Jeudi 28 mars 2024

Économie

La Confiturerie de Bugarama : la fraise peut mener au vin !

19/02/2016 2

Bien qu’elle ait la soixantaine, Rita Kayoya bataille pour faire de la confiturerie de Bugarama une entreprise rentable et innovante. Avec les membres de cette association, elle produit une confiture de fraise appréciée par les meilleures boutiques de Bujumbura.

Pourquoi une association pour la transformation de fraises ?

Bien qu’elle ait la soixantaine, Rita Kayoya bataille pour faire de la confiturerie de Bugarama une entreprise rentable et innovante. Avec les membres de cette association, elle produit une confiture de fraise appréciée par les meilleures boutiques de Bujumbura.
Bien qu’elle ait la soixantaine, Rita Kayoya bataille pour faire de la confiturerie de Bugarama une entreprise rentable et innovante. Avec les membres de cette association, elle produit une confiture de fraise appréciée par les meilleures boutiques de Bujumbura.

L’association regroupe des cultivateurs de fruits de la zone de Bugarama, l’une des plus riches du pays en cultures fruitières (fraises, groseilles, prunes de Japon,…). Elle transforme en confiture et commercialise ces petits fruits rouges qui s’abîment rapidement. Elle permet aussi à ses membres de s’entraider financièrement.

Quel est le processus de transformation, de la récolte à la confiture ?

On fait cuire les fraises pendant une heure. On y ajoute du sucre (800gr/1kg de fraise). Puis, à la fin de la cuisson, du citron pour une meilleure conservation. Cela prend 1h30 et on attend que la confiture se rafraîchisse pour la mettre dans l’emballage.

La production de fraise est-elle régulière sur toute l’année ?

Pendant la saison sèche (mai-août), la récolte n’est pas assez satisfaisante et par conséquent la quantité de confiture produite est faible. Dans ce cas, nous essayons de nous approvisionner chez d’autres cultivateurs qui ne sont pas membres de l’association.

A combien vendez-vous une boîte de confiture ?

3000Fbu par boîte de 500 grammes

Quels sont vos clients ?

Nous fournissons les boutiques de la zone de Bugarama. La distribution se fait également à Muramvya et à Bujumbura. Dans la capitale, on fournit la confiture dans les mini- market International Shop. Nous approvisionnons aussi en fraises le collectif Produits Mutoyi, qui les transforme également en confitures.

L’entreprise est-elle rentable ?

Oui, on se partage généralement les dividendes à la fin de l’année, ou à la demande des membres, et ces derniers sont satisfaits. Cela leur permet de subvenir à leurs différents besoins et d’investir dans de petits business personnels. L’association vit aussi de la cotisation de ses membres.

Vous semblez avoir cette activité très à cœur…

J’y consacre la plupart de mon temps depuis 2005. Je fais souvent des navettes entre Muramvya et Bugarama pour m’enquérir de l’évolution de la confiturerie. J’aide parfois avec mon épargne personnelle. Bref, ma vie se résume entre l’enseignement, la confiturerie et ma famille.

Vous utilisez combien d’employés ?

Deux personnes travaillent à temps plein à la confiturerie. Les membres de l’association cultivent eux-mêmes les fraises. Ce sont eux qui les fournissent à la Confiturerie.

Votre association a-t-elle déjà participé à des foires ?

Oui, nous avons participé à plusieurs foires et expositions agro alimentaires. Nous étions présents en Avril 2014, dans une foire agricole à Bujumbura, sur le terrain de Nyakabiga ; et en juillet-août 2015 dans une foire organisée par La CAPAD (Confédération des Associations des Producteurs Agricoles pour le Développement).

Quelles difficultés rencontrez-vous ?

La grande difficulté est liée à l’emballage. Avant la crise de 93, nous nous approvisionnons à la VERUNDI (Verrerie du Burundi) pour les boîtes de confiture. Actuellement, nous sommes contraints de prendre des boîtes de différentes tailles, ce qui nous fait perdre une certaine quantité de confiture, à Bujumbura, au marché communément appelé Chez Siyoni. L’autre problème est lié au déplacement de nos produits : avant la crise de 93, la COMABU (Coopérative Maraichère de Bugarama) mettait à notre disposition des véhicules pour le transport, ce n’est plus le cas. La récente crise d’avril 2015 a aussi ralenti les activités de notre association. Nous avions un stand (A5) au musée vivant de Bujumbura, il est fermé depuis mai dernier. Nos mouvements (en fournitures) sur Bujumbura ont aussi ralenti, alors que c’était pour nous un grand débouché.

Quels sont vos projets d’avenir ?

Si nous dégageons les moyens nécessaires pour nous offrir notamment de bons emballages, nous envisagerons d’exporter à l’extérieur du pays. Nous projetons également de pousser loin la transformation des fraises pour en faire du vin. Enfin, nous prévoyons de nous lancer prochainement dans la production du jus de prunes de Japon, et de maracuja.


Bio express

_DSC0205La confiturerie de Bugarama a été créée en 1987 avec le soutien d’un groupe de volontaires français qui œuvrait à Bugarama dans l’agro alimentaire. Ces volontaires ont aidé l’association à trouver une parcelle, à la construire et à l’équiper. Suite aux aléas politico sécuritaire, en 1993, la confiturerie a interrompu ses activités. Elle les a reprises en 2004


>>>Témoignages

« C’est un produit de qualité »

Pour Eric Niyimpaye, agent de marketing de la confiturerie de Bugarama, la qualité de la confiture assure la notoriété de cette association

Eric Niyimpaye
Eric Niyimpaye

«Je travaille avec la confiturerie de Bugarama depuis les années 2004. J’étais leur client. Elle me fournissait des confitures que je revendais à mon tour». A l’époque commerçant au marché central de Bujumbura, M. Niyimpaye se souvient que lorsqu’il était à court de stock, les clients grognaient.

