Jeudi 28 mars 2024

Société

Mais pourquoi ne crée-t-on pas d’industries au Burundi ?

Quand les voix s’accordent pour dire que la route du développement passe par l’industrialisation, au Burundi, les obstacles sur cette voie restent innombrables. Entre autres, l’absence de vision et de politique claires dans l’investissement industriel.

De gauche à droite Marie Müque Kigoma, Mathias Sinamenye, Elyse Ngabire (journaliste) et Pierre Claver Nduwumwami ©Iwacu
De gauche à droite Marie Nick Kigoma, Mathias Sinamenye, Elyse Ngabire (journaliste) et Pierre Claver Nduwumwami ©Iwacu

Mathias Sinamenye, expert économiste, Marie Müque Kigoma et Pierre Claver Nduwumwami, entrepreneurs, proposent des voies de sortie.
Une culture industrielle presqu’inexistante, l’absence d’une politique en matière d’industrialisation, l’insuffisance des matières premières, le faible pouvoir d’achat des Burundais, l’accès difficile aux crédits, absence des ressources humaines qualifiées, l’absence des marchés d’écoulement, etc. Tels sont les nombreux freins au développement du secteur industriel au Burundi.

Peu importe l’ouverture burundaise à l’industrialisation, convergent nos trois invités. « Ce n’est pas parce que l’industrialisation n’est pas encrée dans notre tradition qu’on ne peut pas créer aujourd’hui nos propres usines et entrer en compétition avec les autres pays », déclare Mathias Sinamenye, ancien vice-président de la République et gouverneur de la Banque de la République du Burundi (BRB). Il n’y a aucun rapport, insiste-t-il, parce que l’on voit des pays émergents mais qui sont partis de rien.
Dans le domaine agricole par exemple, Marie Müque Kigoma, patronne de l’usine Fruito depuis 20 ans, révèle que le Burundi dispose de grands atouts pour développer les usines de transformation : la richesse de son sol et l’abondance en eau.

Quand le long terme n’arrange pas

Cependant, elle constate que peu de gens s’intéressent de moins en moins à la création des industries. Elle tente d’expliquer : « Si les Burundais hésitent aujourd’hui à embrasser le secteur industriel, c’est parce que dans les premières années, il ne rapporte pas. Il faut attendre au moins dix ans pour enregistrer les bénéfices. »
Mme Kigoma signale que c’est pourquoi des gens se retournent de plus en plus vers le commerce des produits pétroliers, alimentaires, vestimentaires, etc. : « Des stations-services, bars-restaurants, alimentations, magasins d’habillement poussent comme des champignons à Bujumbura comme ailleurs à l’intérieur du pays. »

Même son de cloche chez Pierre Claver Nduwumwami, directeur du BBIN, qui indique que l’investissement pour le long terme n’est pas dans la mentalité de la plupart des Burundais.
Quant à Mathias Sinamenye, ancien gouverneur de la Banque de la République du Burundi (BRB), il reconnaît que la création d’une industrie ou d’une usine de transformation, nécessite beaucoup de moyens et de connaissances. Un entrepreneur potentiel, explique-t-il,  doit d’abord réfléchir sur son projet : « Il doit s’assurer que les matières premières seront disponibles sur place ou qu’elles seront importées, que le marché d’écoulement est garanti, etc. » En outre, M. Sinamenye estime que l’entrepreneur doit veiller à la loi régissant son domaine d’intervention : « Il ne faut pas qu’elles constituent un obstacle au bon fonctionnement de l’industrie. »
En dernier lieu, l’ancien gouverneur de la BRB constate que de surcroît, le pays a besoin d’une main d’œuvre qualifiée.

Les quelques bouteilles sorties de la Verrundi avant sa fermeture ©Iwacu
Les quelques bouteilles sorties de la Verrundi avant sa fermeture ©Iwacu

Savoir toujours tirer profit

« Nous sommes un pays qui importe beaucoup de produits mais qui en exporte peu », constate amèrement M. Sinamenye. Pourtant, explique-t-il, en créant une entreprise d’industrie, et l’Etat, et le propriétaire, et les particuliers, tout ce monde en tire profit : « Elle est créatrice d’emplois, les caisses de l’Etat sont bien portantes grâce aux impôts et taxes, l’agriculture et l’élevage cessent d’être la seule source de revenus pour la population, etc. »
Alors qu’une certaine opinion s’inscrit en faux contre l’exportation des produits de première nécessité comme le sucre chez notre voisin le Rwanda, M. Nduwumwami est catégorique : « C’est une illusion. Le Burundi doit pouvoir trouver impérativement des produits soit le poisson, le sucre, la bière, le savon, etc. pour exporter ailleurs au Rwanda, au Congo, en Tanzanie, au Kenya, etc. »

