Mardi 19 mars 2024

Santé

Le CHUK se vide de ses médecins

22/06/2017 13

Des patients dénoncent une extrême rareté de médecins spécialistes au CHUK. Une réalité que déplore la direction de l’hôpital.

Le Directeur adjoint chargé des soins au CHUK regrette la fermeture du 3ème cycle

C’est une mère désespérée rencontrée, ce mardi 13 juin, au Centre hospitalo-universitaire de Kamenge (CHUK) communément appelé hôpital Roi Khaled. Elle cherche un ORL pour opérer la langue de son enfant de six mois qui souffre depuis sa naissance. Elle rentre bredouille, la réception lui annonce que le médecin n’est pas disponible. Elle devra y retourner dans trois jours.

Une jeune femme a été garde-malade d’un membre de sa famille hospitalisé à cet hôpital, il y a deux semaines. Il souffrait du cancer du foie. La jeune femme affirme qu’ils ne recevaient que des visites d’infirmiers.

« L’hôpital a évolué, les médecins font des consultations à distance via leurs portables », avançaient les infirmiers, d’après la jeune femme. Cette dernière déplore que le peu de médecins spécialistes exerçant au pays passent la plupart de leur temps dans leurs cabinets privés.

L’hôpital pleure la fermeture du 3ème cycle

Dr Leonard Bivahagumye, Directeur adjoint chargé des soins au CHUK, confirme cette carence de médecins, la gynécologie étant le service le plus touché. Il évoque comme raison essentielle la fermeture du 3ème cycle en médecine. « Ce programme de spécialisation, jadis dispensé à l’hôpital Roi Khaled, a été annulé par le gouvernement depuis 2014. »

Il évoque également un effectif important de médecins, partis à l’étranger pour des formations, qui n’ont pas été remplacés.

Dr Bivahagumye fait savoir que cette rareté de médecins touche toutes les spécialités : « Au moins un médecin est parti dans chaque spécialité. » Toutefois, il se veut rassurant : « Trois médecins généralistes, deux gynécologues, des médecins vacataires du service des urgences et pédiatrie ont été recrutés. » Et d’ajouter que l’hôpital a demandé la permission de remplacer les médecins partis, la décision du gouvernement de ne plus recruter dans les institutions publiques constituant un frein.

Concernant les consultations par téléphone, Dr Bivahagumye dément catégoriquement : « Cela n’existe pas au CHUK ! » Il reconnaît que des spécialistes consultent dans leurs cabinets privés, mais en dehors des heures de service. Et de préciser qu’ils ont un contrat de cinq demi-journées par semaine au CHUK. « C’est à eux de s’organiser pourvu qu’ils respectent ces cinq demi-journées. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

13 réactions
  1. King William

    Il faut rouvrir le 3e cycle en Médecine et donner la chance aux méritants d’y accéder plutôt que de passer par les bourses « politisées » du ministère et qui donnent accès aux 3e cycle en Russie ou en Chine en sachant qu’un Burundais qui y fait la spécialisation en gynéco ou en chirurgie n’aura même pas la chance de faire un simple accouchement ou une suture simple et à son retour, il n’aura que le diplôme sans pratique…

  2. Oss

    C’est la faute au rwanda, bien sur.

  3. Knz

    Les DDs, la chanson « Rwanda » nous bouche les oreilles. Vous criez sur tout les toits que vous avez une armee forte et pro. La derniere interview du president kagame sur jeune afrique il avait bien qu’ il n’ acceptera pas que vous franchisez la ligne rouge qu’ attendez vous d’ en decoudre avec lui?

  4. Jean Habonimana

    Je m’évertue à prêcher dans le désert depuis la crise: La ruine économique, la décomposition sanitaire et sociale sera pire que l’assouvissement de la haine contre une partie de la population. Et la haine ne peut être assouvie, c’est un tonneau des Danaïdes sans fin. Autant revenir à l’essentiel : transformer la société pour donner une vie descente à la population la plus misérable du monde et la plus arriérée de toutes. La haine ne se mange pas. C’est de métier et d’emplois décents dont a besoin l’immense jeunesse burundaise dont 70% ont moins de 30 ans. Nous vivons dans un monde éblouissant de technologies qui s’apparentent au miracle, la haine ne devrait pas nous faire perdre inutilement du temps. C’est de progrès qu’il faut donner à la jeunesse et non de la haine. Si le leadership lui propose la haine, les jeunes prendront la haine, si le leadership lui propose le progrès, la transformation et la révolution technique, la jeunesse prendra cela. Mais hélas, la haine est plus forte que toute logique.

