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Ngagara : un conseil communal scandalisé, quand l’admicom parle de propreté

20/06/2013 Commentaires fermés sur Ngagara : un conseil communal scandalisé, quand l’admicom parle de propreté

« Tout ça pour la propreté, et rien que la propreté » : de toutes les accusations de corruption et de mauvaise gestion portée contre l’administrateur de Ngagara, ce dernier préfère parler écologie, propreté …

Désiré Gahungu, administrateur communal de Ngagara ©Iwacu
Désiré Gahungu, administrateur communal de Ngagara ©Iwacu

« Dès ma prise de fonction, j’ai été confronté à un problème de saleté dans la commune, surtout à côté du marché. Une situation souvent décriée même dans les médias », indique-t-il. La construction des kiosques et containers autour du marché de Ngagaraa été une solution à ce problème, répond-il à ses détracteurs.
Il explique même le processus qui l’a mené à cette décision : la mairie n’assurant plus la collecte des immondices, elle a fait savoir que la commune de Ngagara devait adopter la politique du pollueur-payeur. C’est à dire qu’aux habitants revenait la gestion de leurs ordures, en se regroupant en associations pour les enlever. Mais, selon M. Gahungu, « la population de Ngagara ne l’a pas entendu de cette oreille et, pour manifester son refus et mettre l’Etat devant ses responsabilités, elle a déposé les ordures dans des places publiques. » L’administrateur pensa alors à responsabiliser un particulier, mais se heurta au manque de fonds par la commune pour le payer.

Puis vint l’idée des kiosques : « En responsabilisant leurs propriétaires sur la propreté des lieux, sous couvert de la commune, mais après avoir demandé la permission à la Mairie », explique-t-il. Pour tenter cette solution, les espaces sont d’abord distribués à certains membres du conseil communal de Ngagara. «  Mais, faute de pouvoir les exploiter, ils les ont vendus. Moi je n’ai reçu aucun sou», se défend l’administrateur de Ngagara. Face à ceux qui continuent à entasser des immondices sur les places inoccupées, il décide de distribuer celles-ci à ceux qui y érigeront des constructions métalliques, « pour éviter un incendie. Depuis lors, au niveau de la gouvernance, je suis en paix », assure M. Gahungu.
Et il est content, l’administrateur communal : « Les propriétaires ont des revenus pour faire vivre leurs familles, la mairie augmente ses recettes fiscales, et surtout la façade nord du marché commence à être propre », énumère-t-il.

A propos de la mésentente entre lui et le conseil communal, « c’était couru d’avance depuis ma prise de fonction. J’ai été plus imposé qu’élu à la tête de cette commune, après 7 mois de tractations. Dès le début, je n’étais pas le bienvenu pour certains de mes collaborateurs », précise-t-il. Dès lors, ajoute M. Gahungu, les réunions avec le conseil communal ont rarement été consensuels : « C’est normal, il est composé de 5 membres venant du MSD, 4 de l’Uprona, 4 du Cndd-Fdd, 1 du FNL et 1 de l’UPD. »

 

Le président du Conseil communal de Ngagara ©Iwacu
Le président du Conseil communal de Ngagara ©Iwacu

Un conseil communal scandalisé, ahuri, dépassé …

Les membres du Conseil communal fulminent : « Le mensonge est une des armes favorites de l’administrateur. Le problème concerne, à l’origine, la construction dans un espace vert. Seule la mairie en donne l’autorisation. Mais l’administrateur communal ne s’y est jamais référé », indique Vital Gatabazi, président du conseil communal de Ngagara. Et en ce qui concerne le marché de la commune, « nous n’avons jamais été consultés avant. Impossible donc que l’administrateur communal ait octroyé des places à certains parmi nous ! »
Et le griefs contre Désiré Gahungu ne s’arrêtent pas là : « Il n’a jamais répondu à aux demandes d’explication du conseil communal, puisqu’il ne répond jamais à aucune réunion organisée par le conseil d’administration. À son président, M. Gahungu lui a dit qu’il n’a aucun droit de lui demander des comptes. La seule solution qui restait était d’aviser le maire de la ville et les médias sur cette question, mais il n’a jamais été question de le destituer. »

Pourtant, continue M. Gatabazi, cela n’a pas empêché que le maire de la ville écrive aujourd’hui des lettres pour interdire les réunions du conseil, pourtant permises par la loi : « D’où est-ce que le maire tire ces prérogatives ? », se demande-t-il, même s’il reste confiant. « La question de Ngagara est connue et nous attendons que les autorités de tutelle prennent les décisions adéquates », temporise-t-il.
Quant au dépotoir d’immondices déplacé sur la façade sud du marché, l’administrateur communal rappelle que dans un programme initié par le 2ème vice-président de la République, il est désormais prévu des bacs pour plusieurs marchés des communes au nord de la capitale. Mais, en attendant ces bacs, le maire lui a appris l’existence d’un contrat passé avec les Services techniques municipaux (Setemu) pour enlever les immondices des marchés toutes les deux semaines.

Le rôle du maire de la ville

Après la mesure de démolition imposée par le Cabinet civile de la présidence, Désiré Gahungu explique « avoir organisé des réunions avec les commerçants du marché et une partie de la population pour leur signifier que les kiosques devaient être détruits. » Les commerçants, « endettés dans l’achat des kiosques et containers, ainsi qu’une partie de la population heureuse de la propreté autour du marché se sont montrés réticents. J’ai écrit au maire de la ville, avec copie au ministre de l’Intérieur, pour faire part de leurs doléances. » Doléances comprises par le ministre de l’Intérieur … Et c’est « en comprenant la situation conflictuelle avec mon Conseil communal que le maire de la ville a interdit plusieurs réunions où il était question officiellement de m’auditionner, mais en réalité dans l’intention de me destituer », se défend l’administrateur.

Contacté sur le sujet, le maire de Bujumbura a appelé à la patience : « Attendez la semaine prochaine, vous verrez que cette affaire évoluera positivement. »

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