Selon des spécialistes, lâche-t-il, si d’ici 2025, le Burundi n’augmente pas de 10% ses finances annuelles grâce à l’industrie et aux exportations, aucune probabilité de sortir de la liste des pays les plus pauvres de la planète. Et pour que cela soit possible, il nous faut commencer dès aujourd’hui et arriver à l’augmentation de 10 à 15 % : « C’est difficile à imaginer mais ce n’est pas mystérieux. Il suffit d’y mettre toute la volonté. »
Marie Müque Kigoma renchérit : « Si le Rwanda a pu y arriver, pourquoi pas nous. L’expérience d’ailleurs qui nous manque peut à son tour être importée. » Et Mathias Sinamenye d’appeler avec vive voix les Burundais à plus de détermination industrielle. « Les atouts, nous les avons, il faut les explorer. C’est en forgeant que l’on devient forgeron », conclut-il.
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SMMEB_logo« Ninaba Nibuka » (« Si Ma Mémoire Est Bonne ») est une co-production de la Radio Isanganiro, Groupe de Presse Iwacu et la Télévision Renaissance, en partenariat avec La Benevolencija.
«Si Ma Mémoire Est Bonne», c’est un bouquet d’émissions et de publications qui donnent la parole aux citoyens Burundais sur des sujets liés à l’histoire récente du Burundi, que les journalistes des trois médias remettent à l’ordre du jour. Ce programme réveille chaque semaine nos mémoires sur des thèmes et des évènements de l’histoire récente du Burundi.
C’est en promouvant la connaissance et la compréhension du passé, que cette production médiatique vise à contribuer à mieux comprendre le présent et à améliorer la cohésion entre les citoyens burundais.

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Forum des lecteurs d'Iwacu

22 réactions
  1. Stan Siyomana

    « Ce n’est pas parce que l’industrialisation n’est pas encree dans notre tradition qu’on ne peut pas CREER NOS PROPRES USINES ET ENTRER EN COMPETITION AVEC LES AUTRES PAYS », declare Mathias Sinamenye.
    D’apres le rapport de la Banque Mondiale (juin 2014), la productivite est tres basse au Burundi et par la le pays va etre moins competitif.
    « Au niveau des entreprises manufacturieres. LA PRODUCTIVITE DU TRAVAIL est egalement tres faible par rapport aux pays voisins.
    En 2006, elle etaitde 5,8 fois plus basse qu’au Kenya et 12 fois plus basse qu’en Afrique du Sud.
    Le cout unitaire du travail etait RELATIVEMENT ELEVE par rapport aux niveaux habituellement observes en Afrique et dans les pays a forte croissance economique.. »
    (VoirBanue Mondiale: « Premier rapport de suivi de la situation economique et financiere du Burundi. De l’aide au commerce: l’integration regionale comme moteur de croissance », www-wds.worldbank.org (a la page 20).
    Merci.

  2. Mugunza

    Les investisseurs potentiels tiennent très sérieusement compte des risques dits spéculatifs càd politiques: sécurisation des investissements en rapport avec les paramètres de loyauté sociale, bonne gouvernance, corruption supportable…et cela est trés déterminant.
    Sinon il existe des capitaux dans le monde qui pourraient bien servir ici chez-nous!
    Le principe non déclaré mais incontournable de « Wamaziki » dans des sociétés très politisées peut faire peur ou encourager les investisseurs…

  3. Ngenzirabona

    @«Mais pourquoi ne crée-t-on pas d’industries au Burundi ?»/par IWACU

    Le Burundi est pauvre en TOUT à cause des leaders dictateurs upronistes qui n’ont jamais cessé, dès l’accession à l’Indépendance du Burundi, de massacrer en masse des intellectuels hutus innocents et formant l’ethnie majoritaire et active au Burundi. Non plus, ils[leaders dictateurs upronistes ] n’ont jamais digéré le positionnement des leaders visionnaires hutus ayant à cœur le Peuple burundais toutes ethnies confondues, préférant les assassiner dès leur accession au pouvoir ou en voie de l’être. N’est-ce pas que nous sommes témoins de beaucoup de choses au Burundi ???

