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Loyers: propriétaires et commissionnaires spéculent

23/03/2012 Commentaires fermés sur Loyers: propriétaires et commissionnaires spéculent

Louer une maison est devenu un véritable casse-tête. Les propriétaires et les entremetteurs dits « commissionnaires » s’adonnent en toute impunité à la surenchère.

Pour trouver une maison dans la capitale, il faut souvent faire appel à un commissionnaire qui demande à la fin ou la moitié ou la totalité d’un mois de loyer, selon le montant en jeu et l’emplacement de l’habitation. Parmi ces commissionnaires s’incrustent des escrocs ou des profiteurs qui font monter les loyers en connivence avec certains propriétaires sans vergogne pour avoir une grosse part de la commission. Du coup, les premières victimes sont les locataires. A.B. raconte : « Un jour j’ai donné de l’argent à un commissionnaire qui m’avait trouvé une maison et peu de temps après on m’a dit que la maison était déjà prise. Je n’ai pas pu récupérer ni la commission, ni l’avance que j’avais versée puisque je n’ai plus revu ni le commissionnaire ni le propriétaire.» A.B. a fait à plusieurs reprises le tour de la capitale, sans aucune trace de ceux qui l’ont dépouillé. Pour C.N, son loyer a été augmenté à 100.000 Fbu alors qu’il était initialement loué à 45.000 Fbu : « J’allais me marier et je cherchais une maison. Un commissionnaire m’a montré une maison et j’ai payé une avance de 400.000 Fbu pour 4 mois. Par après j’ai alors su que c’est le commissionnaire qui avait incité le propriétaire à monter le prix en lui racontant que c’est une ONG qui paierait pour moi alors que c’était absolument faux ! » Pour E.H, c’est le propriétaire qui est venu le mettre dehors après qu’il ait trouvé un nouveau locataire payant le double du loyer grâce à un commissionnaire : « Un jour le propriétaire de la maison que j’occupais est venu me dire qu’il avait besoin de la maison dans les plus brefs délais et qu’il me donnait deux semaines pour en trouver une autre. Quand je lui ai demandé la cause, il m’a répondu que son commissionnaire lui avait amené quelqu’un qui allait lui payer le double et qu’il ne pouvait donc rater cette occasion. »

Déséquilibre entre offre et demande, cupidité

Face à toutes ces accusations, les commissionnaires se défendent. Pour Oscar Nyandwi, courtier professionnel, la faute de la surenchère est partagée. Il existe selon lui, un déséquilibre entre l’offre et la demande, car les maisons à louer sont difficiles à trouver alors qu’il ya un grand nombre de personnes qui en cherchent. Les propriétaires en profitent donc pour revoir à la hausse les coûts de loyers avec la complicité des commissionnaires qui en tirent profit. Pour les commissionnaires qui escroquent les gens, M. Nyandwi déclare : « Le problème réside dans le manque de loi détaillée, régissant les commissionnaires, qui pourrait les identifier et les protéger. Il y a aussi des propriétaires qui, à court d’argent, perçoivent des avances alors que leurs maisons sont encore occupées mais quand ça tourne mal la faute tombe sur le commissionnaire qui avait indiqué la maison ». Selon Désiré N., un autre commissionnaire interrogé, aucune pression n’est exercée sur les propriétaires, ce sont eux qui décident en dernier du prix de leur maison. C.I., propriétaire d’une maison à Rohero, déclare : « La hausse des prix du loyer ne dépend ni de nous ni des commissionnaires. Elle est influencée par le coût cher de la vie. Quand un propriétaire trouve que ses besoins ne sont plus satisfaits par l’argent qu’il perçoit du loyer, il augmente ce dernier pour pouvoir vivre ». En ce qui concerne les propriétaires qui chassent leurs locataires pour faire entrer d’autres qui paient plus, C.I. remarque que ceux qui ont cette mauvaise habitude finissent par manquer de locataires, car l’information va être donnée de bouche à oreille. « L’Etat devrait penser à multiplier les maisons d’habitations en construisant en hauteur pour permettre aux locataires d’avoir plus de choix  », propose C.I. Les propriétaires devraient aussi respecter les termes qu’ils signent avec leurs locataires et garder ainsi une bonne entente.  Pour Etienne Nimpagaritse, représentant de l’Association pour la Défense des Droits et de l’Epanouissement des Locataires et des Bailleurs (ADELB), l’Etat devrait établir une loi qui réglemente les locations des maisons. Cette législation établirait des barèmes des prix dans chaque quartier pour fixer un plafond à ne pas dépasser et éviter ainsi des augmentations arbitraires de loyers. Selon lui, le processus de réglementation des loyers serait à l’étude au sein du gouvernement.

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