Jeudi 25 avril 2024

Société

Le Chef d’Etat veut en finir avec le vagabondage

30/12/2016 9
Deux enfants s’abritant le soleil sous un parapluie aux insignes du parti au pouvoir
Deux enfants s’abritant le soleil sous un parapluie aux insignes du parti au pouvoir

Le ministère de la solidarité et la mairie de Bujumbura ont procédé ce jeudi 29 décembre, avec l’appui de la police, au démantèlement du site des déplacés de Carama, situé dans la commune Ntahangwa de la mairie de Bujumbura.

Ce site abritait jusque lors 185 familles des 260 qui s’y étaient établies depuis trois ans, après la destruction du site de Ku Mase, situé quant à lui dans la commune Mukaza de la capitale.

« Nous voulons les emmener dans leurs provinces d’origine. Nous concrétisons le souhait du président de la république. Il ne veut pas que le jour de  l’an arrive sans que tous les vagabonds de la ville de Bujumbura ne soient réintégrés dans leurs familles. », a confié Fiacre Niyonkuru, responsable de coordination de cette activité, sur le même site.

« Le ciel nous tombe sur la tête. Nous ne savons pas où aller », martèle un vieux sinistré qui a requis l’anonymat. « Même si l’Etat ne tolère pas ceux qui manifestent, je me dis qu’il vient de légitimer la manifestation de notre colère ».

Toutes les huttes complètement à terre, les parents, impuissants, étaient tétanisés. Des ustensiles de cuisine par-ci, des haillons en feu par-là, etc., le désespoir se lisait sur tous les visages.

Les sinistrés dénoncent la manière dont les autorités ont traité différemment les déplacés du site de Carama. « Certains ont eu des parcelles à Maramvya. Et voilà, nous sommes, nous autres, expulsés ».

Quatre camions de la Police Nationale avaient été apprêtés en vue d’acheminer les sinistrés qui le désirent dans leurs provinces d’origine.
« En guise de solidarité, une aide constituée de dix kg de riz et de haricot a été octroyée à chaque famille des 185 concernées », a rétorqué Fiacre Niyonkuru aux allégations faisant état de distribution de cinq kg seulement. « De plus, des mesures d’accompagnement pour la scolarité des enfants ont été pensées. Nous collaborons étroitement avec les gouverneurs ».

La police n’a pas fait usage de la force pour les déloger.

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. Les pleurs

    Quel mauvais cadeau pour la fin de l’annee? La photo montre bien comment la violence a ete plutot utilisee. Detruire des huttes comme cela n’est pas violent? Maltraiter ces pauvres deplaces de la sorte ne donnera pas benediction a personne. Que leurs pleurs soient entendues par le vrai Protecteur des pauvres. La haine ne resoudra jamais aucun probleme.

  2. MC

    Au fait, qui les avait deplaces « au camp de Carama »? Mon Dieu, a Kumase, ils etaient accuses d’occuper illegalement une propriete d’autrui….Et l’etat les avait deplaces a Carama. Maintenant, on les appelle « des vagabonds ». Demain, ils auront un autre nom. Quelles provinces d’origine? Pauvres ou riche, n’avons nous pas le droit de vivre dans n’importe quelle province? Les Batwas font toujours la meme chose et ils ne sont pas inquietes! Certains ont ete contraints de fuir, parce que leur familles y ont ete massacrees par ceux – la meme qui veulent les y renvoyer de nouveau. Curieux, ces deplaces n’ont pas eu eux  » la chance d’etre ecoutes par l’ombusma », qui a recemment decide en faveur d’autres deplaces de Gihanga, qui pourant occupent les zones de l’environement! Et si le groupe ethnique de la majorite de ces deplaces posait plutot le problemme?

  3. Délit

    ‘…veut en finir avec le vagabondage’. Depuis quand, un réfugié est-il qualifié de vagabond? Le vagabondage, en droit, si je ne me trompe est un délit. Est-ce le cas de ces malheureux qui avaient fui l’insécurité?

  4. jovit

    Et c’est le ministère de la Solidarité qui s’est chargé de l’expulsion musclée de ces malheureux. Haha. Au Burundi et nulle part ailleurs… L’issue de tout ça ? Une tragédie et rien d’autre.

  5. kabingo dora

    Cela s’appelle « meilleurs voeux 2017 » en langue nationale au Burundi

  6. Busorongo

    Camp Carama= escroquerie de masse

  7. roger crettol

    « Le ministère de la solidarité et la mairie de Bujumbura ont procédé ce jeudi 29 décembre, avec l’appui de la police, au démantèlement du site des déplacés de Carama … »
    « Toutes les huttes complètement à terre … »
    « La police n’a pas fait usage de la force pour les déloger »

    Le démantèlement s’est opéré dans la liesse et au grand soulagement de ces malheureux déplacés. Les huttes se sont effondrées sous l’effet de la sollicitude des autorités.

    Comme d’habitude, JerryCan

    Et, hors sarcasmes, mes bons voeux pour une année *nouvelle* et paix dans nos coeurs à tous.

    • Micombero

      Chez vous des aventuriers peuvent venir en ville et s’installer dans un espace vert? Quel gachis?

      • roger crettol

        Il y a la forme, il y a la manière …
        Personne ne semble avoir parlé aux gens qui habitaient depuis trois ans un camp de déplacés, pour les prévenir d’un déménagement obligatoire.

        Un camp de déplacés, cela sonne pour moi comme un ensemble d’habitations qui ne s’est pas créé à l’insu des autorités, ou contre leur volonté expresse.

        Bien sûr, détruire leurs logements de fortune était le meilleur moyen de les convaincre de partir, La force, une fois de plus, prime le droit, prime le respect dû aux personnes humaines. Ce déménagement forcé n’est pas une réussite, et il a eu lieu au Burundi, à Bujumbura, sur décision des autorités sur place.

        Et que feront ces gens re-déplacés dans leurs commune d’origine ? Avec une petite ration alimentaire, de quoi tenir deux semaines ou un mois au plus ? Bonne et heureuse année, et bienvenue au Royaume de Misère.
        —————————-
        On peut comparer le site de Carama à la jungle de Calais où vivaient des migrants en attente de passage (clandestin) vers l’Angleterre. Ces camps ont été démantelés ces jours-ci. Cinq mille personnes ont été (re-)distribuées dans des centres d’hébergement français. Précarité un peu plus confortable que celle imposée aux déplacés burundais.

        Oui, on se retrouve devant les mêmes problèmes, avec les mêmes solutions inadéquates, et les difficultés – pour les déplacés ou migrants – amorties ou non selon la richesse des pays qui « font de l’ordre ».

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