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Hausse des prix à la Régideso : l’intervention de Moïse Bucumi laisse les sénateurs froids

14/06/2011 Commentaires fermés sur Hausse des prix à la Régideso : l’intervention de Moïse Bucumi laisse les sénateurs froids

C’était au cours d’une séance de questions orales adressées au ministre de l’Énergie et des Mines par les sénateurs, ce vendredi 10 juin 2011…

Alors que le début de la séance était prévu pour 9h, il sera repoussé à 10h 30, suite aux « préalables à la plénière » qui se font habituellement au Parlement. Mais cette fois-ci, difficile de connaître exactement qui sont conviés à celles-ci car les sénateurs ponctuels sont plutôt présents dans la salle. Gabriel Ntisezerana, Président du Sénat, ouvre la séance et invite la sénatrice Espérance Citegetse, présidente de la commission chargée des questions économiques, de l’Environnement, des Finances et du Budget à cadrer l’objet de la rencontre. « Un ménage social qui consomme 150 Kwh par mois payait auparavant 6.525 Fbu , et avec cette mesure, il devrait payer 17.450 Fbu, soit une hausse de 267 %. Avec cette hausse, la mouture d’un kg de maїs passe de 60 à 100 Fbu soit une augmentation de 67% par rapport au prix initial, celle d’un kg de riz passe de 20 à 30 Fbu, soit 50% de plus», donne-t-elle comme exemples.

Le ministre Moïse Bucumi donne les raisons de cette hausse, qui vient répondre à « une demande croissante d’eau et d’électricité alors que la quantité disponible est très petite par rapport à cette demande. » Il estime qu’il faudrait au moins 120 Mgw pour satisfaire les demandes, plus 150 Mgw nécessaires pour l’extraction du nickel, ce qui fait 270 Mgw nécessaires « contre 36 Mgw disponibles aujourd’hui qui ne servent qu’à 2% de la population nationale ». L’Etat alors a pensé à des stratégies pour combler ce manque de courant, en préparant la construction de deux barrages, l’un à Mpanda (10 Mgw de production) et l’autre Kaburantwa (20 Mgw). Ce dernier serait construit avec une dette contractée en Inde. Même là, indique le ministre, « il resterait encore 240 Mgw à produire » pour bien satisfaire la demande.

Des alternatives de solutions

Deux solutions ont été alors envisagées. La 1ère consisterait à importer l’électricité des pays voisins comme le Congo, le Rwanda et la Tanzanie. Mais dans ces pays, indique toujours M. Bucumi, là où les prix sont plus ou moins bas, c’est au Congo où la moyenne par Kw est l’équivalent de 112 Fbu contre 260 Fbu en Tanzanie et 550 Fbu au Rwanda. « Impossible d’importer pour revendre l’électricité au prix actuel de 92 F/Kwh au Burundi », estime le ministre Bucumi.
La 2ème alternative était de favoriser des investissements privés étrangers dans ce domaine. « Nous avions déjà signé un contrat avec Pivotech, une société œuvrant dans le domaine de l’électricité, pour une production de 30 Mgw. Mais ce contrat tient compte des nouveaux tarifs », renseigne M. Bucumi. Une société suédoise a aussi accepté de construire le barrage de Kagunuzi produisant ainsi 12 Kw, mais cette société devrait être payée conjointement par l’Etat et la Régideso. « D’autres sociétés ont aussi accepté de venir investir dans ce domaine », ajoute M. Bucumi, sans plus de précisions. « Les investisseurs étrangers ne peuvent pas venir tant que les tarifs restent inchangés. Or s’ils ne viennent pas, on sera toujours en déficit électrique », selon le Ministre en charge de l’Énergie, « d’où la grande raison de la hausse » tant décriée.

Les sénateurs ne sont pas d’accord

Malgré toutes ces explications, sur 14 interventions des sénateurs, 2 seulement vont de l’avis du ministre. C’est le Président Ntibantunganya qui prend la parole en premier en s’inscrivant en faux contre cette décision de hausses tarifaires à la Régideso. Il se donne en exemple lui-même : « J’ai payé le double de ce que je payais, et j’ai reçu peu de Kws par rapport à ceux que j’avais auparavant avec la moitié de ce que je viens de payer. » Pour l’honorable Pontien Niyongabo, premier vice-président du Sénat : « Avec une population pauvre, il faut que cette décision soit suspendue et réétudiée s’il le faut ». Après six interventions contre le ministre, l’hon. Gélase Ndabirabe, secrétaire général du Cndd-Fdd vient à sa rescousse en demandant à ses pairs de « soutenir plutôt le gouvernement et à l’aider à expliquer la mesure ». Echo chez Gloriose Hakizimana : « Que la décision ne retourne pas en arrière, sinon on va croire qu’elle n’a pas été bien étudiée ».

Pour ceux qui disent qu’il n’y a pas eu de consultations préalables, le ministre Bucumi indique que « le président de l’Association burundaise des consommateurs (Abuco) a avalisé lui-même la décision ». Quant à la dette que le gouvernement aurait envers la Régideso, le ministre réfute : « En 2009, la Régideso avait une dette d’environ 30 milliards à la CINELAC, et c’est le gouvernement qui l’a payée ». Si les prix ne sont pas revus à la hausse, le ministre Bucumi avertit que dès le début du mois prochain, il y aura des délestages.

Après 3 heures de rencontre, le président du Sénat conclut la séance en remerciant le gouvernement d’avoir suspendu cette décision. Il invite par ailleurs l’Etat, les investisseurs, et les grands consommateurs à y mettre leur part pour « résoudre efficacement la question sans que les citoyens n’en souffrent pour autant ».

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