Vendredi 19 avril 2024

Editorial

Lire entre les lignes

27/11/2015 10
Léandre Sikuyavuga
Léandre Sikuyavuga

La dépréciation de la monnaie burundaise est une réalité. Une de ses conséquences est l’inflation, flambée des prix sur le marché.

La Banque centrale parvient encore à la maîtriser, les produits stratégiques (carburant, médicaments, vivres) sont disponibles sur le marché. Mais jusqu’à quand ?

Selon des économistes, une des causes de cette dépréciation est le gel des financements étrangers dû à la crise actuelle qui prévaut au pays. « Ils alimentent le budget de l’Etat à plus de 50 %. A part l’appui budgétaire, les bailleurs de fonds finançaient des organisations internationales. Or, bien d’entre elles ont déjà plié bagage. »
Le pire est à venir si la crise devait perdurer. Les prix risquent de s’envoler. Et je doute fort qu’il y aura une augmentation de salaire chez les fonctionnaires de l’Etat.

Par ailleurs, la saison culturale s’annonce mal. Les fortes précipitations détruisent les champs. La météo n’arrange rien. La population s’inquiète déjà du lendemain. Avec raison !

La situation économique est donc difficile et risque de s’empirer. Mais entre-temps, nos politiciens ne semblent pas prendre la mesure des signaux forts envoyés par la communauté internationale.

Les sanctions imposées à des personnalités du régime de Bujumbura et des responsables du coup d’Etat manqué de mai laissent de marbre. Ce geste symbolique fort envoyé par le président Obama ne semble pas émouvoir !

Le président du Frodebu lui se met à défendre ceux qui sont derrière le putsch manqué qui seraient « des loyaux qui ont voulu défendre l’Accord d’Arusha et la Constitution. »

Le Conseiller principal du président Pierre Nkurunziza en charge de la Communication, lui, minimise la mesure. Ce serait l’œuvre de certains membres de son cabinet, telle « Samantha Power proche d’Alexis Sinduhije. »

Certes, concrètement, les sanctions prononcées par Obama ne vont pas changer grand chose dans la vie de ces personnalités. Mais en politique, il faut savoir décrypter la portée symbolique des messages. Quand le Conseiller principal du président Pierre Nkurunziza en charge de la Communication dit que « le gouvernement du Burundi n’est affecté en aucun cas par ces sanctions », on est étonné par une telle analyse.

En politique, il faut savoir lire entre les lignes. C’est ainsi que la crise burundaise se noue sous nos yeux alors que la clef est là : le dialogue.

Forum des lecteurs d'Iwacu

10 réactions
  1. Karabadogomba

    Oui, on se demande si réellement nos politiciens se soucient des problèmes de nos concitoyens.
    Aucun débat sur la météo, la famine… Mais, des histoires rancunières des uns contre les autres. Quel gâchis!

  2. Iragenza

    Mr Sikuyavuga, il n’y a que des gens dotés d’une certaine intelligence qui peuvent lire entre les lignes. La classe politique burundaise qui dirige le pays pour le moment n’a pas cette intelligence requise pour cette habileté. Si elle l’avait eu notre classe politique aurait pu lire entre les lignes de la constitution et des accords d’Arusha. Entre les lignes, cette classe ne voit que la couleur du papier. Au Burundi, selon elle, il n’y a rien à voir, il n’y a rien à lire entre les lignes du pays contraire à ce que cette classe montre et qu’elle cherche à convaincre aux Burundais et au monde entier.

  3. Nduwamungu

    @ L.S. :«En politique, il faut savoir lire entre les lignes. C’est ainsi que la crise burundaise se noue sous nos yeux alors que la clef est là : le dialogue»

    Il ne faut pas non plus que ce soit un dialogue de sourds! Kwikumirako vyose, agashavu, discours incendiaires, vengeance, despotisme, oppression, nibihave ku mpande zose kuko akari mu mpene niko kari no mu ntama. Ico kintu, il faut que les antagonistes l’intègrent dans leur caboche. Iyo crise politique qu’ils ont provoquée imaze gutwara agatwe abatari bake, même au sein de leurs groupes respectifs, mu gihe abandi bahunga canke bagahigwa bukware ataco bazira kiboneka. Qui peut sérieusement endurer de telles conneries jusqu’en 2020 si rien ne change d’ici là évidemment? En tout cas, pas moi !…

  4. Burundi

    Dans mon analyse je montre que les gestionnaires sont les principaux responsables de toute situation. En effet, s’ils veulent la paix, personne ne dit non. Malheureusement, il me semble que la plupart des gestionnaires font tout sauf vouloir l’accalmie… Comme disait Mandela c ‘est l’ oppresseur qui dicte la forme de lutte et non l’opprime..

