Vendredi 29 mars 2024

Société

Journée internationale des droits des femmes : ces Burundaises prises dans le tourbillon de la crise

A l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, ce mardi 8 mars, Iwacu retrace la vie de femmes marquées par la crise.

Dossier réalisé par Clarisse Shaka, Martine Nzeyimana et Diane Uwimana

Ces femmes au cœur de la contestation…

Quelques jours après la candidature du président Nkurunziza, des femmes se sont mises debout pour dire NON. Elles se retrouvent, aujourd’hui, forcées à l’exil. Zoom sur trois figures des manifs anti-troisième mandat.

La police aspergeant d’eau les manifestantes contre le 3ème mandat.
La police aspergeant d’eau les manifestantes contre le 3ème mandat.

Elles sont poètes, journalistes, juristes… Ketty Nivyabandi, Pamela Kazekare et Natacha Songore sont les fondatrices du Mouvement des Femmes et Filles pour la Paix et la Sécurité au Burundi (MFFPS). Elles ont initié la marche-manifestation des femmes, les 10 et 13 mai 2015.

Dimanche 10 mai. Alors que les manifestants subissent régulièrement la répression policière, les femmes, elles, parviennent à braver les forces de police pour porter leur message protestataire.

Petit à petit, 200 femmes parviennent à atteindre le centre-ville, précisément à la Place de l’Indépendance, le 13 mai, jour du putsch manqué. Elles ont été les premières à y être parvenues, depuis le début des manifestations. La police tente de les disperser, mais les « braves » résistent. C’est le moment pour elles de faire un choix : rebrousser chemin et rentrer en paix ou avancer et risquer leur vie. Spontanément, toutes ces femmes épousent ce second choix. Elles endurent les mauvais traitements de la police (jets d’eau, gaz lacrymogènes, etc.) avec le seul objectif : contester la violation de l’Accord d’Arusha.

« Pure coïncidence »

Quelques femmes contestataires sont accusées d’être derrière le coup d’Etat du 13 mai. Quelques femmes accusées sont, cependant, unanimes pour dire que le putsch manqué du 13 mai et les manifestations anti-troisième mandat étaient une pure coïncidence. Pamela Kazekare et Natacha Songore disent ne rien à voir avec le putsch manqué. Aujourd’hui, Ketty, Pamela et Natacha se sont exilées malgré elles. Mais, elles disent être toujours déterminées à défendre l’Accord d’Arusha.


Ketty Nivyabandi : « Nous femmes, pouvons ! »

Ketty Nivyabandi (en bleu) levant les bras, lors des manifs des femmes au centre-ville.
Ketty Nivyabandi (en bleu) levant les bras, lors des manifs des femmes au centre-ville.

Cette mère de deux enfants est forcée à l’exil, depuis le 17 mai 2015. Elle est la principale fondatrice du MFFPS.

Dès la fin de l’année 2014, nous raconte cette poète, je réfléchissais beaucoup sur la question du 3ème mandat. C’est ainsi qu’elle a commencé à poster une série de tweets. Comme beaucoup de Burundais, elle pressentait que le pays était à la veille d’un moment important. Très vite, l’inévitable est arrivé : l’annonce de la candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat. « J’étais donc consciente de ce rendez-vous historique et il était important pour moi de contribuer, dans les limites de mes moyens ».

Comme elle croit fermement au respect des textes de lois, cette « usurpation » était absolument inacceptable à ses yeux. L’idée d’organiser des manifestations pacifiques et exclusivement féminine lui est donc venue. Elle l’a partagée avec ses amies et autres femmes, et ainsi sont nées les marches pacifiques féminines. « En tant que femme et maman, j’étais consciente du risque que je prenais.»

Des centaines de milliers de vies ont été complètement changées, des familles déchirées, séparées, des enfants traînés de pays en pays, de camp en camp, à cause d’une décisiond’un seul individu. « C’est profondément injuste », déplore-t-elle.

