Vendredi 19 avril 2024

Économie

Des scanners et des ponts bascules pour la décentralisation des opérations de dédouanement

Avec la création des postes frontaliers à arrêt unique, le Burundi a fait une avancée remarquable pour ce qui est du transport transfrontalier. Mais certains équipements modernes manquent dans les postes et bureaux frontaliers.

Un camion passe sur un pont bascule au port de Bujumbura ©Iwacu
Un camion passe sur un pont bascule au port de Bujumbura ©Iwacu

Jeudi 14 août. Poste frontalier de Gasenyi à Kirundo (nord pays).Des camions immatriculés en Ouganda arrivent au poste frontalier à arrêt unique en provenance du Rwanda. Chargement : des cahiers. Les chauffeurs indiquent attendre le document dit T1 (la déclaration de transit) avant de poursuivre leur route vers le port de Bujumbura. « S’il y avait un scanner ici ou si ce pont bascule installé par la Banque Africaine de Développement fonctionnait, nous ne serions pas obligés d’aller au port de Bujumbura pour la déclaration de nos cargaisons », lâche un des chauffeurs.

Situation quasi-identique à Kobero (Muyinga, nord-est)

Vendredi 15 août. Beaucoup de camions remorques sont en stationnemment. Les chauffeurs attendent le fameux T1. « La déclaration de transit sur le teroitoire tanzanien expire quand nous entrons au Burundi. Il nous faut un autre qui nous permet de quitter le poste fronalier de Kobero pour aller décharger notre marchandise au port de Bujumbura », explique un chauffeur.
A la question pourquoi les transporteurs sont obligés d’allez déclarer la cargaison des camions à Bujumbura alors que Kobero est un bureau de l’OBR, spontanément, un des chaffeurs avance : « C’est l’usage ». Mais il observe que c’est absurde de devoir décharger les marchandises à Bujumbura alors que des entrepôts pourraient être construits au poste de Kobero.

Lueur d’espoir avec TradeMark | Aimé Nzoyihera, le directeur des programmes à Trade Mark East Africa Burundi estime que dans un délai de 12 à 15 mois, le bureau de Kobero pourra donner le maximum de services aux opérateurs économiques, y compris les services de dédouanement qui se font jusqu’aujourd’hui uniquement au port de Bujumbura. Il fonde son espoir sur les travaux de modernisation du bureau de Kobero qui seront lancés officiellement en septembre.
D’après lui, Trade Mark financera pour 6 millions USD la réhabilitation du pont bascule et la construction des infrastructures suivantes : des hangars (entrepôts), une station d’inspection, une cabine (booth) pour le contrôle de certains documents, un building administratif, un parking et un système de déviation routière. « Au terme des travaux, l’OBR installera certainement un scanner qui facilitera les opérations de dédouanement à ce bureau», dit-il.

Des agents de l’OBR contactés admettent qu’il existe certaines opérations qui pourraient se dérouler à Kobero si le bureau était équipé de scanner et d’un pont bascule fonctionnel. Ils donnent l’exemple du dédouanement de la friperie, du haricot, du riz, etc.
Les chauffeurs sont unanimes : si un scanner et un pont mobile étaient installés pour que les déclarations se fassent à chaque point d’entrée, cela profiterait aux opérateurs de la région nord et même du centre du pays. En effet, selon les chauffeurs, un long trajet serait supprimé car les marchandises iraient directement dans les dépôts des commerçants sans passer par le port de Bujumbura : « La situation est d’autant plus inquiétante que nous devons emprunter le détour Gitega-Mwaro-Nyakararo pour descendre sur Bujumbura par le Sud (Ijenda-Musaga) », observe un chauffeur.Il poursuit : « Le parcours est stressant. Nous devons être très attentifs pour ne pas perdre le contrôle de nos véhicules ».

