Jeudi 28 mars 2024

Politique

Interview exclusive/ Evariste Ndayishimiye : « Nous avons plusieurs candidats potentiels pour 2020 »

20/03/2017 25

La place du Cnared dans le dialogue, la limitation des mandats, le candidat pour 2020, etc. Le Secrétaire général du parti au pouvoir s’est exprimé sur plusieurs questions de l’heure.

 

Evariste Ndayishimiye
Evariste Ndayishimiye

Quelle est votre lecture du dialogue externe mené par la facilitation ?

Le dialogue externe avait pour objectif de rapatrier tous les Burundais en exil à cause de la peur. Des gens avaient traumatisé la population. Ceux qui étaient faibles se sont sentis obligés de partir. Il fallait ramener la confiance et faire en sorte que tous ceux qui sont à l’extérieur rentrent.

Certaines voix réclament que des personnes comme Niyombare, Sinduhije et Pacifique Nininahazwe soient associées au dialogue intérieur. Vous y êtes favorable?

Comment voulez-vous que celui qui est recherché par la justice soit libre de décider sur la stabilité du pays alors qu’il en est lui-même le déstabilisateur ? Je pense que c’est compréhensif que des gens qui sont recherchés par la justice ne participent pas dans ce dialogue. Il faudrait plutôt qu’ils viennent devant les barreaux pour se défendre. S’ils s’en sortent, là d’accord. S’ils écopent d’une peine qu’ils la purgent et sortent de prison à la fin.

Ne faudrait-il pas plutôt accorder l’immunité à ceux qui sont poursuivis par la justice pour leur permettre de rentrer ?

C’est une poignée de gens qui veut manipuler l’opinion, il ne faut pas que ces personnes nous distraient. Je conseillerais au peuple burundais de ne pas se laisser distraire. Il n’y a pas à donner l’immunité. Veut-on faire une autre Commission vérité et réconciliation pour le putsch ? Va-t-on superposer deux Cvr ? Ce n’est pas logique.

La nouvelle présidence du Cnared a évoqué l’éventualité d’un gouvernement de transition sans Pierre Nkurunziza. Votre réaction ?

Ils sont à l’extérieur et racontent tout ce qu’ils veulent. Ils se sont trouvé une occupation : raconter n’importe quoi quand on n’a rien à dire. La réalité est tout autre. Le Cnared est une organisation des putschistes venue pour les couvrir. Ce sont des gens qui ont à l’esprit l’idée de renverser les institutions. Ce n’est donc pas étonnant de les entendre parler de la sorte.

Et un gouvernement de transition, pour ou contre ?

C’est impossible de changer un gouvernement qui a été démocratiquement élu par le peuple. Les élections ont eu lieu, les institutions qui en sont issues sont en place. Ceux qui veulent prétendre diriger le pays doivent attendre les élections de 2020 pour se présenter.

Des demandes de sanctions contre le Burundi sont émises pendant que Bujumbura vante l’accalmie

Il y a des gens qui souhaiteraient que le Burundi soit comme la Somalie, qu’il devienne comme la Libye. C’est totalement impossible car le Burundi n’est pas divisé. C’est un seul peuple qui s’est réconcilié. Et ils ne sont pas contents. C’est pour cela que vous entendrez parler de préparation du génocide pendant que le gouvernement fournit des efforts pour stabiliser le pays. C’est une façon de ternir l’image du Burundi face à la communauté internationale.

La position du CNDD FDD par rapport à l’amendement de la Constitution pour exclure notamment la limitation des mandats ?

Jusqu’à présent ce ne sont que des débats, chacun s’exprime librement. Moi aussi j’ai mes idées. Néanmoins on n’a pas encore fait de réunion au sein du parti pour statuer sur la position du Cndd-Fdd par rapport aux dispositions de la Constitution. Ce qui est essentiel, c’est de mettre en place la commission qui sera chargée de cette révision. C’est elle qui sera chargée de réunir toutes ces idées afin de pouvoir dégager ce qui est juste et bon pour notre pays.

Mais les marches manifestations régulières parlent de Nkurunziza comme président en 2020

Le peuple a droit de s’exprimer. Dans un régime démocratique, les aspirations du peuple priment. Toutefois, pour connaître la véritable position du peuple, il faut plus que ça. Il doit y avoir un référendum et un comptage des voix. Or, pour le moment, les gens s’expriment mais il n’y a pas de décisions prises. Il faut attendre.

