Jeudi 18 avril 2024

Société

« Le plus choquant, c’est cette apparente indifférence des autorités. »

Carina Tertsakian, responsable du programme Burundi à Human Rights Watch réagit sur l’enlevement de notre collègue et estime que la police devrait faire son travail.

 

Carina Tertsakian responsable du programme Burundi à Human Right Watch ©Iwacu
Carina Tertsakian responsable du programme Burundi à Human Right Watch ©Iwacu

Quelle analyse faites-vous deux semaines après la disparition de Jean Bigirimana ?

Human Rights Watch est gravement préoccupé par la disparition de ce jeune journaliste, Jean Bigirimana. Ça fait deux semaines que personne n’a de ses nouvelles. Qu’est-il devenu ? Pourquoi ce silence ? Si on lui reproche quelque chose, qu’on le traduise en justice et qu’on le présente devant un tribunal, conformément à la loi burundaise. Si on ne lui reproche rien, qu’on le libère immédiatement.

Nous sommes particulièrement inquiets parce que ce n’est pas la première disparition au Burundi. Loin de là.

Beaucoup d’autres personnes ont disparu sans laisser de trace. Certaines sont probablement mortes, mais puisque tout cela se passe en secret, il n’y a pas de confirmation. C’est ce qui est le plus douloureux pour les familles et leurs amis. Par exemple, depuis décembre 2015, aucune nouvelle de Marie-Claudette Kwizera, la trésorière de l’association des droits humains la Ligue Iteka. Et d’autres cas qui se sont succédés par la suite. Le plus choquant, c’est ce manque de réaction, cette apparente indifférence des autorités.

Comment jugez-vous le comportement de la police ?

La police a nié toute connaissance de ce cas et dit que Jean n’est pas entre les mains de la police. C’est peut-être vrai, mais où est-il alors ? Certaines sources affirment qu’il pourrait avoir été enlevé par le service de renseignements. Est-ce que la police a enquêté ? C’est son devoir de le faire et de suivre toutes les pistes minutieusement jusqu’à ce qu’on retrouve Jean Bigirimana. Un déni simple, ce n’est pas suffisant. Que la police fasse son travail et qu’on mette fin à ce silence, à cette angoisse.

Quel regard portez-vous sur les tweets de Willy Nyamitwe, chef de la communication du président Nkurunziza ?

Je les ai trouvés inquiétants. Quand il dit qu’il commence à craindre le pire, quand il implique que les groupes d’opposition pourraient être responsables de cette disparition, on a l’impression que les autorités préparent en quelque sorte le terrain pour une information éventuelle faisant état de la mort de Jean Bigirimana. J’espère que je me trompe et que cette lecture n’est pas la bonne. Car en même temps, il dit qu’il garde espoir que Jean est encore en vie et que les coupables seront connus et arrêtés. Je partage cet espoir. Que les autorités burundaises agissent vite et nous éclairent rapidement sur son sort. Je voudrais lancer un appel à Monsieur Nyamitwe : Jean est votre ancien collègue, un journaliste comme vous, faites ce que vous pouvez pour nous éclairer sur son sort.

Forum des lecteurs d'Iwacu

15 réactions
  1. MIZA

    Chers soeurs et frères, les atrocités ont été commises au Burundi. Allons-nous continuer nous instruits à les perpétuer ? Levons-nous comme un seul homme pour réclamer la justice. Que ceux qui ont commis ces atrocités soient punis conformément à la loi du Burundi. Les enfants, les petits-enfants des uns et des autres ne vont pas continuer à payer pour des fautes qu’ils n’ont pas commises ! Evoluons un tout petit peu dans nos mentalités. Quel psychologue pourrait-il nous aider ?

  2. Mudy

    Ca fait mal,ibibera muburundi bwa Nyaburunga

  3. Paix

    Roger crettol,
    L’esprit satanique où les individus de ton genre ont toujours décimé les peuples dans la région des grands lacs en provoquant des génocides et crier après comme s’ils sont victimes alors que ce sont eux les bourreaux, a été démasqué. Cherchez d’autres astuces diaboliques car celui-ci est dépassé. Et comme vous êtes ingénieux, vous en trouverez sans doute mais hélas pour vous, il n’y aura plus de génocide au Burundi. On vous a compris.

    • roger crettol

      @ Paix
      Contrairement à ce que vous affirmez, je me réjouis sincèrement que la crise actuelle n’ai pas débouché sur un génocide au Burundi.

      Si s’inquiéter du sort d’une personne arrêtée ou enlevée dans des circonstances troubles vous semble satanique, et s’il vous semble diabolique de s’interroger sur les raisons du silence et de la passivité la police dans cette affaire – libre à vous.

      Vous êtes le seul (la seule ?) à avoir mêlé la question des génocides à celle de la « disparition » du journaliste Jean Bigirimana. Pourquoi ? On ne peut que souhaiter que des informations précises et sûres soient communiquées concernant le sort du journaliste. Ne serait-ce que par égard pour sa femme et ses jeunes enfants.