  5. Burundi

    Dans tous les cas, il est difficile d’avoir un terrain d’attente pour les 2 parties. Le CNDD FDD avait toujours eu mal à digérer ses accords qui l’empêchent de triompher depuis 2005. A vrai dire, ils voulaient une victoire militaire pour « effacer leurs adversaires historiques ». LA réalité sur le champ de bataille en a été autre. La plupart des « seigneurs de la guerre » de cette rébellion étaient des victimes de 1972. Certains de leurs parents ont été tués, déportés,accusés et condamnés à tord ou à raison. Ces généraux pour la plupart ont appris ces atrocités dans les camps de réfugiés, condamnent à l’admettre ainsi. Certains n’ont pas même pleuré, fait le deuil ou condamnés à ne jamais se lamenter. 20 ans après, le vent de la démocratie souffre. C’est l’occasion. Certains frustrés avaient déjà rejoint dans le maquis pour en découdre avec ce « Régime oppresseur et dictatorial ». Mais 1993 quand la démocratie pointe à l’horizon, la masse frustrée n’a pas su gérer. Elle affiche déjà les signes de rancœur. Pour certains,  » L’occasion d’en finir « .. L’idéologie d’extermination, pour éviter le terme qui fait polémique »LE GENOCIDE ». Le pays a manqué le parrainage pour gérer correctement cette nation tant meurtrie. Ce qui étonne, c’est que les Burundais croient beaucoup en Dieu,et envahissent « très regulièrement » les églises où on ne parle que du pardon, de l’amour, de la foi. Pour revenir à notre histoire « morose ». Les anciens « seigneurs » issus des régimes militaires, ont peu être eu peur que la « veste se retourne contre eux » dans cet ce nouvel environnement de la voix du peuple, et ont très MAL AGI »en étouffant dans l’oeuf la Jeune Démocratie. De l’autre côté, les amis ou les  » sympathisants de NDADAYE, n’ont pas également calmé ou n’ont pas su gérer la victoire. Le discours de Rwagasore après la victoire de l’UPRONA en 1961 n’a pas résonné en eux;celui qui insiste sur le pardon, la Victoire de TOUS, DE LA DEMOCRATIE. La violence verbale, ne faiblissait pas, ne rassurait pas la minorité vaincue. Il fallait une MANDELA ou un RWAGASORE, pour calmer cette génération, qui n’a réçu que les enseignements divisionnistes. Il fallait une bonne préparation de cette démocratie. La faute à qui, au Président Buyoya, qui a voulu briller pour la satisfaction de la communauté internationale sans méditer réellement sur l’avenir de son peuple. Les enfants éduqués dans la frustration, ont voté massivement le FRODEBU et n’ont pas cherché à raisonner quand leurs leaders ont été assassinés, certes pour des raisons égoïstes. Ces jeunes orphelins ont alors déversé  » leur colère » sur leurs paisibles voisins,et ont systématiquement « TRAVAILLE » pour « venger une fois pour toute ». La plupart de ceux qui venaient de commettre « l’irréparable » rejoignent le mouvement de la force pour défendre la démocratie étouffée « . Mais sur terrain, la réalité est tout autre, la lutte a pris une autre forme,un autre sens. La brutalité a dépassé les limites de l’acceptable. Je ne veux pas ici nommer les cas pour réveiller les démons de la violence. Certains n’ont même pas manqué de qualifier « Terroristes-tribalo-génocidaires » comme les accords de RUSAKA comme des forces négatives, les assimilant aux FDLR et aux INTERAHAMWE. Voilà que cette génération est devenue gestionnaire de cette nation, de ce peuple, de notre histoire. Nous avons besoin de parler, de discuter, d’échanger pour que une fois pour toute triomphe la FORCE DES ARGUMENTS pas les ARGUMENTS DE LA FORCE ou du CANON. Merci

    • Albatros

      Au moins toi tu dit des paroles sensées, dépourvue d’émotions insensée.
      Sans être d’accord avec toi sur tout ce que tu dit, je comprend au moins que tu recherche la vérité par le dialogue.
      Paix à toi! J’espère que tu rencontrera un jour des gens sensés comme toi pour dialoguer sincèrement et faire jaillir la raison!.

  6. Jamahaar

    « Quand le Conseiller principal du président Pierre Nkurunziza en charge de la Communication dit que « le gouvernement du Burundi n’est affecté en aucun cas par ces sanctions », on est étonné par une telle analyse! »Les Burundais d’un certain age vous diront ceci: »Aho urwimo rwatera mu Rwanda niwaba umutima utasimvye n’uko atawo wagira! »C’est par allusion de « revolution sociale » de 1959-1963 du Palemehutu qui avais mis fin a la monarchie et pousse des centaines de milliers de refugies sur le chemin de l’exil dont certains sont arrives au Burundi les mains vides et traumatises par ce qu’ils venaient de vivre dans leur pays d’origine.Les sanctions prises par l’EU et l' »Executive Order » du President Obama devraient faire reflechir les autorites burundaises et les pousser a balayer devant leur porte et surtout arreter les violences et commencer de serieuses negocitions avec l’opposition pour une sortie de la crise consecutive au hold up institutionnel par le camp presidentiel dont les fervents defenseurs sont ceux-la memes frappes par ces sanctions des pays occidentaux.Le pire est encore a venir s’ils continuent a s’enteter.

    • Bakari

      @Jamahaar
      « Aho urwimo rwatera mu Rwanda niwaba umutima utasimvye n’uko atawo wagira! »
      Moi je connaissais plutôt cette version: « Aho Urwanda rwatera Uburundi nta mutima wasimvye? (=n’as-tu pas eu de trouille lorsque le Rwanda a attaqué le Burundi?) ».
      Les expressions qui (souvent) nous passent par la tête reflètent probablement nos fantasmes! C’est humain!

      • Novat Nintunze

        C’est plutôt « aho abanyoro batera mu Rwanda, ni waba umutima utasimvye nta wo wagira ». Lire le livre de Charles Baranyanka.

      • Jamahaar

        @Bakari, en « Critique Historique » on enseigne qu’il faut chaque fois analyser les propos ou les declarations d’un personne suivant les circonstances, les termes choisis,le temps et le public auquel elle s’adresse.Pourquoi a -t-il dit cela a ce moment précis devant telle audience et quel message voudrait-il faire passer pour la posterite.Il n’existe pas de verite absolue.C’est selon.

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