    • Busorongo

      Quelle haine et envers qui?
      Pourquoi cette haine?
      Qui nourrit cette haine? La victime ou son « adversaire » ?
      Que gagne @Habonimana en nous annonçant l’existence d’une haine des uns envers les autres?

    • Steve

      Merci Jean…. Comme Jean Baptiste, continuez de prêcher dans le désert. Peut être hazogera igihe wumvirwa. Ikibi gishobora gutsinda iciza mu gihe abantu nkamwe bohora ntibasubire gusemerera

  5. Busorongo

    La corruption dans toutes ses sens gangraine depuis des decenies le système de santé burundais.

  6. John

    Pauvre Burundi!
    J’en connais un bon nombre qui risqueraient de se retourner dans leurs tombes s’ils apprennaient ce qui se passe aujourd’hui dans le pays de Mwezi Gisabo et du Prince Louis Rwagasore…
    Mais il ne faut pas se voiler la face car ces spécialistes sont plutôt passés de l’autre côté de l’Akanyaru et ils ne sont pas pressés de rentrer car ils sont bien rémunérés et 100% en sécurité au pays de Kagame!

    • LANGA SOURCE

      @John :Correct,leur nombre au Rwanda serait autour de 200.Ils sont bien appréciés et sont bien integrés dans le pays.

  7. Les raisons sont ailleurs et seront étalées au grand jour le moment venu. Les médecins ont besoin de travailler dans la sérénité. Un médecin digne ne peut pas se soumettre aux ordres d’un milicien en signant des certificats de décès des personnes tuées ailleurs, juste pour couvrir le tueur et faire face à de dures questions dans le futur. Voilà pourquoi ils préfèrent prendre le large . S’il y en a qui restent dans leurs cabinets privé, ceux qui n’en ont pas préfèrent partir. Et dans tout cela, qui perd? Le patient qui ne sait plus à quel saint se vouer, l’hôpital qui perd sa capacité à justifier son existence et le pays qui perd un médecin et probablement le (citoyen) patient. Les Burundais devraient se lever ou s’asseoir (tout dépend de comment vous prenez la chose) pour penser aux solutions à la crise au lieu d’user de mensonges pour justifier l’injustifiable.

  8. Nduguruye Twamugina

    Ce Monsieur a besoin de porte-parle avant qu’il soit lessive.
    Pentiente un peu Monsieur. Nous avons envoye des imbonerakure en formation chirurgicale au Congo dans le pays. Actuellement ils pratiquent la chirurgie sans anestesie. Dans 3 mois, ils reviendront docteurs dans toutes les specialites. En plus, nous nous attelons a creer un cycle fondamental dans toutes les universites du Bdi.

  9. Muhuza

    Merci Iwacu vous faîtes un travail louable mais juste pour compléter l’article, je vous envoie le lien pour vous montrer que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Dr BIVAHAGUMYE ne vous a pas dit que le peu des médecins spécialistes dont disposait le Burundi sont là : http://www.igihe.bi/Rwanda-Abaganga-b-abarundi-bahawe.html

  10. LANGA SOURCE

    Cette situation est déplorable et pourtant,depuis plus de 30ans,le pays a formé de centaines de médecins specialistes dans les differents domaines de la médecine.Malheureusement,suite au mauvais traitement (salaires insignifiants,conditions de travail,etc….),tous se sont exilés à l’étranger où ils sont mieux payés(Rwanda,Afrique du Sud,Belgique,USA,…..)Le pouvoir DD n’aucun souci de cela,sauf s’offrir un 4ieme,5ieme mandat!Le ridicule ne tue pas!

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