La bravoure d’une mère…

Durant les manifestations, Ketty, 37 ans, pensait particulièrement à ses enfants. « Je me disais que je ne pourrais pas les regarder en face et leur dire que je n’avais rien fait pour empêcher le Burundi de sombrer dans le chaos. » Certes, estime-t-elle, le pays sombre dans l’anarchie, mais mes filles savent que leur maman a fait tout ce qu’elle pouvait, et qu’elle continue encore à le faire.

« Lorsqu’on est conscient que nos actes peuvent influer sur beaucoup plus de monde, notre petite vie n’est plus si importante », souligne fermement, cette mère de deux filles de 10 et 6 ans. Et d’enchaîner : « Aucune femme n’a été épargnée par l’histoire de notre pays. Et les larmes d’une mère sont les mêmes, qu’elle soit du CNDD-FDD, du FNL ou du MSD. Qu’elle soit hutu, tutsi, twa ou ganwa. »

En fuyant, Ketty Nivyabandi pensait revenir au plus tard quelques semaines après. « Cela fait presque un an aujourd’hui ! » déplore-t-elle, avant d’ajouter : « L’exil est pénible, mais ce qui est plus pénible c’est que c’est un exil qui n’était pas nécessaire.» D’après elle, tout ceci aurait pu ne pas arriver.

Elle fait savoir qu’elle a hâte de pouvoir rentrer dans son pays et contribuer à bâtir ce Burundi équitable, libre, transparent et visionnaire. Le vœu le plus cher de Ketty : « Que chaque Burundaise sache que son acte compte. »


Natacha Songore : « Femmes, gardez espoir malgré tout»

Natacha criant à tue-tête, lors des manifs.
Natacha criant à tue-tête, lors des manifs.

Natacha Songore, 38 ans, est journaliste indépendante et productrice de documentaires. Elle a dû s’exiler, depuis mai 2015, après qu’on lui a annoncé que sa photo était fichée par le service national des renseignements. Son tort ? Avoir lancé avec d’autres le MFFPS qui a organisé les manifs des femmes les 10 et 13 mai 2015.

Natacha dit être descendue dans les rues, comme bon nombre de ses concitoyens, pour dénoncer la violation des textes fondamentaux du Burundi. « Après des années de crises cycliques, je ne pouvais pas accepter de perdre les acquis de la démocratie. »

Aujourd’hui, elle continue la lutte pour le retour de la paix et de la démocratie et l’instauration d’un Etat de Droit au Burundi au sein du MFFPS. Elle participe également à d’autres initiatives citoyennes pour la paix et la sécurité pour tous au Burundi.

Aux femmes restées au Burundi, elle les encourage de garder espoir malgré la souffrance endurée. « La lutte continue et j’ai espoir qu’au bout du tunnel la victoire du Burundi sera éclatante. »

Pamela Kazekare : « Luttons jusqu’au bout ! »

Membre fondatrice du même mouvement, Pamela Kazekare a dû elle aussi s’enfuir du Burundi après avoir été accusée d’être derrière le putsch manqué. Elle ne voulait surtout pas mettre en danger son nourrisson âgé alors d’un mois.

Au début de la crise, Pamela venait à peine d’être mère. « Mais j’étais et reste contre le 3ème mandat du président Nkurunziza. »

C’est quand la police a commencé à tuer « de sang-froid » des jeunes dans les rues que Pamela a été déterminée de contester. « Je ne pouvais pas accepter que les jeunes continuent à être tués sous mes yeux ».

En tant que jeune et femme, elle pensait avoir un grand rôle dans la défense des droits de l’Homme. Et elle a estimé qu’il était grand temps que les voix des femmes soient entendues.

Pamela affirme vouloir retourner « dans un pays où règne la paix, un pays où les opposants ne sont pas traqués, un pays où les dirigeants sont conscients qu’ils sont là pour leur peuple et non pour leurs propres intérêts. » Mais son constat est sans appel : « Tout cela n’existe pas aujourd’hui ».

