Mardi 19 mars 2024

Économie

Des commerçants désespérés

08/12/2016 1

Depuis deux semaines, les prix des produits alimentaires montent en flèche. Les vendeurs peinent à épuiser leurs stocks.

Sur des produits locaux, les prix ont été majorés d’au moins 200Fbu
Sur des produits locaux, les prix ont été majorés d’au moins 200Fbu

En moins de deux semaines, s’accordent les commerçants du marché Chez Siyoni, le prix de la farine de manioc est passé de 1000 à 1400Fbu le kilo, un sac de 25kg de farine de maïs s’achète à 48000 Fbu contre 25000 Fbu, il y a moins d’un an. «Le prix a presque doublé», s’exaspère un marchand en manque de clients. Un kilo de haricots couramment appelés ikinure est passé de 1400 à 1600Fbu.

Non seulement, se plaignent les commerçants de Chez Siyoni, ils peinent à s’approvisionner chez leurs fournisseurs, mais aussi ont du mal à écouler leurs marchandises. «Les clients viennent, demandent le prix et repartent», déplore une vendeuse de farine.

Un peu plus loin, E.N. vend du riz et d’autres articles. Pas de mouvement devant son stand. « Depuis le matin, je n’ai même pas vendu deux kilos de riz.» Elle confie qu’elle peut passer toute une journée sans rien vendre. «Parfois, je m’impose un jeûne pour ne pas toucher à mon capital. »

Cette flambée des prix se fait ressentir dans les ménages. L.I. affirme s’être acharnée contre son domestique, soupçonnant ce dernier de la voler. «En me disant qu’un kilo de haricots était passé de 1400 à 1600Fbu, je ne l’ai pas du tout cru. »

Pas de mesures concrètes

Sur ses provisions mensuelles, L.I. affirme qu’elle devra allonger 3000Fbu supplémentaires pour ses dépenses en haricots seulement. «Nous éprouvions déjà des difficultés pour joindre les deux bouts du mois, comment allons-nous faire dans les prochains jours. »

Pour Noël Nkurunziza, le président de l’Association Burundaise des Consommateurs (ABUCO), le gouvernement aurait dû avoir pensé à des mesures pour soulager la population. «Le ministère aurait dû envisager des mesures telles la détaxation ou la réduction des taxes sur les produits vivriers.»

Du reste, il rappelle que « ces derniers mois ont été caractérisés par un ensoleillement qui n’augurait rien de bon. » Phénomène qu’a également connu la sous-région. À cela, indique M. Nkurunziza, s’ajoute la dépréciation de la monnaie burundaise par rapport aux monnaies régionales.

Le président de l’ABUCO estime que le gouvernement aurait dû aussi faire un suivi rigoureux de la culture des produits vivriers : «Au Zimbabwe, par exemple, ils font la promotion des souches de maïs qui résistent à la sécheresse.»

Aimable Nkunzimana, assistant du ministre du commerce, relativise : «Pendant cette période de l’année, nous faisons toujours face à une montée des prix des produits vivriers. C’est habituel». Ce cadre affirme que la mesure interdisant l’exportation des produits vivriers, prise en juillet 2016, avait pour but de juguler ce scénario connu d’avance.

M. Nkunzimana reconnaît, néanmoins, que cette décision n’a pas été suffisante. Et de rassurer : «Nous sommes en train d’élaborer avec des techniciens et le conseil de sécurité alimentaire des stratégies pour que la situation ne perdure pas.»

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Nduwayo claude

    Le burundi ne peut s’auto-suffire, et la politique de s’enfermer chez nous, dans notre souveraineté, dans notre fierté ou je ne sais quoi, fait qu’on va mourir de faim, de soif, de mal nutrition, ou des misères dans l’indifférence général. Ubumwe, Ibikorwa, Amajambere, devient comme dans  » Le loup et l’agneau la raison du plus fort est toujours la meilleure. Les agneaux trinquent à la santé des loups.

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