Jeudi 28 mars 2024

Économie

Gitega: polémique autour du pavage

24/08/2013 8

Certains habitants des quartiers de la ville de Gitega se plaignent du retard pris pour le pavage de leurs routes alors qu’ils ont payé les cotisations exigées. L’administrateur communal parle de désinformation.

Une des avenues de  la ville de Gitega©Iwacu
Une des avenues de la ville de Gitega©Iwacu

Centre ville de Gitega, au quartier Shatanya 2. L’air est frais en cette fin du mois d’août. La population vaque à ses occupations. Tout semble normal, hormis la grogne des habitants, depuis quelques temps. Ces derniers ne comprennent pas pourquoi le pavage promis par l’administration depuis 2004 ne se réalise pas.
Pourtant, D.G, un habitant du quartier, affirme que chaque ménage a payé une somme de 80 mille Fbu sur demande de l’administration : « Chaque fois qu’il pleut, la route devient impraticable alors que nous avons versé notre argent. »
Même son de cloche au quartier Shatanya 4, Mushasha et Ntobwe. Les habitants de ces quartiers se demandent si l’argent qu’ils ont payé est arrivé à destination ou bien si tout le monde a payé car ce retard commence à les inquiéter : « Dix ans, c’est trop, que l’on commence les travaux de pavage ! »

« Ce n’est pas tout le monde qui a payé »

Valentin Nahimana, administrateur communal de Gitega, de son côté, parle de désinformation. Il affirme que ceux qui disent que le projet a pris du retard sont souvent ceux-là même qui ne participent dans aucune réunion concernant ce programme de pavage à Gitega : « Ce n’est pas tout le monde qui a payé à Shatanya 2. Certains ménages n’ont pas encore payé. Ils devraient vérifier avant de propager des mensonges. »
Concernant la collecte des fonds pour le pavage, Valentin Nahimana indique que ce n’est pas l’administration qui s’en charge, mais les comités de pilotage mis sur pied dans chaque quartier : «  Ce sont ces comités qui fixent la somme à verser pour chaque ménage en tenant compte des kilomètres à paver dans leurs quartiers et les moyens de chacun. »
L’administrateur communal révèle que la collecte est en cours et que Mushasha, Ntobwe, Yoba et Shatanya 4 ont déjà versé leur part de participation. Shatanya et Karera seraient respectivement à 60% et 70% de leur participation. Reste des quartiers comme Musinzira, Nyamugari et Magarama qui traînent les pieds. Pour ces cas, l’administrateur communal promet de tenir des réunions de sensibilisation.

« La ville de Gitega n’est qu’à 49% de sa participation »

Libérat Niyoyunguruza : « Aussi longtemps qu’ils n’auront pas rempli la condition de participation à 2%, ils ne seront pas servis. »©Iwacu
Libérat Niyoyunguruza : « Aussi longtemps qu’ils n’auront pas rempli la condition de participation à 2%, ils ne seront pas servis. »©Iwacu

Libérat Niyoyunguruza, ingénieur du projet et chargé du suivi et évaluation au projet des travaux publics et de gestion urbaine (PTPGU), estime que les auteurs de ces plaintes ne comprennent pas que le projet travaille sur des principes. Et de préciser que tant que les 2% de la valeur estimée pour le pavage à Gitega ne sont pas versés en totalité, les travaux ne commenceront jamais.
D’après lui, pour le seul quartier de Shatanya dont les travaux devaient couvrir 3 kilomètres, le coût estimé des travaux avait été évalué, en 2004, à 1.080.000.000 de Fbu à raison de 360 millions par kilomètre pavé. La participation de la population devait être de 21.600.000 Fbu, or la collecte n’était que de 14.093.000 Fbu soit 65% de participation au 3 juillet 2013. Dans ces conditions, explique-t-il, ce projet ne peut même pas être programmé.
« Les gens doivent comprendre que non seulement ils doivent remplir la condition de participation à 2% pour être servis, mais aussi il faut tenir compte de la disponibilité des budgets au PTPGU pour le début des travaux », conclut-il.
Signalons que la contribution pour toute la ville de Gitega est actuellement à 49% seulement.

