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Le Président, garant de la démocratie

04/08/2011 Commentaires fermés sur Le Président, garant de la démocratie

Depuis 2005, le Burundi est gouverné par un Président démocratiquement élu, selon la Constitution, qui s’inspire de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation. Ces deux textes précisent également le rôle et le pouvoir du Chef de l’Etat.

La Constitution du Burundi, dans son article 95, précise que le Président de la République incarne l’unité nationale, veille au respect de la constitution et assure par son arbitrage la continuité de l’Etat et le fonctionnement régulier des institutions. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités et accords internationaux.
Les accords d’Arusha prévoient que le Président de la République exerce un pouvoir réglementaire et assure l’application et l’exécution des lois. Il exerce ses pouvoirs par décrets, contresignés, le cas échéant, par un vice-président ou un ministre intéressé. Ces deux textes sont clairs également sur le mode de nomination du Président.

Dans ses activités de tous les jours, le président de la République travaille en étroite collaboration avec ses ministres, qui sont chargés de mettre en œuvre les mesures qu’il a prises, ou celles décidées par le conseil des ministres. Pour ce mandat-ci, le Président a eu plus de liberté dans la nomination des ministres qui composeront son gouvernement, sans se référer strictement à l’Accord d’Arusha. En nommant les ministres et d’autres cadres compétents, sans se soucier nécessairement de leur appartenance politique, le Président peut ainsi réaliser le maximum de ses projets.

La population a un œil sur les institutions

Même si le pouvoir du président de la République émane de la constitution, elle-même votée par la population, son élection au suffrage universel direct lui confère un pouvoir de décision considérable dans l’administration d’un pays. Mais il travaille en étroite collaboration avec l’Assemblée Nationale et le Sénat. En effet, la population élit également ses représentants qui travaillent avec le Président de la République pour le bien être de la nation. Ainsi donc, le peuple charge le Président de la République de gérer convenablement la chose publique, et il mandate les députés pour s’assurer que le Chef de l’Etat et ses collaborateurs se soucient des préoccupations de la population.

« Pourtant, le boycott de certains scrutins par certains partis politiques a fait que le Parlement soit une simple chambre d’enregistrement parce que le parti Cndd-Fdd y est massivement représenté », remarque un politologue. Malheureusement, indique-t-il, cela a fait qu’une partie de la population, qui n’a pas participé au scrutin, ne reconnaisse pas la légitimité et le pouvoir du président élu. Ce qui peut engendrer du désordre dans le pays, souligne ce politologue, comme c’est le cas aujourd’hui.

Un risque autoritaire

« Mais, le principal risque réside en sa possibilité de modifier la Constitution à son avantage, par le fait qu’il a une majorité écrasante au Parlement », renchérit un constitutionnaliste.
En effet, l’article 300 de la constitution stipule que le projet ou la proposition d’amendement de la constitution est adoptée à la majorité des quatre cinquièmes des membres qui composent l’assemblée nationale et des deux tiers des membres du sénat. L’article 298 quant à lui donne au président de la République le pouvoir de soumettre au référendum un projet d’amendement de la constitution. En se référant à ces deux articles, estime le constitutionnaliste, le parti majoritaire pourrait donc s’arroger le droit de changer la constitution en ce qui concerne le nombre  et la durée des mandats d’un président élu.

Le Président du Burundi a ses qualités, mais tout n’est pas parfait…

Le Président Pierre Nkurunziza a des côtés positifs par rapport à ses prédécesseurs. Selon Pacifique Ninahazwe, délégué général du Forsc (Forum pour le renforcement de la société civile), c’est un Président qui est très proche de la population, à travers les descentes et les activités qu’il fait dans tout le pays. Avec pour corollaire le développement de certaines infrastructures. Néanmoins, il trouve que le Chef de l’Etat ne s’explique pas assez sur des dossiers très sensibles : « Nous aurions aimé que le Président donner des orientations claires lorsqu’il y a des violations graves des droits de l’homme. »

Pour lui, le Président a un grand rôle à jouer pour ressouder le tissu de cette société, afin de ne pas retomber dans les travers du passé. Naturellement, un Chef d’Etat n’abuse pas de son pouvoir mais « se démarque dans la différenciation d’un homme d’Etat qui pense aux prochaines générations, et un homme politique qui pense aux prochaines élections » selon M. Nininahazwe.

Selon l’ancien Vice-président de la République, Frédéric Bamvuginyumvira, il faut trouver les solutions aux questions de fond en ce qui concerne le rôle, le pouvoir et la nomination du Président : « Du fait que c’est lui seul qui a le pouvoir de promulguer les lois, de nommer, par décret, les grands gestionnaires de l’Etat. » Mais, avec la force d’un leader, M. Banvunginyumvira, précise qu’il reste beaucoup de chose à corriger au niveau du rapport entre le gouvernement et le citoyen.

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