Pourquoi toujours Nkurunziza ? N’y a-t-il personne au sein du Cndd-Fdd capable de lui succéder ?

J’imagine que ceux qui pensent comme cela sont ceux qui ont peur de la popularité de Nkurunziza. Le parti n’a pas encore présenté son candidat. Sinon ce ne sont pas des candidats qui manquent au sein du Cndd-Fdd. En fin de compte c’est le congrès qui va décider, le moment venu. Jusqu’à aujourd’hui, on ne connaît pas le candidat pour 2020.

Y-a-t-il des candidats qui ont l’ambition de succéder à Pierre Nkurunziza ?

Quand on est vraiment engagé en politique, on peut facilement prétendre gouverner un pays. On n’a pas besoin de se préparer, on est prêt. Je considère comme candidat tout membre compétent et actif au sein du Cndd-Fdd. Et il y en a plusieurs.

Vous aussi par exemple ?

Au sein du Cndd-Fdd, je sais qu’il y a plusieurs personnes capables d’être candidats, cela dépendra de la décision du congrès. En fait, le candidat sera celui qui va sortir du lot des égaux (rire).

Vous avez organisé une tournée avec les diplomates, une opération séduction qui a réussi?

On a voulu prendre un temps pour discuter avec la Communauté internationale basée ici. C’était aussi créer un cadre d’échanges animés. Nous nous sommes réjouis de la présence de tous les diplomates. Ils ont eu le temps de contempler notre pays. Je pense que pour représenter le pays, il faut aussi le connaître. On n’a pas voulu en faire une publicité et l’essentiel était de créer cette belle occasion discrète.

Le Burundi a franchi la barre des 400 milles refugiés, selon le HCR. Que fait le parti au pouvoir pour les ramener?

Je pense que tous ces chiffres sont émis dans le but de manipuler la Communauté internationale. Il ne faut pas non plus perdre de vue le fait que ce sont des fonctionnaires du HCR qui ont besoin de job. Imaginez-vous un monde sans refugiés. Qu’adviendra-t-il de ces fonctionnaires ? (rires). Sérieusement, ce qui est essentiel pour mon parti, c’est que tous les enfants de la nation rentrent pour développer de notre pays. Nous sommes contents que certains soient rentrés et encourageons les autres à faire de même.

Devant la porte de votre bureau, il y a une affiche et on peut lire « 2017, luttons contre la pauvreté ». Votre cheval de bataille? Que faites-vous pour y arriver?

Le jour où j’ai été élu Secrétaire général, j’ai dit que notre seul ennemi, c’est la pauvreté. Je suis en train mobiliser la population, réveiller les esprits pour que les gens prennent conscience afin de travailler durement. Même s’ils ne travaillaient que 12h par jour, cela ferait l’affaire. Cette année est consacrée à la mobilisation comme première phase. Une sorte de fondation qui sera suivi l’année prochaine par une étude sur le développement globale. Et j’ai confiance dans le peuple burundais.

Forum des lecteurs d'Iwacu

25 réactions
  1. SINDUHIJE ALEX

    SINDUHIJE ALEX

  2. Il est le suprême du parti Cndd-fdd,nous disons que le Parti cndd fdd va récolter bcp de voix et victoire jouissante et merveilleuse

  3. Jereve

    Pourquoi mentir? Il faut assumer et dire clairement que vous voulez modifier la constitution par votre volonté et non la volonté du peuple. Car dans l’état de grand dénuement où ce peuple se trouve actuellement, il est impensable qu’il puisse vous accorder des prolongations. Cette histoire de volonté populaire que vous chantez à tort et à travers n’est destinée qu’aux simples d’esprit.

  4. Kagabo

    Isamaza.com

    • Meurlsaut

      @Evariste Ndashimiye
       »…ceux qui pensent comme cela sont ceux qui ont peur de la popularité de Nkurunziza ».La vraie arnaque,on ne l’a pas encore vue!! J’aimerais ressentir un peu de la compassion pour ces fanfaronades mais c’est au-dessus de mes forces!Popularité où? Chez le gang avec qu’il partage le gateau peut être! Caligula de la Rome antique illustre bien la dérive de votre  »prince celeste ». Avec lui,le pays a perdu toute crédibilité à l’intérieur comme à l’extérieur! Nkurunziza n’a aucune popularité sauf régner par la terreur! Attendez (cher dd) la grogne qui s’installe lentement mais sûrement!

