Vendredi 19 avril 2024

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Les maîtres des pénitenciers

Prison de Gitega : blessés … puis transférés

La guerre que se livrent les détenus est liée au contrôle des privilèges. Les « généraux » sont accusés d’user de leur rang pour faire une mainmise sur les rations et le petit commerce qui s’effectue à l’intérieur de la prison.

Un des blessés dans la salle des urgences ©Iwacu
Un des blessés dans la salle des urgences ©Iwacu

C’est le dernier affrontement d’une longue série. Le 7 août 2013 aux environs de 21 heures, un affrontement entre détenus a fait 6 blessés dont trois grièvement. Les gardiens de la prison n’ont pas pu intervenir la nuit par peur d’être les cibles de ces attaques. Dans la salle des urgences de l’hôpital régionale de Gitega, ces six blessés affirment qu’ils ont été victimes de leur audace de proposer les élections de nouveaux généraux. Tous présentent des blessures sur leurs corps dont la plupart sont dues aux coups de couteaux. Leurs habits sont couverts de sang.
Eric Tangishaka a un bras cassé et des  blessures sur la tête. Comme il le confirme, il a été poignardé par un groupe de détenus qui sont à la solde des généraux : « Après avoir  reçu deux coups de couteaux sur la tête, j’ai perdu connaissance et ils m’ont laissé pour mort. »

Le témoignage de ce détenu blessé est semblable à ceux des autres. Ils ont été frappés à coup de gourdins, marteaux et couteaux. Vénérand Mbonimpa quant  à lui a deux bras cassés. Il affirme qu’il a été accusé de vouloir faire un coup d’état aux généraux. Selon lui, le problème serait lié au régionalisme. Les prisonniers originaires de la province de Gitega sont moins nombreux. Ils n’ont pas droit à aucune responsabilité et seraient maltraités. « Ils nous divisent pour qu’ils restent au pouvoir. Il y a deux jours, nous avions demandé une réunion avec la directrice de la prison pour que nous organisions des élections de nouveaux responsables. Ce qui n’a pas plu à ce groupe. Ils nous ont d’abord proposé une somme de 20 mille Fbu pour que nous renoncions à cette idée. Devant notre refus, ils nous ont menacés en nous promettant une mort atroce. »

Pacifique Masabo quant à lui fait savoir que ce groupe de généraux  détourne les vivres des détenus : «  L’actuel comité est corrompu. Ils nous volent nos vivres. Au lieu de  350 grammes de haricots et de farine, ils s’autorisent à donner 250 grammes. Tout ça se fait au su et au vu des responsables de cette maison de détention. Ce groupe empêche même à un prisonnier de recevoir des visiteurs ou d’avoir sa ration.»

A l’intérieur, c’est la loi du plus fort

Cette flambée de violence entre détenus serait liée particulièrement aux contrôles des privilèges. Selon les uns, ceux qui ne sont pas à la botte de ces généraux ont droit de recevoir leurs visiteurs moyennant quelque sommes d’argent. Une autre source provenant de l’intérieur de la prison indique que ces généraux s’octroient  tous les droits : Ils  reçoivent des commissions  auprès des fournisseurs de vivres .Même celui qui veut avoir une place dans les cellules doit d’abord  donner des pots- de- vin à ce groupe.

Un des généraux interrogé a rejeté ces accusations. Il incrimine ceux qui ont été battus et torturés d’être les instigateurs de l’insécurité à l’intérieur de la prison.  « Ces sont eux qui ont attaqué les premiers. Moi aussi j’ai failli d’être tué par ces brigands », indique Juma en montrant une petite égratignure sur son bras. Avant de s’éclipser sous prétexte qu’il n’a pas l’autorisation de la directrice pour parler aux journalistes.

Transfert des détenus contestataires

Les six détenus qui ont été blessés dans la nuit du 7août seront transférés ailleurs, selon la direction de la prison de Gitega. Cette dernière juge que c’est pour le bien de tout le monde.
D’après ses propos, ceux qui ont été tabassés par d’autres prisonniers étaient six : « Trois d’entre eux sont déjà transférés à Rumonge. Il s’agit d’Alex Ciza , Vénérand Mbonimpa, et Sosthène. Les trois autres Gaspard Nduwarugira, Eric Tangishaka et Jean Claude Hatungimana attendent que leur santé s’améliore pour être relogés ailleurs. »

Mais les contestataires estiment que la directrice veut ménager les généraux : « C’est elle qui les a désignés pour être à la tête des détenus. Celui qui s’attaque à ses protégés devient alors perturbateur de l’ordre. » Mais le problème n’est pas pour autant résolu. « Les 5 généraux continuent de détourner les vivres des prisonniers. Quel intérêt de la direction à choisir nos chefs ? Pourquoi elle ne veut pas que nous les remplacions par ceux que nous jugeons aptes à défendre nos droits »,s ’interroge celui qui se surnomme Fupi.
Les détenus rejettent toute collaboration avec ceux de Mpimba à Bujumbura dans leurs revendications. « Notre problème à nous, c’est nos chefs. Qu’ils acceptent de céder au lieu de nous diviser en nous taxant de subversifs », confie un prisonnier, qui prédit par ailleurs une révolte organisée « difficile à étouffer. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. BIBI1er

    Depuis quand un prisonnier a le droit  » d’exiger » ?
    Le gouvernement devrait leur imputer les frais des dégâts occasionnés et condamner ces mutins à de nouvelles peines. La fermeté est la seule issue de ce conflit

  2. maximum security

    Ooo my god every where chao! Dans le gvt;le parlement,le legistrative ;le syste des taxes ,la vie social du pays ;dans les parties politiques ,la colleect des dechets. L’enseignement,les syndicats ;etc !!!!!.ais quel la remede?.Mes cher BURundais veillez sortir de votre peau pour dire non a ce genre de governance. Et opt pour unchangement durable !

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