      Vous détestez mes commentaires; moi, de mon côté, je ne cache pas mon manque total de sympathie pour la plupart des actions du gouvernement dans la genèse et la gestion de cette crise. Malgré ces divergences, efforçons-nous de ne pas déraper …les injures ne feront rien avancer.

      • Burundi

        Mr ou Madame roger crettol,
        Il est regrettable qu’un seul être humain disparaisse ainsi. Je déplore cette situation, mon souhait c’est qu’o trouve Jean Bigirimana sain et sauf; qu’il retourne auprès des siens.
        Je me pose tout de même la question de savoir où était notre chère amie du Burundi Carina Tertsakian et des Barundi, je n’ai pas connaissance de ses réactions quand on a lâchement et sauvagement assassiné Madame la ministre auprès de la communauté africaine de l’est. Où est-ce qu’elle était? Peut-on savoir votre réaction ce jour-là? Ne pensez-vous pas que une vie a une valeur qu’une autre? Je reprends les termes de la personne qui vient de s’exprimer avant moi : on vous a compris et j’ajoute personne n’est dupe.

  4. Jereve

    Le pouvoir est devenu insensible aux souffrances du peuple. Il n’y a plus rien à espérer.

  5. rekha Shah

    En ’72 mon père est parti ainsi. Ma mère a tout fait pour le retrouver et Murere a répondu exactement comme Nyamitweet

  6. Justice

    Non madame , le plus choquant c’est que des organismes comme le vôtre remuent terre et ciel pour que ce qui s’est passé au Rwanda en 1994 se répète également au Burundi. Si on était d dans un monde où la justice à un sens , on devrait les traduire en justice. On vous empêchera ce commerce.

    • roger crettol

      @ Justice
      Pourquoi la rage que l’on devine derrière cette intervention ?
      Quel lien peut-il bien exister entre l’enlèvement du journaliste et un quelconque génocide ? Et qui traduire en justice, pour quels méfaits.

      Le génocide de 1994 au Ruanda est lié à la propagande infâme diffusées par la radio des mille collines – à ce que l’on dit généralement.

      Mais l’an dernier, ce sont des officiels burundais qui donnaient – en kirundi – des consignes ambiguës à leurs subordonnés ou aux membres du parti. Consignes qu’on a pu interpréter comme un appel au « nettoyage ».

      Qui traduire en justice, et pour quels méfaits ?

      • Fofo

        @roger crettol,
        Nettoyer qui au juste? Voilà des interprétations qui ne visent que diviser les burundais, heureusement que tout burundais comprend déjà votre langage et connait les stratégies de « diviser pour régner »!

      • Didier Nijimbere

        Mr Crettol Roger, si génocide était prévu et préparé comme vous nous l’annoncer, pourquoi n’est il pas jamais eu lieu jusqu’à présent, puisque les décideurs accusés sont tjrs les responsables du peuples actuels… en un peu de mots le génocide est un fléau si terrible auquel il ne faut pas faire appel à chaque secousse pour assouvir votre soif bélliqueux… .

      • Mayagwa

        @roger crettol,
        Les africains avons été pendant +ieurs décennies manipulés par des gens comme vous mais sachez que nous sommes maintenant capables de comprendre certaines interprétations et leurs visée!
        J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt l’audio du Président Sénat burundais. Il est vrai qu’il a utilisé le terme vulgaire « kora » (un langage DD) mais ne s’interprète pas comme « nettoyer ». S’il s’interprétait comme « nettoyer », là il fallait préciser qui devrait être nettoyé? Vous direz certainement qu’il appelait les hutu pour nettoyer les tutsi comme si les personnes à qui il parlait dans cette réunion étaient des hutus uniquement. Pourtant dans la salle, il y avait des élus locaux, militaires, policiers, etc. de toutes ethnies confondues! Je me pose la question de comment pouvait-il appeler les tutsi pour nettoyer leur ethnie! Cette interprétation est une pure manipulation qui ne visait qu’embraser le pays qui semblait déjà en fumer, heureusement que les barundi en ont suffisamment assez sinon on allait connaître le pur!

  7. GIHUGU

    Il est inconsovable qu’un journaliste disparaisse comme et qu’un responsable de la communication du président autoproclamé s’en moque

  8. Fofo

    Je partage la même conclusion » [Ndlr: Je voudrais lancer un appel à Monsieur Nyamitwe : Jean est votre ancien collègue, un journaliste comme vous, faites ce que vous pouvez pour nous éclairer sur son sort.].
    Patience, espoir et sagesse dans les enquêtes! Évitez de vous accuser, plutôt collaborer étroitement!

  9. Tijos

    ça fait mal de voir tant des innocents disparaître sans que l’on sache où ils se trouvent. Tôt ou tard la vérité éclatera au grand jour. Et le gouvernement dans tout ça >> Le pays ets en paix, personne n’est tué. Ce sont les Rndais et les Sindimuja qui tuent …. Ikinyoma kimara isaha ntikimara umwaka

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