  5. Fofo

    @kabingo dora,
    Il faut faire attention avec la question des réfugiés! Ne tromper pas les occidentaux sur cette notion car ils en savent bien plus nous! La question des réfugiés est devenue un business qui profite aux réfugiés mais et surtout les organisations qui les assistent. Certes, en 2015-2016 la situation sécuritaire était critique mais aujourd’hui la situation a radicalement évoluée sur ce plan. Toutefois, les organisations qui en profitent ne cessent de rapporter les informations que les médias ne parviennent à trouver. Je ne sais pas si les experts qui passent deux jour au pays savent bien chercher l’information plus que les journalistes qui en font chaque jour.
    Ce qui est paradoxe, est que les réfugiés burundais fuient vers le Burundi pendant que les congolais ne cessent de traverser la frontière vers le Burundi. Comment quelque qui fuit la guerre se dirigerait vers le pays plus insécurisé?

    • Stan Siyomana

      @Fofo: « La question des refugies est devenue UN BUSINESS QUI PROFITE AUX REFUGIES. »
      VRAIMENT?
      Pourquoi n’expliquez-vous pas le business plan aux millions de burundais qui sont en chomage ou qui sont menaces par la famine?

      • Fofo

        @Stan Siyomana?
        Merci d’avoir évoqué la famine! Vous oubliez que les flux migratoires transfrontaliers sont motivés par la famine qui est entrain de frapper plusieurs pays de l’Afrique y compris l’Ouganda qui était jusque là considéré comme « Premier producteurs des produits agricoles dans la région ». Que est responsable de tout cela? Les responsables sont ceux qui polluent l’air!

        • Bagona Anne

          Par ailleurs, le Burundi ne vient pas en premier lieu des pays menacés par la famine.Il vient loin derrière d’autres pays comme l’Ethiopie, le Sud Soudan, Somalie etc.

    • Dora kabingo

      @fofo qu’est ce que vous voulez dire ? Rien compris! Je ne vois le business que vous evoquez

    • RUGAMBA RUTAGANZWA

      @FOFO
      Votre texte est une vraie coquille vide. Ce n’est qu’un alignement de mots vides de sens sans aucune explication juste du bla bla bla pour amuser la galerie et faire semblant qu’on a des arguments pour défendre l’indéfendable.. ! ..Il n y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir et il n’y pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Oui, Fofo, les réfugiés partent parce qu’ils trouvent un plaisir immense de laisser tomber leurs familles, leurs biens, tout ce qu’ils aiment au Burundi pour aller se mettre à l’abri d’un pouvoir de plus en plus lâche et violent. Le ridicule ne tue pas.

      • Fofo

        @RUGAMBA RUTAGANZWA
        Les occidentaux vous répondront! Leur préférence est que les réfugiés se dirigent vers les pays africains pour qu’ils trouvent du marché pour leurs entreprises qui produisent des tentes, vivres, ustensiles, médicaments, … mais aussi de l’emploi. N’oublie toutefois, que notre pays paie une contrepartie!

  6. AuRevoir

    En 2020 si Evariste veut être président de la République du Burundi, je voterai pour lui sans hésitation. C’est le seul qui m’a l’air d’être intelligent.
    En 2020 que Pita s’en aille, de grâce, nous ne voulons plus de lui. Pitié!

  7. Bundes

    None CNARED ko iri mugacerere ni ibiki ? yaneshejwe canke ? RED tabara na b´abandi bari hehe ko ata réaction?? Ntakundi aba DD batsinze ni bijandajandire mbere les sanctions za UE zigire ziveho mwarumvise ko même le ministre belge des affaires étrangéres aregretta ! « Nta oposition iri mu Burundi »

    • Bakari

      @Bundes
      Umenyereye kudomeka gusa! Mbe urafise kizimyamoto aho uri aho?

    • Francesco

      Ndi Nkurunziza umutima wosimba, none iyi situation abona azoyiva imbere gute? ivyo vyogushaka kwigumiza ku Butegetsi ntibikunda. Abarundi nibo bayamaze bati: Ngo uwubundabunda abonwa n’ uwuhagaze. imisi yiwe iriho nuko abantu baba innocents bazoba baheze.

  8. Jereve

    On perçoit une pointe d’arrogance dans les propos de ce Monsieur. Les mots sortent comme des salves de fusil d’assaut. Il manie bien le langage de guerre, au grand dam de ceux qui rêvent de paix.

