Jeudi 28 mars 2024

Opinions

KOFI ANNAN ET L’AFRIQUE

Très souvent, l’Afrique ne reconnaît pas les siens. Il faut que ce soit les femmes et les hommes des autres continents qui rappellent aux Africains la valeur et la stature exceptionnelle de certains de leurs ressortissants pour qu’ils les célèbrent.

Kofi Annan
Kofi Annan

Une personne ne doit pas avoir eu un parcours sans tâche pour qu’elle soit reconnue pour ses qualités hors du commun et ses accomplissements notoires. Il est souvent reproché à Kofi Annan de n’avoir pas réagi comme il l’eût fallu lors du génocide au Rwanda, d’avoir failli dans la protection des Kosovars face à la rage génocidaire de Slobodan Milosevic et de ses sbires. Pourtant, il n’est pas le seul à blâmer au sein des Nations Unies et encore moins, si l’on en juge par rapport au poids et aux coudées franches dont il disposait, face à la puissance d’inertie du Conseil de Sécurité.

Deux auteurs, à travers deux ouvrages, lui rendent justice : l’un est un ancien journaliste du Los Angeles Times, Stanley Meisler qui a écrit Kofi Annan : A Man of Peace in a World of War ; l’autre est un des ses anciens porte-parole Frédéric Eckhard avec l’ouvrage intitulé Kofi Annan. A Spokesperson’s Memoir (la version française du livre s’intitule Kofi Annan : Homme providentiel ?). A propos du seul continent africain, prenons deux textes révélateurs de sa vision :

Le rapport au Conseil de Sécurité et à l’Assemblée Générale d’avril 1997 :

Deux idées forces y sont avancées au sujet de notre continent :
a) « Today more than ever Africa must look at itself  »

“Aujourd’hui, plus que jamais, l’Afrique doit s’en prendre à elle-même ».

Si le passif colonial et même esclavagiste est un fait, il faut que les Africains se résolvent à prendre leur destinée à bras le corps et cherchent des solutions face à l’adversité sans chercher de bouc émissaire ;

b) «In extreme cases rival communities may perceive that their security, perhaps their very survival, can be ensured only through control of state power. Conflict in such cases becomes virtually inevitable.”

“Dans des cas extrêmes, les groupes rivaux peuvent imaginer que leur sécurité, peut-être même leur survie, ne peuvent être confortées que par le contrôle du pouvoir. Dans ces conditions, le conflit est quasiment inévitable. »

Bien souvent, on s’accroche au pouvoir faute d’imaginer une vie normale après l’exercice de celui-ci.

Le discours d’Harare au Sommet de l’OUA en juin 1997 :

Face à ses frères, Kofi Annan n’y est pas allé par quatre chemins :
« Africa can no longer tolerate and accept as faits accomplis coups against elected governments and illegal seizure of power by military cliques, who sometimes act for sectional interests, sometimes simply for their own.”

“L’Afrique ne peut plus tolérer et ni accepter comme des faits accomplis les coups d’état contre des gouvernements élus, l’accaparement du pouvoir par des cliques militaires au profit de groupes d’intérêts ou pour les leurs propres ».

A cette occasion, il fut chaudement félicité par le Secrétaire Général d’alors, son ami de longue date Salim Ahmed Salim et le président Nelson Mandela qui lui signifia qu’il s’agissait d’un discours courageux que l’Afrique méritait d’entendre.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. KELEMESIYA

    Merci pour ton point de vue. J’apprécie surtout sa plurivocité(selon le lecteur bien sur).

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

La fin du Phénix ?

Les dés sont jetés, les carottes sont cuites : le ministre de l’Intérieur a validé les conclusions issues du congrès extraordinaire tenu à Ngozi le 10 mars par des dissidents d’Agathon Rwasa. « Nous prenons acte du rapport et des décisions prises (…)

Online Users

Total 3 441 users online