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Société

Funérailles des victimes du carnage de Ruhagarika

15/05/2018 Commentaires fermés sur Funérailles des victimes du carnage de Ruhagarika
Funérailles des victimes du carnage de Ruhagarika
Vives émotions lors de l’arrivée des cercueils

Les victimes de l’attaque de la colline Ruhagarika en commune Buganda de la province Cibitoke, dans la nuit de ce vendredi à samedi 12 mai, ont été inhumées ce mardi 15 mai 2018. Les familles des victimes se disent toujours traumatisées et demandent plus de protection.

Les préparatifs de l’enterrement vont bon train au cimetière de Ruhagarika. Il est 11h. Les fossoyeurs sont à l’œuvre. 24 tombes sont en train d’être préparées. On s’étonne. Après l’attaque, les autorités avaient dressé le bilan de 26 personnes tuées.

L’explication est que deux d’entre elles ont été réanimées. Elles sont encore vivantes. Une bonne nouvelle. La sécurité est renforcée aux alentours du cimetière. Militaires et policiers, lourdement armés, quadrillent la zone.

Les habitants affluent en masse. Ils viennent de plusieurs coins du pays. Enfants, jeunes, moins jeunes et vieux, tous tiennent à être là. Les invités de marque arrivent un à un. Le gouverneur de la province Cibitoke, Joseph Iteriteka, le secrétaire du conseil national de la sécurité, Silas Ntigurirwa, les ambassadeurs de France et du Royaume de Belgique sont déjà sur place.

Avant le début des funérailles, Bernard Quintin et Laurent Delahousse, respectivement ambassadeurs du Royaume Belgique et de France se rendent sur les lieux du drame. Ils font le tour du village. Ils échangent avec les rescapés. Ils posent des questions. Ils se recueillent devant les maisons des victimes.

Toujours des questions

Chez la population du village, l’émotion est toujours là. Les rescapés racontent ce qu’ils ont vécu. Ceux qui découvrent l’horreur pour la première fois sont sous le choc. Certains répriment leurs larmes.

D’autres éclatent en sanglots. Tous regardent les collines de la République démocratique du Congo de l’autre côté, ils se posent des questions.

Dans toutes les conversations revient l’attitude de la position militaire qui n’a pas secouru la population lors de l’attaque. «On se pose jusqu’à maintenant la même question», lâche un rescapé.  «On aimerait avoir une réponse un jour», renchérit un autre.

Sur la route goudronnée Bujumbura-Cibitoke, la circulation est perturbée. Beaucoup de voitures et de personnes. Au cimetière, on s’active toujours.

12h 30 et les cérémonies n’ont pas encore commencé. Ils ont pris du retard. Rien n’est encore prêt. Le ciel s’assombrit. On craint une forte pluie. Finalement, ça sera une pluie fine qui va arroser Ruhagarika.
Les gens continuent d’arriver. Les invités de marque aussi : l’ambassadeur des Etats-Unis, le Coordonnateur résident du Système des Nations Unies au Burundi, le Nonce apostolique, l’ambassadeur de la République de Russie, l’ambassadeur du Kenya, des ministres du gouvernement ainsi que le président du groupe parlementaire d’Amizero y’Abarundi,…

L’arrivée des corps, un moment poignant

14 heures. Les cercueils arrivent au cimetière. A première vue, des cris s’élèvent parmi les familles des victimes. Certains veulent se jeter sur les cercueils. Ils sont rattrapés. Un vieil homme, la soixantaine, n’en peut plus. Il se prend le visage dans les mains. Aucun son ne sorte de sa bouche. Seulement des larmes. Il veut courir vers les cercueils de ses enfants. Il est maîtrisé. Impuissant, il finit par s’asseoir à même le sol. L’assistance est comme tétanisée. A côté de lui, une jeune femme se contorsionne par terre. Elle pousse des cris. Elle appelle sa mère, victime du massacre. Impossible de la calmer. «Laissez-la pleurer!», lance un agent de la Croix-Rouge. Celle-ci a été mobilisée pour les aider. Elle fait de son mieux mais elle est débordée. La police est obligée de donner un coup de main.

Quand on commence à lire les noms des victimes, c’est encore insupportable pour les familles. A chaque nom, des pleurs et des gémissements. Impossible de retenir les larmes pour certains invités. Des rescapés perdent connaissance. La Croix-Rouge les évacue hors du cimetière. Dans la foulée, une sirène d’une ambulance déchire le ciel.

C’en est trop pour les familles. Enfants, femmes, hommes poussent des cris. L’assistance retient son souffle. Le calme revient petit à petit. Le dépôt des gerbes de fleurs est douloureux pour les familles. Certains sont incapables de marcher sans assistance.

«Le pays est en paix»

Entretemps, d’autres invités de marque sont arrivés. Il s’agit du président du Sénat burundais, Révérien Ndikuriyo, du ministre de l’Intérieur, Pascal Barandagiye, du ministre de la Défense, Emmanuel Ntahomvukiye, du ministre de l’Energie et Mines, Côme Manirakiza, du ministre de l’Enseignement Supérieur, Gaspard Banyankimbona, du secrétaire général du parti Cndd-Fdd, Evariste Ndayishimiye et du patron du Service national de renseignement (SNR), Etienne Ntakirutimana.

Le gouvernement avait dépêché des émissaires : Pascal Barandagiye, ministre de l’Intérieur, Révérien Ndikuriyo, président du Sénat burundais, Evariste Ndayishimiye, secrétaire général du parti Cndd-Fdd et Etienne Ntakirutimana, patron du Service national de renseignement (SNR)

Dans son discours, le gouverneur de la province Cibitoke remercie le gouvernement de l’honneur qu’il a réservé aux victimes. Quant au représentant des familles des victimes, il demande à ce que les forces de l’ordre soient multipliées sur la frontière burundo-congolaise. «Nous sommes toujours traumatisés par cette attaque. Le soir, nous avons peur». Il remercie aussi le gouvernement pour son soutien moral et matériel qu’il a accordé aux familles.

L’ambassadeur de la Russie au Burundi, qui représente le corps diplomatique, présente les condoléances aux familles au nom de ce corps. «Nous sommes toujours contre ces crimes barbares contre la population».
Dans son discours, le ministre Barandagiye condamne lui aussi ce massacre. «Le groupe qui a fait cela n’est pas un mouvement rebelle.

C’est groupe terroriste. Que personne ne cherche à le qualifier autrement. Un groupe rebelle ne tue pas des enfants». C’est le moment, poursuit-il, de dire aux Burundais et à la Communauté internationale que le Burundi n’est pas en guerre. «Le pays est en paix. Que personne ne fui».

M. Barandagiye fait savoir que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour traquer et traduire devant la justice ce groupe terroriste. «Nous sommes en train de travailler avec le gouvernement congolais et ça se présente bien. Je peux affirmer sans me tromper qu’il y a déjà eu des arrestations». Et de conclure que le gouvernement restera aux côtés des familles.

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