  4. masabo

    Ingorane ihari nuko nuwufise ico yoterera kandi biboneka ko ari incabwenge uja wumva ngo arindiriye abariko baratwara babanze bahave.Ahubwo abantu bafise ububasha bwo gukora ntiborindira ngo hariko hatwara aba canke bariya.Hariho abo nama mbona ngaha bita abandi ngo nibijuju ntibize mugabo nabo baciye ubwo bwenge ugasanga bariko babukoresha ibidakenewe nko kwiyumvira ingene bosenyura inzego zigihugu………
    Ariko mugihugu cacu hariho abantu babayeho neza kandi bataciye no murayo mareta ariko ugasanga bitungiwe nubwenge bwabo.Uwufise ico aterera nave inyuma ya politique ahubwo aje muvyo gukunda igihugu camwibarutse ndazi niyo reta ivugwa ko itabishoboye niyabona ivyo uriko urakora ntizobura niciyumviro igusaba.

    • Stan Siyomana

      @Masabo: « Ahubwo abantu bafise ububasha bwo gukora ntiborindira ngo hariko htwara aba canke bariya… »
      1. Tout investisseur/industriel doit savoir tenir compte des differents risques (DONT LE RISQUE POLITIQUE), mais tous ne vont pas accepter le meme degre de risque/risk taker versus risk averse.
      En matiere de risque, la Compagnie francaise d’assurance pour le commerce exterieur donne au Burundi la note D/country risk: D et l’INSTABILITE POLITIQUE est l’une des faiblesses du Burundi.
      Sous la rubrique « Intensification of political and social risks », la compagnie note:
      « En plus, les relations entre President Pierre Nkurunziza et son parti (CNDD-FDD), d’un cote, et le mouvement du camp de l’opposition Forces Nationales de Liberation (FNL), de l’autre cote, SONT DEVENUS DE PLUS EN PLUS ANTAGONISTES/have become increasingly antagonistic… »
      (Voir Burundi. Economic studies, http://www.coface.com).
      2. Aux Etats-Unis par exemple, l’indice Dow Jones Industrial Average-DJIA (= les 30 plus grandes companies des Etats-Unis cotees a la Bourse de New York/New York Stock Exchange-NYSE) va reagir differemment selon que ce sont les Republicains (= pro-business) ou les Democrates (=qui ont tendance a depenser plus sur les programmes sociaux) qui gagnent les elections (presidentielles et/ou parlementaires).
      Merci.

    • Stan Siyomana

      @Masabo: « Ahubwo abantu bafise ububasha bwo gukora ntiborindira ngo hariko hatwara aba canke bariya »
      Dans son rapport (de juin 2014) sur le Burundi, la Banque Mondiale a inclu Encadre 3: RISQUES POLITIQUES AU BURUNDI (a la page 16):
      « Le point le plus contreverse est et restera LA VALIDITE DE LA CANDIDATURE DE L’ACTUEL PRESIDENT NKURUNZIZA POUR UN NOUVEAU MANDAT DE 5 ANS…
      Si par contre, la democratie et les institutions SORTENT AFFAIBLIES DU PROCESSUS ELECTORAL, notamment par une baisse de leur legitimite, les risques d’instabilite politiques peuvent augmenter et la cohesion sociale affaiblie. Ainsi les acquis en matiere de securite, de stabilite macroeconomique et de croissance PEUVENT ETRE REMIS EN CAUSE COMPLETEMENT POUR ENCORE UNE LONGUE PERIODE… »
      (Voir Banque Mondiale: Premier rapport de suivi de la situation economique et financiere du Burundi. De l’aide au commerce: L’integration regionale comme moteur de croissance », www-wds.worldbank.org (a la page 16)).
      Merci.

  5. Godefroid

    L’ Afrique a besoin d’un grand changement de mentalite a tous les niveaux et les medias peuvent jouer un grand role pour qu’il y aie un impact positif. Donner le micro aux « Inararibonye  » dans le demaine economique, est une bonne initiative et il faut continuer dans ce sens. Eviter l’habitude de nous faire avaler des information sur des sujets qui ne font qu’ intoxiquer les esprits des gents . Des debats de ce genre peuvent servir comme inspiration aux autres.

