Vendredi 29 mars 2024

Editorial

La peur

29/04/2016 11
Léandre Sikuyavuga
Léandre Sikuyavuga

Cette semaine, je voudrais m’arrêter sur deux faits : l’assassinat du Général Athanase Kararuza et son épouse ainsi
que sur la commémoration du 44ème anniversaire du « génocide contre les Hutu ».

C’est un sentiment de peur et de désespoir après l’attaque d’une violence inouïe qui a emporté ce haut gradé de l’armée burundaise et son épouse, lundi 25 avril. Leur fille rendra l’âme trois jours après. Au lycée du Saint-Esprit, lieu du crime, des élèves ont vécu quasiment en direct l’ exécution.

Aujourd’hui, ces enfants sont traumatisés et, sans doute, ces scènes resteront gravées dans leur mémoire et vont influer négativement sur leur avenir.

Ce qui vient de se passer est une régression barbare. Dans la culture burundaise, la femme et l’enfant sont des êtres à protéger.

En tirant sur le véhicule comme ils l’ont fait, les assassins voulaient exterminer complètement cette famille.

En revisitant nos archives (récentes), il nous apparaît que le Général Kararuza est le huitième officier des forces de défense et de sécurité tués depuis le 2 août 2015 ! Il faut y mettre un terme. Et surtout faire la lumière sur toutes ces tueries, qui emportent même la vie de citoyens anonymes.

Au moment où nous mettons sous presse, des banderoles annonçant la commémoration du 44ème anniversaire du génocide contre les Hutu de 1972 au Burundi dominent les places publiques de Bujumbura. Au programme de ce 29 avril, il est prévu une marche-manifestation de la place des martyrs de la démocratie à la paroisse Saint- Michel. Des slogans ? «Nous crions justice et notre cri sera entendu.» Ou encore : «Les victimes du génocide contre les Hutu de 1972 méritent la dignité.» Ce n’est pas tout : «Sans vérité et sans justice, pas de paix durable au Burundi». Et, enfin , «Non à la vengeance».

Déjà, à la veille de l’événement, des débats houleux fusent de partout. «Révolution !», clament certains Hutu. «Prétexte pour massacrer les Tutsi», rétorquent ces derniers.

Pour d’autres, aucune instance internationale habilitée n’a jusqu’à présent qualifié ce qui s’est passé en 1972 de génocide contre les Hutu. Par ailleurs, ils estiment que la conjoncture politico-sécuritaire du pays ne concourt pas à l’organisation d’une telle activité.

C’est vraiment triste de voir comment les uns et les autres veulent récupérer ce qui devait être un moment de recueillement.

Car commémorer, ce n’est pas cultiver ou planifier la vengeance. C’est se souvenir de ceux qui ont été tués, juste pour ce qu’ils sont.

Je rêve d’une journée nationale en mémoire de toutes les victimes des crises cycliques qui ont endeuillé et endeuillent
encore le Burundi.

Forum des lecteurs d'Iwacu

11 réactions
  1. Je constate que le pain est tres difficile a trouver si Mr Leandre Sikuyavuga, un Hutu qui a perdu ses parents pendant le Genocide contre les Hutu de 1972 ose parler ainsi. Nous avons vraiment un long chemin a parcourir. Neamoins, la CVR doit nous montrer comment le Regime terroriste Tutsi de Micombero a pu exterminer tous les intellectuels Hutus en 1972. D’ailleurs, les autres regimes qui ont suivi n’ont pas epargne les Hutus dans cette politique d’extermination de ce peuple malhereux. Je donnerais ici l’exemple de la politique I et U appliquee par Bagaza.

  2. Kagabo

    Oh, moi j’aime les Burundais dans leur diversion , dans la manipulation de l’opinion publique et la déviation du débat. remarquons que l’auteur monsieur Léandre n’a parlé nul part de monsieur Luc-Michel? Il a parlé la mort ou massacre ‘une famille dans un attentant terroriste et la commémoration historique du Génocide des Bahutu en 1972. Alors, dans ce débat ce Luc-Michel est venu faire quoi??? Voilà ce que nous n’arrivons pas à comprendre de la manipulation au Burundi.

  3. Denard

    Luc Michel le belge sur le sol burundais. Il faut le faire! Luc, t’es vachement naif. Pour ta gouverne, le proverbe qui suit m’a été planté par un vieux copain burundais: “les burundais rêvent l’oeil ouvert”, comme les crocos du Tanganyika, devait-il ajouter.

  4. Claude Nahayo

    En ce 29 Avril, jour de commémoration du Génocide de 1972, un fait marquant qui me choque: un certain Luc Michel, néonazi, antishoah,antiamericanosionniste,prohitler,antislam,antinoir, (il préside un parti d’extreme-droite belge fonde par un ex-colonel SS wallon-collabo des armées hitlériennes).Luc Michel est proslobodan,prokadafi,prosaddam,etc.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Luc_Michel_(militant)
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_communautaire_national-europ%C3%A9en
    Aujourd’hui, le 29 Avril, il est reçu par les plus hautes autorités du pays, notre Burundi (Maire de la Ville, Première Vice-President,etc.), on le voit souvent, a la RTNB, ce néonazi Luc Michel, comme invite « expert » a la RTNB qui se dit alors « anti-impérialiste » ….il faudrait plutôt qu’on se joigne aux autres peuples qui ont souffert, des « shoah », au lieu de se joindre aux extrême-droites européennes, comme Luc Michel, qui sont antinoirs, qui aiment les noirs « chez eux »….

