Jeudi 28 mars 2024

Économie

Les planteurs de coton se plaignent

18/10/2017 2

Faible évolution des prix, rareté des produits phytosanitaires, perturbations climatiques… Des défis auxquels font face les cultivateurs du coton. La Cogerco se veut toutefois optimiste.

Pierre-Claver Nahimana : « Le secteur de la production cotonnière ne bénéficie pas d’appui budgétaire quelconque extérieur… »

« En se référant au coût de production, le prix d’un kg de coton n’évolue pas », déplore Onesphore Mutankana, président de la confédération nationale des associations de producteurs du coton. Pour cultiver 1 ha de coton, il estime les dépenses entre 700 mille Fbu et 800mille Fbu. Et la production se situe entre 800kg et 1 tonne.

Il fait savoir qu’avec 500Fbu par kg, le cotonnier n’a que 400 mille Fbu, perdant ainsi au moins 300 mille Fbu.
Au vu des différents usages du coton, analyse-t-il, le prix devrait être supérieur. « La Cogerco (Compagnie de Gérance du coton) vend 1kg de coton fibre à 2700 Fbu chez Afritextile. Les graines sont vendues chez Rafina qui en fait de l’’huile de coton vendu à 4000Fbu le litre. »

D’autres dérivés sont utilisés dans la fabrication des tourteaux vendus entre 300Fbu et 350Fbu par kg. Sans oublier les résidus achetés par les cultivateurs de champignons. Et d’en déduire : « Si tout ce monde se souciait du cotonnier, la part qui lui revient devrait être conséquente.»

Pour lui, si les réserves de coton n’étaient pas domaniales, la majorité aurait déjà abandonné cette culture.
« La rareté ou les retards des phytosanitaires, l’insuffisance et l’incompétence des encadreurs est également à la base de cette faible production », explique Joseph, un autre cotonnier de Buganda en province Cibitoke.
Il se souvient qu’en 2014, plus de 60% de son champ a été décimé, faute de pesticides. Il se dit nostalgique du temps où il y avait un suivi strict.

Les effets des changements climatiques constituent un autre défi de taille. M. Mutankana se rappelle le temps où, sur 1 ha, il récoltait 2 tonnes. « Avec la rareté des pluies, beaucoup peinent à avoir 1 tonne par ha»

La Cogerco « à l’écoute des cultivateurs du coton »

« Il y a cinq ans, 1kg de coton graine coûtait 300Fbu. Actuellement, il est à 500 Fbu, ce qui est un signe de compréhension de leurs lamentations », réagit Pierre-Claver Nahimana, directeur général de la Cogerco. Et de promettre que son conseil d’administration se réunira bientôt pour voir si une autre légère augmentation est possible.

Quid de la production ? Il souligne qu’elle est proportionnelle aux terres disponibles. « Elle oscille autour de 1000 tonnes de coton fibre.» Aujourd’hui, l’espace réservé au coton est tombé en dessus de 2500 ha alors qu’il dépassait 9 mille ha entre 1960-1971.

Il évoque également le manque d’investissements : « Le secteur de la production cotonnière ne bénéficie pas d’appui budgétaire extérieur. Ce qui réduit fortement la marge d’investissements à consentir pour augmenter la productivité ».

Cependant, il tranquillise : « Notre vision n’est pas seulement de cultiver pour vendre, c’est aussi développer une industrie textile et confectionner des habits localement.»

Et d’annoncer que le Burundi a signé une convention avec le Brésil pour redynamiser cette filière. Un projet incluant aussi la Tanzanie et le Kenya. Côté burundais, confie-t-il, les contacts, les réunions préliminaires ont commencé, un programme et des comités de pilotage sont déjà à l’oeuvre.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. MANA

    Je crois qu’il faut un plan global de développement touchant les secteurs clés : agriculture(produits alimentaires et ceux d’exportation), régulation des naissances, développement communal, … Naviguer à vue ne nous mènera nulle part. C’est pour cela qu’il faut vider les problèmes politiques pour enfin s’attaquer aux problèmes de développement.

  2. Rurihose

    Juste pour vous faire une idée
    Il y a 5 ans 1kg coutait 350 bif
    Aujourd hui 1kg coûte 500 bif.
    La productivité d’un ha est de moins d’une tonne. (Explication donnée: Séchetesse et mauvais encadrement, etc…)
    Conclusions:
    1)Avec la dévaluation, la valeur réelle d’un kg de coton a chuté (en 2013, 1$ Usd se vendait bif 1500. Aujourd hui il se vend à bif 3000)
    2) Il est plus rentable de cultiver soit le manioc, le haricot ou la patate douce

    Triste, vraiment triste

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