Avant le déclenchement de la campagne contre le 3ème mandat du président Nkurunziza, Pamela Kazekare était la responsable de « Meet’we », un centre culturel qu’elle a créé en juin 2014.


La policière rescapée du « 3ème mandat »

La policière en train d’être battue par les manifestants à Buterere.
La policière en train d’être battue par les manifestants à Buterere.

Au moment où certaines femmes protestaient contre le « 3ème mandat », d’autres réprimaient les manifestations. Une policière a été torturée, lors des manifestations dans la zone Buterere.

Accusée d’avoir tiré sur les manifestants, en mai 2015, OPP2 Médit Kendos Inabeza, une officière de police, a été malmenée, battue et traînée à même le sol par les manifestants, dans la zone Buterere.

Elle est parmi les 12 personnalités décorées par le président Pierre Nkurunziza le 1er juillet 2015, lors du 53ème anniversaire de l’indépendance du Burundi. Selon le numéro Un burundais, lors des cérémonies de décoration, la policière s’est sacrifiée pour le pays. « Elle a été attaquée par les putschistes et a été blessée. Malgré cela, elle a continué à travailler ».

Mme Inabeza a reçu l’ordre de mérite patriotique, classe de mérite d’or, une enveloppe de plus d’1 million de Fbu et un certificat d’honneur. Iwacu a essayé de contacter, sans succès, OPP2 Médit Kendos Inabeza.


Elles n’en ont pas réchappé

D’autres ont été tuées pour des raisons politiques. Jacqueline Hakizimana, la trentaine, tuée le 2 décembre 2015 chez elle à Musaga, 1ere avenue. Elle était militante du parti au pouvoir et travaillait à la Regideso.
Charlotte Umugwaneza était vice-présidente du parti MSD dans la zone Cibitoke. Elle a été portée disparue le 16 octobre. Le lendemain, son corps a été retrouvé dans la zone Mageyo, province Bujumbura rural.


«Les amputées» de la crise

Certaines sont devenues veuves, d’autres se sont retrouvées au chômage technique. Sous anonymat, elles témoignent.

«Mon fils est désormais ma seule motivation», confie M.I.
«Mon fils est désormais ma seule motivation», confie M.I.

«Mon fils est désormais ma seule motivation », confie M.I., une habitante de Musaga. Sa vie a basculé, le 12 décembre 2015, quand elle apprendra par son entourage que son mari a été tué dans la répression qui a suivi l’attaque des casernes du 11 décembre dernier. « J’ai fait le tour de tous les hôpitaux pour avoir son corps, en vain. Je n’ai pas totalement fait mon deuil. » Comme plusieurs familles qui ont perdu les leurs, ce jour-là, M.I. ne va pas enterrer son mari.

Dès lors, elle mène une vie de combattante pour faire vivre sa petite famille. Etudiante et mère d’un petit garçon, M.I. se tue à la tâche pour un salaire de 100.000Fbu. « Financièrement, je sais que je n’y arriverai pas », dit-elle résignée. Son mari touchait un salaire de 180.000Fbu. «Avec 280.000 Fbu, nous parvenions à vivre comme n’importe quel Burundais». M.I. affirme qu’elle bénéficie encore d’un soutien financier de quelques membres de la famille. « Je sais qu’un jour, ils vont se lasser ! » Le plus dur, affirme-t-elle, est de combler «émotionnellement» le vide laissé par son mari. «Mon fils était très proche de son père, il passait plus de temps avec lui et il le réclame toujours. »

«Déjà veuve, elle se retrouve au chômage»

Suite à la crise, certaines femmes journalistes se sont retrouvées au chômage technique.
Suite à la crise, certaines femmes journalistes se sont retrouvées au chômage technique.

