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La CHASAA, grâce à l’appui technique et financier du PNUD, debout pour l’autonomisation socio-économique des victimes des VBG

19/08/2018 Commentaires fermés sur La CHASAA, grâce à l’appui technique et financier du PNUD, debout pour l’autonomisation socio-économique des victimes des VBG
La CHASAA, grâce à l’appui technique et financier du PNUD, debout pour l’autonomisation socio-économique des victimes des VBG
Des sacs à ordinateurs déjà cousus par des victimes des VBG de la colline Kiremera, commune Giheta

Couture, savonnerie, minoterie, boulangerie… Des métiers initiés par la Chambre Sectorielle d’Art et Artisanat du Burundi (CHASAA) au profit des femmes victimes des violences basées sur le genre, de la province Gitega.

Plus de 100 femmes issues de différentes collines des communes Giheta, Bukirasazi et Shombo sont réunies autour des activités génératrices de revenus, depuis plus d’un mois. Ce sont des victimes des VBG qui avaient été encadrées, psychologiquement, par le centre Humura de Gitega.

Commune Bukirasazi, colline Rugoma. 10 femmes tiennent un moulin à vent. Une véritable manne pour les habitants de cette localité très reculée. Ces derniers affirment qu’ils devaient parcourir plus ou moins 5 Km, à pied, pour faire moudre leurs céréales et manioc. Trois autres collines proches utilisent ce moulin.

« Pendant la période de la récolte, nous recevons facilement 50 clients par jour », affirme non sans fierté, Béatrice Nahimana, présidente de cette activité génératrice de revenu.
Colline Nyamisure, toujours dans la commune Bukirasazi. Ce sont de jeunes femmes déterminées réunies autour d’une activité génératrice de revenus : le moulin également. Six bénéficiaires confient qu’elles ont déjà gagnés à peu près 100 mille BIF en moins d’un mois.
Contrairement à Rugoma, elles font face à une concurrence à quelques mètres de leur localité. Mais leur accueil chaleureux, se vantent-elles, attire beaucoup plus les clients.

Ces futurs talents…

Dans la commune Giheta, zone Kiremera, c’est une agréable surprise ! 14 femmes ont choisi d’apprendre la couture. Une activité qui semble déjà réussie. Au premier abord, l’on a du mal à croire qu’en moins de deux mois mois, elles ont réussi à coudre des sacs à ordinateurs en tissu kaki velours combiné avec un pagne. Un sac qui coûte, normalement, 30 mille BIF.

Des savons fabriqués par les bénéficiaires de Gishora

Leur formatrice assure qu’elles sont parties de zéro. Et ces femmes n’ont pas cessé d’indiquer qu’elles n’avaient jamais touché à une machine à coudre, auparavant. Seul bémol, cependant : elles n’en tirent pas encore aucun revenu. Leurs produits ne sont pas encore sur le marché. Mais la CHASAA promet que c’est pour très bientôt.

A deux pas de là, une savonnerie pour 16 victimes des VBG. Ces dernières apprennent à fabriquer des savons de deux sortes. Une chance qui sourit à certaines d’entre-elles qui affirment faire la lessive rarement, avant ce projet.

C’est le cas de Marie-Rose Niyonzima, l’une de ces survivantes des VBG. Elle confie qu’elle vivait, jadis, dans la misère. « C’est à peine si je touchais 200 BIF pour acheter ne fut-ce qu’un savon pour se laver et faire la lessive.» Ces femmes soutiennent qu’elles peuvent encaisser 30 mille BIF par jour.
A quelques mètres, une boutique alimentaire. Boissons, de l’huile, matériel scolaire, produits de beauté, etc. occupent les étagères. De l’autre côté, un « vétérinaire » s’occupe de ceux qui désirent une brochette de chèvre. Cette activité génératrice de revenus revient à 13 jeunes femmes.
En face de la boutique, c’est un moulin appartenant à 13 femmes, plutôt âgées. La plupart sont des veuves.

Ces activités rentables

De l’autre côté de la commune Giheta, c’est la colline Bukinga, plus ou moins reculée du centre. Là, une dizaine de femmes tiennent une boulangerie. A en croire leurs témoignages, la plupart ont été abandonnées par leurs maris.

Une jeune fille, parmi ce groupement, attire l’attention. Marie Chantal, 22 ans, a été victime de viol, il y a 3 ans. De ce crime, est né un enfant. Abandonnée par sa famille, marginalisée par son entourage, elle vivait dans le traumatisme. « Depuis le lancement de cette activité, ma vie change. Je retrouve la joie de vivre», lance cette jeune mère célibataire.

Cette activité s’avère des plus rentables : les femmes affirment qu’elles écoulent tout le stock chaque jour. Elles encaissent donc 60 mille BIF par jour. Jusque-là, elles ont déjà gagné plus de 500 mille BIF de revenu.

Quelques clients du pain rencontrés se frottent les mains. Plus question de parcourir un trajet de 3h, à pied, à la recherche du pain. Il suffit désormais de faire quelques pas.
A Gishora, toujours dans la commune Giheta, deux couples tiennent une savonnerie. Une femme indique qu’ils gagnent 15 mille à 20 mille BIF par jour.