Il collabore actuellement avec cette association comme agent de marketing. «Après l’incendie du marché central, j’ai perdu ma place. Je me suis alors allié à l’association pour trouver un marché d’écoulement dans la capitale ».
M. Niyimpaye affirme que, comme indiqué sur l’étiquette, la confiture ne contient pas de conservant chimiques, ce qui plait aux clients : «Cette confiture est naturelle, elle a bon goût et est facilement conservable »Aujourd’hui, il déplore la crise qui a fait ralentir le commerce dans la capitale.

«Leur confiture fait le bonheur de mes enfants »


Fidèle cliente de la confiturerie de Bugarama, Edith Hatungimana, enseignante à l’Ecole Fondamentale 1 de Muramvya témoigne de la qualité du produit.

Edith Hatungimana
Edith Hatungimana

«Cela fait plus de 11 ans que je consomme la confiture de Bugarama. J’adore les produits sucrés et mes trois enfants en raffolent !» rigole Edith. Elle affirme en acheter trois ou quatre boîtes par mois« à un prix abordable ».

Outre son métier d’enseignante, Edith Hatungimana assure un service traiteur. Elle décroche de temps à autre des marchés pour approvisionner en pâtisseries les pauses -café des séminaires d’emplois, une occasion pour elle de servir la confiture. «Elle ne manque jamais, et les participants aux séminaires m’en demandent parfois».


>>>Conseils d’une pro

«Il faut qu’ils soignent l’emballage de leur produit ».

Pour Clotilde Nzeyimana, enseignante d’universités en entrepreneuriat et en Sciences de Gestion, la confiturerie de Bugarama doit développer des techniques pour garder la clientèle.

Clotilde Nzeyimana
Clotilde Nzeyimana

Cette association, estime Clotilde Nzeyimana doit s’adapter à son environnement, surtout externe (clients, concurrents, fournisseurs) et aux autres facteurs inéluctables qui s’imposent à elle (économie, technologie…)
«Il leur faut tout d’abord adopter un emballage uniforme. Le design, souligne-t-elle, est important dans la commercialisation. Il séduit le consommateur». Le mieux, à son avis, serait que l’association diversifie ses marchés d’approvisionnement en emballage, au Kenya ou en Ouganda. Pour y arriver, elle conseille de demander des petits crédits auprès des microfinances.

Clotilde Nzeyimana recommande également à la confiturerie de Bugarama de varier la taille et le prix des boîtes de confitures. «3000Fbu est une somme inaccessible pour certains. Par contre, une boîte de 250g pour 1200Fbu ou 1500 peut convenir à un pouvoir d’achat moins nanti».

Innover dans la transformation de vin de fraise est certes, selon Mme Nzeyimana, un bon projet pour l’entreprise, mais nuance-t-elle, cela nécessiterait que l’entreprise modernise ses moyens de fonctionnement. Et elle cite notamment le benchmarking (connaître et comprendre les meilleures techniques en gestion utilisées ailleurs et s’en inspirer). «Ceci permettrait à l’entreprise de se distinguer et de devancer la concurrence.»

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Christophe Bouvier

    Bonjour, je m’appelle Christophe Bouvier et c’est moi qui dès fin 1986 ai enclenché la conception de la confiturerie de Bugarama. Faire les plans, construire, établir les recettes et concevoir un mode de cuisson à la fois reproductible et économique en énergie, etc.. Je suis très fier de voir que, même si les visages ont changés, le bâtiment et les bassines sont les mêmes. A voir les images de cette cuisson, je sens encore les odeurs. L’ONG qui m’employait à l’époque ne souhaitait pas que l’on développe le coté « vins de fruits » qui est, comme souligné dans la vidéo, un secteur complémentaire permettant de diversifier les productions. Je vous encourage dans cette voie. N’oubliez pas qu’il y a aussi des ananas non loin de Bugarama. Après presque 30 ans, grâce à tout ceux qui ont participé après moi à cette aventure, j’éprouve un grand plaisir à voir que tout cela fonctionne encore. Merci à tous.

  2. aimee

    Thank you iwacu,if youth could something, there is much money in business than in politic.
    You dont even if need a help just sell your cellphone and start from there ,be strong and have a good courage .
    In 5yeras you reely dont know where you will be.
    Don’t just complain politic ,politic … ,money ,money…, just do it.
    Here in southern africa, in zambia ,zimbabwe, malawi ,south africa ,we are doing business and we started from no way,
    burundian -rwandese ,somalian we are controlling transport and shop business. we did not have where to start even if papers but most of us have 5buses ,trucks..(
    And always pray for you business every day and it wont take a year for to see fruit of your work
    The days we live in is globalization .Start from no way,be selffish first for the moment and start giving(very important) dream for a next step,live with challenges .they will always be there.
    LOVE YOU MY PEOPLE

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

La fin du Phénix ?

Les dés sont jetés, les carottes sont cuites : le ministre de l’Intérieur a validé les conclusions issues du congrès extraordinaire tenu à Ngozi le 10 mars par des dissidents d’Agathon Rwasa. « Nous prenons acte du rapport et des décisions prises (…)

Online Users

Total 2 279 users online