Du jour au lendemain, R.M., veuve depuis 2014, va perdre son emploi en mai. Un moment de choc et d’incertitude. «J’ai vu ma vie bien rangée m’échapper complètement. » Mi-juin 2015, elle décrochera un job à temps partiel. Toutefois, ce travail ne suffira pas à subvenir à tous ses besoins. « Je devrais à tout prix quitter Ngagara, pour un quartier plus sûr». Une décision qu’elle ne va pas réaliser, faute de moyens. « Je devais payer une avance pour le loyer. Je n’avais malheureusement pas la somme exigée». Elle va devoir attendre le mois d’octobre pour quitter ce quartier contestataire.

R.M. affirme qu’elle parvient, tant bien que mal, à faire vivre son bébé, malgré une incertitude permanente. « J’ai actuellement un contrat à durée déterminée, alors qu’avec mon ancien travail, je bénéficiais d’un contrat à durée indéterminée. »

« La rumeur s’est appropriée notre métier»

Suite à la destruction de certains médias, lors du coup d’Etat manqué, beaucoup de femmes journalistes se sont retrouvées au chômage technique.
Aléas sécuritaires, financiers, elles vont faire face à plusieurs difficultés. «On m’a enlevé un métier que j’aimais beaucoup », affirme A.I., une journaliste de la Rema F.M. Cette dernière a été détruite le 13 mai, le soir du putsch manqué. Pour A.I., le plus difficile a été de ne plus être capable de vérifier l’information. Et de renchérir : «Mon entourage me questionnait sur certains événements, mais je n’avais pas d’informations y relatives. » Mère de deux enfants, cette journaliste a dû se serrer la ceinture pour subvenir aux besoins de sa famille. «Je me suis endettée pour subvenir à certains besoins.»

Des difficultés auxquelles va aussi faire face B. N., une journaliste de la radio Isanganiro. Pour elle, les médias avaient atteint un certain cap et les voir détruits a été un choc. Financièrement, cette journaliste confie que cela a été une rude épreuve. «J’ai passé un sale temps, car j’étais la seule à travailler à la maison. Je suis passée d’une vie où je percevais un salaire chaque mois à une vie où je n’avais plus rien.» Sereine, elle est restée au Burundi grâce à la prière et aux encouragements de ses amis. B.N. affirme en riant que Dieu a exhaussé sa prière : «J’ai eu à faire des voix off pour des documentaires, j’ai pris tout ce qui s’offrait à moi. »


Le calvaire des vendeuses ambulantes

Elles ont été malmenées et torturées, mais elles se battent toujours pour leur survie.

rps20160315_153822Ces vendeuses ambulantes n’en reviennent pas : «  Depuis que la crise a commencé, nous travaillons à perte, » s’indigne, Joséphine, une vendeuse de tomates à l’ancien marché central de Bujumbura. Elle indique que c’est grâce à ce petit commerce qu’elle parvient à faire vivre sa famille. « Si je passe un ou deux jours sans rien vendre, je risque de m’approvisionner en rognant sur mon capital. C’est ce qui m’est arrivé quand je ne pouvais ni rentrer ni avoir où cacher mes marchandises au moment où les manifestations étaient intenses. »

Ces vendeuses ambulantes affirment qu’elles ont vécu le calvaire. Non seulement elles sont torturées, mais aussi elles rencontrent toutes sortes d’obstacles dans leur business. « Nous craignons aussi d’être attaquées d’un moment à l’autre, comme nos consœurs, dont la vie a été emportée, suite à des jets de grenades », raconte Joséphine.

Acqueline, vendeuse d’articles divers dans le « grocery store », habitant la zone Cibitoke, confesse qu’elle a passé plusieurs nuits, depuis le début de la crise, en dehors de son domicile. Quand il y avait une grande tension et que les routes étaient barricadées, il n’y avait plus de bus assurant le transport interurbain. « J’étais, à maintes reprises, obligée de rentrer à pied. Et comme les choses changeaient d’un moment à l’autre, j’ai passé plusieurs nuits sans pouvoir rentrer chez moi, suite à l’insécurité qui prévalait alors dans mon quartier. » Elle confie que ses trois enfants étaient gardés par des voisins.