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Stan Siyomana

    Il y a moins de 50 ans, la plupart des habitants de la cite-Etat de Singapour (sud-est asiatique) vivait dans des bidonvilles.
    Grace a Surbana International Consultants Pte Ltd (part de Singapore Government’s Housing & Development Board jusqu’en 2003), aujourd’hui plus de 80% de Singapouriens vivent dans des logements publics/public housing.
    Surbana a pu exporterson expertise aupres de 100 millions de gens dans 90 cites a travers le monde (dont certains pays africains: Angola, Congo-Brazzaville, Nigeria, Rwanda, Afrique du Sud).
    « Vers 2040, le district (Central Business District of Kigali City, Rwanda) sera transforme en une cite modern avec « state-of-the-art residential and commercial spaces », 2,3 millions d’emplois et 30% de terrains protégés sur le plan environnemental/protected environmentally sensitive land… »
    (voir « African Business, Special supplement: Singapore-Africa », http://www.exacteditions.com).
    Y aurait-t-il du pavage sur la superbe photo « A coffee shop in Kigali’s central business district » au haut de l’article de Karabona Esiara: « Rwanda govt allays fears over domestic financing », http://www.newtimes.co.rw, 21 June 2013)?.
    To see is to believe: une visite au centre-ville de Kigali suffirait pour montrer si oui ou non, le pavage des rues se fait encore au 21 eme siècle.
    Merci.

  2. Stan Siyomana

    @Maximum Security 25-08-2013:
    « Pourquoi le pavage au Burundi au 21 siècle?… »
    Par pavage des rues, moi j’avais compris amenagement/viabilisation de rues avec canalisation et consort.
    Et meme si l’on s’en tient a la definition de « pavage » (= surface portante constituee par des paves ou des blocs artificiels) (www.larousse…) les rues pavees que j’ai pu voir sur la Place Rouge a Moscou en Russie, One Way pres du Parlement tanzanien a Dodoma (fin des annees 1970), les rues de l’arrondissement historique de Quebec au Canada (et ailleurs) sont de loin plus esthetiques que si elles etaient couvertes de goudron /macadam (comme vous le preconisez).
    (www.fondationruesprincipales.qc.ca).
    Utiliser judicieusement du materiel trouve sur place au Burundi-meme serait un pas vers une politique d’industrialisation par substitution aux importations.
    Bien sur que ce serait insense de mettre de petits morceaux de pavage dans une rue ou il y a un va-et-vient de gros camions (qui etaient interdits sur One Way a Dodoma). Y a-t-il un ingenieur des travaux publics sur place? (comme: « A doctor in the house? », en cas d’accident).
    Mais, comme pour tout ce qui touche le Burundi, il y a pavage et pavage!!!.
    Merci.

  3. maximum security

    N’uko stan mbega Uburundi butwagwa a la enver de ceque on observe alleur. Pourquoi le pavage au burundi au 21 siecle alors ce gerrent de modernisation etait. Antiquite en athen syre aisi que rome au burundi 2013 !!! Kandi leta igasaba imfashanyo abanyagihugu. Ibara ku mutemere mbega izo proje si banque mondiale izifinanca haraho mwaboye banque mondiale ifinca amapave insead of maccadame? Nta mapave ahubwo n’ugusenyura imisozi ngo hari iterambere bazanye!banyagihugu mureke iyo misozi abaturitse barayikeneye kuyiraba hama tukabona amadevize ! Uwuzoramba azobona!

  4. nsabiyumva edward

    kuba nivyo vyariyunviriwe gushikwako ndunva biriko biraza.

