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Les Burundais et Facebook : un coup de foudre ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Les Burundais et Facebook : un coup de foudre ?

Voici que, six ans après son ouverture au grand public, les Burundais s’emparent de plus en plus, avec avidité, du plus grand réseau social au monde. Découvrons des amis (potentiels)…

<doc3926|right>Lisons : « Je trouve que les jeunes burundais utilisent l’outil Facebook d’une manière responsable et bénéfique. J’en vois certains y créer des groupes ou l’on discuter des sujets qui, dans les rues ou dans les maisons, sont tabous. Des jeunes filles qui créent un groupe réservé uniquement aux filles, pour parler de leur monde à elles, […], des débats et échanges sur des sujets politiques… » L’enthousiasme va plus loin, puisque [Francis->http://www.facebook.com/francis.muhire], l’auteur de ce post s’adresse alors « aux jeunes du monde [qui] devraient prendre exemple sur la façon dont les Burundais utilisent Facebook… »
Sans toutefois embrasser cet admirable nationalisme « facebookien », donnons raison à ces propos en constatant les faits. Dont certains noms : parmi les plus en vue, le [Burundian Diaspora Network->http://www.facebook.com/groups/burundiandiaspora/] qui se propose de mettre en contact les Burundais d’ailleurs (199 amis). Puis le [Burundian Professionnal Network->http://www.facebook.com/groups/BujumburaProfessionalsNetwork/] où on demandait, il y a quelques jours, aux 1264 amis du compte « s ‘il n’y a pas quelqu’un qui connaît une coopérative consacrée à la banane… » Il y a aussi [Nawe Design->http://www.facebook.com/groups/nawedesign/], un groupe dédié au graphisme et qui rassemble 486 membres. Mardi 1 mai, l’un de ses acteurs les plus talentueux, Franck, postait sa dernière réalisation : l’affiche pour le compte de la Brarudi de la première session And 1 à Bujumbura.

Au niveau culturel, le compte de l'[Institut Français du Burundi->http://www.facebook.com/profile.php?id=100002342547713] affiche 739 amis, celui du [café-littéraire Samandari->http://www.facebook.com/samandari.litterature] en aligne 704, loin, très loin des 1584 membres du groupe [Akeza.Net->http://www.facebook.com/groups/akeza/] qui adhèrent à ce mot d’ordre : « Promouvoir les beautés du Burundi ». Quant au domaine scolaire, le [lycée du Saint-Esprit->http://www.facebook.com/lycee.esprit] est en tête avec un compte de 1580 amis qui pleurent, il est vrai depuis lundi, la disparition du célèbre recteur de l’établissement, le Père Ignace Samulenzi.

Des chiffres

Mais en fait, combien de Burundais sont sur Facebook ? S’il est assez aléatoire d’affirmer en avoir le nombre précis, procédons par recoupements. Prenons le compte burundais qui aligne le plus d’amis, [celui d’Iwacu->http://www.facebook.com/iwacu.voixduburundi], avec 5.002 noms qui suivent chaque jour ses posts. Prenons le second compte facebook burundais le plus populaire : [celui d’Alexis Sinduhije->http://www.facebook.com/alexis.sinduhije], président du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie. 4994 fans. Additionnons les deux chiffres, en soustrayant les amis en commun. Nous tombons sur 8706 noms. Ajoutez à ceux-ci des Burundais qui ne veulent pas lire Iwacu, ou qui ne savent pas que le journal se trouve sur Facebook (il y en a…) et ceux qui ne portent pas particulièrement Sinduhije sous leurs clics. Tout cela vous fait rapidement franchir le chiffre de 10.000 et plus.

Mais qui sont-ils ?