  6. Stan Siyomana

    A QUAND LES ZONES FRANCHES D’EXPORTATION (ZFE) AU BURUNDI?
    1. Au debut du mois d’octobre 2013, je crois avoir entendu sur les ondes d’une radio burundaise qu’une zone franche d’exportation (ZEF)?/un park industriel? etait prevu (a Gatumba?).
    2. Cette BONNE NOUVELLE vient d’etre « confirmee en quelque sorte » par le rapport de la Banque Mondiale:
    « …Une option a considerer par le Gouvernement dans sa demarche d’attraction d’investissements directs regionaux ou internationaux EST DE CREER UNE ZONE ECONOMIQUE SPECIALE ou toutes les contraintes citees ci-dessus (= l’environnement des affaires qui reste peu attractif…le pays etant classe 140 eme du monde, les infrastructures de production sont sous-developpee, LA FOURNITURE D’ELECTRICITE ET D’EAU RESTE PROBLEMATIQUE et l’acces au foncier tres difficile,…) SERONT ENTIEREMENT ETUDIEE.
    Cette option est actuellement a l’etude au sein du Gouvernement. Il semble qu’une zone est deja delimitee mais aucune decision juridique ou reglementaire n’a encore ete prise.
    Comme indique plus haut, la POSITION CARREFOUR DU BURUNDI LUI OFFRE UN AVANTAGE CERTAIN pour developper une zone economique speciale integree et ouverte a la fois a l’EAC et a la RD Congo, voire meme a la Zambie si on considere les opportunites offertes par le Bassin du Lac Tanganyika… »
    (Voir Banque Mondiale: « Premier rapport de suivi de la situation economique et financiere du Burundi. De l’aide au commerce: L’integration regionale comme moteur de croissance », www-wds.worldbank.org , juin 2014 (a la page 42).
    2. D’apres Times of Zambia, le ministre zambien des Affaires etrangeres Wybur Simuusa aurait annonce que le chemin de fer TAZARA (Tanzania Zambia Railway) allait s’etendre jusqu’a Bujumbura a travers le port zambien de Mpulungu/ »Plans are underway to extend The Tanzania Zambia Railway (TAZARA) to Burundi through the port of Mpulungu… ».
    (Voir Hildah Lumba? James Kunda?: « Zambia, Burundi to extend TAZARA to Bujumbura », http://www.times.co.zm, 6 March 2014).
    Comme TAZARA appartient a la Tanzanie et a la Zambie, c’est quand meme etonnant que le ministre tanzanien des Transports, Dr Harrison Mwakyembe ait declare qu’il ne savait de ce projet d’extension de la TAZARA/ »I am not aware of that. I am totally ignorant…I cannot comment on something I am ignorant about… »
    (Voir Daily News: « We are not aware of TAZARA-Bujumbura plans- Mwakyembe », http://www.dailynews.co.tz, 10 March 2014).
    3. Le rapport de la Banque Mondiale sur le Burundi (cite plus haut) fait mention (aux pages 42 et 43) d’un interessant document de FIAS (= Facility for Investment Climate Advisory Services (au sein de la Banque Mondiale): « Zones economiques speciales: performations, lecons apprises et implications pour le developpement de nouvelles zones-IFC/FIAS, avril 2008.
    Sur la toile, je n’ai pu trouve que la version anglaise: « FIAS: « Special economic zones: Performance, lessons learned, and implications for zone development », http://www.wbginvestmentclimate.org, April 2008.
    Merci.

  7. Peter

    «C’est en forgeant que l’on devient forgeron» Et combien d’usines avez-vous créé Mr Sinamenye ? C’est étonnant comment personne d’entre-vous n’a critiqué la politique industrielle du Burundi, et ce silence fait de vous des complices et vous perdez toute crédibilité. Messieurs, ouvrez des usines comme Mme Kagoma (ou dirais-je Feu son mari) et vous pourrez mieux parraitre quand vous nous parlez d’investir dans les industries au Burundi.