    Si, nous Burundais, on s’enfonce plus dans la crise, il dira la même chose qu’il a dit sur ses ex-« amis » Slobodan, Saddam, Kaddafi,etc. Tranquillement de Bruxelles, il dira que c’est la faute aux occidentaux-americano-sionnistes,etc.etc. Luc Michel n’est pas un géostratégie, mais plutôt, c’est politicien belge d’extreme-droite qui est un nostalgique qui assume les idéologies néonazies et fascistes (et staliniennes) qui ont été vaincues depuis des décennies…il parvient apparemment a tromper la vigilance de nos autorités…notre perte…un 29 avril de commémoration…

    • roger crettol

      Pas si étonnant que cela ! Les fables de Luc Michel sur la Révolution de Couleur sont très goûtées par les cercles du pouvoir, qui veut masquer sa propre Révolution des Mandats et la probable Révolution des Quotas.

      Il est bien plus commode de se poser en victime que d’assumer les conséquences dramatiques d’un décision prise sans considération pour le bien du pays. Machiavel, je veux bien, mais jusqu’à mettre en danger son parti et son pays ?

      L’épisode embarrassant de la FIFA refait surface ces jours. A l’époque, j’avais pensé que l’on devrait honorer les succès de votre président par des doctorats h.c. en sciences économiques et politiques. Le même Luc Michel, qui a ses accointances avec le très-estimé Monsieur Poutine, aurait pu convaincre l’une ou l’autre université ukrainienne de rendre hommage à l’action de votre président. Mais voilà, on ne m’a pas écouté.

      JerryCan

  5. Karabadogomba

    Quelle instance internationale a qualifié les massacres de 1972 de génocide?
    C’est une machination politicienne.

    • NGENDAMBIZI

      Tu n »as pas perdu un membre de famille je te comprends.

      • Meursault

        Le pouvoir DD est pathétique! Un génocide hutu de 1972? C’est dire quoi? Que chaque hutu,chaque congolais, chaque rwandais qui se lève peut désormais crier génocide pour son groupe? Jusqu’aujourd’hui il n’ya que trois génocides qui sont reconnus au niveau intrenational: celui des juifs durant la deuxième guerre mondiale,celui des arméniens et des tutsi du Rwanda.Le pouvoir ethniste de Mr Nkurunziza et sa bande des assassins n’est pas l’organe habilité pour dire qu’il ya eu génocide hutu en 1972. Je dis et répète que la politique ethniste de Mr Nkurunziza ne sauvera pas le pouvoir DD en train de couler.Cessons de jouer au ridicule pauvres agents DD!

  6. Theus Nahaga

    Le problème est que de nombreux burundais se laissent récupérer par une propagande au lieu de regarder en face avec calme les faits.
    Des illuminés manient la machette et tuent des Tutsi dans le sud et le long du lac 1972 et proclament la sinistre République de Martyazo. Micombero et son régime décrètent qu’il faut éliminer tous les Hutu qui ont une visibilité sociale. Ces illuminés étaient peut-être des Hutu, mais leur crime étaient individuel et ne pouvait pas être imputé à tous les Hutu. De l’autre côté une propagande bien huilée veut nous faire croire que les massacres des Hutu en 1972 étaient le fait des Tutsi. Micombero et ses collaborateurs étaient des Tutsi mais ils n’ont jamais été mandatés par les Tutsi pour aller tuer des gens qui n’avaient rien fait. Les massacres furent une politique de Micombero et son régime les Tutsi n’ont rien à y voir.
    Ainsi on pourrait y aller de crise en crise. Nkurunziza et sa clique ont déclenché la crise actuelle non parce qu’ils sont Hutu, mais parce qu’ils ont décidé qu’un Burundi débout, un Burundi réconcilié malgré les antagonismes de toujours, ce Burundi allait échapper à leur griffe. Comme toujours au Burundi comme ailleurs on peut être tué pour ce que l’on est une chose qui est pure hasard. Mais le criminel lui tue parce qu’il a choisi de tuer. Là le hasard (la victime), ici le choix (le criminel).
    Il faut que cela nous rentre dans la tête et dans le cœur : demander que les responsable de 1972 comme ceux de la crise actuelle soient jugés et mis en face de leur responsabilité individuelle n’est pas demander un jugement des Tutsi ni des Hutu et d’autre part, nous devons cesser de croire que ce que fait Nkurunziza et sa clique est un corollaire de 1972. Ces gens agissent aujourd’hui et ont choisi de faire ce qu’ils font librement et sans penser à 1972. 1972 ne peut pas excuser 2015 les deux ne sont pas liés.

    • Meurlsaut

      A Theus,j’admire grandement tes interventions et pense que si tout le monde pouvait éviter l’amalgame on sauverait énormément des gens au Burundi comme au Rwanda.Le crime est individuel et doit être imputé à l’auteur du crime et non à son groupe éthnique.Demander que tous les criminels de 1972,de 1993 et actuels soient jugés ne signifie pas que tous les tutsi ou les hutu sont des criminels mais que les coupables et les commandaires des crimes soient identifiés et punis.

  7. roger crettol

    Oui. Pleurez, Burundaises et Burundais, pleurez tous vos morts. Et offrez votre compassion aux parents et amis de toutes les victimes.

    Pleurez, et méditez sur les ravages que les outrances de l’appartenance ethnique ont occasionnés dans votre pays. Le changement est dans vos mains.

    Que le courage ne vous abandonne pas quand il vous faudra affronter la vérité et tenter la récondiliation.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Online Users

Total 1 911 users online