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Entreprises privées : l’autre versant de la vie économique burundaise

25/10/2011 Commentaires fermés sur Entreprises privées : l’autre versant de la vie économique burundaise

L’entreprise privée est une structure sous laquelle s’exerce une activité économique en utilisant un personnel, des locaux et des équipements appropriés. Cette dénomination n’est pas attachée à l’importance de la structure économique concernée puisque les activités artisanales se réalisent aussi dans le cadre d’une entreprise. Au Burundi, c’est un domaine qui se recherche encore.

Une entreprise est une structure économique et sociale qui regroupe des moyens humains, matériels, immatériels (service) et financiers, qui sont combinés de manière organisée pour fournir des biens ou des services à des clients, dans l’objectif de gagner de l’argent. Une entreprise est généralement dotée d’une structure juridique, et donc légale, dont la forme dépend du cadre législatif et réglementaire en vigueur.

La distinction entre entreprise privée et entreprise publique est essentiellement juridique. Pour résumer, tout dépend du détenteur du capital de l’entreprise: si l’entreprise appartient majoritairement à une personne publique (Etat, Collectivités locales…), l’entreprise sera considérée comme publique. L’entreprise privée provient de capitaux privés, appartenant à une ou plusieurs personnes.

Selon la taille et le statut juridique choisi par l’entreprise, ces acteurs sont parfois confondus. Une cordonnerie fonctionnant avec une personne unique peut, soit relever d’une activité artisanale sans capital ni salarié, soit être constituée en société. La même personne étant à la fois détentrice du capital, mandataire social et unique salarié. Les entreprises plus grandes sont généralement constituées en société et ces acteurs sont différenciés.

Une diversité d’entreprises privées

On peut donc classer les entreprises par leur taille, notamment en fonction de leurs effectifs : les micro-entreprises ou les très petites entreprises ont entre 0 et 9 salariés ; les petites entreprises de 10 à 49 salariés ; les entreprises moyennes de 50 à 499 salariés ; les grandes entreprises plus de 500 salariés.

On peut aussi classer les entreprises selon leur statut juridique. Certaines sont individuelles (c’est-à-dire que leur capital n’appartient qu’à une seule personne). D’autres sont des sociétés : société anonymes à responsabilités limitées(SARL), sociétés anonymes(SA), etc.) et le capital est donc détenu par plusieurs associés. Le capital d’une société anonyme (SA), par exemple (Peugeot, Bœing, Toyota…) est réparti entre des millions d’actionnaires.

On peut enfin classer les entreprises selon la taille de leur marché. Certaines exercent leurs activités localement (petit commerce, artisanat, services aux particuliers, professions libérales…). D’autres ont un champ d’action national ou encore international.

La critique de l’entreprise privée

L’entreprise privée, en tant qu’entité de création et de partage des richesses, a fait l’objet de nombreuses critiques. Elle est considérée par certains détracteurs comme une entité faisant primer ses intérêts particuliers sur l’intérêt général. D’autres critiques se sont focalisées sur le fonctionnement interne de l’entreprise privée. On relèvera notamment l’exploitation du salarié, compte tenu de l’asymétrie des rapports de force entre employeurs et employés. D’autres ont critiqué la ligne de partage de la richesse (des gains de productivité, des bénéfices) entre ceux qui apportent le capital et ceux qui apportent le travail, et la critique du pouvoir dans l’entreprise qui appartient aux propriétaires des capitaux et non à ceux qui fournissent leur travail.

Face aux critiques, les défenseurs des entreprises soulignent que l’intérêt privé va en fait dans le sens de l’intérêt général, puisqu’il constitue le moyen le plus efficace d’allocation des ressources (capital, travail, matières premières et énergie), compte tenu notamment de la contrainte de rentabilité. L’entreprise privée constituerait, ensuite, le moteur le plus efficace de la croissance économique et de l’innovation technique. Même quand elle n’est pas à sa source, l’entreprise est le vecteur d’application et de diffusion des innovations techniques. Un autre avantage, assez critiquable, est que l’entreprise, guidée par le souci de son développement et de sa rentabilité, ne tient pas compte des distinctions de nationalité, de race ou de sexe pour ne se baser que sur le mérite personnel. L’entreprise est alors considérée comme un facteur de paix et de rapprochement international et d’intégration des personnes différentes.

