Jeudi 28 mars 2024

Environnement

L’INECN manque de moyens pour sauver la biodiversité

20/04/2014 2

Dans l’optique d’assurer la sauvegarde de l’environnement et la conservation de la nature, le gouvernement du Burundi a créé l’Institut national pour l’environnement et la Conservation de la nature, INECN. Un organe qui nécessite beaucoup de soutiens pour mieux fonctionner.

Toutes les forêts du Burundi ne sont pas protégées … ©Iwacu
Toutes les forêts du Burundi ne sont pas protégées … ©Iwacu

La conservation de la nature est la préservation de la biodiversité et les services éco-systémiques que cette biodiversité fournit à l’homme. Aujourd’hui, le maintien du système vivant connaît une dégradation inquiétante. Selon Benoît Nzigidashira, chef de la recherche en biodiversité à l’INECN, il y a un très faible niveau de conservation de la nature au Burundi. Parce que les services que la biodiversité fournissait à l’homme disparaissent de plus en plus. Il prend pour exemple l’augmentation de l’érosion qui implique une perte des services de régulation hydrologique et climatique que fournissaient les forêts. Raison pour laquelle il faut conserver ce qui existe encore et restaurer ce qui a disparu.

Mais la biodiversité se dégrade progressivement, remarque M. Nzigidashira. Cette dégradation est liée à plusieurs facteurs. Une déforestation intense, des feux de brousse qui ravagent les écosystèmes, la pollution liée aux actions anthropiques, les plantes envahissantes, l’érosion et la prolifération des maladies. Mais aussi l’usage abusif des engrais chimiques et l’introduction des organismes génétiquement modifiés, a-t-il indiqué.
Cependant, d’aucuns déplorent au sein de l’INECN, une faible connaissance sur la biodiversité, l’ignorance de l’importance des connaissances traditionnelles ainsi que la méconnaissance des ressources génétiques sauvages.
De plus, une décennie de crise a également anéanti les efforts déjà consentis par la destruction d’une superficie d’environs 30 mille hectares de boisement.

Initiatives de limitation de la pollution

L’INECN effectue aussi des analyses de pollution atmosphérique, pour connaître le degré de pollution des eaux, dit Aline Irimbere. C’est le point focal de la Convention de Vienne et du protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone. Elle est également chef du laboratoire d’analyse et de recherche en eau à l’INECN. Selon elle, l’institut va constituer une base de données sur les rivières et parcs, et les entreprises sur l’état des eaux qu’elles utilisent. « Si, après analyse des résultats, la pollution occasionnée par les eaux d’une entreprise est grande, on applique le principe de polluant-payeur. Ce qui fait payer l’amende à l’entreprise », indique-t-elle.

Le Directeur général de l’INECN, Mohamed Feruzi, déplore le comportement de certaines personnes qui s'accaparent ou détruisent les domaines protégés ©Iwacu
Le Directeur général de l’INECN, Mohamed Feruzi, déplore le comportement de certaines personnes qui s’accaparent ou détruisent les domaines protégés ©Iwacu

Au sein de l’INECN, le service chargé de la protection de la couche d’Ozone organise des formations pour la prise de conscience sur les conséquences de certains gaz. Des mesures d’accompagnement sont cependant prises. Ainsi, selon Mme Irimbere, des équipements de démarrage pour éviter l’usage des gaz plus polluants sont octroyés à aux frigorifiques formés. L’institut forme également les douaniers pour bien contrôler les entrées.

L’INCN a besoin d’appuis …

Au Burundi, il existe une police de l’environnement. Mais l’INECN n’a aucune autorité sur elle, puisqu’elle reste attachée au ministère de la Sécurité Publique. Ce bicéphalisme ne peut qu’engendrer un dysfonctionnement permanent très préjudiciable, pouvant même aggraver la situation de départ. Et ce, d’autant plus que ce service ne constitue pas une priorité pour son actuel ministère de tutelle. Ses membres n’ont, par ailleurs, subi aucune sélection lors du recrutement et leur formation aux préoccupations environnementales est tout à fait insuffisante.
« Toutes les forêts du Burundi, notamment celles de Makamba ne sont pas protégées », déplore Mamert Sabushimike représentant légal de l’Association des Amis de la Nature (AAN). Qui ajoute que l’INECN n’est pas doté de moyens pour payer le peu de personnel dont il dispose afin de bien mener son travail.