Une autre vendeuse, habitant le quartier Kamenge, fait savoir que la crise a mis un terme à son business : « Il y avait des barricades dans les quartiers voisins. Dès lors, j’ai dû entamer mon capital pour survivre. De plus, mon mari n’avait même pas d’emploi. Craignant de voir mes enfants mourir, j’ai cherché un peu partout un autre capital pour redémarrer mon petit business. »

Le malheur ne vient jamais seul…

Sous un soleil accablant, elles tiennent jusqu’au bout. «  Je dois accepter toutes sortes de souffrances pourvu que j’aie de quoi nourrir ma famille », lâche une vendeuse ambulante de fruits au centre-ville près du parking des bus à destination du nord de la capitale.

Angéla est mère de trois enfants et habite la zone Cibitoke. Elle fait savoir qu’elle et ses consœurs sont souvent torturées par des policiers, alors qu’elles luttent au quotidien pour subvenir aux besoins de leurs familles. Avec un bâton à la main, un policier, frappe toute femme rencontrée sur son chemin, ce lundi, 7 mars. Et une autre vendeuse d’ajouter : « Nous l’acceptons, nous n’avons pas d’autres choix ! », ajoute, résignée, une autre vendeuse.

De surcroît, ces vendeuses assurent que leurs marchandises sont souvent renversées par ces policiers. « Nous sommes toujours aux aguets pour que ces policiers ne nous trouvent pas ici au coucher du soleil. Sinon, nous rentrons avec des plaies à cause des fouets. »
D’après ces vendeuses ambulantes, si elles ne parviennent pas à vendre, leurs enfants n’auront pas le courage d’aller à l’école le ventre creux. « Au début de la crise, mes enfants avaient suspendu les cours, car je n’avais pas de quoi les nourrir. Maintenant, je ne tolérerai pas que les choses se passent ainsi », jure Marie, une vendeuse de légumes et habitant le quartier Kamenge. « Le minimum est de nous traiter comme des mères et que l’administration nous cherche une place adéquate où nous pouvons étaler nos marchandises tranquillement.  »


Viols et crise, pas de lien établi

Différents centres de prise en charge de victimes des violences sexuelles ont enregistré plusieurs cas en 2015. Pour plusieurs intervenants, pas de relation de cause à effet avec la crise.

Centre Seruka, la plupart des victimes s’y font soigner.
Centre Seruka, la plupart des victimes s’y font soigner.

« Nous avons enregistré 1115 cas de viol en 2015 dans notre centre, » indique Mme Christa Josiane Karirengera, coordinatrice du centre Seruka. Elle fait savoir que l’âge moyen des victimes est de 14,2 ans. Pour elle, les raisons de ces violences sexuelles sont diversifiées. Elle tente de donner des explications : « Les agresseurs profitent de l’innocence de ces victimes, les intimident ou profitent de l’absence des parents ou des personnes adultes pour commettre un tel acte. Il y a aussi des cas où les agresseurs usent de leur autorité ou de leur pouvoir pour abuser de ces victimes. »

Selon Madame Karirengera, les auteurs sont souvent des personnes de l’entourage, les voisins, les domestiques, les hommes en uniforme, les enseignants ou les membres de la famille.

D’après la coordinatrice du centre Seruka, il est difficile de conclure que ces cas observés sont en lien ave la crise que traverse le pays. Le nombre de cas des violences sexuelles, souligne-t-elle, a diminué, le centre Seruka ayant enregistré 1400 cas de viols en 2014. Et de s’interroger : «  Les centres de prise en charge sont-ils accessibles pour toutes les victimes ? Ont-elles peur de descendre sur Bujumbura suite à l’insécurité qui y prévaut ? Ou ont-elles peur des représailles en cas de dénonciation des actes commis ? »

