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Politique

Gitega : débat sur la préparation des élections entre l’administration et les partis

22/08/2014 Commentaires fermés sur Gitega : débat sur la préparation des élections entre l’administration et les partis

Les partis de l’opposition dévoilent quelques inquiétudes de la manière dont les cartes nationales d’identité (CNI) sont octroyées. C’est dans le cadre d’une réunion organisée, ce jeudi, par l’administration provinciale en l’endroit des représentants des partis politiques, de la société civile et de la police.

Les participants à la réunion ©Iwacu
Les participants à la réunion ©Iwacu

«Pourquoi l’octroi des cartes nationales d’identité se fait en catimini? Si vous avez décidé d’aller à la rencontre de la population dans leurs zones, pourquoi alors il n’y avait pas eu de sensibilisation?» C’est l’adjoint du président du parti Sahwanya-Frodebu, Eugène Ntakatarusha, qui tire la première salve. «C’est faux. Il y a eu une sensibilisation au niveau des communes. Nous avons adopté cette stratégie car nous avons vu que beaucoup de personnes à Gitega n’ont pas de carte d’identité », réplique le gouverneur de la province Gitega, Sylvestre Sindayihebura. Le représentant du MSD, Juvénal Niyungeko, entre dans la danse.

Selon lui, cette manœuvre du Cndd-Fdd viserait à octroyer des cartes d’identité à des enfants qui n’ont pas encore l’âge ou à donner beaucoup de cartes d’identité à des adultes qui pourront voter dans plusieurs bureaux de vote.
«Et d’ailleurs, pourquoi ce sont les chefs des zones qui prennent des photos ?», revient à la charge Eugène Ntakatarusha. « Si un chef de zone prend une initiative pour aider ceux qui n’ont pas les moyens, est-ce un problème?», demande le gouverneur. « Ce n’est pas pratique M. le gouverneur », réplique-t-il avec vigueur. Le représentant du MSD vient à la rescousse : « Les inquiétudes du Sahwanya-Frodebu sont fondées. Nous savons tous que presque tous les chefs de zone sont du Cndd-Fdd. Nos membres pourront avoir peur.» Le gouverneur ne se démonte pas : «Je n’y vois pas d’inconvénients. C’est que vous avez des choses cachées dans vos têtes. Vous aussi, faites-le!»

Le représentant de la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH) jette un pavé dans la mare. D’après les enquêtes faites sur certaines collines par la commission en commune Bugendana, les chefs de zone collectent les photos de tous ceux qui veulent les cartes d’identité et les amènent à la commune où ils récupèrent leurs CNI. Pour l’empreinte, ils le font eux-mêmes. «C’est une faute grave. Nous allons suivre cette situation de près », assure Sylvestre Sindayihebura.

Quid de l’enrôlement des électeurs ?

« Selon la loi, la mise en place des commissions électorales provinciales et communale (CEPI et CECI, ndlr) doivent précéder l’enrôlement des électeurs. Quand il y aura des irrégularités, où est-ce que nous allons nous adresser?», s’interroge Audace Ikurakure du Frodebu Nyakuri. Une intervention appuyée par les autres partis de l’opposition présents.

Le gouverneur élude la question : « Nous, on s’occupe de l’administration. Adressez-vous à la Commission électorale nationale indépendante.» Mais, son conseiller principal, Gérard Nibigira, semble en savoir plus : « Normalement, il ne peut pas y avoir de fraude dans cette phase. Il faut plutôt être vigilant lors de l’affichage des listes des électeurs.» Et d’ajouter que l’octroi des CNI ne regarde pas les partis politiques, mais plutôt l’administration. Leur rôle est de signaler des irrégularités.

Un débat en apparence calme, mais parfois tendu

D’autres sujets ont été abordé, entre autres les drapeaux volés, l’organisation des réunions et l’intolérance politique. Dans son rapport, le conseiller principal a signalé des accrochages entre surtout le parti MSD et soit les militants du Cndd-Fdd soit l’administration. Des cas survenus en communes Bugendana, Mutaho, Buraza et récemment à Giheta. «Les activités du MSD sont souvent perturbées, notamment par le parti au pouvoir. Dites-nous carrément si vous ne voulez pas de notre parti », martèle Juvénal Niyungeko. Pour le représentant du Cndd-Fdd, le MSD n’est pas leur ennemi et ils n’ont envoyé personne pour les perturber.

Pour éviter le vol des drapeaux, le gouverneur Sindayihebura a demandé à tous les partis de mettre leurs fanions devant leurs permanences. En ce qui concerne les réunions, l’administration provinciale reproche aux partis de ne pas signaler le lieu et l’heure. Ce qui est parfois la cause de ces accrochages, selon elle. « Si l’endroit n’est pas précisé, il est difficile d’assurer votre sécurité.
La police est là pour vous, mais elle ne peut pas être partout », renchérit le commissaire provincial de la police, OPP1 Dominique Hakizimana. Pour conclure, le gouverneur a exhorté les administrateurs communaux à organiser souvent ce genre d’échanges dans leurs communes respectives. L’autre rendez-vous est dans deux mois.

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