  9. Murundi

    A vous Kabingo dora! Votre droit d’incarner la nostalgie des temps révolus dans la politique burundaise ne devrait pas étouffer celui de devenir politiquement réaliste!

  10. kabingo dora

    C’est terrible ce que je viens de lire dans l’interview . En particulier deux choses me sidérent :
    – Sur la question de l’immunité à accorder aux opposants , Mr Ndayishimiye répond ceci :  » Comment voulez-vous que celui qui est recherché par la justice soit libre de décider sur la stabilité du pays alors qu’il en est lui-même le déstabilisateur ? Je pense que c’est compréhensif que des gens qui sont recherchés par la justice ne participent pas dans ce dialogue. » Mr Ndayimishiye a une mémoire de poule . Lorsque les Nkurunziza , Ndayikengurukiye et Rwasa luttaient contre le régime de Buyoya , le pouvoir de Bujumbura les avaient condamné à la peine capitale.Ceci n’a pas empeché Nkurunziza d’être président de la république . Les lecteurs apprécieront la valeur des propos de Mr Ndayishimiye.
    – A propos des 400.000 réfugiés Burundais , Mr Ndayishimiye dit ceci : « Je pense que tous ces chiffres sont émis dans le but de manipuler la Communauté internationale. Il ne faut pas non plus perdre de vue le fait que ce sont des fonctionnaires du HCR qui ont besoin de job » Euhhh ca ne vous rappelle pas quelque chose au Rwanda avant 1993? C’est grave , que quelqu’un de son rang aille jusqu’à nier une évidence? Il y a donc combien de réfugiés burundais à l’etranger? Ceci rappelle il y a quelques semaines les déclarations d’un certain Sindimwo qui affirmait sans rire qu’il ne fallait plus parler de « déplacés de guerre » .
    Et enfin cette nouvelle affirmation :  » il est impossible de changer un gouvernement qui a été démocratiquement élu par le peuple » Connaissez vous un gouvernement élu ici ou ailleurs ? Pfff

    • GIHUGU

      Merci de votre commentaire. Harya bibagira ningoga…..ntibibuka uko bashikiriye ubutegetsi….

    • Bakari

      @kabingo dora
      « Ceci rappelle il y a quelques semaines les déclarations d’un certain Sindimwo qui affirmait sans rire qu’il ne fallait plus parler de « déplacés de guerre » .

      Si à chaque fois que les gens ont fui la guerre dans ce pays, ils étaient restés dans leurs cachettes, il n’y aurait plus grand-monde qui réside encore sur sa propriété.

    • KARUNDI

      Mme !! J’adore le verbe des nostalgiques du pouvoir Hima quand il faut insulter leurs tombeurs. « Mr Ndayishimiye a la mémoire de poule ». Vraiment???
      Etes-vous sûre qu’il a oublié qu’il a échappé de justesse au massacre de l’UB en 2005? Il fallait être là dernièrement quand il témoignait lors de l’anniversaire de ce massacre. Il s’en rappelle comme si s’était ce matin.
      Etes-vous sur qu’il a oublié que le régime régional Hima a fait 40 ans au pouvoir au Burundi? Il faut l’entendre lors de ses meeting après les travaux communautaires et manifestations. Tu te rendras compte qu’il n’oublie pas comme tu le crois, loin de là, Mme.
      Ari z’yeux. Nimba utamubona wewe arakubona

      • Spéculons

        @KARUNDI
        « Tu te rendras compte qu’il n’oublie pas comme tu le crois, loin de là, Mme. »

        Ceux qui l’ont connu avant 1993 le décrivent comme quelqu’un qui ne se souciait pas des problèmes du moment à l’époque.
        Il y a des chances qu’il ne soit pas rancunier (n’exagérons rien).

        • KARUNDI

          @Speculons. Yeeees. Il n’est pas rancuniers en effet, aho turahahuriza, mais il n’oublie pas comme veut l’affirmer l’autre. Dis donc à Dora de retirer son affirmation maladroite!

    • Bagona Anne

      Je te répondrai par un seul adage »Malheur aux vaincus ».Lorsque le CNARED n’est olus sûr de son lendemain, comment et pourquoi lui accorder l’immunité?Quant vous confondez les époques des années 2000 et celle d’aujourd’hui, vous oubliez une chose:un adage kirundi dit ceci : »Amahirwe y’inkoho siyo y’inkware »

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