Commune Shombo, province Karusi, 7 couturières fières de leur métier. Elles assurent que les clients ne doivent plus se déplacer jusqu’à Gitega pour chercher un bon service. Elles ont déjà gagné la confiance de pas mal de clients. Leur service est apprécié d’autant plus dans toute la commune, ce site est le seul capable de transformer un tissu en un vêtement.

Non loin de là, un moulin tenu par 3 femmes et 4 hommes. Mais ces derniers semblent moins satisfaits. Trop de moulins sur cette colline. La concurrence est inévitable. Ils demandent une autre activité. Ce que la CHASAA promet de résoudre rapidement.

Un projet qui change des vies

Ce sont des épouses, des mères, des jeunes filles… jadis maltraitées, dévalorisées, abandonnées par leurs maris ou leur famille, à en croire leurs témoignages. Toutes ces bénéficiaires s’accordent pour affirmer que ces métiers sont en train de changer leurs vies.

Du pain produit par les femmes de Giheta, colline Bukinga

« Nous avons gagné du respect, de l’estime de soi, retrouvé notre dignité… » Leurs maris sont désormais conscients que leurs femmes contribuent au développement économique de leurs familles. Qu’elles peuvent faire vivre toute la famille, expliquent-elles.

La plupart de ces bénéficiaires ne vivaient que de l’agriculture. Elles se disent très reconnaissantes envers la CHASAA qui rend effective leur autonomisation.

Un défi commun relevé par toutes les bénéficiaires : elles n’ont pas encore droit aux revenus. Tout l’argent doit être épargné en premier lieu sur un compte afin de constater le flux net de liquidité pour ces groupements. Cela les frustre, le minimum étant d’avoir ne fut-ce qu’une minime somme pour satisfaire les besoins primaires, estiment nombre de ces femmes.

Le directeur exécutif de la CHASAA, Monsieur Adalbert Hakizimana, leur donne totalement raison et les tranquillise. Il leur promet que dans quelques jours, chaque groupement jugera du montant qui devra être épargné et celui qui leur reviendra chaque jour.


La CHASAA primée lors de la fête des communes

Un certificat d’honneur a été remis à la CHASAA par la commune Giheta, pour ce projet des victimes des VBG qui touche directement la plus petite couche sociale.

Le directeur exécutif de la CHASAA (à gauche) reçoit des mains du chef de zone Giheta, le prix décerné lors de la fête des communes.

C’est le chef de zone Giheta, au nom de l’Administrateur de la Commune Giheta, satisfait, content, souriant… qui a remis le prix au Directeur Exécutif de la CHASAA, jeudi 9 août. Cette chambre est l’une des quatre institutions primées dans toute la commune Giheta. C’était lors de la fête des communes célébrée chaque année, au niveau national, le premier samedi du mois d’août.

Le chef de zone Giheta loue un projet très important qui touche directement la population la plus démunie de cette commune. « Nous remarquons un impact réel dans la vie de ces femmes bénéficiaires, leur culture, leurs conditions de vie », reconnaît le chef de zone Giheta.

Il rassure que l’administration de Giheta soutient totalement ce projet. Il demande néanmoins que les activités soient étendues dans toutes les communes de Gitega.

Le Directeur Exécutif de la CHASAA se dit fier. D’après lui, ce prix est une preuve que l’administration est consciente de l’importance de ces activités et de son soutien envers la CHASAA. « Nous sommes primés parce qu’on essaie de travailler directement avec les femmes les plus démunies. Les femmes qui n’avaient plus de l’estime de soi. Grâce à ces activités, souligne le directeur, ces femmes commencent à retrouver confiance en elles.

 

Redorer l’image des victimes des VBG

Pour le directeur exécutif de la CHASAA, Monsieur Adalbert Hakizimana, ce projet a été initié dans le souci d’insertion socio-économique des femmes victimes des VBG. Ces dernières perdent leur dignité auprès de la communauté. Ces activités génératrices de revenus visent non seulement à rendre autonomes ces survivants des VBG, mais aussi à favoriser leur inclusion dans la société afin qu’elles puissent regagner le respect de la communauté. Financées par le Programme des Nations Unies pour le Développement, (PNUD), ce projet cible 109 bénéficiaires qui étaient encadrées, psychologiquement, par le centre Humura de Gitega, selon Adalbert Hakizimana. Ce dernier tient à préciser que la CHASAA n’est pas le cerveau de ces femmes. Elle ne fait que réfléchir et accompagner ces victimes des VBG dans leurs idées afin de créer une activité plus ou moins innovante, dans leurs milieux, qui pourra générer des revenus. Le projet a commencé en 2017 par l’identification des bénéficiaires et AGR pour être réalisé depuis ce mois de juillet 2018. La plus-value par rapport aux autres projets, selon M. Hakizimana : les activités sont localisées dans des endroits plus reculés. Ce directeur exécutif parle des activités orientées dans l’art et artisanat, le domaine dans lequel opère la CHASAA. Cette ONG locale est une des 13 chambres sectorielles de la Chambre fédérale de commerce et d’industrie du Burundi (CFCIB). Créée en 2010, la CHASAA a été mise sur pied dans le souci d’accompagner les artisans et artistes du Burundi et de créer de l’emploi au profit des jeunes, femmes et autres groupes spécifiques démunis, d’après M. Hakizimana.

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