Mardi 19 mars 2024

Société

Mwaro : la foudre sème la désolation

Deux semaines après les faits, les élèves de l’Ecole Normale Arthur Chirson de Kibimba sont encore sous le choc. La foudre a frappé 14 d’entre eux et certaines victimes sont dans un état de paralysie.

Les vitres brisées par la foudre

Alités à l’hôpital Kibimba, des victimes de la foudre vivent un vrai cauchemar. « Qu’est-ce qui se passe. Ça revient. C’est quoi ce bruit », lâche, dans un sursaut, un des élèves après avoir entendu un bruit venu de l’extérieur. « Vaut mieux mourir que revivre ce que j’ai vécu ce jour-là. » Il lui est très difficile de se tenir debout. « Je sens des douleurs dans le dos, et au niveau des reins.» Et son garde-malade de glisser qu’il a repris conscience après une injection de treize sérums.

Dans la même chambrette, l’état de Fiston Bukuru, une autre victime, est très critique. Il ne parvient pas à prononcer un seul mot. Il utilise uniquement des gestes pour communiquer. « Aujourd’hui, il va mieux que lorsqu’il est arrivé mardi dans un état comateux. Il ne bougeait plus », témoigne son camarade de classe, rencontré sur place. Il précise que cela s’est passé, mardi 7 novembre, vers 15h.

A l’école, la peur se lit également sur les visages. « Nous avons tellement peur. Quand il y a la pluie, nous pensons que la foudre va s’abattre encore une fois sur nous. Nous sommes encore sous le choc », confie Dorine Mugisha, doyenne à l’ENAC Kibimba. Lors de cet incident, elle signale que la plupart des élèves étaient encore au réfectoire. « Nous sommes tous tombés parterre. Nous pensions que le toit du réfectoire allait s’effondrer sur nous.»

Vénuste, une des victimes partiellement rétablies abonde dans le même sens : « C’est vraiment traumatisant. Je n’ai vu que des éclairs, et je me suis senti insensible. C’est quelques heures après, sur le lit de l’hôpital, que j’ai repris conscience.» Cet élève de Science I dit qu’en cas de pluie, les mêmes scènes lui reviennent en tête. Un brin optimiste, il déclare : « Je me sens un peu rassuré parce qu’on dit qu’on ne peut pas être frappé deux fois par la foudre.»

« Un paratonnerre ne fait qu’atténuer les dégâts »

A l’ENAC Kibimba, trois paratonnerres sont installés. Et c’est dans la partie sud du Lycée que les dégâts ont été enregistrés. Un paratonnerre y est bel et bien établi. On y observe pourtant des vitres cassées, des câbles et fils électriques coupés, des herbes calcinés, des pierres déplacées, certains arbres sont abattus, d’autres portent des traces de flamme.

Sigisbert Bavumiragiye, directeur d’internat, n’en revient toujours pas de ce qui s’est passé, ce jour-là : « Les traces s’étendent sur environ 100 mètres. Même les tuyaux d’eau enfuis dans le sol ont été endommagés.» N’eût-été la présence de ces paratonnerres, affirme-t-il, les dégâts auraient été énormes. Il soutient que le paratonnerre ne fait qu’atténuer les dégâts occasionnés par la foudre. « Après leur évacuation vers l’hôpital, huit ont été vite soignés et sont rentrés la même journée tandis que six ont été hospitalisés.» Et de rassurer que du côté pédagogique, la situation est redevenue vite normale.

Cette autorité affirme qu’après une telle tragédie, la peur ne peut pas manquer : « En cas de pluie, la peur s’installe et certains enfants semblent traumatisés.»

De son côté, Thaddée Nizirazana, directeur de l’ENAC Kibimba, ajoute que quatre ordinateurs non branchés ont été également endommagés. Face à cette peur, le directeur indique que, dans un proche avenir, quatre autres paratonnerres seront installés. Une unité est achetée à 300.000Fbu avec la contribution des parents.

Kibimba n’est pas un cas unique

Vénuste, une des victimes partiellement rétablies.

Ce phénomène s’observe également au Lycée communal Mpanuka, en commune Ndava de la province Mwaro où 19 élèves ont été foudroyés, le 19 octobre dernier. Les victimes ont été évacuées vers l’hôpital de Kibimba. Un mois après, trois élèves sont dans l’incapacité de suivre les cours. C’est le cas de Freddiane Nkeshiyandemye, élève en 1ère Post-fondamentale, native de la colline Ngoro. « Elle ne parvient pas à se tenir debout », témoigne sa mère.

Les larmes aux yeux, elle ajoute que sa fille parle difficilement et regrette le temps où sa fille était pleine de vitalité : « On dirait un bébé qui balbutie en apprenant à parler et ses quelques mots ne sont pas bien coordonnés.» Sa mère, la cinquantaine, ne cache pas son pessimisme: « Ma fille n’a plus d’avenir. Je pensais qu’après l’école, elle pourrait m’aider et voilà.»

Joint par téléphone, Omer Barandagiye, directeur provincial de l’enseignement à Mwaro, affirme que, dans cette province, la foudre cause beaucoup de dégâts. Et de rappeler qu’en septembre 2014, quatre écoliers et un enseignant ont été tués par la foudre à l’Ecole primaire de Rorero, en commune Bisoro. Et deux ans avant, poursuit-il, cinq élèves ont été tués et 32 blessés par la foudre sur la même colline. Après ces différentes tragédies, M. Barandagiye indique qu’il a été décidé que chaque établissement scolaire soit doté d’au moins un paratonnerre.

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1 réaction
  1. CLAUDIO

    Birababaje.

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