    • Stan Siyomana

      « Et combine d’usines avez-vous cree Mr Sinamenye? »
      1. Je crois qu’ici vous n’etes pas tres juste envers Mr Mathias Sinamenye, expert economiste.
      -Il est vrai qu’au temps ou il etait Vice-president de la Republique ou Gouverneur de la Banque de la Republique, son role etait d’aider le Gouvernement a mettre en place UNE POLITIQUE D’INDUSTRIALISATION DU BEAU PAYS DE MWEZI GISABO (ce qui ne veut pas dire qu’il etait tenu lui-meme a construire sa propre usine, il se pourrait meme qu’a l’epoque la loi burundaise n’autorisait pas ses hauts fonctionnaires d’aller dans le business, pour qu’il n’y ait conflit d’interets?).
      -Aujourd’hui qu’il est expert economiste, ce n’est pas sur qu’il peut « construire une usine », car normalement les economistes font LA THEORIE D’ANALYSER un secteur de l’economie, l’economie de tout le pays, l’economie mondiale.
      Par contre, ceux qui se specialisent en commerce, administration des affaires/business administration, ingenieurs,…PEUVENT ETRE ENCOURAGES A CREER LEURS PROPRES ENTREPRISES et peuvent meme prendre des cours d’entrepreunariat dans leurs facultes (universitaires) .
      Par exemple, Andreas Blom (= economiste principal au sein du pole Education de la Banque Mondiale) a pose la question: « Qui va ajouter de la valeur aux exportations africaines/ »Who will add value to African exports »? dans une discussion/panel discussion du rapport: Banque Mondiale: Une decennia de developpement: la recherché en sciences, technologie, ingenierie et mathematiques en Afrique subsaharienne », http://www.worldbank.org.
      (Voir Andreas Blom: « Who will add value in Africa? Who will cure? Who will build? », http://blogs.worldbank.org).
      Merci.

  8. Burundi

    Un des rares articles intéressants sur ce site.
    Je partage l’idée d’un problème burundais en particulier et africain en général: On veut tout et tout de suite. Une telle philosophie est liée à l’individualisme et au manque de penser à l’avenir. Le Burundais n’est pas du genre à laisser un héritage, il ne pense pas au bien-être de ceux qui viendront après si bien même ce sont ces propres enfants, d’une manière générale. C’est symptomatique cette anecdote: on demandais à un vieil homme de planter un arbre fruitier. Il a demandé dans combien de temps il donnera des fruits. Quand on lui a dit qu’il faut attendre au moins 20 ans, il dit que ça ne l’intéresse pas parce que » atazobishikira ». Cette même mentalité, on la trouve chez les dirigeants burundais: ils ne savent pas investir dans quelque chose qui portera des fruits après leur départ. C’est pour cette raison qu’ils ne peuvent pas penser à un projet qui ne leur pas apporte pas tout de suite. On entendra, mon successeur s’en chargera et ainsi de suite et pour finir, personne ne fait rien. C’est une maladie dont il faut guérir sinon le problème du pouvoir d’achat n’en est pas un en partie parce que l’industrie elle-même crée des richesses.

    • Jackson

      C’est bien vu!
      Aho bavuze kuri investissement à long terme, ntibihenze na gato! Twese tuba dukeneye ivyinjiza vyihuta kubera kubura ibigutunga mumwanya ukirindiriye ko ivyo wateyemwo umutahe bitangura kwinjiza.

      Nkubu ukoze projet yo gukora huile d’avocats, n’akarorero: Il faut ko uba ufise iyindi occupation utile yinjiza amahera en attendant ko avocats zama zigatangura kwinjiza…

      Burundi youth wake up!
      Osez, la generation qui doit changer les choses est celle-ci à la quelle nous appartenons!

  9. Jackson

    Très bon article! Ce sont des documents comme celui-ci que j’aimerais voir souvent sur ce site. S’il vous plait IWACU, encore et encore!
    Des reflexions, des propositions des voies de sortie, des hommes qui s’assoient et parlent des solutions à la pauvrete! Voilà ce qu’on a besoin. Les histoires de Saucisse, de AdC ou adhd je ne sais pas quoi encore ne devraient pas prendre le large du debat. Les Burundais ont besoin de manger et du travail.

    La volonté est là si les politiques s’y associaient. La population d’un pays est comme des enfants dans une famille. Ca s’eduque. Les Burundais ne savent pas ou du moins ne voient pas comment ils peuvent vendre leurs services.
    Et les politiques, comment faire pour rendre toute cette main d’oeuvre utile au developpement?
    Qu’est ce qu’il faut pour que 3 burundais sur 5 puissent vivre pas de l’agriculture de subsistance?
    Comment rendre les terrains disponibles au Burundi encore plus productifs?
    Comment rehausser le niveau de vie et le pouvoir d’achat d’un burundais?