Quid du Burundi?

Pour le climat des affaires, malgré l’octroi de beaucoup d’incitations à l’investissement et l’actualisation des textes régissant les affaires, le développement du secteur privé reste bloqué par un climat des affaires peu favorable. Le rapport Doing Business  et le rapport Global Competitiveness classent le Burundi parmi les pays où la création d’entreprise est la plus difficile et où l’investissement, la production, et le commerce sont les plus entravés par l’environnement politique et institutionnel non favorable aux affaires. Depuis le 1er juillet 2009, le Burundi est entré dans l’Union Douanière de la Communauté Est-Africaine ; mais les Burundais n’ont pas encore réellement profité des retombées de cette ouverture commerciale suite aux difficultés d’adaptation et à la spéculation des hommes d’affaires. Les contraintes au développement du secteur privé sont : la difficulté de mobilisation de financements propices au développement de l’investissement, les barrières non tarifaires, l’insuffisance des fournitures en eau et électricité, la mauvaise gouvernance et un niveau élevé de corruption, la lente privatisation des sociétés à Participation Publique, etc.

Comment créer une entreprise?

Fondé en 2010 par vingt acteurs du secteur privé burundais avec le soutien de l’USAID et du Royaume des Pays Bas, le Burundi Business Incubator (BBIN) promeut la création d’entreprises et le renforcement des capacités des entrepreneurs. Selon Christian Nibasumba, Directeur Adjoint et Responsable des formations au BBIN, pour démarrer effectivement une entreprise, la première responsabilité est entièrement dans le camp de l’entrepreneur désirant se lancer dans les affaires. C’est-à-dire que l’idée ou le projet d’entreprise, doivent d’abord être traduit sur papier afin de conceptualiser quelque chose de concret et présentable.

Cela se fait en écrivant un document bien élaboré appelé « Plan d’Affaires ». Le Plan d’Affaires (également appelé Plan d’Entreprise) constitue un document qui définit la stratégie d’entreprise, les actions et moyens que l’entrepreneur compte mettre en œuvre afin de développer au cours d’une période déterminée ses activités économiques, et ainsi atteindre des objectifs visés.

Ce plan d’affaires sera alors l’outil de base pour chercher des financements auprès des banques. Il permet aussi de mieux approfondir un projet tout au long de sa conception, de juger de sa faisabilité et de suivre son évolution.

Ensuite, l’entrepreneur doit s’atteler a acquérir tout le nécessaire afin d’implanter sa société. Par exemple dans le cas d’une société commerciale, l’entrepreneur devra chercher sa boite postale, enclencher les procédures de légalisation de sa signature, authentification des statuts de l’entreprise ou règlement d’ordre intérieur, enregistrement au registre du commerce, obtention du numéro d’identification fiscale (NIF), enregistrement a l’INSS, a la commune, au Ministère du Commerce, Inspection Générale du Travail, etc.

Au Burundi, le chapitre VI du Code des sociétés privées et publiques, en son article 39, dispose des formalités pour constituer une société.

Article 29 :

La constitution de la société est soumise aux formalités suivantes, sous réserve des dispositions particulières à chaque type de société :
– établissement et signature des statuts par les associés fondateurs ;
– dépôt du capital en numéraire ou de la fraction à libérer sur un compte ouvert auprès d’un établissement financier ou toute autre personne agréée à cet effet par la loi ou les règlements ;
– authentification des statuts et des actes d’apport en nature auprès du notaire ou toute personne agréée par la loi ou les règlements ;
– dépôt des statuts, auprès du Greffe du Tribunal de commerce ou à défaut du tribunal de Grande Instance, et immatriculation au Registre du commerce et des sociétés ;
– publication au Bulletin Officiel du Burundi ou dans un journal agréé pour recevoir des annonces légales.

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