  5. Stan Siyomana

    Le Nigerian Sina Odugbemi (Consultant a la Banque Mondiale-External Affairs Operational Communication) decrit ainsi un exemple de ce qui est en train de se passer a Gitega (et l’on ne sait pas s’il faut pleurer ou en rire, comme dans le titre du roman « Le pleurer-rire » (1982) du congolais Henri Lopes):
    « Avant mon depart du Nigeria au milieu des annees 1990, l’epouse de l’un de nos grands politiciens a note avec perspicacite/came up with the following insight:
    que, pour vivre confortablement, vous devez etre capable de devenir votre propre gouvernement local. Et elle avait raison. Voici les choses que le gouvernement local aurait du fournir et aujourd’hui vous devez vous debrouiller pour les avoir/so you had to provide these things for yourself:
    -Electricite (acheter un moteur electrique/generator, quitte a l’alimenter en mazout/diesel chaque jour);
    -L’eau (creuser un bon puit d’eau ou acheter des citernes d’eau chaque semaine chez les vendeurs prives );
    -Education des enfants (aller au prive);
    -Securite de la maison (engager des gardes de securite, et tout le reste);
    Soins de santé (docteurs prives, hopitaux prives, aller vous faire soigner a l’etranger).
    La liste s’alonge, mais vous voyez ou je veux en venir. C’est pourquoi dans des pays comme le Nigeria, pour etre vraiment confortable, il faut depenser beaucoup de sous/take on a massive recurrent cost base. Ceux qui sont de la basse couche de la classe moyenne/merely middle class sont eduques, ils sont assez instruits pour comprendre que ces services sont des droits fondamentaux des citoyens/basic entitlements of citizens, et pour comprendre qu’ils ne recoivent pas ces services a cause de la mauvaise gouvernance/bad or poor governance. Et puis, comme ils sont de la basse couche de la classe moyenne, ils n’ont pas le choix de passer par le secteur prive pour avoir acces a ces services essentiels qui normalement devraient etre publics. Tout simplement ils n’en ont pas les moyens… »
    (voir Sina Odugbemi: « The growing anger of the merely, barely middle class », http://www.howwemadeitinafrica.com, 9 August 2013).
    Merci.

  6. w

    c’est ca qui arrive quand on elu des incapables , c’est jamais de leur faute , si c’etait des gens eduquer et intelligents ,ils auraient trouver des fonds ailleurs,trouver d’autres sources de financement et surtout ne pas faire les meme erreurs qu’a bujumbura ,ces pavages de dernieres qualite mais pluto des pavages bien construit et plus durables, et aussi acheter les equipement necessaires pour le maintien des routes ce qui generait en plus de l’emploi.

  7. vuvuzela

    J’apprends que des routes sont entrain d’etre dediees a notre couple presidentiel que j’adore malgre les quelques incoherences dans la facon de diriger le pays, mais, a quelle autre sommite, devrions-nous dedier cette mechante route que je vois?

    Dear Mr. Peter, ndagutakambiye uze wiyogorore ukiri jeune werekane ko ataho uhuriye na ces autres presidents africains. Uzoba usize umugani. Mwe na cherie wawe, avenir iracari cash; ntimucafurire ubutegetsi ataco mubuze. Johnathan na batoyi biwe tuzobiyocupa si jamais les choses tournent pas comme prevu. Nta garantie mubuzima.

  8. Stan Siyomana

    « Non seulement ils doivent remplir la condition de participation a 2% pour etre servis, mais il faut tenir compte de la disponibilite des budgets au PTPGU pour le debut des travaux ».
    A l’heure ou tout le monde reconnait que l’un des grands defis du developpement en Afrique est le manque d’infrastructure et si reelement le Gouvernement burundais a prevu cet argent dans son budget, est-ce vraiment normal que d’importants travaux de voirie soient bloques pendant dix ans tout simplement parce qu’il manque 1% du cout du projet? Ou les vraies raisons sont ailleurs.
    Si le Gouvernement peut verser le budget du projet par tranches, pourquoi cette population de Gitega ne serait pas autorisee a chercher le 1% qui lui manque pendant l’execution des travaux?.
    Et si c’est une condition imposee par les institutions internationales, il faut tout simplement mener une vraie campagne de sensibilisation aupres de la population.
    Merci.

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