    Les solutions à toutes ces questions, il y a plein de burundais qui les avons!’

    Juste des exemples:
    1/ La transformation des dechets! Mu bihugu biteye imbere société zikorera muri iyi domaine zikoresha des milliers de travailleurs. Les dechets sont recyclés et donnent divers produits ( energie, nibindi, …) I Burundi umwanda uja kubuterere! Uwoja kuwiyorera akawukuramwo umwavu, nizere ko atawomuhagarika kuko yoba agabanije ubucafu!
    Capital pour ca? L’argent est dans la banque.

    2/ DEs agglomerations: IBIGWATI. tant que Abarundi bazoguma babaye kurya bari ntakintu! Burundi = 28 000 km2. et 8 millions de gens. Les 7,2 millions vivent de l’agri et sont eparpilles partout dans le pays. Ceci est l’origine du faible pouvoir d’achat. Ni gute millioni 7,2 zirima ariko ntitunashore hanze? Ivyo barima biri he? Bija He? Birutwa donc nuko horima une poignée de la population mais d’une bonne facon.

    3/ Industrie artisanale? Une possibilité au Burundi,
    Le capital? => A la banque encore une fois!

    4/ Les services? Quand les gens vivent en agglomerations, dans les villes. Bonjour les services!

    5/ L’energie? Les eoliennes? Les barrages? Le gaz? L’eau?
    Le capital? => A la banque.

    C’est possible de faire tout ca dans 10 ou 15 ans. Si l’Etat s’y met biensur. Au fait si l’Etat finance tous ces projets avec la dette publique, je ne vois pas l’inconvenient s’il est sûr que les projets genereront des revenus, creeront de l’emploi et changeront à jamais la vie d’un pays!
    Les USA à l’aide de la Fed le font, Mais nous autres, on nous a menti que le FMI est à la hauteur de tout!
    Est-ce Dieu qui l’a dit?

    • KARABONA

      @JACKSON,

      Merci Jackson pour toutes ces reflexions aussi intéressantes les unes que les autres….ariko nibaza ko uriko ,urata umwanya kuko ntuzi abo ubarira….!!!!! Mbe wibaza ko ivyo vy’iterambere babinezwe? Ikibaraje ishinga ni ukuguma ku butegetsi ataco bariko barahamara atari ugusahura duke turiho babuza n’abozanye udutayi dukeyi bavuye hanze kubera babaka ibiturire bataranatangura gukora….d’où le découragement total des investissements directs étrangers par exemple qui, ailleurs, comme au Rwanda par exemple (ce pays a tiré de la pauvrete plus de 1 million de personnes les 20 dernières années: il est cité pour exemple par la Banque mondiale au même titre que le Cap Vert…) sont à la base de richesses réelles….dans un pays….! Twebwe rero ntanuwudutumbera kubera ibiturire…! Reka reka ayo tugowe ntavurwa…Wobura vyose ukaronka abatware burya….kuko abatware beza ni itunga nta ngere….!!!

      • Jackson

        Ntubeshe kabisa. Ubutegetsi nibwo bugomba gutanga orientation globale de developpement. Uja kutera agatahe i Buja naho kaba gato, ikintu cambere ni decouragements.

        Urashobora guca muri services zama ministères hafi nka yose utararonka umuntu aguha une lancée claire muvyo ushaka gukora. Hari nivyo ubura aho ubibariza.

        Hari igihe uburabuzwa gukora bivanye nico uri niyo uva! Hama ngo dukeneye iterambere? ngo dukeneye investissements? Yeweee!

        Raba hano ino liens murabe iyo isi iriko iraja! => http://www.youtube.com/watch?v=L-fOBo6zfL4 Où sera le Burundi? Quel sera sa place ou sa contribution dans tout ca?

      • Stan Siyomana

        @Karabona
        Et pourtant, certains du parti au pouvoir se sont mis en tete que LE CNDD-FDD EST AU POUVOIR POUR L’ETERNITE/MILELE NA MILELE (peu importe ce qui arrive AU BEAU PAYS DE MWEZI GISABO?).
        Merci.

