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Politique

Nyanza lac: Des jeunes se regardent en chien de vaillance

30/12/2018 Commentaires fermés sur Nyanza lac: Des jeunes se regardent en chien de vaillance
Nyanza lac: Des jeunes se regardent en chien de vaillance
Vue du chef-lieu de la commune Nyanza-lac.

Un mois après l’arrestation de 7 personnes, dont 3 jeunes d’Amizero y’Abarundi sur les collines de Mugerama et Rangi et le vol du drapeau du parti Sahwanya Frodebu, il s’observe un climat de méfiance entre jeunes affiliés aux partis politiques.

Des informations recueillies sur la colline de Mugerama, en commune de Nyanza-lac et confirmées par des activistes des droits de l’Homme indiquent que trois personnes ont été arrêtées par la police sur cette colline, vendredi 30 novembre.

Egide Bucumi, James Ciza et Lazare Rumambo alias Judas de la coalition Amizero y’Abarundi ont été arrêtés sur cette colline. Trois tenues militaires neuves ont été saisies chez Lazare Rumambo par la police.

Sa famille parle d’un montage fait de toutes pièces contre cet ex-combattant des Forces nationales de libération (FNL), aujourd’hui démobilisé.

Toutes ces personnes sont aujourd’hui détenues au cachot au chef-lieu de la province Makamba où leurs dossiers sont en train d’être instruits par le parquet. Selon ce dernier, elles sont poursuivies pour atteintes à la sureté intérieure de l’Etat.

Le 22 novembre dernier, quatre personnes, deux membres du parti d’Agathon Rwasa et deux autres du Front pour la libération nationale pro Joseph Karumba, aujourd’hui en exil, ont été arrêtées par la police sur la colline Rangi, zone Muyange, en commune Nyanza-lac. Toutes ces personnes sont poursuivies pour collaboration avec des groupes des malfaiteurs, selon des sources policières.

Félix Ndirikirirenza, représentant du parti Sahwanya-Frodebu en province de Makamba, indique qu’il y a trois jours leur drapeau se trouvant au chef lieu de la commune Nyanza-lac a été volé par des Imbonerakure. Ce drapeau vient d’être remis au parti Sahwanya- Frodebu grâce à l’implication du chef de zone Nyanza-lac. Mais les auteurs de ce vol ne sont pas poursuivis, regrette le responsable de ce parti dans la province de Makamba.

Dans la zone Kabonga, certains jeunes qui avaient fui la crise de 2015 et qui se sont rapatriés, indiquent être pointés du doigt par des Imbonerakure. Il leur est fait grief d’être proches des partis de l’opposition qui ont organisé des manifestations en mairie de Bujumbura.

A.N., de la colline de Nyabigina dans cette zone, indique s’être rapatrié il y a 3 mois du camp de Nyarugusu en Tanzanie après avoir fui la crise de 2015. A son arrivée, les jeunes du parti au pouvoir le suspectent de faire partie d’un groupe de malfaiteurs. « Ils suivent tous mes déplacements, mes activités. Ils se croient plus patriotes que les autres. Cela ne rassure pas et ne favorise pas le rapatriement d’autres jeunes réfugiés ». Et de demander qu’il y ait un cadre de dialogue afin que le climat de confiance mutuelle soit rétabli.

Des réunions d’échanges s’avèrent urgentes

Joseph Ndayishimiye : « L’exclusion à base politique pour accéder à l’emploi est une réalité. »

B.N., un jeune du parti au pouvoir, assure qu’ils ont des informations faisant état de recrutements des malfaiteurs dans les camps de réfugiés des Burundais en Tanzanie. Pour des raisons de sécurité, souligne-t-il, il est normal de suivre de près le comportement des jeunes rapatriés, surtout ceux qui sont dans les partis de l’opposition.

Dans la zone de Mukungu, les jeunes des partis de l’opposition indiquent s’être résignés face au comportement des responsables des jeunes du parti au pouvoir qui ne tolèrent aucune activité des partis de l’opposition.

M.B, un jeune membre d’un parti de l’opposition dans la zone Mukungu, a peur de s’exprimer publiquement par crainte de représailles. Il soutient que les Imbonerakure procèdent à des arrestations, font des patrouilles nocturnes et des fouilles-perquisitions et passent à tabac des gens soupçonnés de commettre des infractions.

Il regrette que le chef de zone Mukungu appuie et même encourage les bavures de certains jeunes. « Ils ne sont pas poursuivis pour les torts et bavures qu’ils commettent ».

Un autre jeune d’un parti de l’opposition dénonce le non recrutement des jeunes de l’opposition en cas d’opportunités de travail dans leur commune. « Ce sont uniquement les jeunes du parti au pouvoir qui sont recrutés, ce qui est frustrant et regrettable ». Ce jeune réclame un débat autour de la problématique de l’accès à l’emploi.

Jean-Marie Nduwimana, administrateur de la commune Nyanza-lac, n’a pas voulu réagir sur l’état de cohabitation des jeunes affiliés aux partis politiques dans sa commune. Il nous a renvoyés au gouverneur de la province de Makamba. Il indique avoir reçu des instructions du ministère leur recommandant de laisser les gouverneurs de province s’exprimer sur des thématiques en rapport avec la politique, la sécurité, l’économie etc.

Il signale que les différents responsables des partis politiques convoitent cette commune. Celle-ci compte plus de la moitié de l’électorat de toute la province de Makamba.

Certains activistes des droits de l’Homme, rencontrés dans cette commune, indiquent que des réunions d’échanges entre autorités administratives, responsables des partis politiques, police, justice, confessions religieuses et organisations de la société civile s’avèrent urgentes pour assainir la situation.

Pour B.E., le climat d’intolérance politique qui s’observe au niveau de certaines collines de la commune est dû surtout au manque d’un dialogue permanent entre différents acteurs clés dans le processus électoral.
Les responsables des confessions religieuses demandent aux responsables des partis politiques de ne pas politiser la problématique foncière. « Cela serait toucher une corde sensible qui peut remettre en cause la cohabitation pacifique et la réconciliation ».

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