Missions de l’INECN : Cet institut a pour missions de collecter et interpréter les données relatives au contrôle de l’état de l’environnement, fournies par différents organismes, tant nationaux qu’internationaux. Il doit faire respecter les normes environnementales pour lutter contre les pollutions de tout genre, par un suivi administratif et judiciaire. L’INECN collabore avec les services intéressés pour assurer la gestion rationnelle des ressources naturelles. Il crée, aménage et gère les parcs et réserves naturelles pour en assurer la pérennisation et l’exploitation à des fins touristiques.
Il entreprend et encourage les recherches et mesures d’accompagnement pour le maintien de la diversité biologique. Dans ses missions, l’INECN veille aussi à l’application des conventions nationales et internationales relatives au commerce et échange des spécimens de faune et flore sauvage. Il contribue également à la promotion de l’éducation environnementale, en collaboration avec les organismes et établissements concernés.
L’INECN comprend deux volets à savoir le volet de la conservation de la nature et celui de l’environnement. Concernant ce dernier, l’Institut a créé des plateformes des clubs environnement dans les provinces du pays, selon le directeur général de l’INENC, Mohamed Ferouzi. « Les jeunes vont ainsi appuyer dans la protection de l’environnement à partir de leurs entourages. Des sensibilisations sur les polluants organiques persistants sont en train d’être faites. Mais la gestion des produits chimiques est un casse tête », reconnaît M. Ferouzi. »

Depuis le début de la guerre, poursuit-il, beaucoup de gens, y compris certains militaires, ont défriché des forêts pour avoir des planches de valeurs. Ce que l’INECN n’a pas pu contrer, laisse entendre ce défenseur de l’environnement. Il indique que son association ne cesse de dénoncer ces faits. M. Sabushimike révèle que, avec l’augmentation de la population, les gens veulent s’accaparer de plus en plus des espaces naturels pour cultiver.

Mamert Sabushimike interpelle les autorités à la base à collaborer plus activement avec l’INECN. Il demande surtout à l’Etat de doter de moyens suffisants cet institut, et de le restructurer, pour qu’il agisse au mieux pour la protection de la biodiversité du Burundi.

Au Burundi, la question de l’environnement en général et du secteur forestier en particulier relève au premier plan de la responsabilité du Ministère de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme créé en 1989. Le décret n° 100/47 du 3 mars 1980 établit l’Institut National pour la Conservation de la Nature (INCN). Cet Institut, chargé de la création et de la gestion des aires protégées est placé sous l’autorité du Président de la République. Ce qui reflète un certain engagement politique.
La mission alors confiée à l’institut, parfaitement claire et précise, est ensuite considérablement étendue par le décret-loi n° 100 du 5 octobre 1989 qui transforme l’INCN en l’Institut National pour l’Environnement et la Conservation de la Nature (INECN). Cette extension du champ des responsabilités de l’Institut à l’ensemble du territoire, s’accompagne d’une perte de son soutien politique au plus haut niveau puisqu’il est, depuis cette date, placé sous la tutelle du Ministre chargé de l’Environnement.

eau

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. KABADUGARITSE

    Il ne faut pas faire couler gratuitement vos larmes de crocodile. Postez-vous sur les hauteurs de Kayanza et regardez, en face de vous, les collines du Rwanda. Certains aiment se référer en tout, surtout en politique, à ce qui se passe au Rwanda. Qu’est ce que les rwandais auraient plus que nous en inspiration ou imagination!!! La lutte anti-érosive a toujours marqué les paysages d’outre Kanyaru alors que nos agronomes et responsables du Ministère de l’environnement n’y pensent presque pas. Il est temps de nous ressaisir si non, nous nous retrouverons tous dans les plaines d’Égypte ou encore plus loin dans la Méditerranée.

  2. Komera

    Finalement, quel est le rôle du gouvernement Burundais? Le gouvernement exige aux pauvres citoyens sans ressources de construire les écoles, les centres de santé, les routes, les adductions de l´eau et de l´électricité dans le milieu rural, les canivaux, etc.
    Plus grave le gouvernement exige de la population le paiement des services administratifs sensés être gratuits, de pays les fraisdes étudiants dans les écoles et universités.
    Sans oublier que ce gouvernement comme le parlement exigent d´être payé par la population à travers les multiples taxes (comme la taxe de sécurité).
    Mais que fait le gouvernement pour créer l´emploi? Pour développer le pays?
    Les partis d´opposition devraient déjà réfléchir sur l´avenir du pays.

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