D’autres cas dans d’autres centres

Patrice Vahard, le représentant de l’office du Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme au Burundi (OHCDH) fait savoir que depuis le début de la crise, l’OHCDH a collecté 20 cas de violences sexuelles basées sur le genre (VSBG) dans le contexte de la crise politique. Il indique que la plupart des cas auraient été commis par des agents des forces de sécurité ou des civils qui collaborent avec eux.
D’après lui, plusieurs défis sont à relever pour enregistrer et documenter de manière fiable les cas des VSBV. Il s’agit entre autres du contexte socioculturel qui fait que les victimes d’abus sexuels peuvent être stigmatisées, le manque d’accès aux structures de prise en charge et l’impunité des auteurs qui sont souvent les personnes chargées de protéger les victimes. Paradoxalement, poursuit-il, les organisations de prise en charge rapportent une baisse du nombre de victimes, qui se présentent pour recevoir des soins à Bujumbura. « Cela peut s’expliquer par la peur des victimes d’être suivies par les agresseurs en raison du contexte d’insécurité générale, mais aussi par l’impunité dont jouissent lesdits agresseurs.  »

Martin Nivyabandi, ministre des Droits de la Personne Humaine, des Affaires Sociales et Genre, confirme que les chiffres collectés montrent que les violences sexuelles sont une réalité au Burundi. Les centres de développement familial et communautaire (CDFC) implantés dans tout le pays  révèlent que 1627 personnes ont été victimes de violences sexuelles en 2015 au moment où en 2014, 1289 cas ont été enregistrés. Et d’ajouter : « Contrairement à ce qui a été répandu en mairie de Bujumbura, il n’y a pas eu de violences sexuelles collectives. Et nous avons enregistré seulement 48 cas de violences sexuelles en 2015 contre 81 cas en 2014. »

Le ministre Nivyabandi rejette l’idée que le viol aurait été utilisé, depuis le début de cette crise, comme une arme de guerre par des policiers ou des Imbonerakure. Et de conclure : « Après plusieurs enquêtes, il s’est avéré que c’est faux. Commettre un tel acte exige un minimum de sécurité, ce qui n’a pas été le cas, lors des combats menés, notamment le 11 et 12 décembre dernier. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. abruzi

    Vous avez dit manifestations non violentes? Croyez-vous que ce soit l’avis de OPP2 Médit Kendos Inabeza?

    • Nduwayo claude

      Abruzi,
      L’OPP2 Inabeza fait partie de femmes courageuses, qui défendent leurs convictions avec détermination. Ntidukwiye guhunga,gukubitwa canke kwicwa kuko tutiyumvira kumwe? Il n y a pas à différencier ceux qui ont brutalisés Kendos, violés à nyakabiga par ex, ou tués, ils tous condamnables chacun selon la gravité de son acte.

  2. Inyankamugayo

    Le combat de duper par le sexe a echoué puisque les gens se donnent de plus en plus à Dieu et mainant c’est le jeux du ‘Hara-kiri’. shame on you!

  3. Bella

    je salue le courage de ces braves femmes et mamans. mais j’ai toujours la question: ou etaient caches les  » hommes ».
    A nkurunziza avec ses montages,je vous invite a lire cet articlehttp://mobile.igihe.com/amakuru/u-rwanda/article/amashirakinyoma-ku-musore-u-burundi-bwise-intasi-y-u-rwanda

  4. Nduwayo claude

    Je leur souhaite à toutes ces femmes beaucoup de courage. Elles sont admirables, chacune dans sa lutte, chacune dans ses convictions, elles sont battantes, courageuses, déterminées mais ce qui est malheureux dans cet article: est qu’il n y a aucune bonne nouvelle. L’exil , la torture, le viol voilà le quotidien. On dirait que c’est le salaire pour payer toutes leurs qualités ci-dessus citées.