A l’origine, tout commence par [HI 5->http://www.hi5.com/?]. Vous souvenez-vous ? Il y a sept ou huit ans, c’était le réseau social burundais par excellence, fréquenté en grande majorité par les jeunes adolescents qui se sont retrouvés au Canada ou en Europe, loin de leurs copains et copines de Bujumbura. En exil ou pour les études, le sentiment de « famille » leur manquait. Alors on se rendait sur [www.hi5.com->http://www.hi5.com/?] pour chercher ses anciens camarades de classe, poster sa dernière photo, créer des discussions sur tout et rien. Puis est venu Facebook. Qui a amplifié le mouvement. Et bientôt, se sont ajoutés d’autres facteurs comme la venue d’Iwacu sur le réseau social fin 2009, puis les élections de 2010 qui y installèrent le débat politique, et bien évidemment des événements « visuels » comme l’élection de Miss Burundi qui déchainèrent, des semaines durant, des commentaires esthétiques parfois douteux.

Résultat : s’il existe l’adresse web la plus visitée dans les communes urbaines de Bujumbura, c’est bien [www.facebook.com.->http://www.facebook.com/] De Musaga à Kamenge, en passant par le centre-ville, Buyenzi ou Ngagara, les gestionnaires des cybers le jurent. Même chose pour cet étudiant du campus Mutanga Nord de l’Université du Burundi: « Principale adresse de mes camarades quand ils en entrent dans la salle informatique : Facebook! », assène Patrick, en riant.

De plus en plus présent

Le réseau social est devenu si présent dans la jeunesse urbaine burundaise qu’il y a un mois, on s’intéressait à la couverture « facebookienne » de la grève générale de mars par [un certain Jean-Régis->http://www.facebook.com/jeanregis.nduwimana] : « Les photos sont accompagnées de commentaires. L’initiative de cet ancien journaliste est saluée au pays et dans la diaspora, même si l’image la plus prisée n’a reçu qu’une petite centaine de visites en trois jours », expliquait [www.afriquinfos.com->http://www.afriquinfos.com/articles/2012/4/11/medias-sociaux-sinvitent-dans-crise-sociale-200345.asp].

Car, même s’il est très prisé, Facebook reste le luxe d’une petite partie de la population burundaise (la diaspora en moins) : certains citadins. Les raisons : « La faiblesse du parc informatique, le débit, particulièrement lent, de la connexion internet, l’accès à l’électricité réservé à une frange de privilégiés (2% de la population) et la suprématie de la radio comme moyen de communication. Comme partout ailleurs en Afrique », explique Arnaud Arakaza d’Afriquinfos.

Des élections sur Facebook ?

Et bien, si l’on devait se fier au réseau social pour savoir le plus populaire des politiques burundais, [Alexis Sinduhije du MSD->http://www.facebook.com/alexis.sinduhije] l’emporterait largement, devançant d’un milliers d’amis le second, … [Hussein Radjabu->http://www.facebook.com/profile.php?id=100000972623558] (3.922 amis). Puis vient [Agathon Rwasa->http://www.facebook.com/profile.php?id=100000669070800], qui aligne 2171 amis. Des montagnes, si l’on se réfère à [Pierre Nkurunziza->http://www.facebook.com/pages/Pierre-Nkurunziza/108286865863017] : 237 personnes seulement « aiment » le président du Burundi ! Mais attention : de [Pierre Buyoya->http://www.facebook.com/pages/Pierre-Buyoya/105534546147391] (136 amis) à [Jean-Baptiste Bagaza->http://www.facebook.com/profile.php?id=100001797836277] (27), en passant par [Domitien Ndayizeye->http://www.facebook.com/pages/Domitien-Ndayizeye/107974869231402] (16) et [Sylvestre Ntibantunganya->http://www.facebook.com/pages/Sylvestre-Ntibantunganya/141294869219224] (59), tous les anciens chefs d’État possèdent leur griffe Facebook. Même la discrète [Denise Nkurunziza->http://www.facebook.com/pages/Denise-Nkurunziza/139366656133502] a 58 personnes qui aiment le compte de la première dame du Burundi, avec, pourtant, zéro post depuis près d’une année ! Un sujet à approfondir…
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Les chiffres publiés dans cet article ont été enregistrés ce 30 avril. Certainement qu’ils ont varié depuis.

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