Vendredi 19 avril 2024

Environnement

Des crocodiles ‘’emprisonnés ‘’ par amour

03/12/2018 Commentaires fermés sur Des crocodiles ‘’emprisonnés ‘’ par amour
Des crocodiles ‘’emprisonnés ‘’ par amour
Quelques crocodiles élevés en captivité chez Albert Ngendera.

Beaucoup de crocodiles sont élevés en captivité et en toute illégalité dans les ménages, les bars-restaurants, etc. Mais les éleveurs expliquent que c’est pour les sauver des braconniers.

« Les braconniers ont tué nos crocodiles. Ils les ont pêchés et amenés chez eux pour un élevage en captivité. Une violation pure et simple de la loi », se plaint Jean-Claude Ndayishimiye, conservateur en Chef du parc national de la Rusizi. Ils sont menacés d’extinction. « Il ne nous reste que six crocodiles.» Il signale que certaines personnes gardent chez eux plus de 100 crocodiles. « Et ce, sans autorisation».

Le cas de Gatumba est emblématique. « On trouve huit crocodiles adultes et plus de 50 petits dans un ménage. » Ces reptiles vivent dans des conditions inappropriées. Ces adultes se partagent un espace d’environ 10 m sur 5 m. Ils nagent dans des petits étangs artificiels de moins de 30 cm de profondeur. « Bref, ils sont emprisonnés dans une sorte de cage avec des fils barbelés ».

Or, dans des conditions normales, décrit-il, les crocodiles ont besoin de beaucoup d’eau, d’un espace suffisant pour pondre des œufs et se reproduire. 

Il met en garde ces éleveurs illégaux. Ce sont des animaux dangereux et carnivores. « Ils doivent être élevés dans des endroits sûrs, loin des habitations. Sinon, ils constituent un danger pour la sécurité ».

Des braconniers 

« Tous sont des braconniers. La loi actuelle sur l’environnement et la biodiversité ne permet pas la captivité de tout animal sauvage encore moins le crocodile une espèce en voie de disparition », tranche M. Ndayishimiye, conservateur en Chef du parc national de la Rusizi.

A titre illustratif, il évoque la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Celle-ci interdit le commerce, l’élevage en captivité de certains animaux, dont les crocodiles. « Le Burundi l’a signé et ratifié ».

L’autorisation est exclusivement accordée par le ministre de l’Environnement ou le président de la République. Et jusqu’aujourd’hui, affirme-t-il, personne n’a reçu cette permission. Le conservateur avertit ces éleveurs clandestins : «  Tous ces crocos seront remis un jour dans leur habitat naturel.»

« Qu’on arrête de nous incriminer ! »

« Nous ne sommes pas des braconniers. Nous les avons sauvés alors qu’on était en train de les tuer », riposte Albert Ngendera, un éleveur des crocodiles à Gatumba, commune Mutimbuzi, province Bujumbura.

‘’Propriétaire’’ actuellement de plus de 40 bêtes, il dit qu’il s’est lancé dans cette aventure, depuis 1993. Avec la crise, il n’y avait plus d’éco-gardes dans le parc. « Des braconniers se sont mis à chasser des animaux, dont les crocodiles. Et moi, j’ai acheté quelques petits pour les protéger ».

Pour lui, il s’agit plutôt d’un sacrifice et c’est par amour de ces reptiles qu’il s’y est lancé. C’est un travail très coûteux. « Par semaine, ils mangent entre 50 et 100 kg de viande. Alors, qu’on arrête de nous incriminer! On devrait me remercier et m’accorder une terre pour mes crocodiles. » Son rêve est de constituer un parc zoologique. Néanmoins, il reconnaît que ces animaux sont dangereux : « Nous avons peur pour notre sécurité et celui de l’entourage. »

Cet éleveur n’entend pas voir ses reptiles remis dans la Rusizi. «Ils rêvent debout !» Et de signaler que la question a été soumise au niveau de la présidence de la République. « Bientôt, nous espérons que l’on va nous répondre positivement ».

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