  5. Inyankamugayo

    Dieu voit tout. Ceux et celles qui préparent le mal et tendent les pièges de morts aux autres n’avanceront point d’un seul pas.
    Ces femmes qui se disent defenseuses de l’Accord d’Arusha savent bien que ce ne sont pas les Accords d’Arusha qu’elles défendent. Elles ne font qu’emboîter le pas de leurs aïeux dont l’objectif était d’écraser son confrères hutus et tutsi lambda afin de s’accaparer seuls du gâteau du pays. En Kirundi on dit : »So akwanka akuraga ivyamunaniye ». Arrêtons de léguer a nos enfants la racine de la cupidité et de la haine ethnique. Léguons à nos enfants la culture de vivre la diversité dans l’unité et que chacun se contente de ce que le ciel lui donne et user de ses propres efforts pour vivre. L’histoire nous montre que une seule ethnie ne pourra pas vivre seule au Burundi après avoir expulsé l’autre; Jamais de la vie! Ceux qui ont perpétré les massacres des années 60, 70, 80, 90 et 2000 ne récoltent que chagrin et regrets! Meme au Rwanda ceux qui ont voulu exterminer les tutsi n’ont pas abouti à leurs objectif; mêmement que ceux qui ont voulu venger les tutsi realisent qu’ils se trompent forts. Tous les malfrats qui ont trempé leurs doigts dans le sang des autres n’ont récolté que troubles mentaux.
    Sachons que Satan utilise l’ethnie et d’autres motifs ethnique comme tremplin et pour attiser le feu de la haine. Mais, il y a toutjours de l’espoir, la croix de Jésus Christ a rayé toutes les impuretés sataniques.
    Vive l’unité des Barundi. Que la paix de notre Seigneur Jésus Christ soit avec le Burundi.

  6. Jean-Pierre Ayuhu

    Chers amis journalistes d’Iwacu,

    J’ai lu avec intérêt votre reportage. L’éloge envers ces femmes me touchent. J’ajouterai à ces femmes qui vous mentionnaient, ces femmes qui agissent dans l’ombre de la presse et des cameras, mais qui maintiennent le pays debout. Ce sont nos mamans, nos sœurs, nos belles-sœurs, cousines, qui vaquent à longueur de journée, de semaine et de mois pour faire vivre leurs familles, qui parfois produisent des excédents et alimentent nos marchés pour faire vivre les autres….Elles mènent un combat, un autre combat différent de celui de ces intellectuels, formées grâce à la sueur de ces autres femmes de l’ombre dont on fait rarement les éloges.
    Ketty Nivyabandi, Pamela Kazekare, Natacha Songore, Maggy Barankitse et les autres ont mené un combat, un combat pour la survie des textes, dit-on, fondamentaux. Après l’échec, elles ont pris les avions pour rejoindre les capitales occidentales…Les autres sont restées, vaquent toujours à leurs occupations et nous font vivre.
    Tout combat est probablement juste pour celui qui le mène…Ketty Nivyabandi, Pamela Kazekare, Natacha Songore, Maggy Barankitse et les autres de poursuivre leur combat!

    • Jereve

      Ces femmes qui travaillent dans l’ombre sont aussi silencieuses. Mais tout le monde entend leurs cris : arrêtez de tuer nos enfants et nos maris. Celles qui ont « pris les avions » ont exprimé ce cri au risque de leur vie. C’est un combat pour le respect de la vie.

  7. Ntahitangiye

    Division pour provoquer des révoltes et une dislocation de la société humaine.
    Au départ c’était la déclaration universelle des droits de l’homme (hommes, femmes et enfants compris) et après on a des droits des femmes (comme si les femmes ne commettaient pas des crimes et injustices contre les hommes), droits des enfants ( comme si les enfants ne commettaient pas non plus des crimes, même à l’égard de leurs parents) etc. Cela voudrait dire que les tribunaux et les prisons ne sont faits que pour les hommes (sexe masculin) quand ils sont majeurs. Or ce qu’on est quand on est majeur a été formé qu’on était enfant. On ne commence pas à voler quand on est majeur. L’humanité est ivre de son égarement.

    La Vérité et la Justice n’ont ni âge ni sexe.

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