Mercredi 24 avril 2024

Politique

Interview avec Pancrace Cimpaye «Nous avons une facilitation atypique, je pèse mes mots. »

07/12/2017 Commentaires fermés sur Interview avec Pancrace Cimpaye «Nous avons une facilitation atypique, je pèse mes mots. »

A la veille de la clôture des pourparlers inter-burundais d’Arusha, le porte-parole du Cnared a déclaré, via twitter, que c’est une session truquée et de tous les dangers.

Pancrace Cimpaye : « La priorité des priorités est la poursuite d’une recherche d’une solution négociée à la crise burundaise. »

Pourquoi déclarez-vous que la session d’Arusha est truquée ?

Elle est truquée pour plusieurs raisons. D’abord, le principal responsable de cette crise consécutive au troisième mandat de Pierre Nkurunziza est absent. Pas de représentant du gouvernement : un assistant du ministre n’est pas membre du gouvernement. Ensuite, la principale plate-forme de l’opposition, le Cnared-Giriteka, ainsi que les principales figures de la société civile qui ont combattu le troisième mandat illégal de Pierre Nkurunziza n’ont pas été conviés à cette session.

Pourquoi dites-vous que cette session est de tous les dangers ?

Parce que sa mission est de réconforter Pierre Nkurunziza dans son aventure d’enterrer le socle de la cohabitation pacifique qu’était l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi est suicidaire.
Le peuple burundais, qui a consenti d’énormes sacrifices pour avoir ce pacte de cohabitation, ne permettra pas sa disparition juste pour assouvir les ambitions politiques d’un seul homme.

La Facilitation annonce que la fin de la session sera sanctionnée par la signature d’un accord. Votre commentaire

Comment peut-on envisager la signature d’un accord en l’absence du gouvernement? Cette signature serait entre qui et qui? Si c’est entre les partis politiques, il sera question probablement d’une déclaration ou d’une feuille de route. Contrairement aux autres rendez-vous d’Arusha, il n’y a pas la présence d’envoyés spéciaux. C’est dire que si par miracle il y avait un accord, il n’y aurait pas de mécanisme de garantie d’application.

Le dernier traquenard est d’avoir fait miroiter une signature d’un accord alors que le but visé est de débaucher quelques têtes de l’opposition devant accompagner et légitimer une mascarade électorale prévue en 2020.

Le Cnared semble s’isoler de plus en plus

Ce n’est pas le Cnared-Giriteka qui s’opposera à ce coup de force contre l’Accord d’Arusha. C’est tout le peuple burundais dans toute sa diversité qui dira Non à cette aventure en solo de Pierre Nkurunziza. Vous aurez compris dans son discours historique du 18 novembre à Cibitoke que même son propre camp n’est pas unanime sur ce coup de force. La raison est simple : enterrer l’Accord d’Arusha pour proclamer une présidence à vie d’un seul homme. C’est une pilule que les Burundais qui ont goûté aux délices des vertus de la démocratie n’avaleront pas. Bien plus, quand vous avez 5% de la population à l’exil et que vous décidez de les confiner éternellement dans la précarité des camps des réfugiés, à un moment donné, ils disent Non! Assez! Trop c’est trop!

Pourquoi alors avez-vous refusé de participer à ce dernier round d’Arusha ?

Le Cnared n’a pas refusé de participer à la session d’Arusha, il en a été exclu. Il n’a pas été convié à cette session parce que Nkurunziza en a décidé ainsi. Il refuse de s’asseoir avec nous et la facilitation se plie à sa volonté. Reconnaissez que c’est absurde que le capitaine de l’équipe adverse s’arroge le droit de désigner la composition de votre équipe avec la bénédiction de la Facilitation. Nous avons une facilitation atypique, je pèse mes mots.

Que comptez-vous faire après cette session d’Arusha ?

Le Cnared, en consultation avec les autres forces vives de la nation burundaise (société civile, diaspora), va dans les meilleurs délais organiser une conférence internationale pour arrêter des stratégies de sauvetage du processus du retour à un Etat de droit au Burundi.

Le peuple burundais doit aujourd’hui plus que jamais rester uni et solidaire. Ensemble nous bousculerons facilement la dictature de Pierre Nkurunziza.

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