Mardi 19 mars 2024

Politique

«Nkurunziza comprendra que nul n’est éternel dans ce pays.»

«Nkurunziza comprendra que nul n’est éternel dans ce pays.»

Les forces de l’ordre et de sécurité ont fouillé, lundi 12 mars, le domicile du vice-président du parti Sahwanya Frodebu. Léonce Ngendakumana s’exprime et répond aux autres questions de l’heure.

Votre domicile a fait objet d’une fouille-perquisition. Que s’est-il passé concrètement ?

C’était la quatrième fois qu’ils viennent chez moi. Certainement sur mauvaise foi des politiciens qui les mandatent pour harceler les opposants. C’était très tôt le matin. Ils ont exigé qu’on ouvre toutes les portes. Ils n’ont rien trouvé et sont repartis.

C’était sur quel ordre ?

Paradoxalement, on me disait que c’était un ordre du maire de la ville et que c’était dans toutes les zones. Mais en écoutant le porte-parole de la police, l’opération visait les familles des politiciens.

Il a cité les noms de Jean De Dieu Mutabazi et Adrien Sibomana. Quand je me suis renseigné, j’ai appris qu’ils sont passés dans une seule famille et ont demandé seulement le cahier de ménage. Une chose inhabituelle dans notre zone.

Quelle est votre interprétation ?

Nous considérons que cela s’inscrit dans le cadre de l’intimidation non pas seulement pour le prochain référendum, mais aussi pour la suite. Ils ne veulent pas que les opposants continuent à s’organiser, à s’exprimer encore moins à être actifs. Ils veulent nous réduire au silence. Mais ils ne le pourront pas.

Je leur ai dit depuis longtemps que mon arme est ma conviction, l’idéologie politique, le programme du parti et la vision du parti. Chercher des armes chez moi, c’est perdre du temps. Même quand ils reviendront l’année prochaine, ils ne trouveront pas d’armes à feu chez moi.

Selon vous, pourquoi ont-ils seulement ciblés votre domicile ?

Tous les policiers et militaires ne sont pas entrés. A peu près une cinquantaine est restée dehors. Seuls sept ou huit sont entrés dans ma maison.

On leur aurait dit que les armes pour déstabiliser le processus référendaire seraient cachées chez moi.
Même si j’avais des armes, je ne les conserverais pas ici, je sais qu’à tout moment, à tout instant, ils peuvent venir non seulement pour fouiller mais aussi pour m’arrêter. Donc je ne peux pas m’amuser, je ne suis pas un enfant. Je sais que même aux alentours, il y a des gens qui me surveillent.

Apparemment le parti Frodebu n’a pas participé dans la réunion instituant ce qu’on appelle « Forum citoyen ». Est-ce vrai ? Et pourquoi ?

Il faut noter que ce forum citoyen n’est pas là pour contrer le référendum constitutionnel, mais ce dernier fait partie de ses cibles. C’est un cadre pour renforcer l’opposition. Il est dans sa phase préparatoire. Ainsi ce n’est pas tout le monde qui répond.

On est en train de préparer une note conceptuelle, sa mission, ses principaux objectifs, etc. Des opposants, des hommes de la société civile, de la diaspora, … se sont rencontrés pour réfléchir et un comité de coordination et de concertation a été mis en place.

Le Frodebu n’était pas dans ce comité, mais, il est parmi les pionniers de cette idée parce qu’il est convaincu que l’union fait la force.

Il est également convaincu que sans une organisation extra-Cnared, cela sera très difficile de faire bouger le système actuel. Un système qui, malheureusement, n’est pas politique et repose sur la logique ethnique et militaire. Un pouvoir qui s’oriente vers l’abnégation de l’Accord d’Arusha et la Constitution.

Mais le pouvoir continue son processus référendaire ?

Nous ne sommes pas très pressés. En Afrique, des dictatures ont existé et existeront encore. Nous y sommes préparés psychologiquement. Il y en qui s’étaient déclarés président à vie, mais ils ont quitté le pouvoir. Mugabe, Zuma… tout le monde est parti. Et le Burundi ne fera pas exception. Je suis optimiste et conscient que Nkurunziza comprendra que nul n’est éternel dans ce pays.

La Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi dénonce des « actes d’intimidation ». Votre commentaire.

L’ONU a sorti récemment deux rapports sur le respect des droits fondamentaux et des libertés publiques au Burundi. Ils ont enquêté et ont constaté qu’il y a même des organisations paramilitaires.

Quand il y a un refus du dialogue, des assassinats ciblés, des exécutions extrajudiciaires, des tortures, d’enlèvements et disparitions… que voulez-vous qu’on dise ? Rien d’étonnant que cette commission confirme cela.

Est-ce que réellement ces crimes existent ?

Bien sûr. Il y a même des journalistes qui en sont victimes. Donnons l’exemple de Jean Bigirimana, un journaliste d’Iwacu porté disparu, il y a plus d’une année. Il n’y a pas un Burundais qui l’ignore.

Par des enquêtes préliminaires, la CPI a constaté qu’il y a des preuves évidentes des crimes contre l’humanité.

Comment évaluez-vous l’implication des chefs d’Etat dans la résolution de la crise burundaise?

Il y a certains chefs d’Etats qui ont les mêmes difficultés que nous. Par exemple, le médiateur a lui aussi des problèmes de mandat, de révision constitutionnelle.

Mais, tous ces chefs d’Etat s’accordent à dire que le cas du Burundi est unique. Car nous avons tous les outils négociés pour stabiliser le pays, à savoir l’Accord d’Arusha et la Constitution.

Si on n’aide pas le Burundi à ne pas se constituer en zone de tension dans la région, eux aussi vont souffrir.

Forum des lecteurs d'Iwacu

12 réactions
  1. Kimeneke

    Nibamureka leonce niwe mboneza yahanganye na Bikomagu abo ba dd ntanumwe nigeze numva baribameze nkigifyera devant un obstacle

  2. Kayo

    Le nord n’a pas de leçons pour le peuple burundais

    • John

      @kayo, le Nord vous hante,absolument

      • Banza

        @John
        « Hanter » dans le sens de « dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es? »

  3. Rurihose

    Nais si vous voulez copier au Nord, mubona ataco mwohasuma coteza imbere i Burundi?
    Il n y a de démocratie, oui.
    Mais il y a quelque bonnes choses à y copiet.
    Si tu es assis avec un élève très doué en Maths mais bête en religion, copiez les maths hama wikorere religion.
    Elementaire mon cher Jeremy (Watson)

  4. Rurihose

    Nais si vous voulez copier au Nord, mubona ataco mwohasuma coteza imbere i Burundi?
    Il n y a de démocratie, oui.
    Mais il y a quelque bonnes choses à y copiet.
    Si tu es assis avec un élève trèsElementaire doué en Maths mais bête en religion, copiez les maths hama wikorere religion.
    Elementaire mon cher Jeremy (Watson)

  5. Jereve

    Et vous voulez que ceux qui ont fui le pays rentrent, alors que vous harcelez ceux – et non des moindres – qui ont décidé de rester au pays malgré tout.

  6. KABADUGARITSE

    Je salue le courage et la lucidité du Vice-Président Ngendakumana.-

  7. Uyo Mushingantahe ararinda kweli ndamwemeye. Mu Burundi Democratie yarateye imbere kabisa nagende abivugire aho hakurya muri Nord niyarara amarembe nzoca menya ko nabone bateye imbere muri Democratie.

    • mutama

      Aho hakurya muri Nord ntibaravuga ko bari ´ »eternel ». Kandi ntabiziga bata mu mazi, ntabakenyezi bicwa urwagashinyaguro

      • ndayishimiye deo

        sha mutama ngira nuko uhakunda sinon nta gihumuriza kibayo kuri opposition urabaza opposition iyo niyo ibizi; nta paradis muzoronka mwisi

  8. mutama

    J’admire votre courage. L’un des rares burundais qui tient à leur convictions.

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