    • Stan Siyomana

      @ Jackson: « Si l’Etat finance tous ces projets AVEC LA DETTE PUBLIQUE »
      Malheureusement, L’ETAT BURUNDAIS EST DEJA SURENDETTE.
      « La recente Analyse de viabilite de la dette (AVD) conduite par la Banque Mondiale et le Fonds Monetaire International (FMI) (fevrier 2014) a conclu que le risque de surendettement reste eleve pour le Burundi. L’encours de la dette publique est faible et viable mais les taux d’endettement restent tres sensibles aux chocs…
      Cependant, l’AVD a demontre que le ratio de la valeur actuelle nette (VAN) de la dette sur les exportations DEPASSE LE SEUIL DE 100% RETENU COMME PLAFOND D’ENDETTEMENT SOUTENABLE….La faiblesse des exportations limite fortement LES CAPACITES DE REMBOURSEMENT de la dette exterieure et en consequence REDUIT LES POSSIBILITES D’ENDETTEMENT EXTERIEUR DU PAYS A UN TAUX RAISONNABLE… »
      (Voir Banque Mondiale: Premier suivi…., www-wds.worldbank.org, (a la page 16).
      Merci.

      • Jackson

        Le probleme majeur est ce qu’on fait de cette dette.

        Si on prend la dette pour consommer, de un vous aurez du mal à la rembourser, de 2 ca ne va rien changer sur le niveau de vie de base.

        C’est exactement ce qui arrive au Burundi, on s’endette pas pour investir mais pour consommer. Regardez par exemple, 60% du budget burundais finance l’armée. Un secteur qui ne rapporte peu en valeurs monétaires.

        Il faut prendre la dette pour créer des entreprises. C’est possible. Les 8 millions de burundais constituent un marché qu’il fallait exploiter.

    • Stan Siyomana

      @Jackson: « Si l’Etat finance tous ces projets avec la dette publique… »
      LA DETTE AFRICAINE PAR VOIE D’EURO-OBLIGATIONS/Eurobonds.
      Une euro-obligation (=eurobond en anglais) est une obligation libellee dans une monnaie differente de celle du pays de l’emetteur (Voir http://www.wikipedia.org).
      Par exemple, une obligation en dollars americains emise par l’Etat burundais (dont la monnaie est le franc burundais (Fbu)).
      1. De janvier au mois d’octobre 2013, les pays africains ont emis des euro-obligations pour 8,1 milliards de dollars americains. Au debut de juillet 2013, le Nigeria a emprunte 1 milliard de dollars; dans le meme mois de juillet, le Ghana a emprunte 750 millions de dollars a un interet annuel de 8%, en septembre 2013, une agence de l’Etat mozambicain a emprunte 500 million de dollars, remboursable apres 7 ans, avec un taux d’interet annuel de 8,5% .
      (Voir Eleanor Whitehead: « GTB issues Eurobond amid record year for Africa debt », http://www.thisisafricaonline.com, 5 November 2013).
      GTB= Guaranty Trust Bank au Nigeria.
      2. Pour l’annee 2014 (jusqu’ a la fin de septembre, des pays comme la Zambie, le Kenya, la Cote d’Ivoire, le Ghana et le Senegal ont tous emis des euro-obligations.
      (Voir Adrienne Klasa: « South Africa issues Africa’s first -denominated sukuk », http://www.thisisafricaonline.com, 1 October 2014).
      Merci.

  10. KAZIRI

    « http://www.iwacu-burundi.org/mutoyi-nous-pouvons-fournir-meme-deux-pays/ » : Et alors ?????

  11. RUGAMBA RUTAGANZWA

    Pour créer des industries il faut un minimum d’energie électrique. Avec nos delestages permanents, nos villes noires la nuit (y compris la capitale Bujumbura, la honte…), on est loin de créer des industries…! Le Burundi manque de leaders charismatiques et visionnaires. Nos dirigeants sont plus intéressés par la corruption pour s’enrichir de façon illicite …! Je ne crois pas que les industries font partie de leurs préoccupations nationales quotidiennes…!

    • hat

      Je pense qu’il aurait fallu faire l état de l industrialisation aujourd’hui, dire ce qu elle a été ces 50 ans passés. Ceci permet de comprendre les manquements, les obstacles et les difficultés. EX PRQ la disparition de la verundi, la cession de la cotebu et autres?

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Editorial de la semaine

La fin du Phénix ?

Les dés sont jetés, les carottes sont cuites : le ministre de l’Intérieur a validé les conclusions issues du congrès extraordinaire tenu à Ngozi le 10 mars par des dissidents d’Agathon Rwasa. « Nous prenons acte du rapport et des décisions prises (…)

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