En addition aux lamentations des chauffeurs, Antoine Muzaneza, le président de l’Association des Commerçants du Burundi souligne aussi l’usure des camions due à ce trajet qui pourrait être évité.  Il n’a pas manqué de faire remarquer que la descente de la crête vers la plainte s’accompagne aussi de pas mal d’accidents. « Des camions se renversent et sont déclassés à jamais. Au pire des cas, des chauffeurs sont tués», ajoute-t-il, désarmé.

Le personnel des agences en douane rencontré à Kobero indique que la mise en fonction des scanners et du pont bascule augmenterait leurs recettes, sans plus de détails.

Un scanner en action au port de Bujumbura ©Iwacu
Un scanner en action au port de Bujumbura ©Iwacu

Mise au point du commissaire général de l’OBR

« Nous ne pouvons pas installer un scanner à Gasenyi. Le volume des recettes n’est pas suffisamment élevé. Le scanner mobile servira le bureau de Kanyaru haut (Ngozi) et celui de Muyinga ». Ce sont les propos de Domitien Ndihokubwayo, commissaire général de l’OBR.
Il exclut toute possibilité d’une installation prochaine du scanner à Kobero : « Les scanners sont des appareils qui servent à la sécurité des recettes et celle du pays. Ils coûtent au moins 2 milliards. Ils sont sensibles aux secousses et ne peuvent pas être installés actuellement à Kobero où des travaux de modernisation du bureau sont en train d’être effectués ». Il ajoute que la mise en marche d’un scanner suppose au préalable des hangars de protection contre les rayons x et la construction des infrastructures connexes comme celles qui sont au port de Bujumbura ; le tout pour un coût compris entre 150 et 200 millions FBU : « L’OBR doit d’abord demander ces sommes au ministère des Finances. »

Quant au pont bascule de Gasenyi qui ne fonctionne pas, M. Ndihokubwayo indique que c’est la propriété de l’Office des Routes.
Aux lamentations des chauffeurs qui disent que certaines opérations de dédouanement se font à Bujumbura alors qu’avec le pont bascule et le scanner elles se feraient au poste d’entrée, il répond : « Actuellement, rares sont les opérateurs de Kirundo qui importent de grosses quantités. Ceux qui le souhaitent pourraient demander que le contrôle se fasse à Kirundo-même. Sinon, les opérateurs font leurs déclarations aux bureaux de Kayanza et de Gitega ».

Il soupçonne ceux qui réclament avec insistance le dédouanement au poste d’entrée d’être enclins à la fraude. Et d’avertir que même avec le scanner, la vérification physique peut s’avérer incontournable quand l’appareil donne des images floues.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Gondwanais Lamda

    Quelle mauvaise gestion de la chose publique???? Nous connaissons l’état de la route nationale 1, nous connaissons les avantages de pouvoir décharger à Muyinga et Kirundo, et créer des pôles de développement dans ces régions. Mais le port de Bujumbura est devenu une propriété privé de la gang au pouvoir qui plume le pays.

    • Bernard

      Il faut contrôler votre language et bien vous documenter sur ce que vous pensez bien connaître.

  2. jewe

    j’aimerais comprendre ce que vous voulez dire par  » PONT  » ? serait-il la balance des poids lourd ?
    concernant le scanner, il est souvent requis de faire une analyse approfondie de la marchandise, celle-ci consiste a décharger la marchandise du camion et de la recharger une fois que le checkeur (vérificateur) de OBR confirme que c’est authentique aux papiers de déclarations.
    une chose qui est certaine, ce travaille nécessite des personnes d’expériences souvent dans la manipulations des marchandises et des hangars construits qui respectent les normes de la machinerie lourde… car la plupart des marchandises sont abîmées dans le processus de vérification. Qui casse paye même si c’est pas le cas souvent.
    la planification reste un des gros défis dans nos chers dirigeants informer-vous par des professionnels d’expériences, regarder ce qui ce passe ailleurs et tout ira bien.
    bon courage à l’équipe de l’OBR.

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