) où il racontait qu’un confrère blanc abusait des enfants burundais et était lui aussi transféré d’une paroisse à l’autre. Il affirmait que lui, Claessens, se régalait des beautés tutsies uniquement.

Je termine par là où j’ai commencé, l’Eglise catholique peut-elle encore être sauvée ? La réponse est oui mais elle ne pourra être sauvée que par les femmes. Un article du magazine catholique français, La Vie, vient d’observer que la question de célibat et de l’impossible chasteté ne peut plus être éludée. Pour l’organe de presse, c’est cette discipline contre nature qui provoque tous ces crimes et atrocités. Après cette crise, la plus terrible depuis la réforme protestante il y a 500 ans, née elle aussi, comme aujourd’hui, de la corruption morale au sein de l’Eglise catholique, il faudra tout faire pour amener les hommes d’Eglise à vivre dans la vérité et l’épanouissement. C’est la misère et les frustrations sexuelles, le mensonge et l’hypocrisie qui génèrent les abominations actuelles. Comme l’a affirmé le jésuite allemand, Hans Zollner, responsable de la protection des mineurs et un des organisateurs du sommet, il faut changer : « l’institution, l’organisation de l’Église, qui a permis pendant des décennies, sinon des centaines d’années, cette prolifération du mal et cette dissimulation du mal ».

*Chrysostome (Chris) Harahagazwe
Traducteur Freelance Anglais-Français
Membre fondateur de la Ligue Iteka
Auteur de nombreux articles sur la vie politique et sociale du Burundi

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